Histoire de se retrouver entre deux perfusions ♦ - Zayne&Sym

Histoire de se retrouver entre deux perfusions

le 28 décembre

"Ils sont revenus !" A peine le temps d'ouvrir les yeux, d'observer l'agitation autour d'elle qu'on lui criait déjà à l'oreille "...ils sont à l'infirmerie ! bon sang, REVEILLE TOI !" "Merci Jason, je t'aime également." Il fallut plusieurs minutes à la demi-déesse pour comprendre ce que baragouinait son demi-frère, à peine âgé d'une douzaine d'années, lui aussi en pyjama et du sable pleins les yeux. C'qu'il était chou, ce môme avec ses yeux bleus et sa masse de cheveux brune à courir partout, toujours hyperactif et énergique. On pouvait jamais l'arrêter, une vraie bombe ! Bon, il était tout de suite moins mignon à s'énerver tout seul et à devenir aussi rouge qu'une pivoine, faisant ressortir ses petites veines sur son front. Mais qu'est ce qu'il avait à être si nerveux dès le matin ? C'est ça le problème avec les petits, ils savent jamais quand s'arrêter. Est-ce qu'elle était comme ça, gamine, à sauter partout et à crier comme une forcenée dès qu'elle saluait quelqu'un ? Sans doutes mais sûrement qu'un peu. C'est pas COMME si elle jetait tout ce qu'elle trouvait sous sa main dès que quelque chose la contrariait... Ouais bon. "Oh oh. OH ! QUOI A LA FIN ?!" Quoi, elle représentait l'autorité dans le bungalow ou pas ?! C'était pas un enfant trop envahissant qui allait la faire... "Alienor, Zayne, Rain ! Ils sont à l'IRFIMERIE !"
Habillée d'un simple jean, d'un pull trop long et sans chaussures, Simphonie partit en courant vers la maison bleue.

Plusieurs jours que les héros étaient partis afin de risquer leurs vies pour accomplir la quête de la Rose des Vents. Plusieurs jours que les questions des pensionnaires se faisaient plus nombreuses, empressées, qu'elles adoptaient des accents inquiets et pour certaines désespérées. "Des nouvelles ?". "Vous savez quand ils reviennent ?". "Des blessés ?". Pour toujours les mêmes réponses lasses du personnel de la colonie qui ne pouvait rien fournir d'autre que des piètres "On ne sait pas, lorsque nous le saurons, vous le saurez.", "Aucunes nouvelles, ils sont toujours là-bas". Et plus le temps passait, plus l'inquiétude la fille d'Aphrodite se faisait grande. Deux de ses amis étaient partis pour Chicago des jours auparavant. Le troisième choix de héros lui avait d'ailleurs semblé ridicule : c'était une certaine Rain qui avait accompagné le frère et la soeur, une toute nouvelle fille de Déméter arrivée depuis quelques mois à la colonie. Le directeur de la Colonie ne lui avait jamais semblé plus idiot et irresponsable. C'était encore une gamine, (Et le fait qu'elle aie le même âge ne l'effleura pas un instant) elle se ferait blesser ou peut être pire, c'était certain !

Quand à la fille et au fils d'Héphaïstos, la blondinette s'était carrément rongé les sangs. La seule quête dont se souvenait Simphonie était celle que Scotland, Joshua et Théa avait accomplie ensemble. Au bout d'un bout de temps interminable, Scotty et Josh étaient revenus. Sans Théa. Raison de plus pour que le temps lui semble long.
Après une course à travers toute la colonie pieds nus sur les graviers des chemins, un dérapage contrôlé lorsqu'elle avait passé la porte du grand édifice, elle arriva à bout de souffle à la porte de l'infirmerie où on lui demanda gentiment d'attendre que les Apollons en aient finis avec les patients. "Les "patients"... ils sont blessés. C'était évident." Rageant, elle s'assit sur une des chaises de l'infirmerie, refermant ses bras sur ses jambes, les ramenant contre elle et rentrant sa tête entre elles. Elle détestait ça, être complètement impuissante face aux évènements, devoir supporter et attendre encore et encore. Depuis quand étaient-ils partis ? La dernière fois qu'elle avait vu Zayne, ce grand blond au regard enfantin, c'était pour se disputer avec lui. Une idiotie, rien du tout mais à cause de ça, elle l'évita pendant un moment. Fâchée pour des broutilles, elle n'avait même pas pu lui dire au revoir ou même "pardon"... Non, ça elle ne l'aurait certainement pas dit.

