BAXTENBRUCK ✤ les chiens ne font pas des chats. (ended)

les chiens ne font pas des chats

→ le seize décembre

« Le premier arrivé en haut a gagné cinq drachnes. » Comment attiser la fierté masculine ? Défier. Proposer de l'argent. Je me rendais bien compte que c'était idiot, d'y faire attention je veux dire. Mais bon. Difficile de refuser quand dix paires d'yeux curieux se braquent sur vous, s'accrochent à vos lèvres avec allégresse. Je pouvais pas refuser, en gros. Car ce gros balourd d'« Arès » avait jugé bon de venir jusqu'à notre bungalow, aux « Héphaïstos », pour me rendre la monnaie de la pièce, comme il disait. Il était vrai que je n'avais pas toujours été un agneau avec lui; toujours à prendre mon pied en le ridiculisant, le jetant sans remords dans la petite rivière pour le voir patauger en panique, lui coupant finement la peau pour y laisser une marque de sa défaite, toujours à arracher aux autres des moqueries à son égard. Je pouvais pas blairer les « Arès ». J'imagine que je tenais ça de mon cocu de père, là-haut, qui n'attendait qu'une occasion : rabaisser femmes et amants sans pudeur. Après tout, les fils et filles d'« Aphrodite » étaient pas là pour rien, papa. Et le pire était sans doute qu'« Héphaïstos » lui-même, du haut de son trône d'or avec son filet mythique et sa jambe dans le plâtre, avait des bâtards, des demi-dieux qui créchaient dans un bungalow aussi pathétique que leur paternel. Moment angoissant, en dévisageant l'« Arès » avec hargne, où on se rend compte que tout le monde déteint sur nous, que l'on est que de vulgaires buvards, en plus d'êtres des pions inutiles et sacrifiables dans les mains des dieux. Y'a pas longtemps, on m'aurait demandé la plus grande romance impossible de tout les temps, j'aurais répondu sans hésiter : Roméo et Juliette. Je veux dire, eux, c'était grave tragique. Y'avait aussi Bella et Edward mais je ne crois pas que ça aurait été du goût de tout le monde. Je n'avais jamais été un grand fan de mythologie, avant d'en apprendre sa réelle existence. Mais maintenant, je peux vraiment trouver l'histoire la plus compliquée, tragique et tout simplement horrible de toute l'existence humano-divine : ce putain de rectangle amoureux regroupant papounet, ma tante et belle-mère par alliance, l'autre taureau et la madame de la sagesse. Depuis que j'avais lu une BD d'Hercules – sans doute le meilleur comic du monde, soit dit en passant par un gros geek américain moyen –, j'étais persuadé que papounet avait toujours eu un petit faible pour la déesse aux yeux pers. Vus les traits de sa progéniture, j'aurais pu mettre ma main à couper qu'effectivement, Athéna était une bombasse de chez bombasse (et puis, pourquoi essayer de la violer, sinon ?). Et enfin, le membre de la famille qui sent la marée qui se raboule et qui dit à Héphaïstos de se marier à mademoiselle reine de beauté, qui préfère les gros motards bien boulets. Tout ça pour dire que je n'aimais pas les « Arès » et que j'allais lui foutre la plus grosse pâtée du monde. Aussi pour dire que les relations « Héphaïstos-Aphrodite-Athéna-Arès » que j'entretenais pouvaient paraître.. houleuse.

J'ai pris le ton le plus dégagé possible, avec une petite moue supérieure, en répondant qu'il ne faudrait pas aller pleurer dans les jupes d'Arès. Il a pas apprécié. Il a commencé à marcher jusqu'au mur d'escalade. Il était sûr de gagner, vu son maintien, son air confiant et ses muscles, franchement, qui donnaient plus envie de vomir que de s'extasier. Je veux dire : c'était gros, ça dépassait de partout, ça servait à rien. « T'es prêt ? » Je lui ai fait en me tirant sur l'épaule. Il a haussé les épaules, l'air de vouloir dire qu'il avait pleiiin de trucs à faire avant de se jeter comme un taré entre deux jets de lave. Malgré la température plutôt fraîche, nous étions en t-shirt et short en jeans, conformément à la tenue d'été. On était en décembre. Je me les caillais à mort. « Bon alors, Face de Cochon, t'y vas ou tu préfères qu'je.. » et ce con s'élançait avec agilité jusqu'à la première prise. Moi, j'en étais encore au stade : se moquer et attendre. Forcément, après à peine deux minutes d'escalade, moi j'étais à la moitié et lui déjà en bas, à m'attendre avec un grand, grand sourire supérieur. Si je m'y attendais ? Un peu. Beaucoup, même. Je me doutais bien que, à lui aussi, la fierté lui tordait le ventre pour lui donner des forces, des coups pourris à sortir et, accessoirement, la capacité de me ridiculiser devant nos deux bungalows. « Quel loser tu fais, Ainsworth ! Capable de rien. On se revoit au Capture-l'Étendard ! Oublie pas mon dû !» J'ai grogné un truc sans sens, sans doute un peu vexé. Quand je l'ai vue. Elle, c'était Siam. Oh, rien de spéciale : fille d'Athéna, blonde, yeux clairs, sympa. Mais c'était Siam. Ignorant totalement le fait que je sentais le roussi, je me suis dirigé vers elle avec le vain espoir qu'elle n'ait rien vu de l'aventure. « Siam ! » ai-je fait avec un énorme sourire, avant de passer une main dégagé dans mes cheveux plus pour les ébouriffer qu'autre chose. « Siam, Siam, Siam. Ça fait longtemps qu'on s'est pas vus pour un cours de grec ancien. Je crois que je ne pourrai pas déchiffrer un vers d'Homère sans ton aide... » Et j'ai fait les yeux de biche, bien décidé à oublier l'épisode « se faire ridiculiser par un Arès ». Et puis, j'avais besoin de faire un truc avant que l'épisode « récurer les toilettes et faire la vaisselle » ne juge bon de pointer le bout de son nez.

Le rôle de chef de bungalow ne consistait pas seulement à trôner au Conseil de la colonie - qui, au passage, ne se réunissait que très rarement. Il y avait toute une panoplie de responsabilités : réunir son bungalow avant chaque repas, s'assurer que le bungalow est en ordre, que chacun s'évertuait à représenter dignement le bungalow, faire attention aux plus jeunes - Siam devait notamment faire attention à ce que deux garçons de onze ans prennent une douche tout les jours -, s'arranger avec les autres chefs pour la répartition des corvées, pour les alliances lors des jeux tels Capture l'étendard. Bref, ce n'était pas de tout repos, mais Siam supportait bien le fardeau qu'on lui avait jeté sur les épaules - sans vraiment qu'elle ne le veuille, d'ailleurs. « Madame, je peux aller aux toilettes ? ». Siam se retourna, la fatigue se lisant dans son regard. Elle avisa avec un regard condescendant le petit garçon qui la regardait, se tenant l'entrejambe. Visiblement, il était pressé. Siam le connaissait : c'était un petit nouveau, il avait à peine sept ans. Il était de ceux qui arrivaient vraiment très tôt à la colonie - trop tôt, selon Siam. « Nathan, je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler " Madame ". Et tu n'as pas besoin de demander pour aller aux toilettes, tu peux y aller tout seul », répondit-elle en le poussant gentiment vers la sortie du bungalow des Athéna. Il n'était pas encore reconnu, et personne n'avait d'idées quant à l'identité de son parent divin, mais il s'était pris d'affection pour Siam et elle le retrouvait souvent dans ses pattes. Le petit Nathan hocha vigoureusement la tête et courut vers les toilettes. Siam le regarda s'éloigner, soupira puis s'attrapa une veste avant de sortir au dehors. Elle ramena la capuche sur ses cheveux blonds, mit les mains dans ses poches et marcha d'un pas vigoureux vers le mur d'escalade. Il commençait vraiment à faire froid. Evidemment, on était fin décembre, noël était dans à peine quelques jours. Mais normalement, les limites magiques de la colonie étaient capables d'adoucir les températures. Siam pensait qu'il devait faire entre cinq et dix degrés. De plus, quelques flocons tombaient par-ci par-là. Mais il semblait à la fille d'Athéna que tout cela s'intensifiait. Elle craignait que la limite magique ne tienne pas longtemps, sans la présence revigorante de la Déesse mineure Harmonie - la fille d'Aphrodite et d'Arès.

« Siam ! », appela quelqu'un. La demoiselle leva la tête, émergeant du fond de ses pensées. Elle reconnut immédiatement Zayne, qui lui adressait un sourire dont lui seul avait le secret, tout en passant sa main dans ses cheveux, dans un geste savamment étudié. Elle lui répondit par un sourire tout aussi éclatant, et enleva sa capuche pour secouer ses longs cheveux blonds. Un ou deux flocons s'y étaient pris. « Siam, Siam, Siam. Ça fait longtemps qu'on s'est pas vus pour un cours de grec ancien. Je crois que je ne pourrai pas déchiffrer un vers d'Homère sans ton aide ... », commença Zayne, sa tirade étant accompagnée d'un regard de biche innocente. Siam soupira intérieurement et observa le blondinet de bas en haut, un sourcil redressé. « Tu aurais peut-être également besoin de mon aide pour te choisir des vêtements appropriés ? », plaisanta-t-elle. Zayne portait en effet l'uniforme d'été : short, tee-shirt. Il devait sans aucun doute mourir de froid. « Qu'est-ce que tu fais près du mur d'escalade ? », demanda-t-elle en jetant un coup d'oeil au mur de lave. Parfois, elle se demandait ce qui était passé par la tête des Dieux, lorsqu'ils avaient mis en place ce mur. C'était quand même super dangereux, même si jamais personne ne mourrait - enfin, pas depuis que Siam était à la colonie, en tout cas. Elle n'avait rien vu des précédentes aventures de ce cher Zayne, dont la blondeur et le sourire l'avait fait craqué, pendant un temps.

Il faisait froid. Bien trop froid. Abominablement froid. L'hiver était enfin arrivé emportant avec lui ses flocons glacés et ses bourrasques violentes, causant des maladies abominables dont dix pour cent de la population mourrait avec une douleur intense et qu'un souhait : que leur vie misérable cesse enfin. La plupart de ces personnes étaient des sans abris dont la seule chaleur provenait d'une bouteille d'alcool bon marché qu'ils s'étaient procurés grace à quelques pièces que leur avait donné des gens attendris par l'image d'un vieil homme s'occupant de son chien seul, dans la rue. L'hiver était cruel, sans pitié. Simphonie Baxter détestait l'hiver.
Elle était donc restée toute la journée enfermée dans son bungalow, la mine maussade, les mains occupées à jouer inlassablement avec un élastique qui lui, menaçait de lâcher à tout moment. Son cou était entouré d'une grande écharpe et ses mains, de mitaines. De grosses bottes ornées de fourrure couvraient également ses pieds et son corps frêle disparaissait sous un énorme pull. Peut être était ce légèrement exagéré, me diriez vous, puisque la température ambiante du bungalow était fixée à 19°C ? Oui oui, je vous l'assure, ça l'était ! Mais quand on souffre d'une frilosité égale à celle de la demi-déesse, je vous assure que tous ces habits étaient les bienvenus. Quand à son état mental, il n'était pas vraiment au beau fixe, comme toutes les premières journées d'hiver. Avec la chance qu'elle avait, elle était atteinte d'un rhume : sa gorge était irritée, son nez coulait dans les pires moments, elle était prise de frissons monumentales, et il lui était fortement conseillé de rester dans son bungalow à moins qu'elle ne veuille que son état empire.
Cela faisait exactement deux jours, quatre heures et quarante-six secondes que la blondinette suivait les ordres. Elle ne bougeait pas, jurait en silence et essayait de ne pas foudroyer du regard tous les inconscients qui sortait hors du bungalow avec un immense sourire aux lèvres, apparement ravis de profiter de l'étendue blancheatre qui s'étendait à des kilomètres à la ronde. Bien entendu, la neige n'était pas encore bien épaisse mais petit à petit, l'herbe disparaissait, les arbres déjà privés de leurs feuilles prenaient une teinte grisatre et les oiseaux préféraient migrer au sud que de rester sur une terre aussi froide. Qu'est ce qu'elle aurait donné pour être un oiseau à ce moment là ! pour pouvoir les imiter et s'envoler au Brésil à Rio, en Afrique du Sud, ou encore à Hawaï ! Là elle pourrait se débarasser de tous ces tissus emcombrants et se dorer le corps sous un soleil écrasant. Seul problème : elle n'était pas un oiseau et était bien obligée de rester dans son bungalow, à jouer avec un stupide élastique. Génial, hein ?

