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narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended)

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P. Avalon O'Hara
P. Avalon O'Hara





ϟ arrivé(e) à la colonie le : 18/02/2012
ϟ iris-mails envoyés : 43
ϟ nombre de drachmes : 67
ϟ dons : ses dessins peuvent devenir réels (actif) & visions (passif)
ϟ localisation : bungalow sept
ϟ humeur : attentive




carnet du héros
➸ parent olympien: Apollon
➸ caractère : franche ∞ loyale ∞ possessive ∞ rancunière ∞ paradoxale ∞ orgueilleuse ∞ jalouse ∞ persévérante ∞ généreuse ∞ douce ∞ impulsive ∞ complexe ∞ optimiste ∞ courageuse ∞ lunatique ∞ rebelle ∞ ambitieuse ∞ déterminée ∞ sensible ∞ rêveuse ∞ têtue ∞ aimable ∞ discrète ∞ moqueuse ∞ libre ∞ solitaire ∞ réservée ∞ indépendante ∞ exigeante ∞ bonne oratrice ∞ méfiante sur les bords ∞ etc.
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MessageSujet: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyVen 24 Fév - 16:02




Levant la tête, Avalon aperçut quelques rayons mordorés qui perçaient les nuages, çà et là. Le ciel était beau. Céruléen, obstrué d'une demi douzaine de nuages blancs et cotonneux, il semblait enclin à accueillir la nuit. Et il le ferait sans doute dans la demi-heure qui suivait, d'après la jeune femme. Cela faisait quelques minutes qu'elle s'était assise au bord du lac, encore gelé par la colère des dieux du vent. La journée avait été longue et ennuyante. Elle s'était entraînée deux bonnes heures au tir à l'arc et était finalement retournée au bungalow lorsque ses frères et sœurs évoquèrent l'idée d'escalader le mur volcanique. Elle avait gribouillé quelques temps sur le calepin posé juste à côté d'elle en ce moment même. Au retour des autres « Apollon », elle s'était décidée à sortir, histoire d'avoir droit au calme qu'elle recherchait lorsqu'elle n'était d'humeur à rien.

Les jours précédents avaient été tout aussi banals, la jeune fille avait donc été contrainte de tuer le temps comme elle le pouvait, en dessinant et se promenant entre autre. Hier, elle avait contacté sa mère grâce à un iris-mail, et cette pensée lui arracha un sourire nostalgique. Voilà pratiquement six mois qu'elle n'avait pas mis un pied à Chicago, dans leur appartement, six mois qu'elle avait laissé sa chère génitrice tentait de continuer à se reconstruire malgré toutes ces années. Elles étaient deux personnes brisées par le départ constant de ceux qui avaient un jour partagé leur vie. Si Avalon avait mis un point d'honneur à ne jamais pleurer le départ de Clay – il les avait abandonnées au moment où elles avaient le plus besoin de lui, la perte de Nash était toujours aussi douloureuse, bien qu'elle remontât à bientôt sept ans.

A dix-sept heures, plus personne – si ce n'est quelques érudits chez les « Arès » – ne s'entraînait et la journée s'était achevée dans la liesse la plus totale. Contrairement à ses camarades, elle n'avait pas hurlé au soulagement. Non, plus discrète, elle s'était contentée de s'éclipser en maugréant silencieusement. Elle avait erré quelques minutes, hésitant à se rendre au fond de la forêt, ou dans la maison bleue, se ravisant pour se rendre au lac. Tout naturellement, elle s'était adossée contre un des arbres, enfin c'est ce qu'elle aurait fait en temps normal. Si Narcisse Davenport ne se trouvait pas là, en ce moment même. Avalon fit claquer sa langue contre son palais, agacée à l'idée de devoir encore supporter les regards mauvais et les rares paroles, rien de jamais très sympathique en passant, du fils d'Aphrodite.

Ils avaient le même âge, et semblaient être semblables sur de nombreux points. Bien qu'habituellement observatrice, elle ne s'était pas immédiatement rendue compte des fameux points communs dont il était question. Pourtant, à force de le croiser aux mêmes endroits et aux mêmes heures, elle avait bien du admettre la vérité. Au départ, tout était d'une simplicité déconcertante. Tous deux d'un naturel solitaire, ils se contentaient de se tolérer et s'ignoraient jusqu'au moment de se séparer. Ils ne s'étaient jamais adressés la parole, à peine un regard, et ils n'avaient jamais supposé que quelque chose pourrait changer, un jour. Ça lui aurait parfaitement convenu, d'ailleurs : moins il y avait de personnes qui prenaient d'importance à ses yeux, mieux elle se porterait. Elle avait toujours pensé ça, au début tout du moins.

Car, avec le temps, elle s'était rendue compte qu'il se passait quelque chose entre Narcisse et elle. Rien d'extraordinaire, pas de quoi fouetter un chat, juste qu'elle préférait être seule avec lui, que seule, vraiment seule. Elle savait qu'elle était totalement incompréhensible, carrément paradoxale, foutrement indécise et légèrement lunatique. Alors, au départ, elle-même n'avait pas compris son propre raisonnement. Elle cherchait souvent la solitude, s'isoler du reste du monde, renouer avec la gamine désespérément seule et dépressive qu'elle avait été, parce qu'elle avait encore et toujours mal et qu'avoir mal, ça lui prouvait au moins qu'elle vivait. C'était totalement idiot, irrévocablement malsain, et assurément sans aucun intérêt. Elle pensait être quelque peu masochiste, à rechercher elle-même une souffrance que personne n'arrivait à lui procurer. Être heureuse, c'était un peu plus oublier le souvenir de Nash, son grand sourire de trente-deux dents, ses yeux clairs, et ses petits bras qui l'encerclaient systématiquement dés qu'ils le pouvaient. Être heureuse, c'était un peu comme bafouer la mémoire de son défunt petit-frère et surmonter l'épreuve, faire une croix sur le passé pour se consacrer à l'avenir.

Elle avait donc naturellement pensé que Narcisse était plus ou moins dans le même cas. Elle avait déjà entendu quelques rumeurs sur le passage du jeune homme ; l'existence d'une sœur jumelle absente, et cette même absence qui lui faisait un mal de chien. Avalon savait que ladite sœur était toujours en vie, mais c'était tout comme, il souffrait du même tourment, ou de quelque chose qui s'en approchait. Elle avait cru alors voir un lien, aussi fragile et futile soit-il, se tisser entre eux, leurs deux âmes écorchées, et les rapprocher, imperceptiblement, à peine, si peu. Mais les rapprocher quand même. A partir de cet instant, elle cherchait parfois la présence de Narcisse, préférait s'isoler autre part que dans ses lieux de prédilections, seulement pour être seule, mais seule pendant qu'il l'est, lui aussi. Sauf que, depuis quelques semaines, tout s'était compliqué. Il l'avait repoussée sans remord, alors qu'elle ne l'avait pas encore approché. Elle s'était apprêtée à tenter une approche, mais il l'avait rembarrée aussi sec.

Depuis, il était méprisant avec elle, le peu de regard qu'il lui accordait n'était plus teintés d'indifférence mais de mépris et, aussi idiot que cela puisse paraître, elle souffrait de cette animosité qui régnait en lui, une animosité dont elle était la victime innocente. Une condamnée qui n'avait jamais été coupable des vices auxquels on l'accusait. Parfois, lorsqu'il était particulièrement de mauvaise humeur, il s'en allait dés qu'elle arrivait, il la fuyait comme la peste et elle s'était retrouvée seule, vraiment seule. Désespérément seule. Narcisse ne lui était pas essentiel, n'était ni un repère, ni une ancre qui la retenait à un semblant de normalité. C'était juste devenu une habitude, son habitude, un besoin presque. Mais, comme souvent, elle ne se rendait compte de l'importance des personnes qui l'entouraient qu'au seul moment où elle les perdait complètement. Lui, elle n'avait pas eu le temps de gagner un ami qu'il lui avait déjà échappé.

Elle avait alors hésité quelques instants avant d'avancer malgré la présence du jeune homme et de se laisser glisser le long du tronc, à une dizaine de mètres de lui, à tout rompre. Elle jeta un bref regard dans la direction du brun, se demandant combien de temps allait-il rester planté là, juste avant de partir. « Je te laisse même pas deux minutes. », souffla-t-elle pour elle-même. Pourtant, curieusement, aujourd'hui elle n'était pas d'humeur à le laisser fuir une relation qu'ils n'avaient pas encore bâti.


Dernière édition par P. Avalon O'Hara le Mer 29 Fév - 18:16, édité 12 fois
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A. Narcisse Davenport
A. Narcisse Davenport

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ϟ double compte : zayne emryc & caïn.
ϟ arrivé(e) à la colonie le : 08/01/2012
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ϟ nombre de drachmes : 165
ϟ dons : empathie. enjôlement.
ϟ localisation : bungalow dix.
ϟ responsabilités : pensionnaire.
ϟ humeur : défiante.

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carnet du héros
➸ parent olympien: Aphrodite
➸ caractère : triste, en colère, méfiant, n'accorde jamais sa confiance, reclus, calculateur, volontaire, bienveillant, peut paraître méchant ou cruel, un peu narcissique, autoritaire, pensif, trop vite attaché, silencieux - dans le sens où il garde ses pensées pour lui -, bipolaire, retors, rancunier, s'enflamme vite, incompréhensible, hypersensible.
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptySam 25 Fév - 11:01


dans le silence et
la solitude, on n'entend plus
que l'essentiel


La journée avait été longue. Ennuyante. Répétitive, même. Elle ressemblait à hier et aussi la journée d'avant, et la précédente encore. Mille fois aurais-je préféré rester un vulgaire pensionnaire externe saisonnier, de ceux qui vont et viennent sans impunité selon les sessions, les saisons. De véritables oiseaux migrateurs. J'aurais aimé être un oiseau, un aigle géant doté d'armes mortelles et d'une vision acérée ; un albatros respectable avec de grandes ailes apportant ombre, crainte et respect ; je me serais même contenté de l'enveloppe d'un vulgaire pigeon car il valait mille fois être un bouffon dans les cieux qu'un lord sur la terre ferme. Le simple fait de voler aurait été bon, m'aurait été bon. Et puis, un pigeon, ça chie sur les gens et il y avait bien ces deux-trois personnes sur qui j'aurais volontiers déféqué. " Tu viens au canoë, N. ? " Le sourire pourtant communicatif de mon demi-frère m'a laissé de marbre. Avec cette nonchalance presque insolente, j'ai glissé mes pieds sur les dalles du bungalow, cherchant du bout des orteils chaussure à mon pied. Mon demi-frère attendait toujours ainsi ai-je dit, dans un simple mumure qui tenait autant de la malédiction que de la menace : " J'arrive. " Le californien a haussé les épaules en branlant du chef, quittant la pièce sans un dernier regard plein de cette terrible, affreuse et inutile compassion. J'avais toujours eu un truc avec le canoë-kayak. Les autres " Aphrodite " aussi, plus ou moins. Ce sport nécessitait un peu de muscle dans les bras, point trop n'en faut, et on avait rarement trouvé balade plus romantique qu'une odyssée sur embarcation devant un coucher de soleil.

De plus, le moniteur était vraiment beau. Tant que certaines filles gloussaient, quémandant avec un chouïa d'ingénuité la permission de tâtonner de ses muscles, alors que les garçons les plus libéraux s'exhibaient dans leurs maillots taillés dans des mouchoirs de soie. Finalement, et à grand renfort de sourires gênés, le fils d'Apollon nous a dit que l'activité avait été annulée, la faute du gel du lac. Il nous informa par ailleurs que nous allions être redirigés vers nos différents cours de grec. " Je m'occupe des masters " sourit-il légèrement sous nos yeux tristes, alors qu'une seul et unique "yes !" victorieux secoue nos rangs. Voilà comment, à défaut de passer une chouette après-midi à me geler les miches, je m'étais retrouvé attaché à une chaise jusqu'à ce que ce satané " Athéna " nous relâche. Mis à part le vide ou l'inconnu, les changements et départs faisaient partie des mes peurs et, à mon grand désespoir, de mes moeurs. Je détestais les changements de plan. Et me retrouver cul sur une chaise plutôt que sur un kayak avait le don de me mettre en rogne - plus que tout, s'entend. C'est passablement énervé que j'ai froissé les feuilles de cours, lançant le papier chiffonné dans la poubelle la plus proche avant de m'évader. Juste m'évader. Comme un oiseau.

Mes pas m'ont presque naturellement dirigé vers la plage. Avec délice, j'aurais tué pour m'allonger sur le sable, les bras en croix et la tête dans les nuages mais impossible : fleurissaient ça et là regroupements d'" Aphrodite " et de " Dionysos ", bien décidés à fêter la fin de la quête de la Rose des Vents, comme la nommaient déjà certains. Le dernier point d'eau reposant de la colonie m'accueillit sur la voix reconnaissable entre toutes du chanteur de Coldplay. Le silence me renvoyant constamment à moi-même ainsi valait-il mieux le combler, même si le volume fût à son strict minimum en toutes occasions. L'écorce rude et vindicative de l'arbre m'a labouré le dos, lorsque je me suis affalé sur le sol, adossé à ce centenaire bien portant. Mes yeux ont caressé le lac, les quelques arbres perdus au loin pour s'arrêter sur les bungalows, fidèles bungalows. Elle est partie. La doctrine s'était mise en place sournoisement, tenant plus de la drogue que du mot d'ordre. Je me répétais cette phrase, cette litanie ennuyante et déraisonnée qui m'engourdissaient les sens et me laissait pantois, paralysé, ivre de douleur. Elle est partie. C'est fou comme trois petits, ridicules et éphèmères de surcroît, peuvent faire mal. Le temps de les prononcer que, déjà, le silence les enveloppe que, déjà, la litanie recommence, sombre peine pour n'avoir pas su être aimé en retour. Elle est partie, c'est fini. Je ne suis pas bizarre. C'est juste fini. Elle est juste partie.

Ce mouvement sur le côté m'arrache de ma contemplation avide du lointain. Avalon O'Hara. Une ombre de colère voile mon regard, joue de son ombre avec son chocolat tirant sur l'onyx. Comme si la couleur ne s'était jamais décidée entre la douceur et la rudesse. Un pli d'aversion presque physique s'inscrit sur ma joue lorsque ma bouche se tord légèrement. Ses lèvres bougent, elle s'asseoit et je jure qu'en cet instant précis me transperce les oreilles : what can you do when your best isn't good enough and when everything that you touch tumbles down ?. Mes yeux s'agrandissent et j'arrache dans un geste rageur mes écouteurs quand la réponse s'impose, vindicative : il n'y a rien à faire. Je regarde O'Hara, furieux. Furieux car elle est là, furieux car elle est elle, furieux car je l'apprécie, furieux de ma propre faiblesse devant elle, avec elle. Quelque chose, trop malsain pour être dénommé jeu,s'était installé entre nous, jadis je dirais. Elle était seule, j'étais seul et on était seul ensemble. Aucune compréhension dans son regard, aucune sollicitude. Juste sa solitude. et la mienne. Elle a fait un pas, moi dix en arrière. Je me suis détourné et j'ai couru, fuyant avant d'être fui, blessant avant d'être blessé. Maintenant j'étais seul avoir personne à qui le dire. J'ai bondi sur mes pieds, presque immédiatemment. Cesse d'être toi. avais-je envie de hurler, cesse d'être appréciable. Je passe devant elle sans un mot, résistant sans mal à l'envie de lui adresser un regard hostile. Couvre ta peau.


Dernière édition par A. Narcisse Davenport le Jeu 1 Mar - 11:52, édité 2 fois
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P. Avalon O'Hara
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptySam 25 Fév - 17:12



Avalon n'avait jamais trouvé suffisamment d'audace pour aller à l'encontre des autres, tenter de créer des liens. C'était toujours les autres qui faisaient le premier pas, et elle qui décidait si elle les laissait faire, ou non. Elle avait toujours trouvé ça plus simple : refuser avant d'être rejetée. Pourtant, enfant, tout était terriblement simple : un sourire, un prénom qu'on souffle joyeusement du bout des lèvres, une main tendue et une amitié qui naissait. Enfant, elle avait toujours été entourée, malgré sa dyslexie et son déficit de l'attention lié à son hyperactivité. Mais aujourd'hui, tout était si compliqué : il fallait aller à l'encontre de l'autre, prendre des risques pour aboutir à une relation durable. Adieu les amitiés tissées en dix secondes, bonjour le mal-être permanent lorsqu'on voit une multitude de groupe d'amis face à nous, seul, désespérément et irrévocablement seul. Pourtant, à la colonie, tout avait été différent : on l'avait littéralement accueillie à bras ouverts, ses frères et sœurs les premiers. Elle s'était immédiatement sentie chez elle, pas dans une colonie de vacances d'été, avec deux-trois bons amis et juste quelques mois à tirer pour en garder de bons souvenirs le reste de l'année, non, c'était rester avec les siens, chez elle, et avancer, lentement, apprendre à survivre et savourer chaque journée. Depuis qu'elle avait débarqué ici, soit il y a un peu plus de six ans, elle avait enfin réussi à se faire des amis et n'avait donc, par conséquent, jamais du avoir à prendre sur elle pour aller d'elle-même rencontrer des gens. Jamais, jusqu'à aujourd'hui, tout du moins...

Elle sentait le regard dur de Narcisse posé sur elle. Elle tenta d'occulter cette présence qui la mettait systématiquement mal à l'aise depuis quelques semaines, depuis qu'il l'avait repoussée. Elle ouvrit son carnet à dessins, se saisit de son crayon tandis que ses cheveux encadraient délicatement son visage et formaient un délicieux rideau brun tout autour d'elle, qui la protégeait du froid de ce mois de décembre, du vent et de la colère du jeune homme. A peine posa-t-elle sa mine sur la feuille, prête à esquisser elle ne savait quoi, qu'elle sentit un mouvement à sa gauche. Après s'être arraché ses écouteurs des oreilles, il s'était levé, prêt à partir. La fuir. Fuir deux solitudes différentes mais qui se rejoignaient, d'une certaine manière. Une fois encore. Elle ne put s'empêcher de pousser un soupir. Elle sent sa poitrine se comprimer doucement. Décidément, elle ne comprendrait jamais les relations humaines. Comment pouvait-il lui faire mal en partant, l'abandonnant, alors qu'ils n'étaient pas amis, alors qu'ils ne s'étaient pas même parlés une seule fois ? Elle tenta, vainement, de se souvenir du timbre de sa voix qu'elle avait du, un jour, entendre quelque part, lorsqu'ils étaient tous deux entourés du reste de la colonie, lors d'un entraînement, au pavillon-réfectoire, n'importe où mais quelque part. Elle essaya de se remémorer la manière dont il la regardait, avant. Avant qu'il ne parte. Avant qu'elle ne tente de l'approcher. Avant que ce lien si étrange et si futile ne se soit tissé. Elle leva imperceptiblement les yeux, gardant cependant la tête baissée vers son calepin.

Il passa devant elle, sans un mot, sans un regard. Comme si elle n'existait pas. Avait-elle un jour existé, à ses yeux ? Réellement existé ? Comme une personne à part entière, plutôt que comme une image de fille solitaire et semblable à lui ? Soudain, une question l'assaillit. Connaissait-il seulement son nom ? Elle secoua lentement la tête, retint un soupir exaspéré à l'idée qu'il l'ignore pour une raison qui lui échappait totalement, et se demanda si elle était vraiment prête à se lever, le rattraper et lui demander, enfin, ce qui clochait chez lui. Sauf qu'elle avait peur. Peur d'être rejetée, une fois encore. Peur d'être abandonnée, une énième fois. Terrifiée à l'idée qu'il puisse la blesser de cette manière alors qu'aucun n'avait jamais pris de risques pour tisser un lien. Terrorisée en pensant qu'elle avait beau ne jamais prendre le risque de souffrir, qu'elle pouvait quand même avoir mal, malgré tout. Alors, qu'elle parle ou qu'elle se taise, qu'elle se lève ou reste assise, qu'elle l'observe ou l'ignore, elle souffrira, quoiqu'il advienne. Était-ce réellement un risque qu'elle prenait, puisqu'en ne faisant rien, elle en récoltait quand même les pots cassés ? Elle inspira une grande bouffée d'air, supposé calmer les battements soudain rapides de son cœur. Elle leva lentement la tête vers lui, qui avait continué d'avancer. Elle s'accorda alors quelques minutes pour l'observer et se demanda si elle semblait aussi insensible que lui à l'idée d'être seule.