Quand on vint la chercher, elle se leva doucement, soudainement moins emballée. Elle irait certainement voir Aliénor plus tard, d'autres filles ayant rejoint Simphonie pour se diriger directement vers sa chambre. Il ne restait donc plus que lui, aller voir une inconnue ne l'enchantant pas plus que ça dans la mesure où elle ne savait même pas comment aborder quelqu'une qu'elle connaissait. Peut être que lui, lui en voulait encore. On ne sait jamais avec les garçons, toujours si... hum imprévisibles ? S'il la repoussait ? S'il lui demandait de partir ? S'il...
Un léger pressement sur son épaule la fit sortir de ses rêveries. Le satyre lui demandait de se dépêcher. Respirant un grand coup, elle avança pour se trouver à la porte du garçon. "J'ai même pas de fleurs ni de chocolats". Elle était géniale ; partie si vite qu'elle avait oublié ne serait-ce qu'un jus de pomme en guise d'offrande. Secouant doucement la tête en grommelant, elle ouvrit la porte et pénétra dans la chambre. Elle retint un petit cri qui mourut au fond de sa gorge.

Des bandages zébraient le visage de Zayne de part en part comme d'immenses griffures. Des perfusions étaient reliés à ses bras et une couverture cachait le reste de son corps. A sa vue, des larmes vint rapidement aux coins des yeux de la fille d'Aphrodite pour qu'elle les refoule aussitôt. Sa réaction ? Légèrement exagérée, j'en conviens. Mais voir quelqu'un mal en point n'a jamais été son fort, mince euphémisme pour traduire un puissant mal être.

Allongé, elle ne vit pas s'il était conscient ou pas. Elle se contentait de rester dans son coin, une main autour de son ventre, l'autre sur son visage.

-Z-..Zayne ?

histoire de se retrouver entre deux perfusions

Ce n’était pas assez. Voilà tout ce qui me tourmentait. Ce n’était pas assez. Tel un boomerang fourbe, la douleur était revenue. Je me souvenais du satyre, de son empressement, ses yeux inquiets. Je me souvenais de l’aéroport puis… rien. C’en était trop, déjà. Tous mes muscles me hantaient et je me découvrais de nouveaux os à briser, de nouvelles blessures à réparer. Ma tête ? Passée sous tous les trucks du syndicat des camionneurs. Mon corps ? Inerte, pétrifié, douloureux, courbaturé et d’autres joyeusetés. Je n’en pouvais plus. Ok, Hercule avait porté le ciel sur ses épaules ; ok, Orphée avait ramené sa meuf d’entre les morts ; ok, me battre avec une sphinge et un dieu des vents étaient de très mauvaises idées. On faisait de biens piètres héros, tout de même. Mais on avait ramené la rose des vents. C’était le principal. Je m’accrochais à ces deux sangs-mêlés, des « Apollon » sûrement, qui m’abandonnèrent dans un lit avant que je ne sombre dans un lourd et profond sommeil. Un lourd et profond sommeil empreint d’inquiétude, de doutes en tout genre et de peur, surtout. Et la souffrance ? Evidemment. Omniprésente. Quand j’ai finalement rouvert un œil, je ne pouvais voir que le plafond. Enfin, une partie du plafond. L’autre partie… était blanche. D’elle-même, ma respiration s’est accélérée et mon pauvre cœur a commencé à battre la chamade. Je ne voyais que d’un œil. J’ai fini par piger, à grand mal, que l’on m’avait enserré la tête de bandages. De bandages. J’ignorais pourquoi. Je ne me souvenais pas pourquoi. Je n’ai pas essayé de bouger, j’ai préféré rester immobile en attendant quelqu’un. Que pouvais-je faire d’autre ? Songer. Voilà. Songer. Ce n’est pas le fait de songer qui va faire changer le monde… « Z-..Zayne ? » a fait la petite voix, quelque part. Je n’avais entendu personne entrer. Je n’arrivais pas à bouger le bras, en plus. J’aurais volontiers tâté ma ceinture à la recherche de mon éternelle épée… mais impossible. De véritables poids clouaient mes bras au matelas moelleux. J’ai essayé de voir l’origine de la voix mais, ratée, elle se trouvait à droite donc dans l’angle mort. J’ignorais qui cela pouvait bien être. J’entendais une respiration, certes, mais ça s’arrêtait là. C’est que mon cœur faisait un vacarme, dans mes tempes, et que ma propre respiration était difficile, heurtée et légèrement paniquée. « Rai… Rain ? » est la seule chose que j’ai réussi à dire, les lèvres sèches et engourdies. La seule chose qui m’a traversée l’esprit, aussi. Cela ne pouvait pas être Rain. Rain était… Rain était quelque part, mais pas là. La sphinge l’avait torturée. Cela m’a fait l’effet d’un speed immédiat, une adrénaline et drogue pures projetées dans mes veines. Mon sang se glaça, avant que je n’arrive à me calmer tel que l’on m’avait appris – un deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix. Voilà. Si ce n’est pas Rain, ça pourrait être qui ? L’étranger n’a pas répondu. Si ça se trouve, la personne n’a pas entendu : ce n’est qu’un murmure qui s’est échappé de mes lèvres.