Avec un soupir d'exaspération, la demi-déesse ne tint plus. Elle lâcha son pseudo jouet, attrapa son manteau et passa la porte de son bungalow en la claquant. Elle regretta immédiatement son geste. Le froid lui mordit les joues et se glissa un passage sous son pull. Son nez ne tardit pas à passer au rouge comme la plupart des personnes qui étaient aux alentours et la seule réaction qui lui parut potable fut de courir jusqu'à ne plus ressentir le froid. C'est donc ce qu'elle fit sous les regards étonnés de ses frères et soeurs.
Ses pas la menèrent jusqu'au mur d'escalade, où les dieux seuls savent pourquoi, un fils d'Arès sortait un immense sourire aux lèvres habillé seulement d'un short et d'un tee-shirt, habits qui constituaient la tenue d'été de la colonie. Simphonie ne chercha pas à comprendre : c'était surement une hallucination. Voilà, exactement : le froid la faisait planer. Elle ne prêta don aucune attention au second jeune homme en short qui discutait avec une jeune fille blonde (que de jeunes !) et lui fonça dessus sans retenue. Une hallucination, c'est censée bouger, non ? Et bien, apparement, celle-ci avait bien décidé de se démarquer des autres puisque, ni une, ni deux, la demi-Aphrodite se retrouva par terre, sur le sol glacé. Pourquoi était-elle donc sortie ? "Aïe..." fut sa seule réaction. Elle aurait très bien pu crier un "Pardon !" ou un "Excusez moi !" mais dans ces moments là, où on se sent profondément seul, on ne pense qu'à sortir un onomatopé commun et, quand on y réfléchit, ridicule. Attendez, elle venait bien de foncer sur quelqu'un, n'est ce pas ? Génial. C'était véritablement génial. L'hiver n'apportait réellement que des ennuis.
Relevant la tête pour voir qui elle avait percuté, elle reconnut avec bonheur son fils d'Héphaïstos préféré : Zayne la regardait et elle lui offrit un sourire d'excuse avec un léger "Désolée". Elle se releva seule et comme les mauvaises nouvelles n'arrivent jamais seule, elle s'exclama : Lovenbruck ! Quel déplaisir de te voir ! Et sans attendre la réaction de quiconque, elle posa sa main sur le poignet de Zayne comme elle avait coutume de le faire.

Et qu’elle arque un sourcil que je n’ai pas vraiment réussi à interpréter. Moqueur ? Sarcastique ? Surpris ? Interrogateur ? C’est ça, le problème avec les filles. Elles viennent toutes de la planète Zorg alors elles sont impossibles à décrypter ; un ultime code source impossible. Honnêtement. Il faudrait, je ne sais pas, inventer un livre exprès pour les garçons dans mon genre pour éviter qu’ils aient l’air d’idiots devant les filles dans le genre de Siam. Le genre de Siam : jolie, sympa, un peu trop surprenante, complètement venant de la planète Zorg. C’est pour ça que je souriais comme un bienheureux sous son sourcil désapprobateur. La seconde d’avant, je vous jure qu’elle souriait. Elle avait enlevé sa capuche et, à la mode l’Oréal, avait secoué ses cheveux avec toute la classe d’Aphrodite. C’est bizarre, de se rappeler à quoi elle ressemblait il y a quelques années. Et en une année, dieux qu’elle avait changé ! J’aurais jamais dû partir. « Tu aurais peut-être également besoin de mon aide pour te choisir des vêtements appropriés ? » J’ai baissé les yeux vers ma tenue. Oui, je me les caillais à mort. Pourtant j’ai haussé les épaules, avec un air faussement nonchalant, tout en passant une main gelée sur mon avant-bras, pour en retirer les deux trois flocons qui y séjournaient. « Il fait pas si froid que ça. » j’ai répondu. Et, par le hasard le plus pur, un coup de vent m’a fait frissonner alors que je gardais un sourire crispé. Le problème, avec les dieux, c’était qu’ils se sentaient obligés de te faire sentir minable devant les gens qui – ou pas – semblaient avoir un minimum d’estime pour toi. Un peu penaud, je me suis frictionné les bras en lorgnant sa tenue : emmitouflée comme elle était, elle ne devait même pas se rendre compte que l’on était en hiver. Moi, j’avais momentanément oublié, tandis que ce rejeton du dieu de la guerre m’avait provoqué. Dans le bungalow d’Héphaïstos, il faisait toujours feu. Vous trouviez toujours un petit bocal avec une flamme vive s’agitant dedans, les dalles chauffantes parfois en panne, ou encore des lampes à lave psychédéliques aux quatre coins de la pièce. On aimait pas avoir froid, nous les enfants du dieu du feu. J’ai souri à cette pensée. « Et puis je risque quoi ? Un p'tit rhume ? C'est pas ça du tout qui empêchera les Chiens des Enfers récalcitrants de goûter de ma lame, j'te l'dis ! » A vrai dire, je prévoyais jamais qu’il neige. Normalement, il neigeait pas à la colo. Le fait que quelques flocons se déposent sur nos nez laissait entendre que, certaines années, ça changeait. J’aurais dû le prévoir. Oh, et puis, il y avait bien que les « Athéna » pour faire des prévisions de ce genre, d’abord ! J’ai jeté un coup d’œil aux alentours. Tout le monde était couvert de la tête au pieds, me toisant moi et l’« Arès » de tout à l’heure avec un air genre : « impossible de les changer, eux ». J’ai décidé de ne plus en parler pour ne pas m’enfoncer. « Qu'est-ce que tu fais près du mur d'escalade ? » Elle a regardé ledit mur et c’est tout naturellement que j’en ai fais de même.

Apparemment, elle n’avait rien vu des aventures de Zayne l’ « Héphaïstos » le plus paumé de ces trois derniers millénaires. J’ai hésité, ne sachant pas vraiment quoi répondre ; oserais-je lui raconter un gros bobard où je passais pour un héros, ou bien simplement lui avouer que je devais cinq drachnes à une raclure de caducée ? J’ai ouvert la bouche, prêt à répondre sans doute quelque chose d’idiot mais, grand bien m’en fasse, une tornade m’a percuté. Et quand je parle d’une tornade, je parle de la tornade la plus mignonne jamais créée depuis.. depuis rien en fait. Avant que je n’ai pu faire quoi que ce soit, je regardais Simphonie avec un air abruti ; cet air qu’ont les garçons lorsqu’ils se retrouvent entourés de filles sans savoir pourquoi (mais avec bonheur, évidemment). J’ai froncé les sourcils, et ai tendu la main à la fille d’Aphrodite, qui a préféré se relever toute seule (j’vous jure, ces demi-déesses). Avec un air faussement bougon : « On t’a jamais appris à regarder devant toi quand tu, euh, fonces sur quelqu’un ? » mais en fait, j’étais plutôt content qu’elle soit. La légèreté, c’est le genre de trucs qu’il faut à la colonie. Pour oublier les monstres, arrêter de se prendre la tête avec les autres bungalows, occire les dieux des pensées. Y’a rien de tel qu’une fille trop jolie qui vous fonce dessus, alors qu’une autre vous demande ce que vous foutez en t-shirt en plein hiver. C’est ça, la vraie vie. « Lovenbruck ! Quel déplaisir de te voir ! » s’est exclamée la jeune « Aphrodite » en posant sa main sur mon poignet (ce qui, en soit, me remplissait de joie et me réchauffait un peu). Pourtant, j’ai froncé les sourcils. On dit souvent que je tête-en-l’air. Non, le terme serait plutôt distrait ; après tout, on m’a répété toute mon enfance que j’étais victime d’un déficit d’attention important et que je voyais pas assez de choses. C’est pour ça que, du coq à l’âne, j’ai dis à Siam : « Tu sais que ça tient grave chaud, le mur d’escalade ? Tu connais désormais le secret de mon "t-shirt-en-hiver-mais-j’ai-pas-froid" » et, inconscient de l’animosité qui secouait les deux filles, j’ai décidé que c’était une bonne journée en me serrant un peu contre Simphonie. Sérieux. Pourquoi ces filles de Zorg se sentent obligées de se recouvrir d’autant de couches de tissus ? Tout ceci me dépassait.

« Il fait pas si froid que ça », avait répondu Zayne. Ce qu'il fallait pas entendre, des fois ! Siam haussa les épaules : les garçons étaient tous un peu comme ça. Le genre à trouver des excuses bidons pour toutes les choses bizarres qu'ils faisaient. Le plus drôle, c'est qu'au moment où il disait ça, l'air confiant, une légère bourrasque vint lui ébouriffer les cheveux et le faire frissonner. Ironie du sort ? Peut-être était-ce le hasard, mais lorsqu'on était un sang-mêlé, on ne croyait plus vraiment à ce genre de trucs. Dés qu'il se passait un truc bizarre, on pouvait accuser les Dieux. « Et puis je risque quoi ? Un p'tit rhume ? C'est pas ça du tout qui empêchera les Chiens des Enfers récalcitrants de goûter de ma lame, j'te l'dis ! », poursuivit Zayne. Siam lui trouvait un air fanfaron. Elle haussa de nouveau les épaules, cette fois en esquissant un bref sourire. Elle pensait franchement que Zayne pouvait attraper plus qu'un rhume dans une telle tenue : peut-être même une petite grippe, qui sait ? De toutes façons, ce genre de maladies - bronchite, grippe, etc ... - se soignait très bien à la colonie. Un petit tour près du bungalow des Apollon ou au pire à l'infirmerie, et on se chargeait de vous administrer une dose d'ambroisie - ou de nectar, cela dépendait. Bref, finalement oui, Zayne ne risquait pas grand chose. Mais quand même. Siam, elle, était un peu plus couverte - grand bien lui en fasse. Un jean tout simple, un tee-shirt et une veste à capuche grise molletonnée par-dessus. « Qu'est-ce que tu fais près du mur d'escalade ? », avait-elle demandé pour relancer la conversation.