Elle avait envie de lui crier de ne pas partir. Mais les mots brûlaient sa gorge, calcinaient sa langue, pour mourir sur ses lèvres bleuies par le froid. Entre eux, ça n'avait jamais été un jeu. Mais c'était un peu pareil. Ils s'étaient lancés dans quelque chose qu'ils ne comprenaient pas, aucun d'eux, mais suivaient une règle. Une seule et unique règle, toujours la même. Ne pas parler. Alors, ouvrir la bouche, et laisser des sons, des mots, puis des phrases s'en échapper, c'était rompre leur règle. Et signer la fin de leur pseudo-jeu. Elle ignorait si, de cette manière, elle gagnerait la partie, ou si ça signifiait juste qu'elle abandonnait et qu'elle s'avouait vaincue. Elle faillit s'abstenir à parler, mais les pas de Narcisse, le bruit de ses pas qui s'éloignait lentement mais sûrement, l'effraya. Comment combler un silence, seule, alors qu'ils l'avaient toujours fait, ensemble ? Comment vivre une solitude qu'elle avait un jour partagé avec lui ? Comment exister sans se demander si elle existait à ses yeux aussi ? Elle crut entendre quelqu'un parler, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que les mots sortaient de sa propre bouche, d'une voix claire et pénétrante. « Que fuis-tu, Narcisse ? »

Il mit quelques minutes avant de comprendre tout ce que ces quatre petits mots, si ridicules et futiles, pouvaient impliquer. Elle crut le voir se stopper, s'arrêter un bref instant. Soudain, elle se demanda si employer le prénom du jeune homme n'avait pas été totalement inapproprié, beaucoup de sang-mêlés s'appelaient par leurs noms de famille lorsqu'ils n'étaient pas amis. Elle ne pouvait pas le considérer comme son ami, pas encore. Sauf que corriger maintenant, rectifier le tir, détruirait le peu d'attention qu'elle venait d'attirer, la réduirait à une fille éternellement indécise, alors elle se tut et attendit quelques instants. Puis elle comprit que même dans leur situation de silence intense de plusieurs mois, quatre mots, cinq syllabes, dix-sept lettres ne changeraient pas grand-chose. Alors, prise d'un élan d'audace qu'elle ne se connaissait pas, elle se leva soudainement et s'approcha de lui, presque figé par sa voix qui semblait encore flotter dans l'air. Lentement, délicatement, elle se saisit du poignet du jeune homme, l'incitant à se retourner vers elle. Ce fut une révélation, Avalon avait toujours su qu'elle avait une détermination à toute épreuve, et elle était butée de surcroît, alors elle comprit qu'aujourd'hui, il aurait beau se dérober inlassablement, elle ne le laisserait pas fuir. La sensation de la peau de Narcisse sous ses doigts était particulièrement étrange et lui rappelait à quel point ce n'était pas naturel pour elle, de toucher quelqu'un, que c'était même totalement inapproprié dans une situation telle que la leur. Mais elle s'en fichait, alors elle resserra à peine, presque pas, son emprise sur le poignet du jeune homme, comme pour le dissuader de s'enfuir sans pour autant lui donner l'impression qu'elle le séquestrait. Elle ne voulait décemment pas détruire les derniers lambeaux de ce lien qu'il y avait entre eux.


Dernière édition par P. Avalon O'Hara le Mer 29 Fév - 18:16, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptySam 25 Fév - 22:42

Ce n'était rien. Quasiment rien. Des mois découlaient des semaines, des semaines découlaient des jours, des jours des heures, des heures des minutes, des minutes des secondes. Des secondes, ce n'était rien ; des mois, c'était beaucoup de rien pour rien du tout. J'avais passé des secondes avec chaque pensionnaire mais aucun lien aussi fort ne s'était formé avec l'un deux. A contrario de Avalon O'Hara. D'une beauté étonnante, je crois, qui reste dans l'oeil ; d'un mutisme rassurant, familier. Si l'on m'avait demandé qui comptait à mes yeux ici, j'aurais sans doute dit son nom sans hésitation, aussi idiot et puéril que ce fût. Elle sans moi, ça n'existait pas. Moi sans elle, c'était impensable. Elle était une présence rassurante, preuve indéniable que la routine a du bon, que la répétition peut se révéler salvatrice. Le coeur du problème. Je ne pouvais pas me permettre de penser à un " nous " même si nous nous retrouvions sans cesse aux mêmes endroits, aux mêmes moments. Elle sans moi, ça existait ; moi sans elle, c'était possible - j'avais su survivre sans sa régulière présence après tout, aussi divine soit elle. Même si ça me faisait mal, je me disais que je n'avais pas besoin d'elle. Je n'étais pas une greluche dépendante, non, j'étais un demi-dieu indépendant, ça oui. Comme un grand homma l'a un jour dit : aimer, c'est détruire et être aimé, c'est aller vers sa destruction. J'avais bien assez détruit, fait fuir. Les gens ne captent jamais cela. Ils ne pigent jamais l'engouement farouche que j'ai à dresser des murs autour de moi, l'égocentrisme et égoïsme énormes dont je fais preuve pour empêcher les gens d'entrer. L'on m'apprivoisait, tel un animal et à grand mal, mais je finissais invariablement brisé comme mille de ces poupées. Une moule à son rocher. Il est si aisé pour le rocher d'abandonner la moule à la mer... telle faiblesse ne m'est pas permise. Aimer est détruire.

Une peur ainsi déraisonnée ne survient pas un jour, comme ça, sur le pas de votre porte avec son sac sur l'épaule. Amour est partie. Je ne comptais que sur elle, pour elle. Ls autres ? Abstraits, effacés par ma soeur. J'en avais cure. Avoir Amour valait une éternité d'autres. L'avoir était suffisant. Elle n'a pas eu le choix. La mort l'a emportée, les Chasseresses aussi. Mais aucun remord dans son dernier regard. Pas un Ir-mail, pas un rêve funeste, coup de fil, signal fumée ni une lettre rédigée dans notre langage d'enfant. La seule chose répondant à mes appels était le silence. Omniprésent. Tout le monde s'en fichait. Dans le meilleur des cas m'adressait on un regard compatissant, un sourire contrit, une question désabusée. Et seul le silence répondait. " Que fuis-tu, Narcisse ? " Et seul le silence lui répondit, maigre consolation. Je jure sur ma vie que tout mon être s'est arrêté, ne bougeant plus d'un simple iota. La question m'a ébranlé, provoquant la renaissance de cette tension dans mes épaules, auparavant calmée par leurs calmants, leurs somnifères, leurs talents. Une question et tout ce savoir-faire réduit à néant. Que fuis-tu ? Toi. Les autres. Moi. J'ai cherché la réponse du regard, dans le bleu de la Grande Maison, le vert de l'herbe châtoyante, le rouge du soleil qui s'éclipsait d'ores et déjà. Que fais-tu ? répétait la voix de O'Hara - Avalon - dans ma tête ; Elle est partie, geignait ma voix en réponse. Paralysés, mes poings ont finalement trouvé la force de se serrer, puisant dans ma peur, mon ébranlement, mon égo. Je détestais cela. Paraître idiot, être en tord, ridicule, abandonné. J'étais tout cela à la fois.

J'ai dégluti avant de, difficilement, laisser l'air siffler et passer entre mes lèvres, jusque dans mes poumons. Je m'apprêtais déjà à repartir vers mon bungalow, infiniment troublé, quand elle m'a touché. Pis encore, elle m'enserra le poignet, distance devenue contact, doigts devenus menottes, corps devenu prison. Je me suis retrouvé face à elle, désarmé, sa.s avoir le moindre petit mot à répliquer. Je n'ai pas eu le courage d'affronter son regard, ni même de lever les yeux vers elle. Comme hébété, le dernier des poivrots, j'ai ouvert la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Elle est partie. Ma devise. M litanie, ma crainte, ma sentence, min châtiment. Comprendrait-elle ? Certains disent qu'elle a perdu un proche. D'autres murmurent qu'on lui a brisé le coeur. Des idiots rajoutent que sa famille a été décimée. Personne ne sait. J'imagine le proche. Elle l'a perdu. C'est égoïste mais j'ai l'impression que ce n'est pas la même chose. Elle ne pourrait comprendre. Elle l'a perdu, son proche ; elle s'est perdue, Amour. Je pourrais la voir, à tout moment. Mais elle s'est perdue. Reviendra pas. Sa prise se resserre sur mon poignet et je lève le regard, hésitant. J'ai envie de lui dire de me laisser en paix, de me libérer de ses serres. Elle ne comprendra pas. Personne ne peut. Mes yeux croisent les siens. Même couleur, même lueur. Comprendra-t-elle ? La doctrine. Narcisse, n'oublie pas la doctrine. " Je fuis ceux qui me fuieront. " Récitation fade, récitation hésitante. Son contact est rassurant. Sa peau douce.

" Je ne suis pas un lâche. " Rajout précipité, phrase bredouillée à grande peine. Si, je suis un lâche. Le mot est même trop mélioratif à mon égard, dirais-je même. Ces mots me font peur. J'ai trop parlé. Porte malheur. Elle est peut-être allée trop vite. Je recule. Pas trop, un peu. Je veux plus être seul seul. Je veux etre seul avec elle. Alors je reste. Rares sont mes phrases complètes, mes élans d'éloquence, mes accès de loquacité. Dernier en date : le jour où Thunder m'a cassé la gueule. Mais quel con j'avais été... Ce jour, aujourd'hui, est un jour porté sur ces rares moments. J'espère qu'O'Hara ne me frappera pas. " Je ne suis pas un fuyard, Am.. " Avalon. A-V-A-L-O-N. Je déglutis. " O'ha... " Non, elle t'a appelé par ton prénom, reprends-toi. Tes griffes, abandonne-les. Tes réticences, repousse-les. Tes murs, abats-les. Elle est partie, c'est fini. Non, je veux pas. " Avalon. Je ne suis pas un fuyard, ni un lâche. "
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P. Avalon O'Hara
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ϟ arrivé(e) à la colonie le : 18/02/2012
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyDim 26 Fév - 17:53



Que fuis-tu ? Une question qui planait encore dans l'air, dans l'atmosphère pesante, qui les encerclait doucement, les enveloppait lentement, les piégeait inévitablement. Il ne pouvait pas démentir, assurer qu'il ne fuyait pas, parce qu'elle était faite du même moule. Parce qu'elle connaissait cette fuite perpétuelle d'une chose qu'elle ne parvenait à comprendre. Fuir, inlassablement. La meilleure option, sûrement. Qui impliquait la solitude, évidemment. Un peu de souffrance aussi, certainement. Fuir, toujours fuir, une belle litanie, une ritournelle incessante, une doctrine répétée, un adage imposé. Elle aurait voulu être différente de ce qu'elle était, comprendre autre chose que la musique ou le dessin, être capable de nouer des liens, être utile pour quelqu'un, plus qu'utile : être essentielle. Mais, trop occupée à préparer tout ce qu'elle allait vivre, elle n'avait pas vécu. Parfois, elle avait effleuré le bonheur et la paix du bout des doigts, mais elle n'avait pas eu le temps de les empoigner en pleine mains qu'ils s'échappaient, inévitablement. Elle n'était pas faite pour être juste heureuse. Elle ne savait plus ce que c'était de se réveiller un matin, et de se dire qu'une belle journée se présageait, que rien ne viendrait gâcher la joie de l'instant, une joie éphémère. S'attacher était synonyme de douleur inévitable, incontestable. Elle ne voulait plus souffrir, plus à cause des autres. Évidemment, elle avait fini par s'ouvrir à quelques personnes, à la colonie : ses frères et sœurs et une poignée de gens qu'elle considérait comme de vrais amis. Mais tenir à eux l'effrayait continuellement, parce qu'à l'instar de son père, de son frère, de son beau-père ou de Levis, ils finiront tous par l'abandonner, de quelque manière que se soit. L'abandonner simplement mais rester présent même si ça ne sera jamais suffisant, à la manière d'Apollon. L'abandonner et laisser un profond vide en elle, lui arracher ses derniers lambeaux de cœur avec son départ, à la façon de Nash. L'abandonner sans un dernier regard en arrière, sans se soucier des larmes qui commencent à parler à ses yeux, comme Clay. L'abandonner en voulant bien faire, pour son pseudo-bien, à l'image de Levis.

Elle se rendit compte avoir pris Narcisse au dépourvu. Savait-il seulement ce qu'il fuyait ? Ou n'était-ce qu'un simple instinct de survie qui lui dictait la conduite à adopter ? Elle vrilla le jeune homme, étonné, perdu, ébranlé. Elle crut se reconnaître dans ces iris sombres, dans ce besoin de solitude, cette souffrance presque muette. Elle crut s'y reconnaître, sauf qu'il n'avait pas levé les yeux vers elle. Elle imaginait simplement les yeux du fils d'Aphrodite, les émotions les traversant, les pensées fulgurant dans sa tête, immédiatement rejetées parce qu'insatisfaisantes. Elle aurait peut-être du lâcher son poignet, cesser de vouloir à tout prix avoir un contact avec lui, malgré ces barrières qu'il érigeait constamment entre sa personne et le reste du monde. Entre son univers, et celui qui l'entourait. Entre lui, et la souffrance qui pourrait l'entourer s'il ne se protégeait pas. Mais, ne comprenait-il pas ? S'il rejetait tout, tout le monde, toujours, sans arrêt, ne comprenait-il pas qu'il repoussait la souffrance, mais aussi ces miettes de bonheur qui pouvaient l'aider à avancer, envers et contre tout. Elle ne voulait pas qu'il souffre, aussi idiot que cela puisse paraître, elle voulait le voir heureux. Parce qu'il lui ressemblait et que, bien que cela semble totalement irraisonné et stupide, elle pensait qu'en le voyant heureux, son bonheur pourrait aussi la toucher, suffisamment pour empiéter sur cette pointe de douleur qui ne la quittait plus depuis que Nash était mort. Elle ne compatissait pas pour Narcisse, à propos de sa sœur trop vite éloignée de lui. Elle ne compatissait pas, elle comprenait. Autant qu'elle pouvait comprendre dans leurs deux situations pourtant différentes. Certains détails lui échapperaient certainement, mais elle connaissait cette souffrance de ne jamais pouvoir serrer son frère entre ses bras, cet espoir futile qui la saisissait le matin, où elle pensait naïvement que ces sept dernières années n'avaient été qu'un long cauchemar et que Nash était là, dans la pièce à côté, toujours endormi. Elle connaissait la jalousie qui l'enivrait lorsqu'elle posait les yeux sur une famille soudée et unie, sur deux gosses qui riaient et s'amusaient ensemble. Elle connaissait cette rage qui s'emparait d'elle lorsqu'elle levait les yeux vers le ciel et demandait silencieusement pourquoi n'avait-elle pas eu le droit à cette même existence. Pourquoi eux, et pas elle ? Pourquoi Nash, et pas un autre ? C'était terriblement égoïste, horrible et monstrueux de vouloir qu'un autre enfant meurt pour que ce ne soit pas le corps de son frère qui disparaisse dans les profondeurs de l'eau, sous ses propres yeux. Mais elle n'était qu'une humaine, qu'une adolescente qui n'avait toujours pas réussi à faire son deuil, malgré les années, malgré la présence de sa mère, d'une nouvelle famille. Nash lui manquait, encore et toujours. Pour toujours. A cette pensée, elle n'eut pu s'empêcher de poser une main presque tremblante sur son collier dont le médaillon était toujours passé sur son tee-shirt, à même sa peau.

Elle avisa soudainement la bouche entrouverte de Narcisse, sans qu'aucun son n'en sorte pour autant. Muet dans sa souffrance. Silencieux dans sa solitude. Alors, comme pour lui rappeler qu'elle est là, qu'elle comprend, elle serra un peu plus son poignet et il leva lentement ses yeux vers elle. Elle avait beau s'y attendre, voir un même éclat que le sien dans d'autres prunelles que les siennes la déstabilisait. Mais elle ne laissa rien paraître. Elle ne pouvait décemment pas lui montrer son désarroi, sa surprise, sa faiblesse. Elle était forte, on l'avait toujours murmuré sur son passage, lorsqu'on connaissait son histoire. Elle était forte, mais pas assez. Les gens croyaient qu'il suffisait d'avancer pour être fort, mais il fallait d'abord se relever. Elle, elle ne faisait que ramper à terre depuis de longues années. Elle avançait, mais ce n'était guère important. Elle avançait, mais pas de la bonne manière. « Je fuis ceux qui me fuieront. » Elle ne put s'empêcher de relever ce manque de conviction, cette habitude. Une phrase pré-écrite. Une réponse déjà formée dans son esprit depuis des années. Une réponse en laquelle il ne croyait pas, en laquelle il ne pouvait pas croire. A cet instant, elle desserra lentement son emprise, se contenta de simplement laisser ses doigts posés sur sa peau, sans vraiment le tenir, ou se saisir de lui. Juste un contact, pas une emprise. Juste effleurer, pas attraper. Juste comprendre, pas compatir. « Je ne suis pas un lâche. » Elle esquissa un sourire léger, ni moqueur ni compatissant. Sourire compréhensif. Regard inquisiteur. Oreilles attentives. Bouche quasiment close. Prête à comprendre Narcisse. Prête à comprendre sa douleur. Elle n'ajouta rien, attendit patiemment qu'il termine – parce qu'elle savait qu'il voulait ajouter quelque chose. « Je ne suis pas un fuyard, Am.. » Elle haussa délicatement un sourcil, puis, comme une illumination divine, elle pensa tout naturellement qu'il pensait à quelqu'un de bien précis. Sa sœur, sans doute. Certainement. Assurément. Inévitablement, comme elle pensait souvent à Nash. Systématiquement. Inlassablement. « O'ha... » Son hésitation la ferait sourire, si elle ne comprenait pas aussi bien ce désarroi qui s'était emparé de lui. Comment l'appeler. Narcisse semblait trop familier, Davenport trop froid ; certains enfants d'Aphrodite le surnommaient N. mais c'était d'une intimité inexistante entre eux.

« Avalon. Je ne suis pas un fuyard, ni un lâche. » Un bref regard posé sur un jeune homme hésitant. « Je n'ai jamais dit que tu étais un fuyard, juste que tu fuyais quelque chose. C'est différent. », releva-t-elle d'une voix douce mais d'où perçait l'évidence de la chose. Tout le monde fuyait quelque chose. Certains fuyaient ce qui les effrayait, d'autres ce qui les faisait souffrir, quelques uns évitaient ce qui leur ferait oublier quelque chose de primordiale, mais rares étaient ceux qui fuyaient pour fuir. Fuir pour commander. Fuir pour être maître de sa vie, ne pas devoir prendre en compte des centaines de données – les amis et la famille, entre autre. Fuir pour être maître de sa douleur et choisir quand la ressentir un peu plus intensément. Elle aurait certainement pu lui répondre que son raisonnement était des plus fatalistes. Ceux qui me fuiront. C'était dit de manière à sous-entendre que c'était inévitable. Elle aurait pu soulever ce point précis, sauf qu'elle ne pouvait pas le faire : elle était un peu dans le même cas. Si ce n'est qu'elle n'était pas agressive quand elle ne fuyait pas assez vite, alors que c'était précisément ce que Narcisse faisait. Quand elle ne fuyait pas à temps, elle laissait une chance parce qu'elle le devait. Parce qu'elle avait beau rechercher la solitude, celle-ci la faisait aussi souffrir. Parce qu'elle avait beau s'isoler, elle n'en était pas soulagée pour autant. « Tu ne comprends pas qu'en fuyant, tu te procures toi-même la douleur que tu ne veux pas que les autres t'infligent ? » Elle darda son regard dans le sien, et lui sourit, vraiment. « Tu devrais laisser une chance à certaines personnes, tu pourrais être surpris... » A ces mots, elle fit doucement glisser sa main jusque dans celle de Narcisse et enlaça ses doigts aux siens – quelque chose de totalement inhabituel venant d'elle – puis elle baissa un court instant les yeux sur leurs doigts entrelacés. « Tu devrais essayer de laisser les autres t'approcher. Ils peuvent te faire souffrir, mais ils peuvent aussi te rendre plus heureux. Et combler le manque lié à son absence. »
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A. Narcisse Davenport
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyJeu 1 Mar - 12:08

« Je n'ai jamais dit que tu étais un fuyard, juste que tu fuyais quelque chose. C'est différent. » J’ai plissé légèrement les yeux, suspicieux, un peu honteux, perplexe. Toujours douce. Comme sa peau, sa main qui étreignait mon poignet. Même si j’aurais pu crier le contraire à tout bout de champs, ce contact me rassurait. Enfin, me rassérénait, plutôt. Bizarre, de se dire que même si t’étais imbuvable, impossible, méchant et dans ton coin, les gens venaient quand même, t’empêchaient de partir. Surtout Avalon quoi. Mademoiselle femme forte. Pas mademoiselle philanthrope. Et puis, j’en avais marre de sa douceur. J’en avais marre qu’elle me regarde comme ça. Toujours cette douceur. De la pitié ? Compréhension ? Compassion ? Plein de truc que je n’aimais pas. Ca me faisait sentir d’autant plus futile, ridicule, idiot. Moi, je voulais juste être seul avec elle. Ni plus ni moins. Pourquoi elle voulait nous compliquer la vie avec une amitié ridicule ? Et puis, sa douceur… « Tu ne comprends pas qu'en fuyant, tu te procures toi-même la douleur que tu ne veux pas que les autres t'infligent ? » Je n’ai pas pu empêcher le sourire moqueur de naître sur mes lèvres. Elle aussi me souriait. Pas moqueusement. Je vous jure que si c’était doucement, j’allais lui foutre un pain dans la gueule. « Tu devrais laisser une chance à certaines personnes, tu pourrais être surpris... » Certaines personnes comme toi ? Je me sentais refroidi. J’ai attendu, en silence. Comme quand je me faisais, jadis, engueuler par x prof, Sarah ou n’importe qui en fait. Je regardais la personne dans les yeux et j’attendais qu’elle ait fini pour m’en aller. En fait… si. J’étais et un fuyard, et un lâche. Elle me troublait, cette fille. En plus, elle a enlacé ses doigts aux miens. J’ai cru halluciner. J’ai regardé nos mains. Toujours de la douceur. Froideur de l’autre côté. C’était étrange. Pas désagréable, juste étrange. Je me suis détendu et tendu en même temps – j’étais content de ne plus être seul seul mais j’étais angoissé de son contact. Je n’étais pas trop tactile avec les gens. Surtout pas avec Avalon. Le ricanement est né dans ma gorge trop rapidement et, si il n’était pas très convaincu au début, il devint très vite sincère. « You can’t protect yourself from sadness without protecting yourself from hapiness, c’est ça ? » J’ai secoué la tête légèrement. « Le jeu n’en vaut pas la chandelle, O’Hara. Je préfère mille fois « souffrir » de la solitude que de souffrir de quelqu’un. » Et cette fois, toute la conviction du monde dans la voix. Toute la sincérité du monde au bout des doigts. C’était vrai. Je préférais être seul à broyer du noir que de regarder partir quelqu’un. Broyer du noir, en même temps, ce n’était pas un truc qui fait souffrir. Ca fout un peu les boules mais on en survit. Le départ des autres.. moi, j’y survis pas. Et puis, je crois qu’après est venu la fin du monde. Ou un truc comme ça.