J’ai mal à la lèvre. Je crois qu’elle est fendue, bandée aussi. J’ai mal à la mâchoire. J’ai mal partout. A l’intérieur, je carbure, je panique, je me calme. Qui cela peut-il bien être ? Aliénor ? Certainement pas. Amochée, comme nous trois, les « trois héros de la quête de la rose des vents ». Non. Siam, peut-être ? Quoique. On ne s’est pas quittés dans de bons termes, après tout. Si j’ai de la chance, c’est Avalon. Elle me dira sûrement que je devrais savoir comment protéger mes arrières, après tout ce temps. Et que je suis le sauveur le plus pourri de l’univers. Oui. C’est sûrement Avalon. J’essaie de me redresser, en dépit de la douleur… impossible. « Qui ose gêner le sommeil du grand héros ? » j’arrive à articuler, persuadé de trouver la brune. Mais non. Non, je vois Simphonie. Bon, en fait, je sens Simphonie (pas une fille d’Aphrodite pour rien), j’aperçois une mèche de ses cheveux et je conclus. Le sourire que j’ai essayé – vainement – de former retombe. Mince. Elle va me reprocher un truc. Zeus… tuez-moi.

Spoiler:

« Rai… Rain ? »

Simphonie se mordit la langue. Le jeune homme, l'esprit embrumé, était encore dans la quête et les seules personnes qui gravitaient autour de lui étaient ses deux coéquipières, Rain et Alienor. On ne lui avait pas encore raconté les péripéties de leur voyage ni leur dénouement. Elle n'était même pas certaine que le trio aieramené la Rose des Vents et pour tout dire, elle n'y accordait aucun intérêt. Tout ce qu'elle constatait, c'est que les trois héros étaient dans un lit d'hôpital, couvert de multiples blessures, aussi graves les unes que les autres. La Rose des Vents était le dernier de ses soucis même si elle vouait un profond dégout au froid qui avait envahi la colonie.

"Rain est dans une autre chambre, tout va bien."

Parvint-elle à murmurrer. Enfin, même cela, elle n'en était pas sûre et elle se sentit d'une profonde inutilité. Si Zayne posait des questions, elle serait incapable d'y répondre. Sa visite ne rimait à rien. Pourtant, elle tenait à être là, juste là, même s'ils ne parlaient pas. En fait, elle préférerait même le blond dorme afin de ne pas avoir à s'expliquer ni même à tenir une discussion. Juste savoir qu'il était vivant lui suffisait. Elle aurait peut-être du ouvrir la porte, le voir un instant afin de s'assurer qu'il était vivant, la refermer pour s'enfuir en galopant et se cacher comme un lapin. Mais ça aurait été fuir et elle le refusait.
« Qui ose gêner le sommeil du grand héros ? »
Elle avait visé juste, le fils d'Hephaïstos était dans un tel état qu'il ne voyait pas qui venait lui rendre visite. Elle ne savait pas comment faire pour se présenter, quoi dire ni généralement quoi penser. Le sourire qu'elle avait vu ourler ses lèvres disparut aussitôt et elle sut qu'il l'avait aperçu. Alors, elle avait eu raison ? Il ne voulait pas qu'elle soit là ? Ils s'étaient quittés alors qu'ils étaient dans une période de froid, mais elle n'aurait pas cru qu'il serait encore en colère contre elle. Pour la fille d'Aphrodite, tout c'était évanoui alors qu'elle avait su qu'ils étaient partis en quête et sa rancune s'était évanouie. L'"imbécile" était devenu le "pauvre" et la colère de l'inquiétude. Et voilà qu'elle se retrouvait là, les bras inutilement serrés autour de son ventre, ses yeux balayant le corps meurtris de Zayne... Ouais, si elle le quittait, elle s'en voudrait sûrement.