Peut-être allait-il répondre, peut-être pas. Pendant un court instant, leurs regards convergèrent ensemble sur le mur d'escalade. Puis, avant qu'il ne se passe quelque chose de plus, Zayne fut frappé par quelque chose de non identifié, qui allait cependant très vite. Siam resta légèrement surprise pendant un moment, avant de découvrir Simphonie Baxter, les fesses dans la neige, peut-être un peu secouée. Zayne lui tendit une main galante pour la relever, mais la fille d'Aphrodite préféra se redresser seule. « On t’a jamais appris à regarder devant toi quand tu, euh, fonces sur quelqu’un ? », dit Zayne. Siam n'appréciait pas vraiment la proximité de cette fille. « Lovenbruck ! Quel déplaisir de te voir ! », lui lança Simphonie avec animosité. « Quelle arrivée fracassante, Baxter », ironisa Siam. Cette fille était plus idiote qu'un minotaure. Malheureusement pour Siam, elle était plutôt jolie et s'attirer toujours la sympathie des garçons. Comme Zayne, par exemple. Simphonie lui attrapa le poignet, et cela sembla réconforter quelque peu l'« Héphaïstos ». Siam leva les yeux au ciel : comme elle détestait Simphonie ! Comme tout les enfants d'Aphrodite, d'ailleurs. Ils étaient tous idiots et passaient leur temps à se pavaner, un miroir à la main et une brosse à cheveux dans l'autre - ok, ça c'était les préjugés, mais ce n'était pas si loin de la vérité. « Tu sais que ça tient grave chaud, le mur d’escalade ? Tu connais désormais le secret de mon "t-shirt-en-hiver-mais-j’ai-pas-froid" », lança Zayne, ignorant totalement l'animosité entre les deux filles. Cela dit, Siam ne répondit pas immédiatement. Elle était trop occupée à regarder le plus méchamment possible sa chère ennemie, qui s'évertuait à attirer l'attention, évidemment. Son arrivée fracassante, sa proximité avec Zayne ... Tout cela devait être calculé. Après tout, Siam savait parfaitement que Simphonie détestait la voir près de son cher et tendre Zayne. La fille d'Athéna ne savait pas exactement quelle genre de relations ces deux-là entretenaient, mais ils devaient être assez proches. Tss. On pouvait mettre cette situation sur le dos des Olympiens : Héphaïstos et Aphrodite étaient mariés, alors évidemment, ça avait des répercussions sur leurs enfants respectifs. Au fond, Siam trouvait cela très bizarre. De toutes façons, il n'y avait pas grand chose de normal, dans la vie d'un sang-mêlé. « Baxter, t'as déjà réussi à passer le mur, ou t'as trop peur de te casser un ongle ? », lança Siam, le plus calmement possible. Evidemment, c'était un pic lancé. Qui a dit que les « Athéna » étaient modèles de sagesse, hein ? Siam avait beau être chef de bungalow, côté caractère, elle n'était pas la meilleure représentante de sa mère sur Terre. Cela dit, on ne pouvait pas lui enlever son intelligence et ses facultés de combattante.

« Quelle arrivée fracassante, Baxter » Ah... cette voix. Elle détestait cette voix. Si sure d'elle, si... Siam. Voilà, c'était bien ça le problème : c'était Siam qui avait prononcé ces mots. "L'arrivée fracassante" de Simphonie, comme l'avait si bien fait remarquer Einstein, avait apparement coupé quelque chose. Les deux jeunes gens discutaient, de choses surement complètement inintéressantes et narcotiques au possible vu la partenaire du fils d'Héphaïstos, et cette information fît sourire la jeune demi-déesse. Alors comme ça, Mademoiselle Lovenbruck avait un tant soi peu de vie sociale ? Etonnant, franchement étonnant. Pour une fille qui passait son temps en mode "ermite", le nez dans les bouquins à maudire la moindre personne qui osait la déranger, adresser la parole à quelqu'un, d'autant plus à un garçon devait être véritablement un exploit, que dis-je, une prouesse remarquable. Après tout, on ne change pas sa nature, quand on naît avec un cerveau plus lourd que sa pauvre tête, on a tendance à ne plus passer la porte.
Oui, c'était bien un tel flot de pics et de paroles venimeuses qui parcouraient le cerveau de la demi-déesse à ce moment là. Le mépris que ressentait la jeune fille à ce moment là était tel que s'en devenait mauvais, presque malsain. Et c'est avec un plaisir non dissimulé que la jeune femme remarqua le geste de dédain de Siam lorsque la "Aphrodite" prit dans sa main le poignet de Zayne. Point faible, Zayne ? C'était possible, même plus qu'envisageable. C'est ainsi qu'elle prit un malin plaisir à réchauffer le pauvre Zayne qui se révélait être un véritable glaçon. "T'es vraiment gelé..." ... et qu'elle rendit avec autant de hargne les regard haineux de Lovenbruck. « Tu sais que ça tient grave chaud, le mur d’escalade ? Tu connais désormais le secret de mon "t-shirt-en-hiver-mais-j’ai-pas-froid" ». Cette remarque était visiblement autant à côté de la plaque face à la tension palpable qui régnait entre les deux demi-déesses qu'ordinaire dans la conversation entre Siam et Zayne. Simphonie avait donc visé juste : leur conversation était complètement stérile. Ils parlaient météo. Ah, ces jeunes. Tout leur apprendre, hein.« Baxter, t'as déjà réussi à passer le mur, ou t'as trop peur de te casser un ongle ? ». Cadeau. Cette répartie était tellement peu surprenante que Simphonie offrit un merveilleux sourire à son ennemie préférée et répondit : "Et toi, Lovenbruck ? Je suppose que cette épreuve necéssitent une multitude de plans, de cartes, assez de papiers pour que finalement, tu te dégonfles pour la seule raison que tu le trouves trop simple ?". De toute les manières, ce se serait finis comme ça. Déjà que les rapports Athéna-Aphrodite c'étaient pas folichon folichon alors si en plus vous mêlez un garçon dans l'affaire...

Spoiler:

On pouvait être aveugle, désabusé ou inconscient, mais c’était désormais presque impossible de douter de l’inimité qui unissait les deux jeune femmes. Il était vrai que bon, Aphrodite et Athéna.. ça n’avait jamais fait bon ménage. L’une préférant les livres, l’autre les miroirs, décidément, ce n’était pas des choses qui allaient ensemble. Et la guerre se perpétuait à travers les enfants, et avec parfois au milieu un Héphaïstos passionné et admirable de l’intelligence du gosse d’Athéna et tout à fait gaga devant le rejeton d’Aphrodite. C’était quelque chose de commun, à la colonie. De récupérer les relations des parents, je veux dire. En fait, c’était tellement naturel que personne n’en parlait en fait. J’ai un peu serré Simphonie contre moi, glissant ma main contre son épaule pour m’assurer que sa chaleur corporelle soit partagée avec la mienne. « T’es vraiment gelé... » J’ai haussé les épaules, un peu fanfaron, un peu content qu’elle s’intéresse un tant soit peu à ma température. C’était idiot mais une fille qui s’intéresse à votre température, c’est sympa comme idée. C’est pas tout les jours que l’on me dit que je suis gelé ; en revanche, chaud, ouais – dans le sens chaud, enfin, le sens où je tiens chaud quoi. Je crois que c’est l’influence du papa ou des forges. Oui, effectivement, je me déconnectais un peu de la réalité pour partir dans mes délires mentaux. Ca m’arrivait souvent, de voir mon déficit d’attention prononcé en pleine conversation. J’ai laissé mon regard s’évader vers le mur d’escalade où la lave recommençait à crachoter. C’est Siam qui m’a remis les yeux sur terre, avec une remarque qui m’a plutôt surpris de la part d’une fille d’Athéna : « Baxter, t'as déjà réussi à passer le mur, ou t'as trop peur de te casser un ongle ? » Elle s’était exprimée d’un ton calme, mesuré peut-être. Moi, j’ai juste fait les gros yeux en allant du visage de Siam à celui de Simphonie. Comme partout, on se faisait des amis, des ennemis, des connaissances et cetera à la colonie. Mais à chaque fois, c’était surprenant. J’avais peut-être encore en tête la famille parfaite des dieux, celle que Héra avait rêvé d’avoir en précipitant mon père du haut de l’Olympe. Pour moi, c’était la famille – et la famille, on dit : pas touche. Sauf les dieux. Non, ce que je veux dire c’est que les dieux on touche, mais pas les enfants des dieux. Et je jure sur la tête de mon père que cela avait tout son sens dans ma tête. Pour en revenir à la journée mémorable où j’ai chopé la crève, je regardais Siam avec un air vaguement déçu, parce que j’espérais une approche plus diplomatique de la part d’une enfant d’Athéna ou, plus spécialement, d’elle. Je veux dire, j’étais plein de préjugés : les enfants d’Athéna étaient sensés être plutôt diplomates, réfléchis, froids mais pas méchants, moqueurs à la rigueur mais pas vraiment sarcastiques. Et Siam était chef de bungalow. Regard désapprobateur et, naïvement, j’ai cru que Simphonie allait laisser couler. Grossière erreur.

« Et toi, Lovembruck ? Je suppose que cette épreuve nécessite une multitude de plans, de cartes, assez de papiers pour que finalement, tu te dégonfles pour la seule raison que tu le trouves trop simple ? » Alors là, pour moi, le préjugé c’était que les « Aphrodite » étaient des jeunes plutôt équilibrés qui préféraient dire « peace and love » plutôt que tout un tas de vacheries à leurs ennemis. Là encore, je me suis échiné pour regarder Simphonie dans les yeux et lui faire le regard le plus désapprobateur qui puisse exister. Pire encore qu’à Siam. « Waw, c’est.. c’est intense les filles. Quoique, pas très mature.. » ai-je dit avec une petite moue. J’étais pas un colombe, j’étais pas un drapeau blanc, j’étais pas un Pacificateur alors non, je ne les ai pas obligées à se serrer la main pour faire la paix. Pourtant, une lueur vaguement mutine s’est allumée dans mes yeux et j’ai souri en coin, en frappant joyeusement dans mes mains. « Et pourquoi vous ne feriez pas la course sur le mur ? Je suis persuadé que ça pourrait être intéressant. Et, au moins, vous serez fixées sur qui est incapable de quoi. » Bon, ce n’était sans doute pas la réaction à avoir. Mais avouez que c’était quand même vachement jouissif de proposer cela à deux filles tout à fait négatives l’une envers l’autre. D’autant plus que mon échec cuisant face au « Arès » me faisait encore grincer les dents et qu’il n’y avait que les tueries pour régler les différents de familles. L’approche diplomatique, quoi. J’ai sorti mon sourire le plus commercial, le plus colgate, que j’avais en réserve et je me suis positionné de profil à côté et surtout entre les deux filles. Un pas sur le côté, mais de quoi les laisser se fusiller du regard sans gêne, aucune. « Ahhh, avouez que j’ai vraiment de bonnes idées. » ai-je marmonné, un brin rêveur en sachant pertinemment que mon père avait des dizaines et des dizaines de chaînes à son nom où passaient en boucle des téléréalités plus débiles les unes que les autres.

Lorsque Siam provoqua Simphonie, elle vit presque immédiatement la déception sur le visage de Zayne. La fille d'Athéna se mordit la lèvre inférieure et pesta intérieurement. Elle ne désirait pas décevoir son fils d'Héphaïstos préféré. N'empêche que, au moins maintenant, Zayne prenait conscience de la haine qui coulait entre les deux filles. Autrefois pourtant, elles avaient été très amies. Autrefois, ouais. Plus du tout, maintenant. C'était surtout à cause de leur parent divin respectif : Aphrodite/Athéna. Forcément, ça pouvait pas l'faire. Les " Aphrodite " privilégiaient la beauté extérieure, et les " Athéna " la beauté intérieure - c'était quand même plus honorable, non ?