« Tu devrais essayer de laisser les autres t'approcher. Ils peuvent te faire souffrir, mais ils peuvent aussi te rendre plus heureux. Et combler le manque lié à son absence. » J’ai violemment retiré ma main de la sienne. Violemment. Plus que la décence ne le permettait. Je l’ai regardée. Heureusement que c’était une fille. Bon, j’étais un peu l’adepte de « pas de sexes différents pour l’amour, pas de sexes différents pour la violence » mais elle était sympa. J’aimais sa présence. En revanche, je ne l’aimais pas, elle, quand elle voulait me donner des leçons à grands coups de douceur et de regards apitoyés. Personne ne pouvait parler d’elle. J’en ai très vite avisé Avalon. « Tu ne la connais pas. Tu ne peux pas en parler. Tu ne sais rien. Rien. Tu m’entends ? Tu ne sais strictement rien alors ferme-la ! » me suis-je écrié, trop vite emmené par mes émotions, trop facilement emporté par la colère. Elle ne pouvait pas comprendre. Voilà. C’était la seule chose qui m’occupait la tête, maintenant. Personne ne pouvait comprendre. C’est l’histoire du mec qui est myope et qui va chez l’opticien. L’opticien lui dit qu’il lui reste une dernière paire de lunettes – la dernière. Sauf qu’il ne la donnera pas au mec. Qu’il amène tout ce qu’il veut, richesses, terres, armées ou prières : il n’aura jamais les lunettes. Moi, je la voulais cette putain de paire de lunettes, Amour. « Tu ne peux pas comprendre alors cesse ton numéro de super-héroïne douce et compréhensive. T’es pas bien mieux lotie, en plus. Tu peux parler, parler et parler mais, au fond, t’es aussi seule. Tu foutrais quoi ici, sinon ? Il fait froid, y’a tout le monde qui s’amuse.. et toi t’es là. Me fais pas la leçon, ok ? » Je ne lui avais jamais rien demandé. Juste d’être là avec moi, en silence. Ca aurait été suffisant. Et peut-être que ouais, elle m’aurait apprivoisé. Tous les jours, non, tout les mois elle se serait assise de plus en plus près. Je l’aurais regardée du coin de l’œil. Puis de plus en plus près. Sans rien. Le langage est source de malentendus. J’aurais dû mettre les points sur les i à ce propos. J’aurais dû. Mais non. Elle avait préféré tout faire foirer avec sa putain de prise de parole ! Non. Rien ne devait se tisser. Il ne fallait pas. Je ne voulais pas il ne fallait pas. Elle partirait. Ils le font tous, de toutes manières. « C’est quoi l’expression, déjà ? L’hôpital qui se fout de la charité. Voilà, c’est ça. Maintenant, laisse-moi tranquille. Je ne veux plus jamais que tu m’adresses la parole. » J’ai attendu quelques secondes, le temps que la phrase flotte – comme sa question. Je serrais les poings de colère. Surtout, ne pas lui envoyer sur son joli petit nez. Ses jolis petits yeux. Sa peau trop douce. Finalement, j’ai recommencé à marcher, dardant sur elle un regard de braise tout à fait hostile.
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P. Avalon O'Hara
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyJeu 1 Mar - 13:46



Elle ne sentait que trop bien son agacement grandissant, sa colère contrite. Mais elle ne comprenait pas. Elle ne le comprenait pas. Elle, elle avait toujours été complexe, trop pour être comprise. Mais lui, c'était différent. Il n'était pas vraiment difficile à cerner, juste qu'il ne faisait que se braquer, continuellement, rejetait tous ceux qui osaient essayer de tisser quelque chose entre lui et eux. Elle s'arma de toute la douceur du monde – Avalon était du genre « main de fer dans un gant de velours » dans le sens où elle pouvait être une jeune fille vraiment adorable, fragile et extrêmement gentille mais pouvait aussi s'armer d'une détermination sans faille, n'était pas dotée d'un grand sang-froid et d'une franchise presque insupportable lorsqu'on en était la victime – et lui parla, tenta vainement de lui expliquer qu'elle pouvait comprendre. « You can't protect yourself from sadness without protecting yourself from hapiness, c'est ça ? » Elle s'empêcha de lever les yeux au ciel devant un garçon aussi buté qui semblait refuser de comprendre. Elle était dans la même situation que lui, exactement la même, sauf qu'elle avait ouvert les yeux. « Le jeu n'en vaut pas la chandelle, O'Hara. Je préfère mille fois « souffrir » de la solitude que de souffrir de quelqu'un. » Elle releva silencieusement qu'il croyait dur comme fer à ce qu'il avançait et aussi qu'il avait soudainement décidé de l'appeler « O'Hara ». Elle comprenait. Qu'importe qu'il ne le sache pas. Elle se contenterait de comprendre en silence. Elle ressentait la même chose, le besoin constant de se fermer aux autres pour ne pas leur donner l'occasion de la faire souffrir. En dix-sept ans, elle avait eu son lot de malheurs d'une vie entière. Elle comprenait qu'il pouvait ressentir ça, mais pas qu'il pouvait être aussi agressif et encore plus fermé qu'elle ne l'était. À part le départ de sa sœur, qu'avait-il pu endurer ? Pourtant, elle ne renonça pas et avança encore qu'être entouré pouvait aider à apaiser la douleur, à cause de l'absence des proches disparus ou partis.

Brutalement, il a retiré sa main, violemment. Et elle avait du se faire violence pour ne pas s'en aller, immédiatement. Elle avait toujours eu horreur de se faire rejeter, et c'était d'ailleurs pour ça qu'elle ne tentait jamais d'aller d'elle-même vers les gens. « Tu ne la connais pas. Tu ne peux pas en parler. Tu ne sais rien. Rien. Tu m'entends ? Tu ne sais strictement rien alors ferme-la ! » Elle ne répliqua rien, mais sa poitrine s'était douloureusement comprimée. Il n'avait pas le droit. Elle ne comprenait peut-être pas, mais lui non plus ne la comprenait pas. Lui, il avait une sœur. Elle, elle avait eu un frère. Lui, sa sœur était juste partie mais pouvait revenir. Elle, là où son frère était parti, elle ne le reverrait plus jamais. Jamais. À cette pensée, elle se sentit comme accablée par la douleur. Elle avait cru pouvoir s'approcher de Narcisse, parce qu'il aurait compris. Mais il ne comprenait pas. Elle s'en rendait compte à présent. Il ne comprenait pas, parce qu'un jour, il pourrait revoir sa sœur, il pourrait la serrer dans ses bras et lui dire à quel point il pouvait l'aimer et à quel point elle lui avait manqué. Elle, elle n'avait que ses souvenirs et les regrets. Les souvenirs de Nash, ses cheveux bruns, ses yeux clairs pétillants, son grand sourire éclatant, sa joie de vivre et ses petits bras qui passaient toujours autour de sa taille pour la serrer tous les matins. Alors, en se souvenant de ce rituel matinal, elle jurerait sentir Nash l'enlacer et la serrer tout contre lui en ce moment même. Elle passa ses propres bras autour de sa taille, comme si elle pouvait rattraper le souvenir de son petit frère, comme si elle pouvait le retenir encore quelques secondes, juste un instant, le temps de lui faire ses adieux et de lui dire un dernier je t'aime. Narcisse n'était plus là, elle ne le voyait plus tout du moins. Elle ne voyait que Nash. Nash, Nash, Nash. Belle litanie douloureuse. Mais c'était si bon de souffrir, parce qu'elle avait l'impression qu'il était .

Soudain, la voix de Narcisse la sortit de ses pensées. « Tu ne peux pas comprendre alors cesse ton numéro de super-héroïne douce et compréhensive. T’es pas bien mieux lotie, en plus. Tu peux parler, parler et parler mais, au fond, t’es aussi seule. Tu foutrais quoi ici, sinon ? Il fait froid, y’a tout le monde qui s’amuse.. et toi t’es là. Me fais pas la leçon, ok ? » Avalon n'avait plus jamais versé une seule larme en public depuis l'enterrement de Nash. Elle s'était jurée de ne jamais plus pleuré devant qui que se soit, parce qu'aucune douleur ne pourra lui faire autant de mal que la perte de son frère. Aucune souffrance ne méritait de la voir pleurer, plus maintenant. « C’est quoi l’expression, déjà ? L’hôpital qui se fout de la charité. Voilà, c’est ça. Maintenant, laisse-moi tranquille. Je ne veux plus jamais que tu m’adresses la parole. » Il se figea quelques secondes, puis il lui tourna le dos et amorça un pas, les poings serrés, la colère visible.

Avalon serra aussi ses poings. Depuis combien de temps n'avait-t-elle pas ressenti cette rage contrite qui l'animait. Abandonnée la douceur et la compréhension. Oubliée l'Avalon qu'il semblait être persuadé de connaître. Elle fit quelques pas rapides, le devança et s'arrêta face lui, l'empêchant ainsi de continuer sa marche sans la contourner. Sourcils froncés, et étincelle de fureur illuminant ses prunelles chocolat, elle planta alors son doigt dans son torse, appuya fort et le vrilla d'un regard d'où transperçait une certaine colère. « Tu te moques de moi ? Je ne comprends pas ? » Ce n'était pas une question, plutôt de l'indignation pure et dure exprimée avec des mots. Et, plus elle y pensait, plus elle se sentait en colère. « T'as raison : je ne comprends pas ce que tu peux ressentir quand elle reviendra, quand tu pourras la serrer dans tes bras de nouveau, et que tu n'auras jamais à te réveiller le matin en voulant la voir, l'embrasser et lui dire combien tu l'aimes et que tu te rendes soudainement qu'elle n'est plus là. Qu'elle ne sera jamais plus là. » Elle se maudit en silence lorsqu'elle sentit un sanglot monter dans sa gorge, sanglot qu'elle renvoya immédiatement comme elle l'avait souvent fait. « Tu as le droit de me détester, me haïr profondément et de me maudire toute ta vie. Mais je t'interdis de parler de moi. Tu bafoues la mémoire de mon frère, tu bafoues sa mémoire et je te l'interdis ! » Elle se tut brutalement, se rendant soudainement compte que, pour la première fois de sa vie, elle avait parlé de Nash à quelqu'un. Et elle ne put retenir un second sanglot, faisant légèrement tressauter ses épaules, brièvement, à l'idée que ça soit à lui, quelqu'un qu'elle avait cru – espéré même – devenir son ami. Elle ôta alors brutalement son doigt du torse de Narcisse, comme s'il l'avait brûlée. Elle essuya négligemment quelques larmes imaginaires puis planta de nouveau son regard dans celui du fils d'Aphrodite, approcha légèrement son visage du sien comme pour lui faire comprendre qu'elle décidait s'il fallait mettre une distance – ou non – entre eux. « Alors, maintenant, Davenport, tu vas me dire qu'est-ce qui cloche chez toi ? Je m'isole parce que j'ai été continuellement abandonnée, pas une fois, continuellement. Toi, à part ta sœur, qui t'a laissé ? Hein, qui ? Un père dont tu ignorais tout ? Non. Un beau-père qui t'a soudainement abandonné au moment où tu avais le plus besoin de lui ? Je ne pense pas. Un petit frère mort et pour lequel tu te sens coupable ? Non. Une mère dépressive depuis la mort de son fils et le départ du second homme qu'elle aimait ? Non plus. Des enfants qui se moquaient de toi, sans arrêt, sous prétexte que tu n'avais pas de père et que tu préférais te taire plutôt que de leur laisser l'occasion de te faire souffrir ? Un meilleur ami mort en te protégeant d'un énorme chien des Enfers ? Alors, vas-y, Davenport, dis-moi quelles sont les raisons pour préférer souffrir de la solitude plutôt qu'à cause des autres ? Tu as vécu un événement atroce et traumatisant ou t'es juste naturellement un pauvre idiot qui repousse tous ceux qui veulent devenir tes amis ? » Elle inspira un grand coup et ferma doucement les yeux. « Si on veut t'approcher, ce n'est pas pour te laisser ensuite. Moi, en tout cas, je ne l'aurai pas fait, parce que je sais ce que ça fait d'être abandonnée. Je ne l'aurai pas fait. Mais tu dois avoir un don : tu fais fuir les gens avantmême qu'ils n'en aient l'intention – ou qu'ils ne l'aient pas du tout. Sur ce, je te souhaite une bonne journée, Davenport. J'ai voulu devenir ton amie, j'ai pris des riques et je me suis ramassée. Maintenant, je vais faire comme toi et me rappeler que personne n'a le droit de me parler et encore moins de mon petit frère parce qu'ils ne le méritent pas. C'est bien ça, non ? » Elle ne s'était même pas rendue compte qu'une autre larme venait de couler le long de sa joue. Elle se rendait compte d'avoir réagi un peu trop vivement. Mais, à l'instar de Narcisse, s'il était question de Nash, elle n'arrivait jamais à faire dans la demi-mesure. Elle voulut s'éloigner. Le laisser. L'abandonner. C'est bien ce qu'il voulait après tout, non ? Mais ses pieds restaient désespérément enfouis dans le sol. Elle s'en voulait d'avoir été aussi radicale, aussi mauvaise. Elle regrettait davantage de lui avoir avoué tant de choses de sa vie. Elle s'essuya une fois encore les yeux et attendit. S'il réagissait. S'il s'excusait, s'il disait n'importe quoi d'autre qu'une méchanceté. Ou même s'il se contentait de se taire et de rester là, pour lui montrer que tout pouvait redevenir comme avant : être seuls ensemble, alors elle pourrait envisager de lui pardonner. Ou tout du moins à redevenir la fille qu'il avait toujours vu.
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A. Narcisse Davenport
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyJeu 1 Mar - 15:00

Je partais. Je ne voulais plus la voir, jamais. La frustration était telle, l’énervement était si immense, la fureur était si dominatrice que j’ai juste souhaité retourner dans mon silence, dans ma solitude de seul seul, dans mon petit monde que j’avais si difficilement construit dans celui-ci des autres. J’avais juste oublié le rideau. Du coup, Avalon avait pris part au paysage, s’y installant. Sa présence. Tout le temps. Agaçante, rassurance, inquiétante. Tout ça à la fois. Maintenant, je condamnais définitivement la fenêtre ; maintenant, je la cataloguais au rayon « souvenirs désagréables ». Le rayon qui se remplissait trop. En fait, je n’avais pas beaucoup de souvenirs agréables. Tous les souvenirs agréables devenaient désagréables car c’était des souvenirs. Ils ne concernaient presqu’une seule et même personne – évidemment – et cette seule et même personne rendait tout désagréable. La tempête est passée à côté de moi. Littéralement. La jeune femme s’est plantée face à moi et je lui ai adressé un regard de prévention. Cette fois, songeais-je, c’était la fin. J’étais prêt à tout pour qu’elle me laisse tranquille, me laisse retourner dans ma torpeur anesthésiante. Et la litanie qui reprend. Pourquoi je restais énervé, alors qu’elle était partie ? Moi-même, je ne comprenais plus rien. « Tu te moques de moi ? Je ne comprends pas ? » Elle avait planté le bout de son index sur ma poitrine et moi, j’essayais de respirer calmement dans le vain espoir que cela m’aère l’esprit, me force à adopter un rythme moins soutenu. Ma poitrine se soulevait avec difficulté, mes poings se serraient d’autant plus et j’allais exploser. « T'as raison : je ne comprends pas ce que tu peux ressentir quand elle reviendra, quand tu pourras la serrer dans tes bras de nouveau, et que tu n'auras jamais à te réveiller le matin en voulant la voir, l'embrasser et lui dire combien tu l'aimes et que tu te rendes soudainement qu'elle n'est plus là. Qu'elle ne sera jamais plus là. » Je suis resté sourd à ses phrases. Juste le calme. « Tu as le droit de me détester, me haïr profondément et de me maudire toute ta vie. Mais je t'interdis de parler de moi. Tu bafoues la mémoire de mon frère, tu bafoues sa mémoire et je te l'interdis ! » Je savais même pas qu’elle avait un frère. Je l’ai regardée avec un froncement de sourcil un peu consterné, un peu triste aussi. Je ne comprenais pas. Je ne savais pas qu’elle avait un frère ; je ne savais même pas que j’avais parlé du fait qu’elle ait un frère. Je me sentais un peu en colère, du coup. Car elle me culpabilisait de torts dont j’ignorais tout. Car j’avais l’impression d’avoir fait un pas de trop en arrière, car je n’avais pas envie qu’elle croit que je veuille le blesser. Enfin si, je voulais la blesser. Mais pas à ce point. Ce point, c’était le moment où son petit frère commençait, où Amour commençait. Terrain interdit, tabou. Quel monstre je pouvais être…

Elle enleva son doigt du creux de ma poitrine, comme si j’étais un mal qu’elle ne voulait pas contracter, un chardon ardent à ne pas toucher. Elle s’est approchée et, toujours dans un silence un peu consterné et un peu triste, j’ai plongé mon regard dans le sien. Adieu, colère. Maintenant, que de la surprise. Une indifférence feinte pour l’écouter, une froideur naturelle juste pour essayer de comprendre mon propre égoïsme, mes propres torts. « Alors, maintenant, Davenport, tu vas me dire qu'est-ce qui cloche chez toi ? Je m'isole parce que j'ai été continuellement abandonnée, pas une fois, continuellement. Toi, à part ta sœur, qui t'a laissé ? Hein, qui ? Un père dont tu ignorais tout ? Non. Un beau-père qui t'a soudainement abandonné au moment où tu avais le plus besoin de lui ? Je ne pense pas. Un petit frère mort et pour lequel tu te sens coupable ? Non. Une mère dépressive depuis la mort de son fils et le départ du second homme qu'elle aimait ? Non plus. Des enfants qui se moquaient de toi, sans arrêt, sous prétexte que tu n'avais pas de père et que tu préférais te taire plutôt que de leur laisser l'occasion de te faire souffrir ? Un meilleur ami mort en te protégeant d'un énorme chien des Enfers ? Alors, vas-y, Davenport, dis-moi quelles sont les raisons pour préférer souffrir de la solitude plutôt qu'à cause des autres ? Tu as vécu un événement atroce et traumatisant ou t'es juste naturellement un pauvre idiot qui repousse tous ceux qui veulent devenir tes amis ? »Je crois que c’était des questions rhétoriques. Du coup, j’ai rien dit. « Si on veut t'approcher, ce n'est pas pour te laisser ensuite. Moi, en tout cas, je ne l'aurai pas fait, parce que je sais ce que ça fait d'être abandonnée. Je ne l'aurai pas fait. Mais tu dois avoir un don : tu fais fuir les gens avant même qu'ils n'en aient l'intention – ou qu'ils ne l'aient pas du tout. Sur ce, je te souhaite une bonne journée, Davenport. J'ai voulu devenir ton amie, j'ai pris des risques et je me suis ramassée. Maintenant, je vais faire comme toi et me rappeler que personne n'a le droit de me parler et encore moins de mon petit frère parce qu'ils ne le méritent pas. C'est bien ça, non ? » Merde, je suis trop fier pour pleurer mais tu me donnes envie, là, O’Hara. Maintenant, il n’y avait plus que le silence. Je l’ai regardée s’enlever une larme de l’œil, toujours en silence. Tout à fait calmé, en fait. Le problème, c’est que je l’ai prise dans mes bras.