"Zayne..."

"Bien Simphonie, maintenant essaie un autre mot." S'avançant vers le lit et découvrant alors en détails les lésions du garçon, ce fut une pulsion, elle ne se retient pas. Si ses gênes de fille de l'Amour lui jouait des tours, c'était exactement dans ce genre de cas qu'ils se manifestaient. Elle ne réfléchit même pas à la douleur qu'elle lui infligerait ni à sa réaction : elle se jeta à son cou tout en disant, déballant les premières phrases qui lui venaient :

"Je suis désolée ! Je suis vraiment vraiment vraiment désolée ! Ne m'en veux pas, je suis une idiote, c'était ma faute, j'aurais jamais dû m'énerver contre toi. C'était pas ta faute, c'est à cause de moi qu'elle est tombée. Je suis désolée. Ne m'en veux pas."

Spoiler:

« Rain est dans une autre chambre, tout va bien. » Un immense soupir m’a pris les entrailles, les a lentement gonfler avant de les apaiser. Réconfortées. Autant que des entrailles peuvent être réconfortées. La chamade de mon cœur n’a pas réussi à se calmer (d’ailleurs, je remerciais intérieurement les « Apollon » qui s’étaient occupés de moi de ne pas avoir mis de machines qui font bip-bip quand ton cœur bat) car, quoi qu’on me dise, je la sentais en danger. Je ne la sentais pas sûre, safe and sound, dans un endroit où tout irait bien. Je m’inquiétais viscéralement pour Rain et rien ne me calmerait : ni les petits paroles de la personne mystère ni de la voir en train de dormir dans un lit confortable. Juste… juste elle en train de sourire. Voilà. Ça, ce serait réconfortant. Compréhensible. J’arrêterais de m’inquiéter. Promis juré. J’avais reconnu Simphonie, d’ailleurs. Un joli parfum, agréable, son odeur en fait. C’était rassurant, de se dire que finalement, j’étais bien retourné à la colonie ; mais c’était un peu angoissant de se dire que c’était elle qui m’accueillait. On ne s’était pas quittés dans de bonnes conditions, disons, parce que une semaine après notre altercation, je m’envolais pour Chicago. La daube. J’allais mourir. Elle allait me poignarder car j’avais fait du mal à Siam. « Zayne... » définitivement, c’était elle. Je reconnaissais sa petite voix, son léger accent trop mignon, sa manière de prononcer mon nom : je la reconnaissais, même avec les yeux fermés et les esgourdilles en réparation. Je n’ai pas réussi à sourire. Elle semblait inquiète, ou en colère. Mes paupières se sont closes, dans une grimace sans doute démesurée, attendant le choc d’un couteau en bronze céleste me laminant la chair, pour m’achever, quand elle m’a foncé dessus. Mode boulet de canon. Mode « je te rouvre tes blessures ». J’ai arrondi des yeux ronds comme pas possibles alors qu’elle disait, sans s’arrêter : « Je suis désolée ! Je suis vraiment vraiment vraiment désolée ! Ne m'en veux pas, je suis une idiote, c'était ma faute, j'aurais jamais dû m'énerver contre toi. C'était pas ta faute, c'est à cause de moi qu'elle est tombée. Je suis désolée. Ne m'en veux pas. » (au début, j’ai cru que c’était pas Simphonie vu le discours que cette personne tenait mais j’ai reconnu ses cheveux – oh yeah). Je n’ai pas su quoi dire, alors qu’elle m’enserrait comme les gens serrent les cadavres entre leurs bras, dans les séries. Je n’ai pas su quoi dire, alors qu’elle semblait suffisamment désespérée pour tenir tel discours, tels mots à mon égard. Genre elle voulait que je l’excuse ? Bah ok. Cool. En fait, pour tout dire, j’en avais presque oublié notre désaccord. J’étais un peu trop occupé à essayer de survivre, en fait, excusez-moi hein. « Sim… tu m’fais mal. » est la seule chose que j’ai grogné, de mauvais poil et sentant chaque fibre de mon corps protester contre l’étreinte de la jeune femme. Je l’adorais, évidemment, mais bon… pas en ce moment très précis. Avec douceur, elle s’est séparée de moi, me regardant droit dans les yeux – ouh, proximité proximité – quand j’ai réussi à sourire, malgré la douleur (traduite par un long frémissement) que me procurait ce geste. « Tu sais que je m’en suis beaucoup voulu ? Mais on s’en fiche, non ? Cela n’est plus à l’ordre du jour. » si j’aurais pu, j’aurais mordillé ma lèvre inférieure mais non, j’avais décidément trop mal. « Enfin… Siam m’en veut ? Beaucoup ? Un peu ? Elle me déteste, non ? »