En tout cas, Siam ne fut pas déçue par la réponse, presque immédiate, de miss Baxter : « Et toi, Lovembruck ? Je suppose que cette épreuve nécessite une multitude de plans, de cartes, assez de papiers pour que finalement, tu te dégonfles pour la seule raison que tu le trouves trop simple ? ». Siam répondit par un rictus retenu, et eut un petit sourire en coin lorsqu'elle vit le regard encore plus désapprobateur que Zayne jetait à Simphonie. Hahaha. Le pauvre garçon ne semblait pas très à l'aise, au milieu de cette querelle féminine. Siam elle-même n'aimait pas ce genre de situation - elle préférait largement éviter les " Aphrodite " pour ne pas faire d'histoire. Mais là, c'était Simphonie qui s'était incrustée, Siam ne pouvait rien y faire. De plus, ça l'agaçait que la fille d'Aphrodite se pelotonne ainsi contre Zayne. Elle n'était pas ... jalouse, ah ça non. Mais cela l'agaçait, voilà tout. Elle prenait ça comme un manque de respect et une énième façon pour Simphonie de la provoquer, elle. « Waw, c’est.. c’est intense les filles. Quoique, pas très mature ... », lança Zayne. Siam leva les yeux au ciel et ne répondit rien. " Pas très mature ", tss. C'est tout ce qu'il trouvait à dire. Effectivement, ça ne l'était pas vraiment - or d'ordinaire, Siam était mature (on ne pouvait pas en dire autant de Simphonie, hinhinhin). Mais qui n'avait jamais de moments de faiblesse ? On n'énervait pas forcément Siam Lovenbruck, mais quand même. Elle avait son petit - gros - égo. En fait, dans son genre, Siam était plutôt orgueilleuse. « Et pourquoi vous ne feriez pas la course sur le mur ? Je suis persuadé que ça pourrait être intéressant. Et, au moins, vous serez fixées sur qui est incapable de quoi », reprit Zayne. Siam lui lança un regard désabusé : qui c'est qui parlait de maturité, vingt secondes plus tôt ? Cela dit, la blonde ne pouvait pas refuser : déjà, elle avait trèèèèèèèès envie de ratatiner Simphonie (et si, au passage, un jet de lave pouvait lui faire fondre quelques mèches de cheveux ...) ; et puis, elle ne refusait jamais - ou presque jamais - un défi. Et puis, elle n'avait pas du tout peur de Simphonie et de ses capacités plus que douteuses. En fait, elle était quasiment certaine de pouvoir la battre. Il y eut un court silence, avant que Zayne, le sourire jusqu'aux oreilles, ne dise : « Ahhh, avouez que j’ai vraiment de bonnes idées ». Il était visiblement très content de lui, ce qui fit soupirer profondément Siam. Les garçons étaient toujours heureux de contempler un combat féminin : c'était autre chose que deux nanas en maillot entrain de s'arracher les cheveux dans de la boue, mais ça avait un certain charme. Deux filles sang-mêlés qui essaieraient de s'entretuer - juste un peu, pour rire - afin d'atteindre le haut du mur d'escalade, tout en évitant soigneusement les jets de lave. Amusant, vraiment ! « Ça marche pour moi, Monsieur le mature », finit par dire Siam. Evidemment, c'était un peu ironique. Sur ce coup-là, aucun des trois ne faisaient preuve de maturité. Elle s'éloigna un peu d'eux pour se planter en bas du mur, examinant les prises qui s'offriraientt à elle.

« Waw, c’est.. c’est intense les filles. Quoique, pas très mature ... » Simphonie ne prêta aucune attention au regard désoprobateur de Zayne, même si en matière de visage déçu, on fait rarement mieux. Elle aurait sans doute était plus douce avec le blondinnet un autre jour, à un autre endroit, seuls. Mais rajoutez une Lovenbruck dans le panier, tout le bon sens de la jeune femme disparaissait et il ne restait plus que le mépris. Et oui, elle se fichait complètement que ce soit elle qui était tombée sur son ami quelques minutes plus tôt.D'ailleurs comment se faisait-il que ce soit elle qui ait obtenu un tel dégout ? Ce n'était pas elle qui avait commencé, mais la fille qui servait de plante verte devant elle. Et encore, une plante verte, c'était gentil, elle ressemblait plus à un vieil cactus défraichie qu'à une jolie fleur en pot. « Et pourquoi vous ne feriez pas la course sur le mur ? Je suis persuadé que ça pourrait être intéressant. Et, au moins, vous serez fixées sur qui est incapable de quoi ». Un défi ? Sérieusement, en plein hiver, devoir franchir un mur d'escalade où, toutes les cinq secondes, un jet de lave menace de vous voler une partie de votre visage, de votre jambe ou de votre bras ? Si quelqu'un lui aurait proposé une telle chose quelques jours plus tôt dans une autre situation (et evidemment sans Siam), elle aurait protesté en accusant sa petite maladie, dit quelque chose comme :"Je n'ai pas besoin de courir pour prouver que je suis plus forte que toi" ou "Escalade si ça te fais plaisir, je me régale déjà de te voir contre... personne". Mais là, c'était complètement différent. C'était Siam Lovembruck et sa réponse ne fit que confirmer ses pensées.« Ça marche pour moi, Monsieur le mature ». Haha. Et elle croyait quoi, la blondinette, qu'elle allait se dégonfler comme une de ses demi-soeurs pour la seule raison que c'était physique ? Alors que Siam allait se poster au bas du mur, sans attendre la réponse de la demi-déesse, la jeune femme se débarassa de son manteau, pull, gants, écharpe pour se retrouver en tee-shirt et en jean en maudissant intérieurement Zayne et ses idées complètement puériles. Elle déposa toutes ces affaires à ses pieds et alla se poster elle aussi au pied du mur. Déjà, le froid avait fait virer sa peau blanche au niveau "glace" et elle retint ses dents de ne pas claquer. Il fallait qu'elle gagne. C'était crucial. "Ne compte pas sur moi pour te laisser gagner. Enfin, ce serait si triste de perdre la face devant Zayne... non ?" Elle avait chuchoté sa dernière phrase, histoire que le jeune homme ne comprenne pas ce qu'elle avait dit. "Enfin. Je serais désolé de briser ton pseudo-couple".
Et dire que les deux jeunes filles avaient été si amies, à une période de leurs vies. Plus proche que deux soeurs, si l'on puit dire. Au bungalow des Hermès, si proches.
Mais ce n'était que des souvenirs inutiles et même si elle l'avouerait jamais, douloureux. Et, patiemment, elle attendit le signal de Zayne, examinant les accrohes à sa disposition.

J’avoue que c’était sans doute la pire idée que je n’ai jamais eu. Dans la catégorie défis immatures, puérils, inutiles et tout à fait distrayants, on faisait difficilement mieux. J’avais des idées, des fois, comme ça. Hop, tout d’un coup, un éclair de génie et je me retrouvais dans une situation cocasse ou embarrassante .J’ignorais si c’était un truc spécial enfants d’Héphaïstos mais au fond, c’était cool. En tout cas, le défi était lancé et j’avais toujours ce grand sourire un peu crispé sur les lèvres. Une bonne manière d’ignorer le froid. Je crains que ce ne fût pas vraiment au goût de Siam, qui soupira lourdement en m’entendant. J’ai haussé mes sourcils en accent circonflexe, avec un sourire en coin. C’était un défi. Et pas n’importe quel défi. C’était le genre de défi auquel j’avais été confronté plusieurs minutes plus tôt. Ces défis qu’on ne peut pas refuser, sous peine que ce soit encore pire que perdre : ne pas faire face, ne pas avoir d’aplomb, ne pas avoir de courage. Et il valait mieux faire tout ça, avoir tout ça, quand on été demi-dieu. Enfin, j’imagine. « Ça marche pour moi, Monsieur le mature » ignorant tout de l’ironie de ses paroles, j’ai regardé Simphonie avec un grand sourire. Là, c’était clair. Si elle abandonnait.. et bien, la hache de guerre allait être tout sauf enterrée. Elle n’a rien rajouté, se postant devant en me faisant offrande de quelques vêtements chauds. Elle alla se poster à côté de Siam et semblait regarder le mur avec attention. Moi, je me suis baissé et j’ai pris les gants de Simphonie, que j’ai revêtu sans remords ; non, je n’allais pas prendre le manteau car bon, je devais faire trois tailles de plus que la jeune femme (en plus, les trucs cintrés, ce n’est pas trop pour moi). Elle semblait échanger quelques paroles et j’ai préféré attendre qu’elles soient relativement calmes. Je m’apprêtais à donner le signal de départ quand quelques pensionnaires se sont approchés, apparemment stimulés par le défi Baxter-Lovenbruck. Je vous jure, ils étaient tout excités (au moins autant que moi) et j’ai bien vite vu drachnes et billets changer de mains accompagnés de chuchotements furieux et enthousiastes. C’était toujours un évènement, les défis – surtout au mur d’escalade. J’ai songé que ça avait peut-être été comme ça, au sol, quand j’avais grimpé avec le « Arès ». Un peu soucieux de savoir si elles allaient s’étriper ou non, je me suis approché en me frictionnant les mains, quoique recouvertes par les gants de Simphonie. « Bon bon bon. » Je les ai regardées tour à tour avec un grand sourire commercial. « Hanlàlà comment j’espère trop que l’Olympe regarde ça ! Bref. A vos marques.. hé, on décolle pas : les deux pieds parterre et les mains sur les premières prises. Parfait. Prêtes ? Prêtes ? Nan, vous êtes vraiment prêtes ? Partez ! » j’ai dit d’une tirade avec un grand sourire bien content, continuant d’applaudir un peu toujours aussi joyeux. Je me suis reculé et me suis approché des autres pensionnaires. « Cinq drachnes que c’est la lave qui gagne. » gloussais-je sans faire exprès et, aussitôt, tout le monde se mit à surenchérir. J’ai calculé la distance qui nous séparait de la Maison Bleue ou de l’infirmerie. Si ça se trouvait, l’une d’elle finirait dans le plâtre. Oh mon dieu. Avouez que ce serait trop drôle, euh, trop dramatique. Y’a rien de tel, d’assister à un combat féminin les mains dans les poches.

Spoiler:

Siam continuait de contempler le mur sans se procurer du reste du monde, lorsque Simphonie la rejoignit, sur le pied de guerre. Elle avait l'air déterminé, au moins autant que l'était Siam. Il n'y avais aucun moyen que la fille d'Athéna ne laissa son ancienne amie la battre à ce jeu. Il y avait plusieurs choses en jeu : c'était un règlement de compte entre filles, mais bien plus. Siam y jouait son honneur (elle ne pouvait perdre face à une fille d'Aphrodite !) et puis, elle y jouait l'estime que Zayne pouvait lui porter. Bref, elle ne supporterait pas de perdre : elle ferait donc tout pour gagner, quitte à envoyer Simphonie à l'infirmerie. Presque instantanément, Simphonie souffla aux oreilles de Siam, si doucement que seule elle put l'entendre - et c'était fait exprès - : « Ne compte pas sur moi pour te laisser gagner. Enfin, ce serait si triste de perdre la face devant Zayne ... non ? ». Siam la dévisagea l'espace d'une seconde, faisant un grand effort pour ne laisser transpercer aucune émotion sur son visage - elle était forte pour ça. Elle ne comptait pas répondre à cette provocation, mais Simphonie enchaîna presque aussitôt : « Enfin. Je serai désolée de briser ton pseudo-couple ». Siam, cette fois, lui lança un regard mauvais avant de lui répliquer sur un ton cinglant : « Ne rêve pas, Simphonie. Au contraire de toi, je n'ai pas besoin de me sentir désirée pour exister ». Elle ne répondait pas exactement à l'attaque de Simphonie. Qu'est-ce qu'ils avaient tous, avec ça à la fin ? Siam. Zayne. Siam et Zayne. Rain s'y était mise, maintenant Simphonie. S'étaient-elles passées le mot ? Siam ignorait si les deux filles se connaissaient, mais quand bien même. Rain appréciait Siam, ce qui n'était pas le cas de Simphonie. En tout cas, que l'on pense que Siam ait flashé sur Zayne la mettait clairement mal à l'aise. C'était un bon moyen pour la fille d'Aphrodite de déstabiliser Siam, juste avant le commencement de leur " affrontement ".