Je ne sais même pas pourquoi en fait. Elle était proche. Trop. Pas assez. Alors je l’ai juste serrée contre moi en disant : « Je suis désolé » alors que ces mots me brûlaient la gorge. Je ne savais pas si elle allait s’énerver si je l’appelais Avalon. Si ça allait la rendre joyeuse si je l’appelais O’Hara. Du coup, je l’ai juste serrée. Fort. En fait, je crois que je m’agrippais un peu à elle désespérément. J’ai senti les larmes monter, une à une, et quelques unes couler. Je la serrais toujours désespérément contre moi (ça commence un peu à craindre, là, non ?) quand j’ai commencé à parler, à mi-voix. « Elle reviendra pas. Je le sais. C’est ma.. » ma voix s’étrangla. « Jumelle. Je sais ce genre de choses. Et elle est partie à cause de moi, aussi. Et ma tante est morte à cause de moi. Mon père est devenu fou à cause de moi, j’en suis sûr. Le copain de ma tante est devenu fou aussi. Ils sont tous partis. Tu sais, j’aimerais bien être normal. Laisser les gens entrer. Sauf que.. sauf que j’y arrive pas. » Je l’ai serrée d’autant plus. Après réflexion, je ne voulais pas voir son visage, je ne voulais pas qu’elle voie le mien. Les larmes avaient tracé deux sillons sur mes joues, deux sillons horriblement salés. J’avais du mal à déglutir. Mes bras s’accrochaient à son cou comme si c’était leur seul chance de survie. « Et puis, je donne trop de pouvoirs sur moi aux gens. Ca me fait peur. Ca leur fait peur. Du coup, ils partent, chuchotais-je, et moi je suis seul. J’suis désolé, Avalon. Y’a un truc qui tourne pas rond chez moi. » J’ai enfoui le bout de mon nez dans ses cheveux, mort de honte, mortifié de tristesse, tout simplement achevé de trop avoir parlé de moi. En deux temps, trois mouvements, vingt-mille battements de cœur et autant de paroles acides, j’étais redevenu un pauvre gamin en quête de réconfort, pathétique môme qui avait besoin des autres, sans doute bien plus que les autres n’avaient besoin de lui. Je me serais damné pour ne plus me trouver là. C’est qui l’idiot qui a dit que les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais ?


Dernière édition par A. Narcisse Davenport le Jeu 1 Mar - 19:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyJeu 1 Mar - 18:00



Elle avait espéré qu'il s'excuse, à la limite qu'elle ne dise rien et la tolère de nouveau à côté dans sa solitude et son silence. Elle voulait qu'il l'accepte de nouveau dans son petit cercle privé, si petit qu'elle se demandait même s'il y avait jamais toléré quelqu'un, sa sœur mis à part. Elle s'apprêtait à partir, l'énervement lui avait fait perdre toute notion du temps et elle avait l'impression qu'il s'était écoulé des heures entières après qu'elle ait fini de parler, où elle serait restée planter là, à attendre une réaction de la part de Narcisse. Une réaction qui n'était pas arrivée, du moins, jusqu'à l'instant où, encore silencieux, il l'a prise dans ses bras. Jamais, ô grand jamais, elle ne se serait attendue à telle réaction de sa part. Elle avait espéré, dans le meilleur des cas, à un coup d’œil maussade mais sympathique – parce qu'il se serait rendu compte de ses erreurs – mais pas à quelque chose d'aussi d’excessif, enfin quelque chose d'aussi expressif, plutôt. Les yeux écarquillés, la bouche légèrement entrouverte, elle ignorait comment réagir. « Je suis désolé » Les mots atteignaient avec peine ses oreilles. Elle était encore étonnée du geste du jeune homme, trop étonnée pour entendre quoique se soit. Pourtant, quand son « je suis désolé » parvint à son esprit encore embrumé par la surprise – et un peu de gêne, avouons-le, Avalon ressentit une pointe de soulagement et un curieux apaisement. Bien sûr, s'être ainsi confiée à lui – bien que de manière légèrement détournée – la frustrait encore : elle avait toujours eu en horreur de parler d'elle et de son passé : c'était une partie de sa vie qu'elle aurait largement préféré oublier. Enfin non, pas oublier : Nash méritait qu'on se souvienne de lui, mais juste se souvenir des bons moments sans être soudainement accablée de tristesse à l'idée que ce ne sont que de souvenirs et qu'il n'y en aura pas d'autres pour s'y ajouter. Il la serrait fort, presque trop fort même, à presque l'étouffer. Elle n'arrivait pas à esquisser un seul geste. Que faire ? Lui rendre son étreinte et prendre le risque d'encore se faire rejeter ou le repousser pour être ensuite repoussée ? Ah, Narcisse, quelle énigme...

Elle jura sentir quelques larmes effleurer son visage, sauf que, cette fois-ci, ce n'étaient pas les siennes. A cette constatation, elle enfouit son visage dans le creux de l'épaule du jeune homme et respira doucement, lentement, comme si elle avait peur de l'effrayer, d'être soudainement trop entreprenante et de lui laisser alors là l'occasion de fuir de nouveau, fuir pour de bon. « Elle reviendra pas. Je le sais. C'est ma... », il s'arrêta un bref instant et elle comprit que c'était dur pour lui de parler de ça, de sa sœur, de leur passé, de ce qu'était sa vie avant son départ, c'était dur. « Jumelle. Je sais ce genre de choses. Et elle est partie à cause de moi, aussi. Et ma tante est morte à cause de moi. Mon père est devenu fou à cause de moi, j'en suis sûr. Le copain de ma tante est devenu fou aussi. Ils sont tous partis. Tu sais, j'aimerais bien être normal. Laisser les gens entrer. Sauf que... sauf que j'y arrive pas. » Il la serra davantage et pour elle, encore figée et muette, clouée par la surprise, ce fut le signal. C'était peut-être totalement idiot et complètement égoïste mais elle se sentait bien dans ses bras, parce qu'il la comprenait au moins un peu. Parce qu'il savait ce que c'était de se sentir coupable pour un acte dont on ne l'était pas. Parce qu'il avait perdu trop de monde, comme elle. Alors, c'était un tant soit peu rassurant de se dire qu'on était pas la seule personne au monde à devoir endurer tous les malheurs possibles et devoir continuellement se relever, pour avancer, encore et encore. Elle, elle avait beau se relever systématiquement, ses jambes n'arrivaient presque plus à la porter, épuisées à force de trop tomber. Le poids sur ses épaules était trop lourd, lui affaissait le dos. C'était trop difficile d'avancer toujours seule, désespérément et irrévocablement seule. D'être entourée de dizaines de personnes mais, malgré cela, continuer de se sentir encore et toujours seule. Parce que personne ne la comprenait. Personne... sauf lui. Alors, elle passa doucement ses bras autour de lui, et s'accrocha presque désespérément à son tee-shirt, sans bouger, sans parler. Juste lui dire qu'ils n'avaient peut-être jamais rien partagé jusqu'à présent mais qu'aujourd'hui, elle était là pour l'écouter quand il voudra parler, se taire lorsqu'il voudra s'isoler, être juste là, à partager sa solitude et son silence. Et n'écouter que l'essentiel. « Et puis, je donne trop de pouvoirs sur moi aux gens. Ca me fait peur. Ca leur fait peur. Du coup, ils partent, et moi je suis seul. J'suis désolé, Avalon. Y'a un truc qui tourne pas rond chez moi. » Elle sentit qu'il enfouissait son nez dans ses cheveux et, parfois, quelques miettes de larmes parvenaient encore à sa joue. Y'a un truc qui tourne pas rond chez moi Elle eut un sourire mi-doux, mi-amer et souffla, tout contre lui : « Bienvenue au club. »

Il avait beaucoup parlé. Peut-être même trop. Il s'était trop dévoilé, c'était certainement ce qu'il pensait. Elle ignorait si c'était plus dans un soucis de ré-équilibrer la balance ou simplement pour le dire à quelqu'un, mais elle fit quelque chose qu'elle n'avait jamais fait, avant. « Mon frère est mort à six ans. J'en avais dix. Il est mort à cause de moi. On était en vacances et Nash et moi étions partis nous promener. On a trouvé une rivière et on y a passé tout l'après-midi à s'amuser. Le temps a brutalement changé et l'eau s'est déchaînée. J'ai pas eu le temps de m'accrocher à une pierre qu'il m'avait lâchée. J'ai pas eu le temps de l'atteindre, il s'était déjà... » Sa voix se brisa. Il s'était déjà noyé. Il avait déjà disparu dans l'abysse. Elle ferma brutalement les yeux, se sentait terriblement fragile. Trop fragile. A la manière d'une porcelaine fissurée qu'on pouvait briser avec un doigt. Fissurée. Écorchée. Cassée. Brisée. Elle était brisée. La mort de son frère l'avait brisé. « Pendant ses derniers instants, il n'a fait qu'hurler mon nom, il était terrifié. La dernière vision qu'il a eu, c'était moi, en train de pleurer, désespérée, en train de plonger pour retourner le chercher. Il est mort, terrifié, et la dernière chose qu'il a dit, c'était mon nom parce qu'il espérait que je le sauve. Mon petit frère est mort à cause de moi parce que je n'ai pas plongé et nagé assez vite. » Elle se tut un instant, elle aurait tué pour que son frère soit encore là, à côté d'elle, elle aurait donné sa propre vie pour qu'il s'en sorte, lui plutôt qu'elle. « Mon beau-père nous a abandonnées ma mère et moi, quelques mois seulement après la mort de Nash. Il a claqué la porte et il est parti, sans un regard en arrière. Ma mère pleurait toutes les nuits et moi, j'ai refusé de parler pendant presque un an. Jusqu'à ce qu'un garçon débarque dans ma classe. Je voulais pas devenir son amie au départ, j'étais l'amie de personne, on me surnommait la 'bizarre' et on se moquait souvent de moi. Mais lui, il a pris ma défense. C'est avec lui que j'ai fugué de chez moi à onze ans et c'est lui qui m'a amenée à la colonie, sauf qu'il y avait un chien des Enfers devant les barrières magiques. Il a tué Levis, et j'ai pas été assez rapide. Il est mort devant moi, à cause de moi, lui aussi. » Elle parlait tantôt vite, comme pour se débarrasser de cette confession qui la soulageait mais l'accablait simultanément, tantôt très lentement parce que c'était encore trop dur de dire tout ça à voix haute, d'accepter que quelqu'un d'autre qu'elle soit au courant. Elle avait d'ailleurs oublié de préciser que Levis était un satyre... Enfin, avait été. Mais qu'importe, l'important n'était pas qu'il ait été un satyre, mais qu'il avait été son meilleur ami. Celui qui était parvenu à la faire parler de nouveau, à la faire rire et sourire aussi. Levis lui manquait. Nash lui manquait. Et c'était tellement dur de devoir se lever tous les matins en sachant pertinemment qu'ils ne verront pas le soleil se lever, ou se coucher et qu'ils ne verront rien non plus entre ces deux instants. Parce qu'ils sont morts. Morts et enterrés. « Tu as raison : je m'isole, moi aussi. Parce que soit on m'abandonne, soit on meurt à cause de moi. Et deux morts sur la conscience, c'est assez. Sauf que j'accepte qu'on me tende la main, parfois. Parce que j'ai déjà fait comme toi, repousser systématiquement et j'ai quand même souffert. Alors quitte à souffrir, autant avoir quelqu'un avec qui le faire, non ? » Elle ne pleurait plus, sans doute qu'elle n'en avait plus la force ou qu'elle manquait de larmes. Elle en avait assez de pleurer. Elle ne pleurait plus, plus depuis qu'elle avait du mettre en terre son petit frère pourtant si vivant, si joyeux. Désormais, elle se contentait de sentir son cœur se fissurer un peu plus, à chaque coup qu'on lui portait. Elle regardait, l'air consterné et douloureux, les derniers lambeaux de cœur qui lui restait. Elle était un jouet. Les autres étaient des gamins. Sauf que les gamins brisaient les jouer, un grand sourire perché aux lèvres.


Dernière édition par P. Avalon O'Hara le Mer 28 Mar - 14:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyJeu 1 Mar - 19:39

J’allais mourir. Pour de vrai. Ce n’est pas possible de se couvrir de honte ainsi. Ce n’est même pas humain. Zeus allait descendre de l’Olympe pour me foudroyer. C’était sûr. Je l’espérais de tout mon cœur. Je l’ai sentie se figer et j’ai admiré, en silence, son courage. Si elle m’avait fait ça, je l’aurai sans doute repoussée violemment. Sans aucun doute. J’étais content qu’elle ne me repousse pas. Donc en fait, j’étais au point de non-retour. Le point que j’avais toujours évité, que j’avais parfois flirté – mais sans suite. L’attachement. J’étais tellement fragile, en cet instant précis, que j’ai failli lui faire promettre de ne jamais me laisser – et si cela aurait donné un certain aspect romantique à la situation, elle serait aussi devenue fatalement et horriblement honteuse pour ma propre personne. « Bienvenue au club. » J’ai souri légèrement, mais sans joie je crois. J’essayais juste de me calmer. Et j’écoutais. Mes écoutilles étaient toutes ouvertes à son récit. « Mon frère est mort à six ans. J'en avais dix. Il est mort à cause de moi. (...) Il a tué Levis, et j'ai pas été assez rapide. Il est mort devant moi, à cause de moi, lui aussi. » Je m’étais tu, réduis à me calmer en silence devant son récit. Je me sentais bien bête devant mon malheur, moi, à côté du sien. Je l’ai serrée d’autant plus contre moi. Une bouée de sauvetage. Je m’agrippais à elle. Je me suis demandé si je lui faisais mal. Peu à peu, mes larmes s’étaient calmées, avaient pour ainsi dire disparu. Un certain réconfort. Une certaine chaleur, en fait. Avalon était les deux à la fois. Et ma bouée de sauvetage. J’aurais pu compter sur une seule main, non, sur un doigt les personnes qui m’étaient cher ; ou l’avait été. Maintenant, je pouvais y rajouter l’index. Super, non ? Je n’ai pas su m’en réjouir. Pas tout de suite. J’ai repassé son récit dans ma tête, calmement et la tête froide. « Tu as raison : je m'isole, moi aussi. Parce que soit on m'abandonne, soit on meurt à cause de moi. Et deux morts sur la conscience, c'est assez. Sauf que j'accepte qu'on me tende la main, parfois. Parce que j'ai déjà fait comme toi, repousser systématiquement et j'ai quand même souffert. Alors quitte à souffrir, autant avoir quelqu'un avec qui le faire, non ? » J’ai souri doucement car c’était un peu notre concept à tout les deux de la solitude. Etre seul à deux. Quelle idée. Etre seul à deux. N’importe quoi. Peut-être parce que j’étais calmé – par ses confidences, étrangement – je me suis détaché d’elle avec douceur. Mes mains sont restées sur ses épaules et je l’ai regardée dans les yeux, la tenant à bout de bras. Je sentais encore les marques de larmes sur ma joue mais mon souci était tout autre. La honte, encore une fois, me mordit sournoisement l’estomac et mon regard s’est vissé sur le sol, obstiné, tandis que je la lâchais, légèrement dépité. « Désolé de… désolé. Tout simplement. » Je me suis passé une main dans les cheveux, tout en tâchant de l’éviter superbement du regard.

Je crois que je devais aussi un peu parler. Un pied d’égalité, peut-être. Le langage était peut-être source de malentendus... mais fallait risquer, c’était ça qu’elle avait dit non ? Risquer. Je détestais risquer quelque chose. « Je suis vraiment désolé pour tout ce qui t’est arrivé. Je me sens plutôt futile, à côté. Enfin… je veux dire : tu vas trouver cela futile. Tu as perdu ton... ton frère et puis… ton Protecteur et moi j’ai perdu concrètement qu’une seule personne. » J’ai levé un regard brillant vers elle. Pas de larmes. Non, longtemps que j’en avais effacé les dernières et vulgaires traces, d’un coup de manche un peu violent certes. Un regard brillant de ferveur, de fièvre sans doute aussi, et d’avidité de compréhension. J’espérais qu’elle puisse comprendre juste ça. « Mais cette seule personne… c’était le monde pour moi. Je ne sais pas si tu peux comprendre. Sans A… Amour, je ne suis pas complet. Il manque quelque chose. Pas juste au cœur. Partout. Tout le temps. Elle est là, quelque part, mais reviendra jamais. Je suis un… puzzle éparpillé. » Je me suis tourné vers le lac. Mes jambes ont flanché, finalement – un petit moment que mes genoux avaient la tremblote – et je me suis laissé tomber parterre, dans un bruit mat et en ignorant la fameuse douleur qui me tiraillait le postérieur. « Mon père est devenu fou vers ma naissance. Ma tante a tout plaqué pour nous élever, ma sœur et moi. Sauf qu’un jour… des monstres l’ont attaquée. Du coup on est partis. On a croisé Percy. C’était un satyre. On a pris peur en voyant ses sabots, du coup on est partis. Et le lion de Nérée nous a pourchassés. » Je me suis tu un instant. La fuite, brève, m’arrachait encore des cauchemars qui étaient pour la plupart sanglants. « Je… Amour a été tuée. Enfin, presque. Et les Chasseresses l’ont… guérie. Et du coup elle est partie. Sans revenir. Ma tante est morte à cause de moi, enfin, un monstre qui traînait en Caroline du Sud. Son mec en est devenu fou – de rage, je crois. J’ai guéri Papa. Il ne peut pas s’occuper de moi. Je ne crois pas qu’il le ferait. » Silence. « Je parle trop. » Silence. J’ai regardé le lac, me demandant si ça aurait changé quelque chose, s’il n’avait pas été gelé. Peut-être qu’on aurait canoë. Et peut-être que je ne serai pas venu ici. Est-ce que je me félicitais que les dieux du vent se soit énervés ? « Tu crois que la glace tient, au milieu du lac ? » demandais-je pensivement, levant vers elle un regard plein de perplexité. Pas du tout perplexe vis-à-vis de ma question. Plutôt du comportement à adopter avec elle. C’était possible de se sentir à la fois super proche de quelqu’un, et à la fois tellement… gêné par sa présence ? C’était possible de ressentir de la distance et une profonde affection pour quelqu’un ? Quelle que soit la réponse, j’en faisais les frais. Je me suis passé une langue anxieuse sur les lèvres. « J’ai toujours l’impression de marcher sur un lac gelé. Tout le temps. Et, d’un instant à un autre, je vais sombrer. Alors je recule vers la terre ferme. Je ne veux pas sombrer. Tu crois que ça tient, au milieu du lac ? » Est-ce que je me félicitais que les dieux du vent se soit énervés ? La réponse était oui. Amour était partie. Avalon était venue. Je lui ai adressé un petit sourire, à la fois timide et à la fois un peu épanoui. Un peu.
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P. Avalon O'Hara
P. Avalon O'Hara





ϟ arrivé(e) à la colonie le : 18/02/2012
ϟ iris-mails envoyés : 43
ϟ nombre de drachmes : 67
ϟ dons : ses dessins peuvent devenir réels (actif) & visions (passif)
ϟ localisation : bungalow sept
ϟ humeur : attentive




carnet du héros
➸ parent olympien: Apollon
➸ caractère : franche ∞ loyale ∞ possessive ∞ rancunière ∞ paradoxale ∞ orgueilleuse ∞ jalouse ∞ persévérante ∞ généreuse ∞ douce ∞ impulsive ∞ complexe ∞ optimiste ∞ courageuse ∞ lunatique ∞ rebelle ∞ ambitieuse ∞ déterminée ∞ sensible ∞ rêveuse ∞ têtue ∞ aimable ∞ discrète ∞ moqueuse ∞ libre ∞ solitaire ∞ réservée ∞ indépendante ∞ exigeante ∞ bonne oratrice ∞ méfiante sur les bords ∞ etc.
➸ inventaire:

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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyMer 28 Mar - 14:47



Elle n'avait jamais daigné parler de cette histoire à qui que se soit. Douleur trop aigüe. Souvenirs trop présents encore. Elle préférait voir les regards hésitants, ceux qui ne savaient pas trop comment la percevoir, cette fille un tantinet étrange qui s'isolait, elle préférait mille fois ces regards-là, plutôt que ceux pleins de compassions, embués de larmes qu'on voudrait laisser couler pour elle, pour sa misérable vie sans importance. Aucune. Sa vie trop vite terminée. Elle ne vivait plus, de toute manière. Elle se contentait de survivre. Survivre en survolant un monde qui n'était plus vraiment le sien, en parlant avec des gens qui n'étaient pas vraiment là, en espérant quelque chose qui n'arrivera sans doute jamais. Sauf que, brutalement, Narcisse était entré dans sa petite bulle à l'écart du reste du monde. Soudainement, il était devenu réel, lui. Réel de chez réel. Un peu trop même. Il en savait trop sur elle. À moins qu'il n'en sache pas assez ? Étrange sourire qui étire ses lèvres : elle lui a confié tout ce qu'elle s'était toujours évertuée à garder secret. Un mystérieux coffret, fermé à clef. Une clef bien cachée. Pour qu'on ne la trouve jamais. Il ne l'avait pas trouvée, sa clef, non : Avalon avait ouvert le coffret devant lui et l'avait incité à regarder à l'intérieur, avait braqué ce contenu si secret sous ses yeux, avait voulu, une seconde, partager cette vie qui n'en était pas une. Doucement, il s'était détaché d'elle. Peur viscérale et incompréhensible. Nouvel abandon ? Oh, elle devrait être habituée, avec le temps. Elle avait toujours été trop gentille avec les mauvaises personnes. Silencieusement, elle pardonnait à tous ceux qui l'avaient un jour faite souffrir. Elle aimait et admirait son père. Elle se serait jetée dans les bras de son beau-père s'il venait à se trouver devant elle. Elle éprouvait une tendresse sincère pour sa mère, malgré que celle-ci ne soit plus qu'un vague fantôme de cette femme joviale et aimante qu'elle avait un jour été. Et s'il l'abandonnait, lui pardonnerait-elle ? Supporterait-elle d'être seule, une fois encore ? Une fois de trop, peut-être ? Il se recula, et elle avait envie de lui demander de rester là, de ne pas faire un autre pas en arrière. Pas maintenant. Plus maintenant. Maintenant qu'il savait tout d'elle, qu'il connaissait un peu Avalon, et beaucoup Pandore, cette gamine insouciante et heureuse qu'elle avait été. Il savait trop de choses d'elle et elle ne pouvait décemment pas le laisser partir ainsi, ses secrets pleins la tête, son passé en mémoire.