« Sim... tu m'fais mal. » Simphonie rouvrit doucement les yeux qu'elle avait fermés sous le coup de l'émotion pour se rendre compte dans quelle position elle était. A la manière dont ses bras serraient le cou de Zayne, il n'était pas impossible que le garçon meurt d'une hémorragie interne avec quelques os fracturés en plus. Alors aussi précautionneusement que possible, la jeune fille se détacha du blondinet tout en essayant de ne pas lui causer plus de mal qu'il en avait déjà. La délicatesse chez Simphonie ? Elle se réduisait à un mythe, une légende. La preuve : en guise de cadeau pour des retrouvailles, elle avait sans doute rouvert tous les points de sutures de Zayne. Haha, elle savait que cette matinée serait mémorable.« Tu sais que je m'en suis beaucoup voulu ? Mais on s'en fiche, non ? Cela n'est plus à l'ordre du jour. » Il avait du mal à parler et Simphonie s'en voulut de lui infliger pareil effort. Bien sûr, il n'était pas en sucre mais il aurait sans doute préféré discuter football avec son meilleur ami ou juste se reposer et pas régler des comptes avec une des filles les plus égoïstes de la colonie. Sérieusement, pourquoi avait-elle dû agir sur un coup de tête ? Il aurait été beaucoup mieux avec... Siam Lovembruck, même s'il lui en coutait de le dire. Elle ne savait pas si ces deux -là s'étaient réconciliés mais, amis comme ils l'étaient, l'accueil aurait peut-être été bien meilleur. (Bienvenue dans le délire mental d'une fille d'Aphrodithe en manque de sommeil). Elle resta silencieuse, baissant la tête tout en regardant ses pieds. « Enfin... Siam m'en veut ? Beaucoup ? Un peu ? Elle me déteste, non ? » Tient, lorsque l'on parle du loup... Simphonie esquissa un léger rictus lorsqu'elle entendit le nom de la descendante d'Athéna. Ah, cette fille... Elle ne chercha même pas à faire un quelconque commentaire sur elle, préférant chercher un tabouret tout en réfléchissant à la question.
Lovenbruck... Depuis quand ne l'avait-elle pas vu ? Depuis le départ des héros, elle l'avait entrevu lors de la construction de la tour. Là, elle ne lui avait pas adressé la parole, préférant se taire et travailler plutôt que de recommencer les brimades et les réflexions. En temps normal, elle ne se serait pas gênée, soyons d'accord. Mais cette fois, elle savait parfaitement que quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, elle aurait tort. La nuit qu'elle avait passé à la veiller par simple culpabilité en témoignait. Soupirant, elle s'assit sur le tabouret trouvé dans un coin de la pièce et vint s'asseoir près de lui. Si Siam lui en voulait encore ? Qu'est ce qu'elle en savait ? Cette fille était tellement imprévisible. Mais non, sans doute que non, l'"Athéna" n'en voudrait pas au jeune homme. Avant d'être une garce, elle restait une fille et une fille normalement constituée ne pouvait pas en vouloir ou se souvenir d'un acte passé d'un homme en morceaux. Elle hésita un moment avant de se lancer. "Zayne, elle ne t'en veut pas. Même si vous n'êtes parti que quelques jours, tout le monde s'est beaucoup inquiété pour vous, et je pense que Siam était aussi inquiète que moi. Alors surtout, ne te fais pas du souci pour rien." Elle arrangea les couvertures autour du garçon avant de poursuivre :" Tu veux quelque chose ? Tu as faim, soif ? Tu veux que j'appelle des "Apollons" ? ?"