Finalement, Zayne approcha du mur, se frottant les mains - certainement pour se réchauffer. Il avait récupéré les affaires de Simphonie, qui s'était un peu dévêtue pour être plus à l'aise dans l'escalade. « Bon bon bon », fit-il, en leur lançant tour à tour un sourire digne d'une pub pour dentifrice. Epargne-moi ce sourire satisfait, Zayne, pensa Siam en soupirant intérieurement. « Hanlàlà comment j’espère trop que l’Olympe regarde ça ! Bref. A vos marques ... hé, on décolle pas : les deux pieds par terre et les mains sur les premières prises. Parfait. Prêtes ? Prêtes ? Nan, vous êtes vraiment prêtes ? Partez ! », s'écria Zayne. Siam avait obéit : elle s'était tenue prête, les mains accrochés aux premières prises, attendant le signal. En fait, sur ce coup-là, le fils d'Héphaïstos l'agaçait plus qu'autre chose. Il devait se satisfaire d'être l'investigateur de ce petit défi, entre deux filles qui se haïssaient. Lorsqu'enfin, Zayne annonça le départ, Siam s'élança avec toute l'agilité dont elle était capable. Elle ne prêtait aucune attention à Simphonie, et encore moins à ce qu'il se passait en bas. Elle ignorait ainsi qu'un petit public s'était formé, et que Zayne lançait des paris de drachmes.

Siam continuait d'avancer : sans vraiment regarder, elle pensait avoir pris un peu d'avance sur Simphonie. Ce n'était pas pour autant qu'il fallait baisser la garde, elle n'était pas encore arrivée en haut. De plus, elle ne cessait de penser que le mur pouvait s'ouvrir à tout moment et laisser couler un filet de lave incandescent. Peut-être une seconde ou deux plus tard, le mur s'ouvrait. Siam fronça les sourcils, se demandant si elle possédait une intuition divine ou un truc du genre. En plus, le filet de lave coulait juste entre les deux filles : Siam devrait donc partir un peu plus vers la droite, et Simphonie s'éloignait vers la gauche pour l'éviter. La chose arrivait vite, et Siam eut grand peine à l'éviter : elle s'en tira, le côté gauche réchauffait par la chaleur que dégageait la lave en fusion. Elle ne se demanda même pas si Simphonie s'en était tirée aussi bien : elle s'en fichait, en fait. Elle espérait même que la lave crame quelques uns des beaux cheveux soyeux de la fille d'Aphrodite. Ainsi, elle poursuivit son ascension, très concentrée.

Spoiler:

« Ne rêve pas, Simphonie. Au contraire de toi, je n'ai pas besoin de me sentir désirée pour exister ». Oooh, c'était si.. mignon ? Horriblement méchant et cruel mais la réponse de Siam arracha un léger rire à la demi-déesse. Le cliché de la fille d'Aphrodite belle et superficielle la suivrait sans aucuns doutes toute sa vie et il y aurait surement Siam derrière elle pour le lui rapeller. Enfin, que voulez vous ? Quand on est jalouse, on le reste, hein..
Quand au déroulement de cette épreuve, Simphonie se posait de sérieuses questions. "Dans quoi s'était-elle embarquée ?" était celle qui revenait en boucle jusqu'à ce qu'elle se répète qu'elle pourrait au moins torturer Zayne jusqu'aux fêtes de Noël prochaine. C'était sa faute, non, si elle devait affronter Miss-je-sais-tout à monter un mur d'escalade stupide ? De plus, il n'y avait sérieusement rien pour l'aider. Elle n'était dotée ni d'une intelligence incroyable ni d'un physique d'Arès. Et question détermination, elle faiblissait à vue d'oeil.
Peu à peu des pensionnaires de la colobie vinrent s'aglutiner autour de Zayne qui avait apparement fait des filles un phénomène d'attractions rentables : des billets commençaient à circuler à son grand malheur. Cette histoire était complètement idiote et ce défi encore plus. C'était pour ça qu'il fallait qu'elle gagne.
Monsieur-j'ai-des-idées-stupides-et-je-le-montre vint bientôt rejoindre les filles en leur offrant un tel sourire que la seule envie de Simphonie fut de lui coller une droite. Haha, mais non, fallait qu'on se concentre, c'est vrai. Foutu Zayne.« Bon bon bon ».« Hanlàlà comment j’espère trop que l’Olympe regarde ça !hanlala, comme j'espère que t'as un bon dentiste !. Bref. A vos marques ..., on décolle pas : les deux pieds par terre et les mains sur les premières prises. Parfait. Prêtes ? Prêtes ? Nan, vous êtes vraiment prêtes ? Halala, monsieur fait de l'humour en plus ! Partez ! »,
Il n'en fallut pas plus à Simphonie; aussi concentré que devait probablement être la fille d'Athéna, la jeune femme gravit les premières prises avec moins de difficultés qu'elle l'avait espéré. Les prises semblaient s'accrocher seul à ses pieds, ses mains s'aggriper instinctivement aux prises. Si elle continuait comme ça, peut être parviendrait-elle à..? Il ne lui fallut qu'un regard pour constater que Siam était à un mètre... au dessus d'elle. La fille d'Aphrodite accéléra "le pas" afin de parvenir à sa hauteur et quelques secondes plus tard c'était chose faîte. HAHA, c'est Simphonie ou c'est pas Simphonie ?! Non mais attendez, on va pas se laisser faire par...
Elle eut juste le temps de s'écarter en un grand saut effectué ccomplètement par hasard, mais qui merci mes dieux, s'avèra efficace. La lave ne vint pas l'effleurer et elle profita de cet avantage pour continuer sa course.
A la suite d'une bonne minute d'escalade, les muscles étaient tendus et les mains à vifs. Le froid qu'elle avait ressenti s'était envolé pour laisser place à une concentration extrême. Les deux jeunes femmes gravissaient le mur à la même vitesse, même si Siam avait tendance à distancer Simphonie de quelques décimètres. Rien de grave, me diriez vous puisque la fille d'Aphrodite arrivait à la rattraper sans trop de mal. Le sommet du mur ne se voyait pas encore et ils n'y avaient pas vraiment de suspens quand à la fin du défi. C'est alors que Simphonie, inconsciement réalisa quelque chose de mal. De très très mal. Sans vraiment le vouloir (même si l'idée lui avait effleuré l'esprit une bonne dizaine de fois ces deux dernières minutes),la jeune femme utilisa un de ses pouvoirs. Son instinct de survie ? Sans aucuns doutes ! Elle immisça un désir incontrolable, une des nombreuses choses qu'elle savait le mieux faire, chez la demi-Athéna en faveur... du demi-Héphaïstos. Sadique, Simphonie ? Jamais ! Et dire que pour une fois, elle ne l'a même pas fait exprès...

En me mordant les lèvres de joie, ou d’un bonheur trop enfantin je ne sais pas, je les regardais toutes les deux monter avec adresse, force et agilité, alors que le silence autour du mur d’escalade se faisait. Une seconde. Elles n’avaient plus les pieds sur le sol que, une seconde plus tard, le silence se brisait, chacun encourageant sa favorite. « Siam ! » criaient le bungalow d’Athéna, avec certains de leurs alliés pour le Capture l’Etendard, alors que le bungalow d’Aphrodite, sorti pour l’occasion, hurlait « Simphonie ! ». On se serait presque cru à un match de football américain en sous-vêtements (meilleure invention de tout les temps) si vous voulez mon avis. C’était généralement l’effet que produisaient deux bungalows, pire, deux chefs de bungalow s’affrontant – choses que, l’ « Arès » précédent et moi, n’étions pas. J’ai souri largement, alors qu’un léger écart se creusait, Simphonie légèrement en dessous de Siam. En fait, je ne savais pas ce qui allait se passer ensuite. Simphonie la rattrapait, se laisser distancer, la rattrapait.. Quand le jet de lave les sépara, quelques « oooh » poussèrent autour de moi, et je ne pus m’empêcher, moi-même, de me mordre les lèvres avec un peu plus d’inquiétude. C’était prenant. Pire, c’était obsédant. Elles semblaient programmées pour monter, monter, monter. Lentement mais sûrement, le haut du mur s’approchait et les deux bungalows rivaux étaient en ébullition, genre c’était l’évènement sportif de l’année. J’ai serré les poings sur les gants de Sim’, regardant avec des yeux passionnés les deux filles grimper, grimper, grimper. « Ca a l’air mal foutu pour toi, Ainsworth. » Effectivement, celui qui venait parler avait raison. J’avais parié sur la lave or, celle-ci, était habilement esquivée par les deux demi-déesses et Siam arrivait presque en haut, Sim’ la précédant de peu. Puis, ce fut le silence. Tout le monde attendait le moment fatidique où l’une des deux poserait le bout des doigts sur l’ultime attache, peinte avec de l’or et outreusement voyante. Je retenais mon souffle, les deux sang-mêlées se hâtant, se rendant peut-être compte que c’était bientôt la fin.. quand les murs commencèrent à se rapprocher l’un de l’autre. Généralement, ça voulait dire que les deux compétititeurs, ou même la personne seule, n’étai(en)t pas assez rapide(s). Un léger jet de lave commença à couler, juste en dessous de l’accroche finale, et les petits rochers commencèrent à s’envoyer en l’air. En gros, ça devenait l’apocalypse. « Depuis quand le mur d’escalade est-il si.. dangereux ? » demandais-je à mi-voix, mais personne ne se prit la peine de répondre, aussi dubitatifs que moi. La lave : OK. C’était normal, le principe même du mur. Les rochers : OK. Ils étaient plus rares que la lave, mais parfois, deux ou trois volaient, comme là. Le rapprochement des murs : OK. Ca rajoutait un peu de piment, et le piment, c’était drôle. Les trois : pas OK. « Va chercher un « Apollon » » dis-je au fils d’Athéna le plus proche qui se mit à courir comme un zouave. Le mur se rapprochait inexorablement et tous le savait, le seul fait de toucher la dernière accroche faisait tout s’arrêter. Elles semblaient toutes deux, Siam et Sim, habilité à pouvoir le faire, chacune d’un côté du filet de lave. « Il reste plus qu’à prier qu’elles soient assez vives ! » Et même si j’aurais dû être rongé par l’inquiétude et le doute, une légère note enjouée résonnait dans ma voix.

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Le membre 'L. Zayne-Emryc Ainsworth' a effectué l'action suivante : L\'Oracle a décidé

'lancer le dé' : 2

Siam était déjà bien trop haut sur le mur pour pouvoir prêter un semblant d'attention à ce qu'il se passait en bas. A savoir : un attroupement de sang-mêlés, venu se régaler devant le spectacle qu'offrait un combat sur le mur d'escalade entre deux chefs de bungalow. Pas n'importe lesquels, en plus. Bungalow d'Athéna VS bungalow d'Aphrodite. Les deux entités ne s'aimaient guère, leurs enfants aussi. Voilà tout l'enjeu de la chose. Elle n'essayait même pas d'imaginer ce que Zayne pouvait raconter à ceux d'en bas, ou comment il devait fanfaronner - elle l'imaginait bien dans ce rôle, en tout cas.