Sauf que ses mains étaient restées là, sur ses épaules, son regard oscillant entre le chocolat et le noir, planté dans le sien. Elle soutint son regard, l'orgueil lui interdisait bien de baisser les yeux. Ah, l'orgueil... « Désolé de... désolé. Tout simplement. » Elle sourit. Ce n'était pas encore un vrai sourire, un de ceux qu'elle balançait à tout va étant petite, mais ça y ressemblait un peu. Presque beaucoup. Elle ne comptait plus le nombre de fois où quelqu'un lui avait dit ce simple petit mot, ces trois ridicules syllabes, ces six horribles lettres. Désolé. Signe que sa vie était aussi triste et mélodramatique qu'elle l'avait toujours pensé. Si même Narcisse s'excusait, alors qu'il avait aussi vécu pas mal de choses pas jolies-jolies. « C'est la troisième fois que tu t'excuses. Et puis, c'est pas comme si c'était ta faute. » Elle haussa doucement les épaules, tenta de le faire tout du moins vu qu'avec les mains de Narcisse, c'était légèrement plus dur. « Ça doit être le karma. » Trouver une excuse. Une raison, pour expliquer cette vie si catastrophique. Le karma. Une idiotie parmi tant d'autres. Qui accuser de tous les malheurs qui nous tombaient sur la tête : le destin, les dieux, nous-mêmes ? Non, elle avait beau se plaire à penser qu'elle était forte, elle n'avait pas les épaules assez larges pour porter un pareil fardeau. Se tenir pour seule responsable de la mort de son frère, de son meilleur ami, du départ de son beau-père, de son père, de la dépression de sa mère. Elle avait beau être persuadée d'être la fautive de chacune de ces choses, elle avait besoin de se reposer sur l'idée qu'autre chose jouait dans la balance. Narcisse balaya ses dernières larmes d'un revers de manche presque rageur. La honte de pleurer ? Elle connaissait. Par cœur. Fervente pratiquante... « Je suis vraiment désolé pour tout ce qui t’est arrivé. Je me sens plutôt futile, à côté. Enfin… je veux dire : tu vas trouver cela futile. Tu as perdu ton... ton frère et puis… ton Protecteur et moi j’ai perdu concrètement qu’une seule personne. » Brusquement, il osa de nouveau poser son regard sur elle. Elle ne s'était pas préparée à l'impact de ses yeux, un peu semblables aux siens : le besoin d'être compris et soutenu. Le besoin viscéral de ne plus être seul, tout seul. « Mais cette seule personne… c’était le monde pour moi. Je ne sais pas si tu peux comprendre. Sans A… Amour, je ne suis pas complet. Il manque quelque chose. Pas juste au cœur. Partout. Tout le temps. Elle est là, quelque part, mais reviendra jamais. Je suis un… puzzle éparpillé. » Elle hocha lentement la tête, peut-être que Nash n'était pas son frère jumeau, mais malgré leurs quatre années d'écart, il avait été son point d'ancrage sans même qu'elle n'en ait conscience. C'était juste au moment où elle avait compris que jamais plus elle ne le verrait sourire, qu'elle n'entendrait plus jamais sa voix, qu'elle ne le serrerait plus jamais dans ses bras, c'était à ce moment-là qu'elle avait compris toute l'importance de Nash. C'était à ce moment là qu'à défaut d'être un puzzle éparpillé, elle en était devenu un incomplet. Éternellement incomplet.

Narcisse s'était laissé tombé à terre. Toujours debout, elle gardait son regard rivé sur lui. À trop être solitaire pendant si longtemps, elle en oubliait parfois les convenances et les bonnes manières. Comme ne pas regarder avec trop d'insistance ou trop longtemps les personnes face à elle. Sa mère l'aurait certainement sermonnée pour ça. Quel manque de politesse, qu'elle aurait dit, sûrement. Un léger sourire étira ses lèvres, sourire qui mourut instantanément. « Mon père est devenu fou vers ma naissance. Ma tante a tout plaqué pour nous élever, ma sœur et moi. Sauf qu’un jour… des monstres l’ont attaquée. Du coup on est partis. On a croisé Percy. C’était un satyre. On a pris peur en voyant ses sabots, du coup on est partis. Et le lion de Nérée nous a pourchassés. » Elle aurait voulu le serrer dans ses bras, peut-être. Lui dire qu'elle était désolée ? Sans doute pas. Je suis désolée. Trois petits mots qui lui faisaient plus de mal qu'autre chose. Elle ne voulait pas lui insuffler cette même douleur. « Je… Amour a été tuée. Enfin, presque. Et les Chasseresses l’ont… guérie. Et du coup elle est partie. Sans revenir. Ma tante est morte à cause de moi, enfin, un monstre qui traînait en Caroline du Sud. Son mec en est devenu fou – de rage, je crois. J’ai guéri Papa. Il ne peut pas s’occuper de moi. Je ne crois pas qu’il le ferait. » Il marqua une courte pause et ajouta. « Je parle trop. » Elle eut un léger sourire. « Sans doute. » Ton rêveur, sans conviction, sans doute non plus. Sans doute que, pour deux personnes aussi peu bavardes, une pareille conversation était trop... trop tout. Trop dure à écouter comme à avouer, trop longue, trop dramatique aussi. Il posa son regard sur la surface gelée du lac. N'y tenant plus, elle se laissa glisser le long du tronc, derrière elle, celui-là même qu'elle avait quitté pour l'interpeller quelques minutes plus tôt. Elle ne voulait pas aller trop loin. Un pas de trop et tout aurait pu se finir aussi brutalement que ça avait commencé. Ne pas le brusquer. Ne pas se brusquer. Elle se saisit alors de son carnet à dessin, celui qu'elle avait abandonné par terre en rejoignant Narcisse qui s'évertuait à la fuir. Elle posa la main sur la couverture et un curieux sentiment se propagea en elle. Rassurée. Rassurée d'être en terrain familier, avec un crayon entre les doigts et une feuille de papier sous la mine.

« Tu crois que la glace tient, au milieu du lac ? » Sa voix la sortit brutalement de sa torpeur. Elle haussa un sourcil perplexe, planta d'abord un regard quelque peu surpris dans le sien, puis en posa un autre, pensif, sur le lac. Elle fit la moue et sembla réfléchir. « J’ai toujours l’impression de marcher sur un lac gelé. Tout le temps. Et, d’un instant à un autre, je vais sombrer. Alors je recule vers la terre ferme. Je ne veux pas sombrer. Tu crois que ça tient, au milieu du lac ? » Il lui sourit. Et elle ne put s'empêcher de répondre à son sourire. Elle ouvrit distraitement son carnet, feuilleta rapidement les feuilles de papier, avisa le dessin des « Apollon » encore endormis lorsqu'elle l'avait dessiné, lors d'une de ses nombreuses nuits d'insomnie. Elle reconnut les autres dessins, ceux qui représentaient quelques lieux bien précis de la colonie, passa rapidement les portraits d'autres pensionnaires qui avaient, un jour, attirer son attention et inspirer talent artistique. Un d'entre eux, pourtant, attira son attention. Un portrait de Nash. Le dernier qu'elle avait fait. Le portrait d'un Nash heureux et insouciant, comme à son habitude. Le sourire de son jeune frère, éternellement figé, un sourire de trente-deux dents – enfin plutôt de trente-et-une vu que celle de devant était tombée, un sourire qui lui insufflait toujours une certaine allégresse qui la quittait néanmoins tout aussi rapidement, lorsque l'horrible vérité la rattrapait. Se rappelant brutalement de la présence de Narcisse, elle tourna brusquement sa page pour en découvrir une autre, entièrement vierge. Elle porta un nouveau regard, plus neutre et intense à la fois, au lac. « Je ne crois pas être vraiment bien placée pour répondre. J'ai peur de l'eau. » Peur insipide. Peur parmi d'autres : entre le vertige, la claustrophobie et la peur viscérale d'être abandonnée. Pourtant, elle espérait qu'il comprenne. Elle avait peur des eaux déchaînées, pire qu'une phobie pour elle, parce qu'elles lui rappelaient systématiquement ce funeste jour où elle avait tout perdu, mais aussi, d'un point de vue plus philosophique, peur d'avancer jusqu'au centre du lac. On se sentait bien trop en sécurité sur la terre ferme. Là, le sol ne s'effondrera jamais sous nos pieds. Même si tous les autres s'amusent à marcher sur le lac, il pouvait s'écrouler d'une minute à l'autre. Trop dangereux. Trop risqué. Son crayon encore suspendu en l'air, elle posa de nouveau ses yeux sur le fils d'Aphrodite. « Je crois que tu dois essayer, parfois, d'aller au milieu du lac et que, si ça ne tient pas, tu dois juste t'empresser de remonter à la surface pour ne pas te noyer. » Si cette histoire de lac et de rivière ne l'effrayait pas autant, elle aurait même naïvement pris sa main et l'aurait amené jusqu'au centre. Histoire de lui dire : tu vois, si ça tient en vrai, ça tient aussi métaphoriquement parlant. Ou une autre connerie du genre. Sauf qu'elle avait beau se plaire à être courageuse, et déterminée, paradoxalement, elle n'arrivait pas à vaincre ses peurs.

Trop perturbée par la présence de Narcisse, tout près d'elle, Avalon ne parvenait pas à dessiner quoique se soit. Ou à essayer, tout du moins. Elle referma donc de nouveau son calepin dans un soupir, frustrée de ne pas pouvoir se livrer à une des seules activités qui parvenaient encore à la calmer. Elle tourna légèrement la tête, juste assez pour que le brun soit complètement dans son champ de vision, elle le détailla d'un œil plus objectif, plus critique, artistique. Elle eut un vague sourire. « Tu ferais un bon modèle, pour un portrait. » Une phrase superflue et insipide. Sans beaucoup de sens. Sauf que, handicapée sentimentale comme elle, on ne savait pas vraiment quoi dire après une pareille conversation – ou après une conversation tout court. Elle s'était si longtemps évertuée à repousser les gens, à s'isoler du reste du monde, à s'enfermer dans son précieux mutisme qu'elle en avait oublié la simplicité de la vie. D'une amitié qui se tisse lentement. D'une confiance qui s'acquiert avec le temps. Comment on faisait déjà, enfants ? Bonjour, moi c'est Pandore. Tu veux être mon ami ? Combien de fois avait-elle dit ces deux phrases ? Quelque chose de si naturel autrefois chez elle. Deux petites mains qui se serrent. Un pacte qui se crée. Des rires qui se succèdent. La belle époque... Soupir. Adieu la simplicité enfantine, bonjour la complexité adolescente. Tu veux être mon ami ? Demande muette d'une handicapée sentimentale à un semblable...
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A. Narcisse Davenport
A. Narcisse Davenport

∞ I'VE BEEN DOWN SO LOW





ϟ double compte : zayne emryc & caïn.
ϟ arrivé(e) à la colonie le : 08/01/2012
ϟ iris-mails envoyés : 138
ϟ nombre de drachmes : 165
ϟ dons : empathie. enjôlement.
ϟ localisation : bungalow dix.
ϟ responsabilités : pensionnaire.
ϟ humeur : défiante.

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salut toi l'étoile filante, ici-bas c'est le petit prince.




carnet du héros
➸ parent olympien: Aphrodite
➸ caractère : triste, en colère, méfiant, n'accorde jamais sa confiance, reclus, calculateur, volontaire, bienveillant, peut paraître méchant ou cruel, un peu narcissique, autoritaire, pensif, trop vite attaché, silencieux - dans le sens où il garde ses pensées pour lui -, bipolaire, retors, rancunier, s'enflamme vite, incompréhensible, hypersensible.
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyJeu 29 Mar - 17:49

« C'est la troisième fois que tu t'excuses. Et puis, c'est pas comme si c'était ta faute. » Il ne sait pas trop. Elle a raison, évidemment, mais quand même. Il déteste quand les gens font cela, disent « désolé » pour rien, alors qu’ils n’y sont pour rien. Il est l’exemple même du « fais ce que je dis, pas ce que je fais. » Il comprend pourquoi elle lui dit ça et s’en veut un peu. Elle a raison. Il se sent infiniment bête et détourne le regard. « Ça doit être le karma. » « « La faute à pas d’chance », c’est ça ? C'est idiot. Tout arrive pour une raison. » il dit aussi, comme un mécanisme doucement rodé, subtilement gangréné dans l’esprit irraisonné de Narcisse. C’est simple. Le karma, ça n’existe pas. Tout est une question de Parques, de dieux pas si bénéfiques et, franchement, d’odeur monstrueuse. Tout arrive pour une raison, tout est réglé sur un papier à musique impossible à démêler ou à changer. L’Oracle en est la preuve, les « Apollon » dotés du don de voyance aussi. Voilà ce que Narcisse pense. Des pensées bien tristes, pour quelqu’un qui attend toujours une effraction de la réalité, un changement de plan dans le futur.

Il parlait trop, c’était sûr. Il détestait trop parler car, après, il se disait qu’il avait trop parlé et ça l’angoissait un peu. Des fois, aussi, il avait l’impression de ne pas dire assez. Il lui arrivait de se demander : « et si j’avais dit cela ? est-ce qu’ils me traiteraient différemment ? » Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. A la place, Narcisse ruminait doucement. En ce moment, ses yeux se perdirent dans l’horizon quand elle dit, du bout de ses lèvres gentilles : « Sans doute. » Un éclat d’inquiétude brilla dans les yeux du brun, qui se mordit anxieusement la lèvre. Son ton était détaché, rêveur et un peu lunatique : il n’était pas de ces tons qu’on a envie d’entendre. Surtout quand on a l’impression de faire une grosse connerie ou, du moins, d’en avoir fait une. Il avait trop parlé, s’était trop ouvert. Il aurait voulu se dire qu’il se sentait plus léger, mieux, différent et que sa vie avait désormais un sens. Mais après son « sans doute » et son ton rêveur, Narcisse n’avait qu’une envie : s’en aller à toutes jambes sans plus jamais penser à cette proximité qui s’était établie avec Avalon contre sa volonté. Pourtant, cette envie persistait. Celle de garder cette proximité, qu’importent les « sans doute » et les doutes tout court. Voilà pourquoi il avait posé sa question, un peu amusé de cette métaphore, un peu effaré de la réponse que, pourtant, il guettait de ses yeux sombres sur les lèvres d’Avalon. Elle devait définitivement penser qu’il débarquait d’une autre planète alors, à la place de se retourner pour regarder ses lèvres bouger et former des mots, il s’enferma dans sa contemplation du lointain, muni d’un calme et d’un détachement à toutes épreuves. Il aurait voulu entrer dans une effraction de la réalité et pouf !, ne plus jamais en ressortir. Cela l’aurait apaisé de bien des maux, bien des soucis, bien des plaies sur la lèvre inférieure. Narcisse était un grand angoissé, masqué sous une lourde couche de dédain et de peur. Pour un peu plus, il aurait sauté sur ses pieds et, lentement, en continuant de se questionner, il se serait dirigé vers son bungalow pour aller attendre. Comme toujours. Toutes ces après-midi moites passées à regarder le plafond du bungalow dix, en se demandant si ça valait vraiment la peine d’être ici avec des gens aussi bouchés qu’incompréhensifs. Même si il aurait répété le contraire à quiconque voulait l’entendre, il aurait bien aimé que quelqu’un insiste pour comprendre, veuille bien le supporter malgré toutes ses imperfections. Mais dans ces moments-là, trop loin de lui ces désirs, ces envies soudains. Dans ces moments-là, il prenait peur, s’enfuyait tel un chamois effrayé plus loin. Elle laissa un petit silence s’installer, lui adressant néanmoins un petit sourire.

Elle feuilletait des pages mais Narcisse ne se souvenait pas de l’avoir déjà vue avec un livre. Ou peut-être qu’il ne la regardait pas tant que ça, la supportant d’une présence désintéressée et, pour ainsi dire, je-m’en-foutiste. Il se demanda si elle répondre ou si il pouvait jouer directement son numéro de chamois. Mais, dans ses pensées, s’épanchait le sourire énigmatique d’Avalon, un peu rêveur et un peu en coin, mais un sourire quand même. Ses yeux se perdirent une fois de plus dans le lointain alors que, lentement, il se détachait de tout, comme si on venait d’appuyer sur le bouton « off ». Il posa ses coudes sur ses genoux, croisa les bras et son menton prit comme reposoir ses avant-bras. Le soleil se couchait, lentement mais sûrement, dispersant sur eux ses éclats orangés et rouges, remplissant Narcisse d’une nostalgie mélancolique. Il se prit à se souvenir de ces quelques couchers de soleil qu’il avait passé avec sa jumelle, des années et des années auparavant. Ces après-midi à refaire le monde avec des tons mesurés et lents de grands, ces soirées à regarder des films idiots en pleurant comme des baleines, ces journées à se jeter des regards complices et simples, sans cette complexité qui, année après année, s’était installée dans tout l’être de Narcisse. Il aurait bien aimé être le Mortel dont il portait le nom et, tranquillement, se changer en fleur et ne plus jamais avoir à s’inquiéter des autres, d’Amour et, encore, des autres. Ah, et son cœur trop rapidement emballé, trop aisément mis dans tout les sens. « Je ne crois pas être vraiment bien placée pour répondre. J'ai peur de l'eau. » Il a à peine sursauté, tournant la tête vers Avalon sans oser lui faire face. Il aurait aimé lui dire qu’il comprenait cette peur, qu’il comprenait tout, qu’il était désolé de la faire parler et désolé de ce qui lui était arrivé. Mais à quoi cela aurait-il servi ? Il n’avait rien fait pour son malheur, ne ferait sûrement jamais son bonheur par sa seule morne compagnie. Il songea à ses propres peurs. L’abandon, évidemment. C’en était même devenu l’essence du garçon, ce qui aurait pu le définir bien mieux que n’importe quel adjectif. La peur de l’abandon. Quoi d’autre ? Ne pas préciser les guerres ou les pertes, ou même les hauteurs. Il détestait, par-dessus tout, monter sur un pégase et s’envoler au loin. Penser qu’il pourrait s’écraser à tout instant, que la chute serait courte et l’atterrissage violent : c’était vraiment quelque chose de pire qu’angoissant, pour un grand apeuré de la chute métaphorique et physique comme Narcisse. Chuter pour quelqu’un, chuter après le départ de quelqu’un, tomber du pégase, retrouver le sol, mourir au sol. Encore quelque chose de mauvais pour son ego.

« Du moment que tu restes à distance, elle ne t’attaquera pas. Il ne se passera rien. Tu seras en sécurité, quoi qu’il advienne. » Il ne savait pas pourquoi il avait dit cela. Son ton ne souffrait d’aucun amusement ou, du moins, d’aucun sarcasme et d’aucune moquerie. Juste un ton détaché, déclaratif, neutre au possible. Il s’était complètement détourné vers le lac, se demandant si les naïades pouvaient vivre dessous, bien qu’il soit gelé. Il aurait bien aimé tresser quelques paniers avec elle, en partageant des ragots et des trucs idiots, comme des conseils de coiffure ou de maquillage. Les naïades, même si elles avaient de mauvais goûts en matière de blagues, pouvaient s’avérer sympa si on savait s’y prendre. « Je crois que tu dois essayer, parfois, d'aller au milieu du lac et que, si ça ne tient pas, tu dois juste t'empresser de remonter à la surface pour ne pas te noyer. » Il médita ses paroles, silencieux. Il faillit bondir sur ses pieds et aller au milieu du lac, pour tester ses dires… mais bof, non, si il tombait, l’eau serait trop froide. Et il avait son baladeur dans sa poche et, inutile de le préciser, les « Hermès » faisaient payer un prix exorbitant juste pour vous donner « l’honneur » de récupérer la technologie dans un monde aussi peu civilisé que celui des Grecs. Il se tâta un instant, ses yeux cherchant un endroit stable sur la glace tandis qu’il restait muré dans son silence, qu’il ne trouvait ni gênant ni pesant. Il avait l’habitude, d’une certaine manière. Son silence était sa seule arme ou, plutôt, sa seule défense face à ce monde hostile et bavard qui l’entourait. Dis un truc, voyons, sois normal ! Normal ? Narcisse l’était. Enfin, il aimait penser qu’il l’était. Il ne trouvait pas anormal d’avoir peur, d’être apeuré, d’avoir peur de la peur et des autres. Il ne savait pas si tout ceci était justifié, si Avalon avait plus de raison que lui d’être comme elle était… mais il avait juste peur et ce sentiment passait le pas sur n’importe quel autre. « Tu ferais un bon modèle, pour un portrait. » fit-elle, le tirant cette fois abruptement de ses pensées. Il se sentit sursauté, lui qui serait resté d’un calme olympien en cas normal. Ce n’était pas vraiment sa prise de parole mais, définitivement, plutôt la teneur de sa prise de parole qui interloqua Narcisse. Il sembla, un court instant, plutôt gêné, avec sa moue dubitative et ses sourcils rehaussés. Rapidement, les lippes gênées deviennent contrites et il se passe une main dans les cheveux, les ébouriffant, comme pour lui prouver qu’il ferait un bien piètre modèle, avec ses mèches qui partent dans tous les sens et son air de déterré. Narcisse croit en l’Amour, le vrai. Il croit aussi en la Beauté, la vraie. En la Souffrance. Trois choses différentes qui, dans sa tête, son inextricablement liées. Pourtant, l’Amour, c’est pour les autres ; les Beautés, ce n’est certainement pas lui quant à la Souffrance… elle est universelle. Il grogne quelque chose d’incompréhensible, en grec ancien et, finalement, dit à haute voix : « N’import’quoi. » Il est bougon, son ton aussi. Il rosit pourtant légèrement, prenant sans doute la remarque qui sonne neutre pour un compliment.

Il s’est arraché de la contemplation du lac et, comme un enfant en attente d’attention, il la regarde. « C’est vrai ? » Ses yeux brillent légèrement, plein d’étoiles ingénues et excitées, comme si le fait de faire un bon modèle de portait pourrait le faire mourir en paix. Sans attendre sa réponse, il se met de profil et il dit, en rigolant légèrement : « Je trouve que c’est ç’ui-là, mon meilleur profil. » Il n’est pas si sérieux mais pas si désuet. Narcisse n’a jamais eu une âme d’artiste. Il préfère mille fois observer et se rappeler plutôt qu’immortaliser un instant. Tout est éphémère, rien n’est immortel. C’est cela qui fait la beauté de la Beauté, songe-t-il doucement, et c’est pourquoi tout est dangereux : tout est éphémère. Mieux vaut ne pas traîner au milieu du lac, donc. Même la glace fond. Il prend un brin d’herbe et le tripote entre ses longs doigts, toujours un peu nerveux. Il a rarement soutenu plus longue conversation, si ce n’est lors de désaccords ou d’obligations. Mais là… disons que c’est agréable, presque indécent. Narcisse ne sait pas trop s’il doit s’en réjouir ou s’en apeurer : il a ouvert bien plus de boîtes en quelques minutes qu’en quelques années. Il se sent percé à jour. Il ne sait pas encore s’il apprécie vraiment. Il est juste à côté de la chute et elle peut le faire tomber d’un petit coup de doigt. Une peur irraisonnée lui tord le ventre mais, malgré tout il reste, figé dans cette position inconfortable, immobile en se demandant si elle va le pousser dans le vide ou l’empêcher de tomber. « Il se passe quoi, si on ne remonte pas assez vite à la surface ? » La question est soucieuse. Il sait qu’il ne devrait pas en reparler, qu’ils ont clôt le sujet mais, maintenant qu’il a compris toute l’ampleur des conséquences de cette conversation, il ne pense qu’à ça. Le milieu du lac, la glace, l’eau froide, l’abandon, la peur dans son ventre, les doigts gelés, lui qui s’effondre dans la vase, lui qui ferme les yeux. Ne les rouvre pas. Lui qui, disloqué des mètres et des mètres plus bas, voit sa vie s’en aller aussi rapidement que la chute a été. Penser à une peur lui fait penser à l’autre et inversement. Indéfiniment. Ses muscles se contractent, il cille un peu, carre la mâchoire mais reste silencieux. Il bondit sur ses pieds, n’y tenant plus. La peur distille une adrénaline sans fin dans ses veines. Il se répète ce qu’il lui a dit plus tôt. Il n’est ni un lâche, ni un fuyard, ni un sale apeuré de tout. Non. Il est un demi-dieu, bon sang ! Un héros. « Je n’ai pas peur. » Et, dans cet élan d’idiotie dont les idiots font souvent preuve, il s’avance vers le lac. Il tremble de tous ses membres. Il s’avance vers le lac, bien décidé à tout ignorer et à se prouver que, oui c’est fini, certes c’est bien triste mais hell yeah il est plus fort que la peur.
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P. Avalon O'Hara
P. Avalon O'Hara





ϟ arrivé(e) à la colonie le : 18/02/2012
ϟ iris-mails envoyés : 43
ϟ nombre de drachmes : 67
ϟ dons : ses dessins peuvent devenir réels (actif) & visions (passif)
ϟ localisation : bungalow sept
ϟ humeur : attentive




carnet du héros
➸ parent olympien: Apollon
➸ caractère : franche ∞ loyale ∞ possessive ∞ rancunière ∞ paradoxale ∞ orgueilleuse ∞ jalouse ∞ persévérante ∞ généreuse ∞ douce ∞ impulsive ∞ complexe ∞ optimiste ∞ courageuse ∞ lunatique ∞ rebelle ∞ ambitieuse ∞ déterminée ∞ sensible ∞ rêveuse ∞ têtue ∞ aimable ∞ discrète ∞ moqueuse ∞ libre ∞ solitaire ∞ réservée ∞ indépendante ∞ exigeante ∞ bonne oratrice ∞ méfiante sur les bords ∞ etc.
➸ inventaire:

narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) Empty
MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyDim 1 Avr - 16:20



« « La faute à pas d'chance », c'est ça ? C'est idiot. Tout arrive pour une raison. » Voulait-il la pousser à admettre quelque chose ? À reporter la faute sur les dieux ? Accuser son père et les autres Olympiens de tous ses malheurs ? Si c'était ce qu'il voulait, il risquait d'être déçu : Avalon avait toujours trouvé des excuses à son géniteur, depuis son enfance, cherchant à justifier son abandon. Voulant que son père soit un héros aux yeux de chacun, à l'instar d'elle-même. Elle reluqua silencieusement Narcisse, fronça légèrement les sourcils et réfléchit quelques instants. Tout devait arriver pour une raison ? Quelle raison pouvait-on bien avoir d'arrêter aussi brutalement la vie d'un gamin innocent de six ans ? D'arracher ce soupçon de bonheur à une enfant, en même temps que la vie de son frère ? Quelle raison avait-on de séparer des jumeaux, pourtant nés pour vivre l'un près de l'autre ? Non, elle préférait penser que le hasard décidait. Comment croire aux dieux, comment continuer de les respecter s'ils étaient entièrement responsables de leurs malheurs ? Comment aimer son père s'il avait laissé Nash mourir sans essayer d'intervenir ? Les dieux aussi avaient leurs limites, leurs pouvoirs s'arrêtaient là où celui du destin débutait. Du moins, c'était ce qu'elle se plaisait à penser, malgré son don de voyance.

Voyant l'inquiétude illuminer le regard de Narcisse, elle comprit qu'elle venait de commettre une erreur. Elle ne voulait pas dire qu'il s'était trop confié, trop ouvert, rendu trop vulnérable. Juste que, pour deux personnes comme eux, c'était quelque chose d'évident qu'une conversation dépassant le stade des deux minutes et demi, c'était trop. Juste trop de peur, trop d'incertitude, trop de dépendance. C'était ça, parler : créer un lien avec la personne qui écoute, dépendre de cette oreille hypothétiquement attentive, réclamer de l'intérêt. Mais, il était resté là, néanmoins. Il n'avait pas fui. Fuir. Une chose pour laquelle ils étaient tous deux passés maîtres dans l'art. Fuir avant d'être fui. Couper les liens avant de les laisser se tisser. Souffrir seul plutôt que laisser cette opportunité à d'autres. Et, si pour quelqu'un d'extérieur cette constatation pouvait sembler complètement banale, Avalon avait le sentiment que quelque chose d'énorme venait de se passer entre Narcisse et elle.

Question un tantinet trop profonde, trop philosophique. Question qui demandait de trop réfléchir, trop s'ouvrir, trop partager. Un lac gelé. Elle avait beau combattre cette vision, seule la rivière déchainée s'imposait dans son esprit. Trop dangereux. Le courant emportait tout. L'enfance. Le bonheur. L'insouciance. L'allégresse. Les certitudes. Nash. Nash... Douce litanie, incessante ritournelle, entêtant requiem. Nash, un nom qu'elle prononçait du bout des lèvres, du fond du cœur. Elle voulut se tourner vers Narcisse, dire quelque chose. Que le courant emportait tout, comme il lui avait tout pris quelques années plus tôt. Mais les mots mouraient instantanément sur ses lèvres. Comment le dire ? Comment oser prononcer à voix haute que la vie s'était arrêtée ? Que rien ne comptait plus, désormais. Rien, sauf les souvenirs. Son don était à ses yeux une malédiction : ce n'était pas le futur qu'elle voulait voir. Juste revivre quelques instants de bonheur. Quelques instants d'une vie. Les immortaliser sur du papier ne lui suffisait plus. La douleur s'estompait, pour réapparaître seulement quelques instants plus tard, plus intense encore, et omniprésente. Dessiner une vie. Dessiner quelques instants d'un passé trop rapidement révolu. Leur conversation était étrange en soit. Chacun dans leur propre univers, dans leur petite bulle personnelle quand, tout à coup, sans prévenir, plop l'un des deux éclatait la bulle de l'autre et entrait dans cet espace qui n'appartenait qu'à ce-dernier, violait cette intimité à la fois trop oppressante et inexistante entre eux. Quelle relation malsaine pouvait bien s'être installée entre lui et elle ?

Elle avoua une peur parmi tant d'autres. Autre secret qu'elle daignait lui confier. La peur de l'eau. Rien de plus normal. Les eaux déchainées la faisaient remonter sept ans en arrière. Et, elle avait alors l'impression d'avoir juste dix années, d'être en proie au désespoir, avec son petit frère à seulement quelques mètres, hurlant son nom, la voix empreinte de terreur. Et, à l'instar de cette même gamine, elle était clouée sur place, clouée par la douleur intolérable d'une enfant qui avait vu la mort d'aussi près, la souffrance interminable d'avoir l'impression de se contenter d'exister, à défaut de vivre. Vivre. Être en vie, avoir un cœur qui bat, des poumons qui se revigorent d'air. Techniquement, elle vivait. Alors, pourquoi ce trou béant dans la poitrine ? Pourquoi cette souffrance qui l'accompagnait fidèlement, à longueur de temps. Le matin au lever, en journée pendant qu'elle s'entraînait ou dessinait, le soir quand elle sentait la fatigue s'emparait d'elle, la nuit lorsqu'elle dormait. Elle rêvait de cette douleur, comme elle vivait avec. Un regard en biais à Narcisse, et une rafale de questions qui s'imposait à elle. Comprendrait-il ? Voudrait-il comprendre ? Était-il dans la même situation ? La volonté de lui poser la question, de sentir l'attention de quelqu'un, de voir un regard concerné peser sur elle. Volonté d'être seule avec quelqu'un. D'être seule, avec lui, de préférence.

« Du moment que tu restes à distance, elle ne t’attaquera pas. Il ne se passera rien. Tu seras en sécurité, quoi qu’il advienne. » Elle arqua un sourcil. Oh, elle ne s'en approchait plus. Aujourd'hui, le seul contact qu'elle avait encore avec l'eau, c'était par l'intermédiaire de sa douche. Les lacs, rivières ou autres, non merci, très peu pour elle. C'était comme chuter de nouveau sur cette rive et voir Nash, à quelques mètres, hurlant son nom, ses cris entrecoupés par les gorgées d'eau qu'il avalait malgré lui. Elle ne faisait que très rarement du canoë, refusait systématiquement d'aller se baigner avec les autres lors des journées de grande canicule, préférant lézarder au soleil, sur la terre ferme, en sécurité. Elle ignorait si sa réponse convenait à Narcisse. C'était toujours dur de deviner les pensées des autres. Elle avait déjà suffisamment de mal à comprendre les siennes. Parfois, elle aurait voulu être différente. Pas différente des autres, au contraire. Mais différente de celle qu'elle était aujourd'hui. Différente de celle qu'elle sera demain. Goûter à une existence plus paisible et plus plaisante. Mais le bonheur, c'était comme de l'air, on pouvait l'effleurer, le caresser, on ne parvenait pas à s'en saisir à pleines mains. Et si, un jour de chance, on réussissait, une fois la paume ouverte, il s'échappait, s'enfuyait irrémédiablement. Et, à l'opposé, la douleur ressemblait plutôt à un étau qui nous enserrait, jusqu'à nous étouffer et, qu'importe ce que l'on pouvait faire, on n'arrivait jamais à se défaire de son éprise de notre propre chef. Voilà sept ans qu'elle était cloîtrée dans cet étau, et si elle avait toujours cette horrible impression de manquer d'air, elle ne parvenait pas à demander à quelqu'un de l'aider à défaire cette emprise. Regard de détresse dans le lointain. Un jour, peut-être. Un jour, ses poumons se revigoreront de cet air pur désormais étranger et son corps se libèrera de cet étau qui l'étouffait lentement, un jour...

Long silence paisible tué par quelques mots sans intérêt. Elle aurait pu se taire – aurait du – mais les mots avaient franchi ses lèvres avant même qu'elle ne s'en rende compte. Habituellement, c'était plutôt l'inverse, elle voulait dire bon nombre de choses qui restaient pourtant au fond de son être, cachées du reste du monde. Elle crut, un instant, le voir gêné. Peut-être qu'il n'aimait pas être complimenté. Certaines personnes n'aimaient pas ça. Être vues sous leur meilleur jour. C'était assez étrange, d'après elle qui recherchait continuellement et contrairement aux apparences, l'amour des autres. Être aimée, mais la peur de l'abandon dominait toujours, inexorablement. Alors, elle gardait enfoui ce désir d'être entourée par des multitudes d'amis, de découvrir une vie rythmée par les rires et les joies insipides propres à l'adolescence. Être juste normale. Aussi normale qu'un demi-dieu pouvait l'être. Parce que, si on omettait le côté « j'ai du sang divin, et à cause de ça j'me fais courser par un tas de monstres très vilains-pas-beaux », certains sang-mêlés étaient totalement normaux. Alors, pourquoi pas elle ? Oh, elle se doutait bien qu'elle avait passé trop d'années à être anormale pour le devenir aussi subitement. Ou le devenir tout court. Mais bon, l'espoir fait vivre. L'espoir fait vivre... C'était peut-être pour ça qu'elle avait cette désagréable impression de se contenter d'exister, à défaut de vivre, parce qu'elle n'espérait plus rien de la vie. Tout ce qu'elle avait un jour possédé, le destin s'était amusé à lui arracher des mains, avec une délectation malsaine, lui enfonçant un énième couteau dans la poitrine. Pourquoi espérer alors que, inévitablement, seule la souffrance résultait ? Pourquoi jouir d'un bonheur éphémère en sachant pertinemment que, justement, ces instants d'allégresse ne dureront qu'un instant et seront forcément suivis par quelques moments pénibles et bien plus longs. Sauf qu'elle voulait vivre. Elle voulait espérer. Ce n'était pas la volonté qui manquait. Juste que cette même volonté était entachée par la peur d'être, une fois encore, déçue par ce qui l'attendait. Parfois, bien qu'elle considérait son pouvoir de voyance comme une vraie plaie, elle regrettait de ne pas pouvoir provoquer elle-même ses visions. Avoir un aperçu de son avenir. Savoir si la vie valait le coup d'être vécue. Si sa vie en valait la peine. Ou s'il valait mieux tout de suite rejoindre Nash dans un monde meilleur.