Ainsi, après que le filet de lave soit passé et que les deux filles s'en soient sorti saines et sauves, Siam poursuivit son ascension en redoublant de concentration. Elle voulait à tout prix gagner, elle n'imaginait pas la défaite. Comment pourrait-elle affronter le regard de ses frères et soeurs, s'ils la voyaient perdre contre une fille d'Aphrodite ?! La honte s'abattrait sur elle. Bref, malheureusement, Simphonie n'avait pas été d'un poil amoché par le filet de lave. Les deux filles poursuivirent donc leur montée vers le haut du mur, où la dernière accroche fixerait leur victoire. A chaque fois que Siam prenait un semblant d'avance, Simphonie finissait par la rattraper, et ainsi de suite. Le suspens était à son comble, les muscles se tendaient. Soudain, un nouveau jet de lave jaillit du haut du mur, pour couler lentement le long de la paroi. Siam ronchonna intérieurement : elle en avait marre. En plus, ce n'était pas tout. Comme si le mur avait lui-même décidé qu'il fallait ajouter un peu de piquant dans la compétition - ou peut-être était-ce une volonté divine ? -, les deux pans de murs commencèrent à se rapprocher, signifiant qu'il fallait aller encore plus vite. La lave empêchait les deux filles momentanément d'atteindre l'accroche final, et Siam en fronça les sourcils. Et comme si cela même ne suffisait pas, des petites roches volcaniques - semble-t'il - firent leur apparition. Le haut du mur les crachait et elles retombaient vers les deux filles. Siam leva une main pour repousser un caillou qui s'approchait dangereusement de son visage. C'était vraiment très rare que ces trois phénomènes se produisent en même temps : c'était même plutôt presque impossible. Et pourtant. Siam se dit immédiatement qu'elle avait la poisse. Elle ne crut pas si bien penser.

Presque au même moment, elle sentit un sentiment nouveau en elle. Un sentiment qui n'avait absolument rien à voir avec la situation actuelle. Zayne. Le nom occupait toutes ses pensées à présent. Aucun moyen d'échapper à cela. C'était comme si les pensées de Siam étaient partagées en deux : son " moi " qui voulait repousser le désir qu'elle éprouvait envers Zayne - et qui savait, au fond, qu'il avait été créé par cette peste de Simphonie - et son " moi " qui voulait à tout prix sauter en bas du mur pour courir s'accrocher au cou du garçon. Ridicule. Siam chuta de quelques prises, totalement décontenancée, déconcentrée par ce déchirement intérieur. Le désir pour Zayne était très fort. Puis, soudain, comme si la réserve de pouvoirs de Simphonie s'était éteinte, Siam retrouva le contrôle de la situation. Ou pas. Elle était encore déroutée lorsqu'elle prit un caillou sur la joue. Elle sentit une douleur vive, qui la lançait. Surement que de son côté, Simphonie poursuivait le parcours. Evidemment ! Elle avait profité de la diversion de son pouvoir pour grappiller de la distance. Elle allait gagner. Siam allait perdre la face devant son bungalow, et devant la colonie entière même. Elle avait jeté un coup d'oeil en bas, pour voir ce que faisait Zayne - l'objet de ses désirs grâce à Simphonie tss. Elle avait alors remarqué l'attroupement, et prêtait attention pour la première fois à ce que scandait la petite foule.

Siam jura en grec. Simphonie avait un don efficace, on ne pouvait pas lui enlever ça. Siam était folle de rage. Elle ne voyait plus son ennemie : il y avait de la lave, le mur tremblait, les cailloux tombaient sans répits. Siam sentait un liquide chaud coulait de sa joue - là où elle avait pris la pierre de plein fouet. Du sang. Génial ! Elle allait gagner une jolie blessure sur la joue, vraiment charmant. A présent, le jet de lave était arrivé à sa hauteur. Elle l'esquiva, mais le pouvoir de Simphonie lui avait laissé quelques séquelles. Son pied droit dérapa sur une prise et sans savoir vraiment comment, elle se retrouva accrochée à la paroi par les mains. La demoiselle jura en grec, de façons assez peu élégante. Il restait encore un peu de désir pour Zayne, et elle trouvait cela bizarre. Elle ne pouvait s'empêcher d'y penser, et cela la déconcentrait toujours plus. Elle n'arrivait plus à rien. Simphonie était sans doute déjà arrivée en haut. La honte l'attendait en bas. Un nouveau caillou s'abattit sur sa main droite, lui entaillant le dos de la main. Du sang coula, encore. Siam, sur le coup, lâcha prise. Elle finit par dégringoler le long du mur, tentant de ralentir sa chute imminente vers le sol. Elle finit par atterrir sur l'herbe gelé, sur le dos. La chute fut rude, et Siam ferma instantanément les yeux, aussi forts qu'elle le pouvait. Elle retint un cri de rage, mais n'ouvrit pas les yeux pour autant. Elle ne voulait pas les ouvrir, elle ne voulait pas regarder autour d'elle et sentir la déception chez ses supporters - les " Athéna " et leurs alliés.

Grisée par les cris de la foule au dessous d'elle, Simphonie ne remarqua rien. Elle montait, montait, montait, ne releva pas une seconde l'absence de la jeune femme au dessus d'elle, les conséquences de son pouvoir, le brusque changement d'ambiance, les difficultés qui s'enchainaient seconde par seconde. Tout ce qu'elle voulait, tout ce qu'elle pouvait c'était juste atteindre ce sommet merdique pour lequel les deux demi-déesses se battaient. Et elle allait gagner, c'était évident ! Siam n'était pas en vue, elle l'avait dépassé avec aisance, avec tellement de facilité que s'en était absurde. Ce n'est que lorsque ces caillous brulants commencèrent à dégringoler du mur pour lui érafler la joue qu'elle consentit à tourner la tête pour voir ce qu'il en était pour son adversaire de toujours. Et elle vit à ce moment là quelque chose qui la dérouta au plus haut point. Siam Lovembruck, la fille habituellement intelligente et possédant un QI supérieure à la normale était redescendue de plusieurs mètres, suspendue à deux prises uniquement par les mains, les pieds balançants dans le vide. "De.. Mais qu'est ce qu'elle fout ?" fut la première réaction de la jeune femme. Elle allait tomber, comment se pouvait-il... une minute plus tôt elle était au dessus d'elle, surement gagnante de ce stupide défi, et maitenant elle... c'était quoi ce délire ?
Et situation qui ne vint pas arranger les choses, Simphonie se rendit enfin compte que les pans du mur se rapprochaient dangeureusement. La lave, les pierres, le mur tueur..? les dieux avaient un problème avec elles ou quoi ? C'était quoi ce bordel ?!
Le pire dan tout cela, c'est qu'elle la regardait, complètement impuissante. Elle pouvait faire quelque chose, pourtant ! Remonter le mur pour stopper les pans, redescendre pour essayer de l'aider ou simplement réagir comme elle l'avait toujours fait avec elle, c'est à dire, la laisser dans la pire situation du monde et se tirer. Sauf que là, c'était impossible. La peur qu'elle voyait dans ses yeux la bloquait littéralement.
Et elle tomba. Lentement, comme dans ses films à deux balles qui passent le dimanche après midi. Des films vraiment merdiques, complètement irréalistes.
Elle atterrit sur le dos, c'est tout ce qu'elle pouvait appercevoir d'en haut avec une multitude de jeunes qui se précipita sur elle, surement des Athéna outrés de sa défaite mais mort de peur de ce qui pourrait arriver à leur chef de bungalow. Les "Aphrodite", eux, semblaient rester en retrait, trop contents de la "victoire" de leur chef de bungalow mais pas assez pour réagir.
Alors, avant que le mur ne se referme complètement, elle atteignit le sommet afin de les bloquer, encore inconsciente de ce qui venait de se passer. C'était totalement illogique, aucunes des explications ne lui semblaient possible des plus farfelues aux plus simples. Alors, doucement, elle descendit, analysant chaque prise, chaque petit détail du mur qui lui passait sous les yeux.
Arrivée en bas, elle chercha immédiatement à croiser le regard de quelqu'un qu'elle conaissait. Zayne. Scotty. Uriel. Elros. Heath. N'importe qui. Elle appella Zayne. Aucunes réponses. "Mais qu'est ce que j'ai fait ?" Parce qu'elle en était sure, tout était à cause d'elle. Aucuns doutes, c'était vraiment une mauvaise journée.

Un silence angoissant planait sur la petite assistance. Tous regardaient Siam se démener, très peu regardaient Simphonie – sa victoire semblait assurée. Effectivement, pour une raison qui échappait à tout le monde, Siam chuta après s’être pris un petit caillou sur la joue (à ce moment là, tous avaient retenus leurs respirations). Le frère de Siam revint vite, escorté par un jeune homme aux cheveux blonds cendrés qui semblait se demander ce qu’il faisait là. Il leva les yeux vers les deux filles et comprit aussitôt la situation, ses sourcils presque invisibles se fronçant légèrement alors qu’il se frictionnait les bras, mort de froid. Moi aussi, j’avais un peu froid. A cause de la sueur froide qui coulait dans mon dos, du froid ambiant et de la couverture bien insuffisante de vêtements de que j’avais pris. Mais je n’y prêtais guère attention, les yeux rivés sur les deux blondes. Elle était retenue à deux bras sur des prises qui semblaient trop petites, pas assez résistantes, et le « Apollon » s’est approché du mur, comme s’il aurait pu la rattraper. Il finit par reculer, alors qu’une certaine angoisse brillait dans ses yeux et que les miens commençaient lentement à se rendre compte du problème. Et elle tomba. Siam tomba, arraché de ses prises par une roche malvenue, et tomba tomba tomba jusqu’au sol où elle s’écroula. Tous s’avancèrent avec panique jusqu’à la jeune femme, tous sauf les « Aphrodite » qui constataient que la victoire de leur bungalow arrivait vraiment. Moi, je m’en foutais. J’ai juste entendu le mur arrêter de faire son boucan, des pieds se poser sur le sol alors qu’ils quittaient les dernières prises. « Euh, Siam, tu m’entends ? » demandais-je, hésitant, alors que l’ « Apollon » lui prenait la main en marmonnant diverses paroles – une prière à Apollon, pensais-je. La main entaillée se renfermait doucement. « Siam ! » m’exclamais-je, avec un ton plus pressant. « Elle a rien de grave, au moins ? » L’ « Apollon » a répondu avec un signe de la tête négatif, intensément concentré tandis que le bout de ses doigts effleurait la joue de la jeune femme. Finalement, il s’est écarté, je lui ai serré la main et l’ai remercié avant de disperser tout le monde – même les « Athéna » qui semblaient vouloir rester auprès de leur chef et les « Aphrodite » voulant féliciter la leur. Je me suis approché de Simphonie, laissant Siam là où elle était – elle était assurément consciente et ne semblait pas, pour l’instant, décrocher du fond de ses paupières. « Et bien bravo, tu as su prouver que, parfois, l’intellect ne suffit pas. » J’ai souri en coin, quoiqu’encore soucieux, avant de me pencher vers Siam. Elle avait enfin ouvert les yeux. Je me suis mordu la lèvre en lui tendant la main, serviable. « Euh.. sans rancune les filles ? » Je les ai observées tour à tour, insistant particulièrement sur Siam – tout en me demandant si elle allait m’en vouloir d’avoir proposé ce défi stupide.