« N'import'quoi. » Sa pseudo-gêne avait laissé place à un air boudeur. Elle leva les yeux au ciel, comme pour lui communiquer par ce simple geste des sensations qu'elle ne parvenait toujours pas à exprimer avec des mots. Elle sourit, pourtant, légèrement, à peine. Il avait l'air buté. Sauf qu'elle l'était aussi, complètement. Elle pourrait jouer à la fille sûre d'elle et répéter inlassablement « si, si, j't'assure ! » jusqu'à ce qu'il cède et convienne que oui, en effet, il pourrait faire un bon modèle. Sauf que, bof, ce n'était pas tellement son genre. Quel était son genre, de toute manière ? Léger soupir. Question fondamentale sans réponse. Qui est-elle ? Pandore Avalon O'Hara, dix-sept longues années au compteur, fille d'Apollon. Qu'est-elle ? Long silence intérieur. Était-ce vraiment bon de se remettre elle-même en question ? D'accepter les torts qu'elle avait, sous peine d'alourdir davantage ce lourd fardeau qui lui faisait courber le dos, affaisser les épaules ? Qu'est-elle vraiment ? Elle chercha quelques adjectifs pour se qualifier. Un revenait sans cesse. Brisée. « C'est vrai ? » La voix de Narcisse la tira brutalement de ses songes. Il l'observait, le regard brillant, l'air heureux d'avoir reçu un compliment. Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il s'était déjà mis de profil et, dans un léger rire, dit : « Je trouve que c'est ç'ui-là, mon meilleur profil. » Une seconde, elle écarquilla légèrement les yeux, ne parvenant pas à retrouver dans ce garçon guilleret le Narcisse qu'elle connaissait. Qu'elle pensait connaître. Puis, sans crier gare, elle éclate de rire. Vraiment. Franchement. Encore souriante, le crayon sur ses lèvres, elle pencha légèrement la tête, comme si elle réfléchissait à sa remarque. Puis, les yeux brillant d'une certaine légèreté, elle sentit sa tête hocher doucement de haut en bas, comme pour approuver les dires du jeune homme. Elle l'observa encore quelques instants, réfléchissant un peu plus sérieusement à cette question de portrait. Si elle venait à le dessiner, elle choisirait, en effet, ce profil. Elle le dessinerait en train d'esquisser un léger sourire, presque timide, comme si être heureux était considéré comme un crime, avec cependant, un regard quelque peu mélancolique. Les cheveux ébouriffés, avec quelques épis rebelles. Une pose un brin nonchalante, qui dégagerait cependant une certaine assurance. Doucement, le dessin se formait derrière ses paupières. « Il se passe quoi, si on ne remonte pas assez vite à la surface ? » Elle posa un regard quelque peu surpris sur lui, avisa le bout d'herbe qu'il malmenait entre ses doigts nerveux. Elle perçut la légère inquiétude dans sa voix. Comme si la réponse risquait surtout de lui faire peur. Brutalement, une autre image s'imposait dans sa tête, à la place du portrait mental de Narcisse : le petit corps enfantin de Nash, sombrant doucement dans l'obscurité des eaux. Elle détourna les yeux un bref instant, sentant sa vue se brouiller très légèrement. Elle avait toujours détesté pleurer devant quelqu'un, davantage encore depuis qu'elle avait changé. Sauf qu'avec Narcisse, c'était différent. C'était différent, et c'en était terriblement frustrant. Avec lui, elle parvenait à s'ouvrir un peu plus. D'une huître complètement et irrévocablement fermée, soucieuse de garder sa précieuse perle à l'abri des mauvaises intentions, elle devenait un coffre fort dont la combinaison n'était pas vraiment difficile à deviner. Et lui, voleur silencieux, se contentait d'observer ce mystérieux trésor sans s'emparer de quoique se soit. Le soleil couchant les enveloppait d'une étrange lueur orangée. Agréable au coup d’œil qui brûlait cependant la rétine lorsqu'on s'y attardait trop longtemps. Mais elle préférait se brûler les yeux à regarder le soleil, plutôt qu'à se consumer le cœur à jeter un regard à Narcisse. Ne pas pleurer, ne pas pleurer. Leitmotiv étrange et pourtant répétitif. La voix enrouée, elle parvint néanmoins à murmurer. « T'as plus qu'à croiser les doigts pour que quelqu'un soit suffisamment courageux pour sauter à l'eau te porter secours, et qu'il soit assez rapide, aussi. » Courte pause. Brève hésitation. Et puis... la vérité. « Sinon, tu te noies. » Le ton était un peu abrupt, légèrement douloureux. Mais rien de bien grave. Elle ne lui en veut pas de l'avoir poussée dans ses derniers retranchements.

Elle le sentit se contracter, juste un côté d'elle. Mais, ne parvenant pas encore à le regarder de nouveau, elle préféra jouer à celle qui ne se rendait compte de rien. Un rôle qu'elle connaissait par cœur, pour ainsi dire. Un rôle qui était le sien et qui lui allait à la perfection. Elle aurait voulu que d'autres endossent ce même rôle lors de ses quelques instants de faiblesse. Alors, elle le fit pour lui. Parce qu'elle aurait aimé qu'on le fasse pour elle. Soudain, elle le sentit se lever. Une peur irraisonnée s'empara d'elle. Une seconde, elle se demanda s'il allait partir, aussi bêtement qu'il était venu : silencieux et lointain. N'était-ce là que l'armistice de leur petite guerre froide ? Jamais directement, juste des silences un peu plus pesants qu'à l'accoutumée pour qu'elle comprenne qu'elle n'était pas la bienvenue. « Je n'ai pas peur. » Elle retint in extremis un soupir. D'où pouvait bien lui venir ce besoin de se montrer toujours fort, sans peur ? On a tous peur de quelque chose, qu'elle aurait envie de répondre. Mais elle ne dit rien. Elle garda le silence. Ne démentant pas, n'approuvant pas plus. Se contentant d'écouter, d'accepter et de tolérer. Curieusement, le silence à lui seul pouvait être une réponse différente à chaque fois. Sauf qu'elle avait du mal à ne pas crier son nom pour le retenir en le voyant s'approcher du lac. Qu'avait-il à prouver ? Que le lac tenait, même sous ses pieds ? Qu'il ne coulera pas ? Que, contrairement à elle, il pouvait vaincre ses peurs ? Elle le vit avancer jusqu'au centre, et bien qu'elle ne laissât rien transparaître, une certaine admiration naquit en elle. Les rayons ocres et orangés du soleil venaient caresser la glace, mouraient sur sa surface gelée qui, au lieu de leur cri, ne renvoyait qu'un dernier reflet. Narcisse, lui, légèrement tremblotant et manquant quelque peu d'assurance, se tenait là, au centre, droit comme un piquet, figé dans cette peur que le milieu du lac soit aussi dangereux qu'il l'avait toujours pensé. Elle fronça les sourcils un bref instant et, de lui-même, son crayon alla caresser sa feuille de papier. Elle ne jetait que quelques coups d’œil, à la dérobée, au jeune homme et au paysage qui l'encerclait. Il pouvait bouger que ça ne changerait rien. Elle avait le dessin en tête. Elle esquissa, un peu plus lentement que le reste, le visage du fils d'Aphrodite, cherchant quelle expression elle lui ferait arborer. Au final, elle ne lui confèrera pas ce sourire discret mais vrai, ce regard mélancolique et touchant. Elle préféra lui donner l'apparence qu'ont les héros tragiques. Le courage d'affronter son destin et ses peurs, inébranlables en apparence, et pourtant, dotés d'une certaine sensibilité et anxiété. Elle appuya davantage pour ses iris sombres, courba un peu plus ses sourcils. Sûr de lui, et paradoxalement, un tantinet incertain. Elle ignora combien de temps venait de passer, elle ne saurait pas même dire s'il avait bougé, s'il était de nouveau à côté d'elle ou toujours fixé sur la glace, trop occupée par le papier sous ses yeux et le crayon sous ses mains. À force de dessiner tout et n'importe quoi, elle avait acquis une assurance indécente et usait d'une rapidité impressionnante. Elle n'en tirait aucun mérite, au fond. C'était seulement quelque chose que son père lui avait transmis. Aussi, elle termina relativement vite le portrait de Narcisse et, sans même jeter un dernier regard au lac devant elle, elle encercla l'homme de papier d'un paysage atypique. D'autres minutes s'écoulèrent, silencieusement, brusquement coupées par un soupir de légère satisfaction. Étroitement serré entre ses doigts, elle recula son calepin pour avoir une vue d'ensemble. Elle eut un sourire. Sur la feuille de papier, Narcisse se tenait au centre du lac, à la fois totalement fidèle à l'image qu'elle se faisait de lui, et quelque peu différent. Le dos bien droit, les mains dans les poches, mais au vu des deux bosses, les poings bien serrés à l'intérieur de celles-ci, il jetait un regard lointain au ciel, l'air sérieux et impassible, bien que le léger froncement de sourcil trahissait une certaine appréhension. Les arbres semblaient ridiculement petits à côté de lui et, sous ses pieds, la glace ressemblait à un miroir et les rayons du soleil couchant qui venaient s'y refléter n'étaient plus là. Non, à la place, c'était l'astre solaire lui-même qui était caché sous la surface gelé du lac et enveloppait le jeune homme d'une étrange lumière. Elle faillit brandir fièrement son carnet en direction du centre du lac, là où, hypothétiquement, Narcisse se trouvait. Sauf qu'elle eut un doute. Apprécierait-il qu'elle l'ait dessiné ? De cette manière, de surcroît ? Elle aimait beaucoup son dessin, en tirait même une certaine fierté pour avoir su figer cette expression sur le visage du brun, mais lui, comment percevrait-il l'esquisse ? Les yeux hagards, les joues légèrement rougies par la gêne de tenir entre ses mains quelque chose qui, d'un côté lui appartenait et de l'autre lui semblait totalement inaccessible, elle ferma brusquement son carnet et leva enfin la tête vers lui. Elle esquissa un sourire, légèrement tremblant par son incertitude. « Tu comptes revenir sur la terre ferme un jour, ou tu vas attendre que la glace fonde ? »

Elle posa alors son précieux cahier sur l'herbe, attacha négligemment ses cheveux à l'aide de son crayon à papier et se releva doucement. Elle fit trois pas en avant et s'arrêta, hésitante. Aurait-elle le courage nécessaire pour marcher, elle aussi sur la glace, avec la certitude qu'elle s'écroulera sous ses pieds ? Elle fit encore quelques pas en avant et s'arrêta juste au bord du lac. Les yeux fixés au sol, sur ses chaussures dont la pointe effleurait la surface gelée du lac, elle jura sentir le regard de Narcisse peser sur elle. Elle n'avait cependant pas la force de lever la tête et, par conséquent, ne saura jamais s'il la regardait réellement à ce moment-là ou si ce n'était que le fruit de son imagination. Le regard toujours baissé vers ses pieds, elle fit néanmoins un pas en avant. S'il la regardait, il risquait de la prendre pour une froussarde, à rester sur la terre ferme, plutôt que d'avoir enfin la réponse à la question qu'il lui avait posé. Elle sentit son pied légèrement glisser sur la glace mais parvint à se remettre bien droite avant de tomber. Elle avança encore, doucement, prenant soin à ne pas tomber et par la même occasion, fendre la glace qui risquait de se briser et de les laisser tomber dans l'eau glacée. Elle ne s'arrêta d'avancer que lorsqu'elle avisa deux pieds en face des siens et releva, seulement à ce moment-là, le regard. Elle croisa celui de Narcisse et un léger sourire ourla doucement ses lèvres. Fière d'avoir vaincu sa peur. Fière de lui avoir montrer qu'elle aussi, elle était courageuse. Fière d'elle-même, tout simplement. Elle attendit quelques instants et murmura enfin : « C'est faux : ton meilleur profil, c'est celui de face. » Conclusion souriante. Instant d'allégresse, et qu'importe si ce n'était qu'éphémère.
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A. Narcisse Davenport
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyLun 2 Avr - 18:49

« Il se passe quoi, si on ne remonte pas assez vite à la surface ? » La question était ingénue et inquiète, déplacée et pourtant importante. Il ne remarqua pas le trouble de la jeune femme, occupé comme il était à torturer son brin d’herbe, porté à hauteur de ses yeux. La réponse, évidente, était aussi douloureuse que fascinante, d’après Narcisse. D’un côté, la réponse ne lui semblait pas réelle. Après tout, les enfants de Poséidon, jadis, pouvaient respirer sous l’eau. Certains fils d’Arès portaient à deux bras des charges très lourdes ; des enfants d’Héphaïstos faisaient de leurs créations des animaux animés; lui-même pouvait forcer par la parole quiconque à faire ce qu’il désirait. Pourquoi, dans ce monde mythologique et un peu magique, échapper à une fin horrible était interdit ? pourquoi ne bénéficiait-il pas d’un laissez-passer intitulé a vécu et vivra des moments horribles dans sa vie, bonheur obligatoire ? Injustice criante de la vie. « T'as plus qu'à croiser les doigts pour que quelqu'un soit suffisamment courageux pour sauter à l'eau te porter secours, et qu'il soit assez rapide, aussi. » Il songea qu’elle avait peur de l’eau et qu’elle n’irait donc pas lui porter secours. Il se mordilla légèrement la lèvre, laissant retomber le brin d’herbe en soupirant. Ceux qui abandonnaient l’auraient fait couler alors que la première qui semblait suffisamment proche de lui pour s’en soucier un tant soit peu l’aurait laissé couler, vu qu’elle avait peur de l’eau. Oh, oui, définitivement, Narcisse savait s’entourer. Pourtant, il n’avait pas peur. Accordant sa confiance parfois trop rapidement, parfois pas assez et parfois pas du tout, il croyait aveuglément en Avalon et il pensait que si, à défaut de ne pas pouvoir le repêcher si il coulait, elle l’empêcherait de couler en le retenant. Oui, voilà. Espérer. « Sinon, tu te noies. » La vérité vraie, qui fait mal à entendre. Tu te noies. Rien qu’à y penser, ça piquait les yeux. Il s’imaginait sombrant avec une précision peu banale. Et c’était peut-être cela qui lui faisait peur. Les grands fonds lui faisaient l’effet d’endroits connus, d’endroits où il était déjà allé. Pourtant, c’était faux. Après tout, s’il était passé à travers la glace du lac gelé, métaphoriquement parlant, qui serait allé le repêcher ? Ou peut-être évoluait-il constamment dans la vase, en suivant son raisonnement, et Avalon lui aurait tendu une main secourable ? Il n’en savait trop rien. Peut-être était-ce pour cela qu’il avait bondi sur ses pieds, indifférent à la peur d’Avalon et qu’il avait lâché, succinctement : « Je n'ai pas peur. » Bien sûr, il avait peur. D’ici, la glace n’avait ni l’air solide ni épaisse. Elle semblait même frêle, prête à s’écrouler au moindre poids plume s’échouant dessus. Narcisse n’était pas très lourd, tout mouillé il aurait sans doute pesé quarante-cinq kilos, mais il avait quand même peur. Pourtant, pas après pas, il s’approcha du bord du lac. Quoiqu’on en dise, il hésita un long instant avant de poser son pied sur la glace. Renversant la tête, fermant les yeux, nez vers le ciel, il murmura une prière à sa mère avant de prendre appui.

Grand bien lui en fasse, le lac tint. Satisfait de cette petite victoire, son deuxième vint rejoindre la surface gelée et, doté d’un courage qu’il s’ignorait jusqu’alors, il s’avança jusqu’au centre. Il faisait des pas de souris, au début, puis jugeant qu’il ne perdrait rien à accélérer, il se tint plus droit et fit de longues enjambées jusqu’à arriver au strict centre du lac. Tout fier de lui, il se détourna du pseudo-large et se tourna vers Avalon. Il lui adressa un grand signe de bras, comme pour la saluer – ou l’enjoindre à venir vers lui — avant de manquer de se rétamer. Il déchanta très vite, reprenant un équilibre précaire. Ce n’était pas le moment pour s’affaler contre la fine pellicule qui recouvrait l’étendue d’eau. Un mouvement attira son attention, là, sous ses pieds. Intrigué, il se pencha et aperçut une naïade, qui lui adressait un petit sourire en coin. Avec mille précautions, un sourire illuminé sur le visage, il se mit à quatre pattes et regarda droit dans les yeux la naïade – qui, d’ailleurs, semblait s’ennuyer ferme. Quelques autres les rejoignirent, sous la pellicule de glace, et ils se regardèrent dans le blanc des yeux, dans le silence froid de l’hiver. Les lèvres de l’une d’elles remuèrent et, d’un mouvement empressé, il efface la buée qui l’empêchait de bien distinguer les filles de dieux de rivière. Il n’entendait rien – et peut-être comprit-il combien la glace pouvait s’avérer épaisse. Il haussa les épaules, de dépit, et sourit en coin en indiquant son oreille. Excédée de replonger dans son ennui, la naïade – qui avait reconnu le petit garçon bizarre qui papotait parfois en faisant des paniers avec elles – s’enfuit vers les profondeurs du lac, avec un dernier reniflement de mépris silencieux. Certaines s’attardèrent et Narcisse, ivre de bonheur d’être arrivé à bout de sa peur de couler, dessina un petit cœur à la surface de la glace désembuée. Rejoignant la première, les naïades prirent la tangente, décidant qu’elles attendraient la fonte des neiges et de la glace pour lui faire payer son manque d’intérêt. « Tu comptes revenir sur la terre ferme un jour, ou tu vas attendre que la glace fonde ? » Il se releva lentement, hilare. Il avait l’impression que tout prenait un minuscule sens. Il avait le droit d’aller vers le centre du lac. La glace de celui-ci ne s’effondrait pas à tous les coups. Le bonheur, on pouvait l’atteindre. Et il fallait tout miser dessus – car s’il en perdait une petite partie, il lui resterait toujours le reste. Il s’en convainquit, en cet instant très précis, en dardant un regard rieur sur Avalon. Il ignorait si elle était son amie, sa confidente, sa meilleure amie ou la seule personne qui lui restait. Il ignorait tout de ce qu’elle était pour lui – les choses ne rentraient par forcément dans les cases. Avalon était juste Avalon. Il était incapable de la catégoriser autrement.


Il haussa les épaules à l’adresse de la jeune femme, s’apprêtant à lui dire qu’il s’apprêtait à revenir vers elle. Il se demandait bien ce qu’elle avait pu faire durant les minutes qu’il a passé là, dans le froid, à regarder les naïades avec des étoiles dans les yeux. Peut-être l’a-t-elle regardé et l’a trouvé idiot. Peut-être a-t-elle songé à se barrer. L’important est qu’elle est là… et qu’elle s’approche. Les yeux exorbités, son cœur battant à cent à l’heure, il la regarde s’approcher, hésitante mais de plus en plus grande, apeurée mais déterminée. Elle s’approche. Son cœur bat trop vite, songe Narcisse. Je vais mourir. Il a infiniment peur pour elle, qu’elle tombe et arrive dans l’eau. Il sait que si cela se produit, même si il la sauve, elle refusera de s’approcher de l’eau, ou d’approcher Narcisse : elle pourrait le penser responsable de la témérité qui l’avait amenée jusque là. Avec une angoisse croissante et paralysante, étouffante, il la voit arriver jusqu’à lui, juste en face. Elle n’a fait que regarder ses pieds et elle relève le regard vers lui, une lueur, non, un phare de fierté illuminant ses prunelles. Il ne lui dira jamais combien il a eu peur. Il expire lentement et difficilement, en levant les yeux au ciel, tandis qu’elle sourit. « C'est faux : ton meilleur profil, c'est celui de face. » Et elle semble fière d’elle ! Narcisse rosit légèrement, lui tourne le dos alors qu’un petit sourire s’invite sur ses lèvres gelées. « T’es bête. » La remarque sonne affectueuse, tendre. Dans sa petite voix, on sent le sourire sur ses lèvres, on voit les étoiles dans ses yeux, le battement de son cœur qui ne veut pas se calmer. Il se tourne vers elle, tout tremblant d’appréhension et de froid. « Mais courageuse. Je crois que dans l’essence, c’est la même chose. » Il hausse les épaules et s’apprête à regagner le bord, ayant eu son compte de sensations fortes pour la journée. Il mettrait deux petites minutes. Mais le problème, c’est que le soleil se couche maintenant – et non dans deux minutes. Alors, avec précaution, il s’assied sur la glace et regarde le couchant. « As-tu déjà assisté à un coucher de soleil depuis la glace ? » Il lève le regard vers elle, restée debout. « Moi non plus. » Elle ne semble pas favorable à s’asseoir à côté. Il la regarde, la moue très sérieuse. Il n’a pas envie qu’elle tombe, certes, mais pas qu’elle reste plantée là, comme un piquet. « Ca ne risque rien. » Il ment, pas besoin d’être un génie pour le comprendre. Il ment très mal, en plus. Mais un sourire rassurant s’invite sur ses lèvres. « Fais-moi confiance. » Il tapote une place à côté de lui et allonge les jambes, lui-même rassuré. Ses paumes viennent se coller à la surface froide, derrière lui, et il ferme les yeux, inondé de soleil, auréolé d’une joie qui lui semble éphémère. Toujours aucun craquement. Bon. Peut-être a-t-il raison et ils ne risquent rien ? Narcisse ne craint rien, les yeux fermés, un sourire sur les lèvres. Inconscient ? Peut-être. Mais content. « Les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais. » il dit à haute voix, se félicitant de ses lectures intensives – malgré sa légère dyslexie. Il se tourne vers elle, rouvre les yeux. « Et toi aussi. » Son regard est incrédule, à la jeune femme. Elle ne comprend pas. Il s’explique : « Ton plus beau profil, il est de face. » Maladroit ? Ja-mais. Où allez-vous chercher tout ça ?