Spoiler:

Siam entendit le boucan infernal du mur cessait. Ainsi, Simphonie avait poursuivi son ascension, et avait gagné. La fille d'Athéna était donc la perdante. Elle n'ouvrit pas les yeux pour autant, et se contenta de rester allongée au sol, sans bouger. En fait, elle tremblait un peu : de rage peut-être, mais il faisait très froid, aussi. Encore plus maintenant qu'elle reposait sur les brins d'herbes gelés. Je les hais, pensa-t-elle en remuant un peu. « Euh, Siam, tu m’entends ? », lança Zayne, qui devait s'être approché. Oui, elle l'entendait. Mais elle aurait voulu ne pas l'attendre, elle aurait aimé lui hurler de se taire. Elle sentit qu'on lui prenait la main, doucement. C'était lui ?! Il n'osait pas, quand même ?! « Siam ! », répéta Zayne. La voix ne venait pas du côté de celui qui lui tenait la main. Alors Siam pensa qu'on avait dépêché un enfant d'Apollon auprès d'elle. D'ailleurs, maintenant, elle l'entendait marmonner en grec ancien. Peut-être était-il en train de guérir ses quelques blessures. « Elle a rien de grave, au moins ? ». Genre il s'inquiétait pour elle, n'importe quoi. Elle n'ouvrait toujours pas les yeux, lorsqu'un doigt lui effleura la joue - pile sur la blessure que lui avait infligé le caillou. Puis le " Apollon " sembla s'éloigner car Siam ne sentit plus rien, aucun contact.

C'est là qu'elle ouvrit les yeux, les sourcils froncés. Il était bête, cet " Apollon " ou quoi ? Elle avait l'impression d'être passé au rouleau compresseur. Une chute de plusieurs mètres comme ça, ce n'était tout de même pas anodin. En plus, elle n'était pas du genre à se plaindre pour rien. Si elle sentait qu'elle avait mal, alors elle avait vraiment mal. Siam redressa un peu la tête : Zayne dispersait le groupe qui s'était formé autour du mur. La demoiselle vit un de ses frères lui dire de loin " Ça va ? " avec les lèvres, sans un mot. Siam hocha la tête malgré elle. Ne pas faillir. Elle refusait de paraître faible devant les pensionnaires de la colonie. Simphonie fit son apparition : elle avait l'air complètement paumée. Elle avait gagné, pourtant elle n'en semblait aucune réjouie. Cela fit hausser un sourcil à Siam. « Et bien bravo, tu as su prouver que, parfois, l’intellect ne suffit pas ». Zayne s'était approché de Simphonie pour la féliciter. Puis, il se tourna vers Siam et vint lui tendre la main pour l'aider à se redresser, en preux chevalier servant. « Euh.. sans rancune les filles ? » Siam repoussa sa main brutalement, lui lança un regard mauvais en le traitant de noms d'oiseaux en grec. Puis, elle se redressa lentement sur les fesses, puis se mit debout. Son visage s'étira en une grimace peu charmante. Elle avait la cheville foulée, c'était sur. Elle boitilla donc un peu sur place avant de s'écrier : « Sans rancunes ?! T'es qu'un crétin Zayne ! ». Puis elle se tourna vers Simphonie, qui semblait toujours aussi décontenancée. « Et toi ! Ô toi ! Tu as utilisé ton pouvoir sur moi ! C'est déloyal ». Siam fulminait, à présent. Ses pommettes étaient cramoisies. Elle était furieuse d'avoir perdu. Furieuse contre Zayne d'avoir lancé ce défi pourri. Furieuse contre Simphonie d'avoir utilisé son pouvoir. Furieuse contre elle-même aussi, d'avoir accepté de jouer le feu et de s'être laissée déconcentrée. Et puis furieuse contre les autres pensionnaires, qui étaient venus profiter du spectacle. « Je vous déteste. Je vais à l'infirmerie, salut », lança-t-elle avant de boitiller vers la Maison Bleue. Elle allait très lentement, mais elle ne se sentait pas de partir à cloche pied. Ridicule. Elle espérait trouver de quoi soigner sa cheville : de la crème, des bandages, n'importe. Au moins, l'entaille à sa joue ne saignait plus. Mais le " Apollon " n'avait pas nettoyé : il y restait du sang séché. Ses cheveux étaient emmêlés, son regard lançait des éclairs. Bref, elle était pas contente du tout.

« Et bien bravo, tu as su prouver que, parfois, l’intellect ne suffit pas. » "Et mon poing dans ta gueule, ça te suffira, gros débile ?" pensa très très fort la demi-Aphrodite.
Si elle avait été sur-excitée pendant un quart de seconde lorsqu'elle avait pensé gagner en ne voyant pas de Siam devant elle, c'était un visage complètement défait, pâle, à la limite du grisâtre qu''offrait la jeune femme à ses camarades. Comment elle pouvait être heureuse à ce moment là ? Un défi ça se gagne lorsque... l'un des concurent n'est pas allongé par terre à souffrir le martyr après une chute de trois mètres de haut ! Se réjouir aurait été juste.. complètement dégeulasse. Oui voilà, c'était le mot. Et même si la relation qu'entretenait la descendante de la déesse de la Sagesse et celle de la beauté n'était pas des plus glorieuse, ce n'était pas une raison valable à ses yeux. Que voulez vous, surement ces hormones de fille de la paix et de l'amour qui ressortaient.
« Euh.. sans rancune les filles ? » Ouais bon. "Paix et amour" n'étaient pas les mots qui lui venaient à l'esprit quand elle voyait la tête de Zayne, affichant un air complètement innocent, voir niais. Parcequ'il croyait qu'il allait s'en tirer comme ça ?! Avec un petit sourire et même pas d'escuses dignes de ce nom ?! Il était sérieux, là ?! « Sans rancunes ?! T'es qu'un crétin Zayne ! ». Si elle n'avait pas reconnu la voix de Siam, elle aurait juré que c'était la sienne. Mais evidemment, même bléssée, mademoiselle Lovenbruck se permettait de lui voler ses mots ! Quelle bêtise, elle avait fait en acceptant ce défi :mais bon, honneur oblige. Et voilà qu'elle sautillait tel un jeune lapereau pimpant et dynamique. Et ben voilà, elle avait rien cette petite ! Bon, hormis les terribles grimaces et la jambe qu'elle laissait en l'air, elle était vraiment... euh, en pleine forme ? Puis, n'ayant apparement pas fini ses reproches, elle se tourna vers Simphonie qui l'observait avec des yeux ronds. « Et toi ! Ô toi ! Tu as utilisé ton pouvoir sur moi ! C'est déloyal » Plait-il ? Un pouvoir, elle ? C'était quoi ce délire, encore ? « Je vous déteste. Je vais à l'infirmerie, salut » Et, bondissant, la jeune Siam s'éloigna comme elle le pût, semblant souffrir plus encore qu'elle ne le montrait.
Un long silence suivit où, Simphonie ne prononça pas un mot. La fille avait parlé de pouvoir. Ses pouvoirs à elle d'Aphrodite. Et, elle doit l'avouer, elle mit un certain temps à comprendre. "Mes pouvoirs ? Mais quoi, mes pouvoirs, qu'est ce qu'ils ont mes pouvoirs ? C'est pas forcement MA faute si mademoiselle est tombée comme une pierre jusqu'en bas du mur. Si ? Attendez, si j'avais utilisé mes pouvoirs, je l'aurais su quand même. Fin, c'était logique, non ?Comment on peut faire tomber ses adversaires en se faisant aimer ou en faisant aimer quelqu'un..? A moins que... Aaaaaah !" Bon, aucuns doutes, c'était elle. Enfin "aucuns doutes", c'était vite dit, hein. Si il faut, elle avait tout inventé. Rien que pour faire porter le chapeau à Simphonie.
D'une voix froide, dure et pleine de colère elle s'adressa à Zayne "Bon là, t'as deux choses à faire. De un, tu cours après elle pour l'aider à la porter à l'iinfirmerie en te confondant en escuses, parce que OUI, c'est TA faute. Tu l'installes, tu la laisses pas faire d'efforts et tu l'endors même si tu dois la taper pour ça. Et de deux : ne m'adresse plus la parole pedant les neuf procchaines années." Ouai bon, c'était légèrement exagéré mais dans l'état où se trouvait la demi-déesse, Zayne était le meilleur puchin ball à sa disposition. Ouai, hein, il avait pas qu'à proposer des idées de mariolle, hein. "Et tu peux te dépécher. Elle est encore capable de tomber, c'te cruche."

Encore une fois, j’étais pris dans l’inconscience, dans l’insouciance de tout et de rien. Incapable de me rendre compte qu’escalader le mur était dangereux ; incapable de m’inquiéter plus de trente secondes ; incapable me rendre compte que tout ne se résolvait pas par un sourire. « Sans rancune ?! T'es qu'un crétin Zayne ! » Le réveil est violent. Le tressaillement aussi, la main rejetée avec verve, blessée. J’ai froncé les sourcils, en me mordant toujours la lèvre. Finalement, j’ai grincé des dents avec un regard peut-être dur, peut-être vexé. Elle m’avait insulté en grec – et comme d’hab’ j’avais rien pigé même si un éclair de lucidité m’avait permis de comprendre que ce qu’elle avait dit n’était pas sympa – et avait finir par se relever avant de chanceler, moi faisant un pas en avant pour la récupérer en cas de chute. Prévenant ? Pas assez, apparemment. J’ai encore une fois serré les dents, en reculant de deux pas. Déjà se tournait-elle vers Simphonie, tenant un discours qui me décontenança plus qu’autre chose. « Et toi ! Ô toi ! Tu as utilisé ton pouvoir sur moi ! C'est déloyal » Je ne m’en préoccupais guère, regardant Siam en me demandant comment réagir. « Je vous déteste. Je vais à l'infirmerie, salut » Et elle de s’en aller, clopin-clopant sous mon regard furieux – je ne savais pas trop pourquoi j’étais furieux mais j’étais furieux. Je me demandais bien quoi faire – encore – quand cette très gentille et douce fille d’Aphrodite s’est adressée à moi : « Bon là, t'as deux choses à faire. De un, tu cours après elle pour l'aider à la porter à l'infirmerie en te confondant en excuses, parce que OUI, c'est TA faute. Tu l'installes, tu la laisses pas faire d'efforts et tu l'endors même si tu dois la taper pour ça. Et de deux : ne m'adresse plus la parole pendant les neuf prochaines années. » Encore une fois, les dents qui font du grincement en rab. Je vais devenir vieux avant l’heure, je vous jure. En même temps, avec ce genre de filles.. « Et tu peux te dépêcher. Elle est encore capable de tomber, c'te cruche. » J’ai pris un air excédé en lui lançant ses gants au visage, que j’avais enlevé tantôt. « T’es sensée n’avoir rien à foutre d’elle, j’te rappelle. T’as gagné, t’es contente, tu vas faire la teuf avec les « Aphrodite » point barre. Inutile de me dire quoi faire. » ai-je dit d’une voix blanche. « Et apparemment, c’est pas que ma faute » sale lâche aurais-je voulu ajouter mais j’aimais trop Simphonie, je n’aurais pu la blâmer ou même croire Siam qui l’avait dénoncée d’avoir usé d’un pouvoir. Je détestais la lâcheté et, j’avoue, utiliser un pouvoir sur quelqu’un pendant une compétition ou un défi.. bah c’était un peu le number one de la lâcheté, quoi. Je lui ai adressé un dernier regard made in Ainsworth – dédaigneux, en colère, indécis – avant de courir après l’ « Athéna » qui, il fallait l’avouer, n’avait pas parcouru trente-six mètres. « Siam ! » l’ai-je hélée avant de passer façon boulet de canon à côté d’elle, la dépassant d’un mètre avant de lui faire face. « J’suis désolé, Siam. Crois-moi – et, comme j’étais pas super bon en excuses, j’ai préféré ne pas m’épancher et dire quelque chose qui aurait envenimé la situation – et je suis aussi désolé de te dire que tu ne vas pas aller bien loin. Je suis très bon en béquille. Tu veux bien que je sois ta béquille ? T’en aurais bien besoin si tu veux aller jusqu’à l’infirmerie sans te disloquer en mille morceaux. Et puis, t’sais, j’crois que Simphonie elle regrette aussi. J’suis désolé. » ai-je achevé d’un ton piteux en baissant les yeux.