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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyMar 24 Avr - 9:04



« C'est faux : ton meilleur profil, c'est celui de face. » Elle sourit, fière d'elle. Fière d'être au milieu du lac, d'avoir vaincu une peur parmi tant d'autres, d'avoir été assez forte. Les joues de Narcisse prirent une teinte légèrement rosée, était-ce la gêne de recevoir un compliment ? Ou bien la satisfaction d'en mériter un ? Elle ne saurait le dire puisqu'il tourna sur lui-même, dos à elle. « T'es bête. » On ne lui avait jamais dit ça. Au contraire, on la trouvait souvent brillante, malgré sa dyslexie et son manque flagrant d'intérêt pour tout ce qui touchait de près ou de loin à l'école, l'art plastique mis à part. Et puis, elle avait ce côté fragile et brisée qui faisait que tout le monde prenait des pincettes pour parler avec elle. On se disait qu'elle était comme du verre, prête à se fissurer et exploser en des millions de morceaux au premier choc. Elle, elle se savait forte. Plus forte que le commun des mortels. Mais elle ne faisait jamais rien pour aller à l'encontre de cette image qu'elle dégageait : femme-enfant fragile, prête à se briser à la moindre contrariété. Alors, on lui faisait soit des compliments – comme tu es jolie, Avalon !, comme tu ressembles à ta mère, elle doit être tellement fière !, c'est toi qui a fait ce dessin ? Ohlala, ce que tu es douée ! –, soit on ne lui disait rien et on l'observait avec une indifférence teintée de compassion. T'es bête. Au ton de sa voix, elle comprit que ce n'était pas une insulte dans sa bouche, au contraire, plutôt quelque chose de tendre. Son sourire qui ourlait ses lèvres depuis quelques minutes éclata en rire. Un rire léger, pour ne pas briser la glace. Un rire cristallin, aussi fragile que le lac. Un de ces rires qu'elle avait lorsqu'elle était enfant. Elle posa ses yeux, plissés dans son éclat de rire, sur la nuque du jeune homme, légère et bienveillante. Elle eut une pensée tout à fait déplacée, complètement déraisonnable : la glace pouvait bien se rompre sous leurs pieds, ensemble, ils parviendraient à remonter à la surface. Parce que, comme disait souvent sa mère, lorsqu'elle s'était isolée du reste du monde, l'union fait la force. La première fois, elle l'avait simplement dévisagée. Et puis, elle fronçait systématiquement les sourcils à chaque fois que sa génitrice réitérait cette expression. Aujourd'hui... Aujourd'hui, elle comprenait. Elle jura deviner un sourire sur les lèvres du fils d'Aphrodite, à l'intonation de sa voix, trop affectueuse pour qu'il puisse rester de marbre. « Mais courageuse. Je crois que dans l'essence, c'est la même chose. » Elle leva son regard vers le sien, reconnaissante. Il haussa les épaules. Elle avait beau être habituée aux compliments – pour ne pas briser cette apparente fragilité – mais elle les trouvait tous superficiels. Celui de Narcisse, c'était autre chose... Il reconnaissait qu'elle était courageuse, qu'elle n'était pas faible. Elle lui sourit, d'un sourire trop grand pour être le sien, penserait-elle si elle venait à se voir.

Elle se sentait si légère, le poids de toutes ces choses dont elle se jugeait coupable en moins. Elle se plaisait à penser que lui et elle venaient du même moule. Et que, avec leurs deux caractères si solitaires, nostalgiques et écorchés, ils parvenaient à sourire, à rire, à être un tantinet heureux. Mais, après tout, ne disait-on pas en mathématiques que moins et moins faisaient plus ? Elle constata avec surprise que le soleil allait déjà bientôt disparaître. Combien de temps s'était écoulé depuis qu'ils étaient enfin parvenus à aller à l'encontre de leur règle de ne jamais se parler, de se contenter d'accepter l'autre, et de, sans parler d'amitié, ressentir une minime sympathie silencieuse envers l'autre ? Elle avait l'impression que tout ça, c'était il y a une éternité. Elle avait beau essayer, elle ne parvenait plus à se souvenir de toutes ces journées passées l'un à côté de l'autre, mais si loin paradoxalement. Une barrière qu'ils avaient eux-même érigés entre eux. Soudain, il s'assit lentement sur la glace. « As-tu déjà assisté à un coucher de soleil depuis la glace ? » Elle était toujours debout, face à lui, l'observant silencieusement, ne comprenant pas où il voulait en venir. Surprise de le voir prendre autant de temps avant de regagner le bord, lui qui avait l'air d'exécrer tant ce milieu du lac, à l'équilibre si fragile, si instable, si dangereux. Doucement, sans même qu'elle ne s'en rende compte, sa tête tourne de gauche à droite d'elle-même. « Moi non plus. » Soudain, elle comprit. Elle le regarda, les yeux légèrement écarquillés, imperceptiblement, les sourcils à peine froncés. Mais pour lui, ce sera amplement suffisant : il comprendra qu'elle ne peut pas, que ça, c'est au-dessus de ses forces. Il posa sur elle un regard pénétrant, l'air sérieux. À son regard, elle comprit qu'il voulait qu'elle s'assoit, comme lui. Là, elle voudrait hocher négativement la tête, mais ses membres restaient figés. « Ca ne risque rien. » Brusquement, elle sourit de nouveau. Mauvais menteur, ne put-elle s'empêcher de penser à cet instant. Mais il lui sourit aussi, se voulant rassurant. Et, bizarrement, son sourire avait l'effet escompté. Immédiatement, elle sentit la peur la quitter lentement, alléger son estomac qui pesait énormément, tout à coup. « Fais-moi confiance. », acheva-t-il. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, elle fit doucement oui de la tête. Il tapota une place à côté de lui et allongea les jambes. Encore légèrement angoissée – mais bons dieux, qu'est-ce qu'elle est en train de faire ? –, elle parvint néanmoins à prendre sur elle et, le plus lentement possible, elle l'imita et s'installa sur la glace. La glace sous elle la fit légèrement frissonner, mais si elle arrivait à s'assoir dessus, elle résistera bien au froid.

Elle adopta la même position que Narcisse : jambes allongés, paumes de mains sur la surface gelée mais, contrairement à lui, elle garda les yeux grand ouverts. Un autre trait propre à l'artiste qu'elle était : ne jamais fermer les yeux, au risque de perdre la beauté éphémère d'un instant. Toujours à l'affut du moindre mouvement, de la moindre teinte de couleur qui viendrait illuminer le paysage, du moindre détail qui saurait rendre un portrait initialement banal tout simplement unique. Elle jeta une rapide œillade à côté d'elle et remarqua le sourire qu'il arborait. Elle se surprit à sourire, elle aussi, malgré la peur qui pointe encore dans son estomac. « Les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais. », dit-il mais elle ignorait s'il lui adressait cette citation ou s'il se contentait de penser à voix haute. « Oscar Wilde. », approuva-t-elle néanmoins d'une voix un brin enrouée. Alors, il se tourna vers elle, les yeux de nouveau ouverts. Sentant un mouvement de sa part, elle fit de même et se retrouva les yeux bien en face des siens. « Et toi aussi. » Elle le regarda, incrédule, ne comprenant pas où il voulait en venir, une fois encore. Voyant certainement son désarroi, il ajouta quelque peu maladroitement : « Ton plus beau profil, il est de face. » Elle sourit encore une fois et elle se demanda silencieusement s'il n'avait pas un don particulier pour la rendre plus favorable à la bonne humeur. Puis, un silence s'installa de nouveau entre eux. Un silence qui, pourtant, n'avait rien à voir avec aucun des précédents. Celui-là était juste rassurant, reposant. Un silence familier et presque intime. Un silence, à deux, comme ils sont seuls, ensembles.

Doucement, le soleil termina sa course et Avalon se surprit à faire un léger mouvement de main en direction de l'astre. Les yeux brillant d'une mythologie inconnue, d'un amour incompris, un sourire nostalgique, quoiqu'un peu triste, ourlait ses lèvres. Sentant le regard insistant et incompréhensif de Narcisse, elle avoua, à demi-voix, sans le regarder : « C'est mon père. » Tous les sang-mêlés le savaient : Apollon, dieu des arts, était aussi chargé de tirer le soleil. Alors, elle se surprenait parfois à simplement sourire en direction du ciel, à mouvoir imperceptiblement et silencieusement ses lèvres, adressant à son géniteur quelques mots d'une fille à son père. Elle aimait ces instants, parce qu'elle avait toujours l'impression qu'il était plus proche d'elle, qu'il pouvait l'entendre et la voir, et qu'il lui souriait en retour. Peut-être vivait-elle dans de faux-espoirs, que le dieu se contentait de traîner le soleil à bord de son char, et qu'il ne la regardait plus depuis qu'elle avait été revendiquée mais, si tel était le cas, elle préférait se bercer de ses douces illusions et continuer de penser qu'elle existait à ses yeux, qu'il l'aimait, à la manière d'un père. Elle voudrait demander à Narcisse s'il lui arrivait, à lui aussi, d'avoir quelques moments où il se sentait proche de sa mère. Mais, elle se souvint que certains sang-mêlés n'aimaient pas leurs parents divins, qu'ils leur en voulaient pour leur absence. Alors, elle ne dit rien et se contenta de savourer ces quelques minutes de silence. Elle crut voir un mouvement, sous la glace et, alors que la lune commençait tout juste à pointer le bout de son nez, Avalon jugea qu'il était temps de se lever. Avec la plus grande précaution, elle s'appuya sur ses bras et se releva doucement. Elle jeta une rapide œillade à Narcisse, un sourire se voulant amusé au bord des lèvres : « Il faut y aller ou la glace va vraiment fondre. » Elle ne voulait pas qu'il la juge peureuse mais, comme tout le monde, elle avait ses limites : et elle venait de les atteindre. Elle avait réussi à aller jusqu'au centre du lac, physiquement parlant, et elle n'était jamais allée aussi loin depuis la mort de Nash. Qu'importe qu'il soit gelé ou non, c'était la même chose pour elle. Elle tendit une main au brun, pour l'aider à se relever, tira fort une fois qu'il la lui donna et marcha doucement jusqu'au bord du lac, s'accordant même à glisser sur la glace sur les derniers centimètres. Puis, plus rassurée en sentant la terre ferme sous ses pieds, elle se permit d'accélérer sa marche, se dirigea vers l'arbre sous lequel elle s'était assise précédemment, récupéra son précieux carnet et le serra tout contre elle, rassérénée par ce simple contact. Elle se tourna ensuite vers le fils d'Aphrodite et lui fit un grand sourire, puis, muée par un élan de témérité, elle ouvrit son cahier et lui tendit la feuille où elle avait fait son portrait, lorsqu'il était seul sur la glace. Les yeux du jeune homme se baissèrent sur le croquis, elle le regarda, amusée et un tantinet fière d'elle : « Quand je te disais que ton meilleur profil était de face. » Moins et moins faisaient plus, se répéta-t-elle malgré elle.
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MessageSujet: Re: narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) narcalon Δ dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel (ended) EmptyLun 16 Juil - 16:59

Il était content d'être monté, d'avoir escaladé son mur de réticences et de vexation, de peur de l'abandon et de peur de s'attacher. Ce mur qu'il s'était construit avec les années, un grand mur en béton armé que certains avaient tenté de traverser, de détruire pour se faire une place dans son cœur. Ils pensaient certainement que c'était à eux de faire un pas – ça n'avait jamais été le cas. Le chevalier ne pouvait pas monter dans la tour sans la chevelure de la princesse ; la porte ne saurait être déverrouillée avec la clef dans la serrure de l'autre côté. Ils avaient toujours pensé que Narcisse se sentait seul, et ils avaient toujours pensé qu'il avait besoin de compagnie. Mais non. Il n'aurait jamais laissé entrer quelqu'un s'en s'assurer qu'il ne escaladerait pas le mur dans l'autre sens, qu'il ne couperait les cheveux pour repartir, qu'il ne verrouillerait pas la porte derrière lui afin de rester avec lui, toujours. Et c'était folie de penser que ce serait le cas avec Avalon. Folie de penser qu'elle serait toujours là, un rocher se tenant bravement malgré les tempêtes et les tornades. Mais ça faisait tellement du bien qu'on pouvait à peine le blâmer de, pour une fois, se laisser aller. Cette révélation était affolante. Il lui avait suffit qu'Avalon lui envoie son baudrier et de quoi s'assurer de sa montée pour que Narcisse se décide enfin à tenter de monter, de s'accrocher aux prises branlantes pour se tenir au-dessus de ses doutes et incertitudes. Et qu'il se sentait fort ! Telle Rose sur son bateau, bras étendus, vent lui caressant légèrement le visage, Jack la tenant pour s'assurer qu'elle ne tombe pas à l'eau. Oui, Narcisse se sentait ainsi. Libre mais sécurisé. Le petit compliment a sautillé dans l'air sans réponse, mais c'était un sans réponse relativement agréable vu qu'il n'était ni tendu ni gêné. Ils étaient juste là, assis au milieu d'un lac gelé qui risquait de se fissurer toutes les deux secondes, elle à regarder le coucher de soleil et lui à profiter des dernières chaleurs sur sa peau, ensemble mais seuls, seuls mais ensemble. Il ne pensait presque plus à ce qu'elle lui avait révélé, ce qu'il lui avait révélé. Il avait relégué cela au rang d'indésirables&oubliés. Le genre de truc qu'on est content d'avoir dit mais qu'on ne veut plus avoir à entendre, en somme. Narcisse profita silencieusement des derniers rayons de soleil dansant sur sa peau, son sourire toujours étiré sur ses lèvres – qu'il allait avoir mal aux zygomatiques le lendemain ! – comme s'il n'aurait su trouver un endroit plus confortable et agréable sur Terre. Même la morsure froide de la glace sur ses mains n'arrivaient pas à le reconnecter à la réalité. Il inspira profondément, une fois que le soleil ne fut plus qu'un vague souvenir à l'horizon, l'air gelé lui meurtrissant les poumons – une meurtrissure agréable, toutefois. Narcisse se sentait différent. Mieux. Comme si son petit prince avait décidé de rester auprès de lui, après tout.

Il ouvrit un œil. Quelques éclats ensoleillés persistaient, spectacle magnifique dans le ciel coloré de mauve qui finirait bleu marine, bleu profond, bleu nuit. Avalon fit un geste à côté de lui et il la regarda, incompréhensif – il avait peur qu'elle s'affole de, par exemple, une abeille et qu'elle fasse se fissurer le lac sous eux. « C'est mon père. » expliqua-t-elle et il hocha la tête en comprenant. Il aurait bien aimé avoir un astre à idolâtrer. Mais à part s'agenouiller devant une rose ou la Vénus de Milo (Narcisse manquait cruellement d'imagination), il ne savait pas vraiment comment adresser des prières à sa mère. Evidemment, à tous les dîners, il lui accordait les deux tiers de son repas en murmurant un remerciement ou une prière. Malgré tout, le brun éprouvait un grand respect pour sa mère, une admiration sans bornes, un amour de fils même éloigné. Il ne lui en voulait pas d'être absente ou d'avoir rendu son père fou. Non. Elle était une Déesse donc, pas définition, plutôt occupée. Ce n'était pas de sa faute, ça ne pouvait être de sa faute. Ce serait comme reprocher à Hélène d'avoir été trop belle et d'avoir provoqué la Guerre de Troie. On ne pouvait rien reprocher à la Beauté – on pouvait tout reprocher à ceux, naïfs, qui étaient aveuglés par elle et agissaient tels des idiots. Il sourit doucement à Avalon qui ne le regardait pas, un sourire au ralenti et un peu tendre, un peu envieux. En dardant son regard sur les derniers rayons de soleil – qui semblaient comme avalés par l'horizon – il se passa une main dans les cheveux, tout en se bornant dans ce silence agréable. Enfin Apollon finit sa course et disparut pour les douze prochaines heures. Ils restaient là, indifférents au froid qui leur foutait la chair de poule, sensibles au silence qui, éternellement, les séparait mais paradoxalement les rapprochait. Finalement, la jumelle du dieu du Soleil, Artémis, prit le relais et Narcisse s'assombrit un tout petit peu quand la corne de la Lune se fit apercevoir au loin. Ses sourcils se froncèrent légèrement et un œil aguerri aurait vu ses muscles raidis, ses doigts blanchissant en s'appuyant sur la surface froide et glissant du lac gelé. Un sentiment étrange lui étreignit le cœur. Comme s'il avait trahi Amour avec cette soirée, comme si il avait sali sa mémoire à osant se rapprocher de quelqu'un d'autre. Il se mordit la lèvre de l'intérieur en regardant l'astre lunaire commencer son cycle à son tour, ne pensant presque plus à la présence de l'« Apollon » à côté de lui. Elle l'arracha de sa rancoeur par un sursaut en parlant : « Il faut y aller ou la glace va vraiment fondre. » Mine de rien, Narcisse se détendit légèrement en la regardant. Il ne l'avait pas trahie. Elle l'avait trahi, lui. Non. Il avait juste tenté d'oublier la plaie qu'elle avait laissé en lui – et c'était tout à fait légitime. Et puis, Avalon était tellement belle quand elle souriait.

Elle lui tendit la main. Il avait l'impression que cette rencontre se succédait rapidement en plusieurs métaphores – mais cela ne l'agaçait pas. Elle lui tendait la main, malgré l'obscurité grandissante, malgré le fait qu'ils soient presque plus des inconnus, malgré le fait qu'ils soient plus seuls à deux mais juste deux. Et il sourit légèrement en coin, car ce petit geste était suffisant pour lui faire oublier Artémis qui les survolait, les Chasseresses qui, quelque part, chassaient quelque monstre et Amour qui, immanquablement, l'avait oublié. Il prit sa main et, se levant, il lâcha un « il faut s'y attendre, après tout, j'suis chaud comme la braise. » ce qui était sûrement une réplique idiote et fanfaronne – mais il se sentait moins lourd, plus léger, plus heureux ainsi, avec cette main, ce lac, cette soirée folle, le soleil couché et même la simple présence de la demi-déesse à ses côtés. Ils se lâchèrent et, en silence, revinrent vers la terre ferme. Il se tenait derrière elle, les mains dans les poches, se passant tantôt une main nerveuse dans les cheveux, s'assurant qu'elle ne glisse et ne tombe pas. Il s'en serait voulu à mort qu'elle tombe et qu'elle soit encore plus traumatisée qu'avant – par sa faute, qui plus est. Elle fit mine de glisser sur les derniers centimètres et cela laissa un Narcisse mortifié, qui venait de vivre une énième crise cardiaque si bien qu'il sourit, rassuré, quand ses propres pieds touchèrent les herbes folles bordant le lac. « C'est agréable aussi d'avoir les deux pieds sur Terre » rit-il légèrement en la suivant jusqu'à l'arbre où elle prit un carnet (c'était donc un carnet!) et où il s'assit, les jambes tremblantes. Car mine de rien, entre la glace fine et fragile et la glissade de la fin, il avait eu une sacrée peur, le grand héros. Il regardait le lac avec un grand sourire, heureux d'être venu à bout, d'avoir construit comme un pont entre l'abandon et l'attachement. Avec une Avalon qui se tourna vers lui, qui récolta son regard interrogateur. Qui lui tendit une feuille. Par pur mécanisme, il s'en empara et commença à regarder ce qu'il y avait dessus, sans trop savoir à quoi s'attendre. Certainement pas à ça. « Quand je te disais que ton meilleur profil était de face. » fit Avalon mais il ne l'écoutait pas, regardait le dessin sans trop savoir ce qu'il ressentait à ce propos. Car c'était un dessin, un croquis, une esquisse, une œuvre... de lui. Sur lui. Il était là, planté fièrement sur son royaume de glace, poings serrés dans les poches, air impénétrable et légèrement rêveur, plus beau qu'il ne rêverait jamais de l'être. Après une, deux, trois longues minutes de silence, à se nourrir avidement de chaque trait sur la feuille, Narcisse leva le regard vers la jeune femme, troublé. « C'est toi qui as fait ça ? » demanda-t-il idiotement. Evidemment que c'était elle.

Il ne trouvait pas ses mots, ils s'échappaient. Il se dit que le silence était parfois la meilleure des réponses mais pas dans ce cas-là. Il ne voulait pas la gêner, surtout pas. Il darda une nouvelle fois le regard sur le dessin. Plus réaliste tu meurs. « Tu... c'est... waouw. T'as vraiment un sacré coup de crayon » bégaya-t-il. Du bout du doigt, il caressa une ombre sur le lac, en faisant bien attention de ne pas faire s'étaler le gris. C'était magnifique. Il sourit légèrement, un poil vaniteux – alors qu'il semblait savoir mieux que personne que memento mori mais bon, on ne pensait pas forcément à sa mort en regardant telle œuvre – et darda à nouveau noir dans celui, tout aussi sombre, de sa vis-à-vis. « C'est magnifique. » dit-il sincèrement en lui tendant la feuille délicatement, de peur de la froisser et de gâcher l'esquisse. Il aurait bien voulu la garder mais il trouvait plus poli de la lui laisser. Il se leva lentement, sans la lâcher du regard. « Tu dessines vraiment bien. » répéta-t-il dans un murmure, détournant le regard vers les bungalows. Il pensa, à nouveau, que le silence parlait mieux que le mot. Il prit sa respiration, s'apprêta à rajouter quelque chose – il allait sans doute parler de tout ce qu'il venait de faire, de dire, de vivre – quand un énorme bruit de conque résonna, le faisant sursauter. L'heure du dîner. L'heure où chacun se détournait pour aller d'un autre côté. Il se plongea corps et âme dans les yeux marron sombre d'Avalon, sans sourire, sans froncer les sourcils, sans rien.

On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.


→ topic fini

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