D'accord, elle n'était pas prête d'arriver à l'infirmerie. Elle était énervée, elle boitillait et tentait par tout les efforts de cacher sa douleur aux autres. Certains la regardaient passé : soit un sourire en coin, soit avec un haussement de sourcil. On lui proposa même de l'aide, mais Siam refusa catégoriquement. Pas question de paraître faible : inutile de perdre la face et de s'enfoncer encore plus. Elle avait une image de chef de bungalow à tenir. Elle avait quand même réussit à s'éloigner un peu de Simphonie et de Zayne, si bien qu'elle n'entendit rien de leurs échanges. De toutes façons, elle était trop énervée pour leur prêter encore la moindre attention. Elle préférait les ignorer, par orgueil certainement. Elle n'avait qu'une envie : que cette journée pourrie se termine enfin, et que tout le monde oublie ce qu'il s'était passé sur ce fichu mur d'escalade. D'ailleurs, elle en profita pour maudire les Dieux - juste un peu. Qu'est-ce qu'il leur était passé par la tête, pour construire un mur d'escalade aussi dangereux dans une colonie pour gosses hyperactifs ? Y'en avait même trois ou quatre qui y étaient morts. En tout cas depuis, le mur d'escalade était le théâtre de nombreux défis : le premier qui arrive en haut, nianiania.

« Siam ! », l'appela Zayne derrière son dos. Elle maugréa dans sa barbe - qu'elle n'avait pas hein, c'est une expression - et tenta d'accélérer l'allure pour échapper à ce crétin de " Héphaïstos ". Il venait surement pour lui rabâcher sa défaite, avec un sourire satisfait. Finalement, comme elle n'arrivait pas à avancer plus vite qu'une tortue de mer sur le sable, elle se fit rattraper par Ainsworth, qui la dépassa d'un mètre avant de lui dire : « J’suis désolé, Siam. Crois-moi ... ». Zayne ne semblait pas vouloir se répandre en excuses : par maladresse ou par orgueil ? Siam penchait plutôt pour la première solution, alors elle s'arrêta. Cela dit, elle affichait toujours une mine furieuse et croisa même les bras sur sa poitrine, pour marquer le coup. Simphonie n'avait pas suivi le mouvement et la fille d'Athéna ne se retourna pas pour voir si elle avait déguerpit ou non. « ... et je suis aussi désolé de te dire que tu ne vas pas aller bien loin. Je suis très bon en béquille. Tu veux bien que je sois ta béquille ? T’en aurais bien besoin si tu veux aller jusqu’à l’infirmerie sans te disloquer en mille morceaux », poursuivit Zayne avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit - de toutes façons, elle avait pas envie de parler. Elle jeta à Zayne un regard éloquent et allait parler, mais il la devança : « Et puis, t’sais, j’crois que Simphonie elle regrette aussi. J’suis désolé ». Là, elle lui lança un regard soupçonneux, du genre " c'est une blague ? ". Mais il semblait sincère. Or, d'un côté, Siam ne pouvait le croire. Simphonie Baxter, des remords ? La fille d'Athéna pensait plutôt que son ennemie préférait se raser la tête plutôt qu'avoir des remords à son égard. Siam marmonna un nouveau truc en grec ancien, du genre " nom de Zeus " et fronça les sourcils. Elle était appuyée sur sa cheville valide, mais l'autre la lançait toujours, un peu. « Ok », fit-elle, sans s'étendre davantage. Elle comptait mettre tout son poids sur l'épaule de Zayne, juste pour avoir la satisfaction de le voir tirer la grimace. Elle en regrettait presque de ne pas peser lourd.

« T'es sensée n'avoir rien à foutre d'elle, j'te rappelle. "T'as gagné, t'es contente, tu vas faire la teuf avec les « Aphrodite » point barre. Inutile de me dire quoi faire. "c'est apparemment pas que de ma faute"
Et il partit avec cette voix emplie d'empathie après avoir jeté à la figure les gants de la demi - déesse. Ceux-ci retombèrent par terre dans un petit bruit flasque dû à la boue couvrant le sol. Simphonie, elle, restait immobile, regardant le jeune homme s'éloigner en trottinant, rattrapant bien vite la blessée. Elle les observa bavarder un instant, leur distance évidemment bien trop grande pour que la jeune femme saisisse leurs paroles mais assez courte pour qu'elle voit Zayne aider Siam a atteindre l'infirmerie. Un soupir saccadé, gâché par la boule qui lui serrait la gorge s'échappa de ses lèvres. Elle n'avait nullement envie de voir ses frères et soeurs, encore moins de faire la fête avec eux. La seule chose à laquelle elle pensait, c'était les paroles de Zayne. Elles défilaient dans sa tête tel un carnaval infernal, explosant dans des endroits douloureux et le pire, c'était qu'elle ne trouvait rien à répliquer. La seule chose potable qui lui venait à l'esprit était un minuscule "J'ai pas fait exprès." ou "Je ne sais pas comment c'est arrivé et c'est toi qui a lancé ce défi complètement stupide.". Mais ça aussi, c'était puéril.
"T'es censé n'avoir rien à foutre d'elle, j'te rapelle." C'était complètement vrai et... elle n'en avait rien à faire de cette fille ! Comment pouvait ne serait-ce ressentir qu'une minuscule once de compassion pour elle, qui le pourrait sérieusement ? Elle était vaniteuse, butée et croyait être la septième merveille du monde ! Elle ne l'avait jamais apprécié et c'était idiot de croire qu'elle pourrait un jour s'entendre. Mais un je ne sais quoi dans ses yeux, quelques secondes lorsqu'elle allait se fracasser sur le sol là...déstabilisa ? Non, certainement pas, ce n'était pas "Siam Lovenbruck" qui allait la déstabiliser. Juste... c'était sa faute si elle était tombée. Et elle détestait cette situation : c'est comme si elle avait commis une erreur impardonnable, complètement déloyale alors qu'elle n'avait même pas choisi de le faire. Et elle allait recevoir le mérite des uns pour connaître le mépris des autres. C'était insupportable, elle détestait toute cette situation.
Cela faisait à peines quelques minutes qu'elle était dans cette position, les bras ballants, les yeux fixants le vide et les jambes serrées quand Simphonie prit enfin conscience de la température de la colonie. Elle était toujours aussi basse et le froid fit briller les yeux de la jeune femme ainsi que la faire trembler violemment. Elle détestait vraiment l'hiver. Cette saison n'apportait que du mauvais, du mauvais et encore du mauvais. Et des tonnes de mouchoirs en papiers et de grippes contagieuses. Et de larmes, aussi.
Alors, d'un geste vif et hargneux, elle ramassa ses gants, récupéra son pull maintenant tâché ainsi que sa veste et tout l'attirail qui formait ses habits d'hivers. Elle ne comptait certainement pas aller dans son bungalow où des commentaires déplaisants l'attendaient sans aucuns doutes. Elle prit une tout autre direction. Laquelle ? Elle ne le savait pas encore. Mais elle rejoindrait ses frères et soeurs que tard dans la nuit, c'était certain.

Si on me demandait de parler d’un truc qui m’avait marqué le seize décembre 2011 à la colonie des sangs-mêlés, j’aurais sans doute détaillé le goût du bacon le matin de ce jour là. Le froid, peut-être. Mais pas ça. Pas l’éclatement des relations, pas la peur de plus jamais parler à Simphonie de la même façon, ni d’avoir baissé dans l’estime de Siam. Je parlerai volontiers de ce bacon âcre et trop salé, qui me donnait envie de vomir mais de sourire en même temps – fidèle colonie. Mais non. Le vrai évènement marquant, c’était ça. L’éclatement, la peur, l’inconscience. Toujours celle-là, omniprésente et agaçante. Incompréhensible, aussi, dont les racines s’étaient formées il y trop longtemps. Mortelle, inconsciemment ; car qui meurt de l’inconscience ? Ce n’est rien, l’inconscience ; ça apporte juste quelques problèmes, comme là. Quelques petits problèmes… c’était peu dire. « Ok » lâcha Siam, alors que je retenais un coup d’œil nerveux vers Simphonie, restée en arrière et ne semblant pas prête à bouger. Fantastique. J’étais persuadé que l’une comme l’autre allait me faire la gueule et je serai bien, moi, tiens. J’avoue, j’ai hésité entre me désister de Siam pour aller voir Simphonie ; j’avoue, j’ai hésité à aider Siam et laisser Simphonie en plan. Mais les deux.. les deux étaient pareilles pour moi : importantes. Des amies d’enfance, si j’ose dire ; deux personnes importantes qui sont entrées dans mon univers comme des bombes et qui sont pas prêtes d’en partir, croyez-moi. Impossible de faire un choix. Je n’étais pas un adulte, je n’étais pas responsable : je n’allais donc pas les faire se serrer la main ou les obliger à proférer des excuses. J’étais juste Zayne, cet obtus et idiot de Zayne. Je devais soit aller me faire pardonner auprès de Simphonie, à grands coups de câlins et de yeux doux ; soit aider Siam à rejoindre l’infirmerie en l’empêchant de me détester. Et Siam semblait avoir la patte folle, la cheville foulée ou pire, cassée. Le choix est vite fait, quoique dur. J’ai regardé Siam brièvement, façon « t’es sûre ? » et sans attendre de réponse oculaire, j’ai glissé mon épaule sous la sienne, posant ma main sur sa taille et la soulevant un peu du sol. Dieu qu’elle était lourde, ai-je pensé en grimaçant légèrement. Enfin, pas tant que ça – mais elle n’était pas non plus un fétu de paille. Je me comprenais, et je crois que formuler ces pensées à voix haute m’aurait été fatal. J’ai fait un pas, la serrant un peu contre moi pour être sûr de ne pas la laisser choir pathétiquement. Il n’aurait manqué que ça. J’ai ignoré le vent froid qui me fit frissonner, ignorant aussi l’éternuement qui me chatouillait le nez. J’ai regardé alentours. Personne. Juste moi, et Siam – et sa patte folle. Le paradis, quoi. Venez à la colonie des sangs-mêlés c’est trop mortel !, qu’ils disaient. « Allez, plus que cinq cent mètres ! » ai-je dit avec une fausse joie qui dénotait ma voix, une fausse joie idiote qui me fit avancer, Siam sur l’épaule droite, la culpabilité sur l’autre. Et commença la longue marche jusqu’à l’infirmerie, longue marche entrecoupée par des grimaces et des remarques idiotes sur le mauvais temps. Je devais vraiment la saouler, la « Athéna ». Elle ne pouvait que blâmer sa cheville, j’imagine.

→ topic fini

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