Il était à la maison. La colonie avait toujours été la maison de Zayne. Depuis ses dix ans, il appartenait à cet endroit plus que n’importe lequel autour du monde. C’est pour ça que, même dans ces circonstances qui auraient pu paraître tragiques, le blond s’estimait plutôt heureux et chanceux. Il était plutôt content d’être parti, enfin, en Quête. A Chicago, de surcroît. Même s’il aurait toujours dit le contraire, cette ville lui manquait. Sauf que, en omettant le fait qu’ils avaient ramené la rose des vents à bon port, la Quête avait été un fiasco total. En plus ramener une indéterminée dans le coma, les deux autres étaient pas mal amochés et, pour l’heure, la neige continuait encore de tomber au-dehors. Bien moins violente qu’à leur départ, certes, mais toujours présente. Zayne tourna la tête vers la fenêtre, détaillant les flocons qui s’accrochaient paresseusement à la vitre. Finalement, l’inquiétude reprit le dessus et, plutôt que de prendre des nouvelles de Simphonie ou de la colonie en général, il s’était inquiété pour Siam : « Enfin... Siam m'en veut ? Beaucoup ? Un peu ? Elle me déteste, non ? » C’était plutôt égoïste et, cette fois encore, plus à l’ordre du jour mais Zayne ne pouvait s’en empêcher. Il s’apprêtait à se confondre en excuses, à lui dire qu’il était désolé et qu’il voulait en fait savoir TOUT ce qui s’étai passé durant son absence mais les mots n’eurent pas le temps de franchir la caverne de ses lèvres que, déjà, Simphonie s’asseyait sur un tabouret en semblant réfléchir longuement à la question. Immobile, le fils d’Héphaïstos ne bougeait pas d’un iota en la regardant songer avec un fantôme de sourire sur les lèvres. Il se rappelait encore quand, tout jeune, il avait rencontré Simphonie. Un sacré brin de femme, lui disait une petite voix dans sa tête (voix sénile de vieux qui se souvient des années quarante), un sacré brin de femme… « Zayne, elle ne t'en veut pas. Même si vous n'êtes parti que quelques jours, tout le monde s'est beaucoup inquiété pour vous, et je pense que Siam était aussi inquiète que moi. Alors surtout, ne te fais pas du souci pour rien » Maternelle, elle arrangea les couvertures autour du blond qui, difficilement, s’était paré d’un sourire détendu. « Tu veux quelque chose ? Tu as faim, soif ? Tu veux que j'appelle des "Apollons" ? » La sollicitude de la jeune femme arracha un sourire tendre à Zayne-Emryc. Il essaya de s’asseoir mais impossible : la couverture qui lui entravait le corps l’en empêchait. Il finit par grogner légèrement, peu fier de cette impuissance de blessé de guerre qui le vexait plus qu’autre chose et il plongea ses prunelles vertes dans celles, mordorées, de la jeune femme. « Ne t’inquiète pas, tout va excellemment bien. » Il s’efforça de sourire encore un peu et, au prix de nombreux efforts, finit par s’asseoir en s’appuyant avec un soupir contre les oreillers entassés dans son dos. Il s’étira avec mille précautions et finit par sourire légèrement à son amie. « Je me porte comme un charme, j’te dis ! » insista-t-il devant son regard inquiet, se forçant même à ricaner légèrement pour la rassurer. « Bon, maintenant, tu me parles de tout ce qui c’est passé durant notre absence. » Si un fantôme de sourire ombrageait son sourire avant, désormais, il avait la mine sérieuse, sévérité patiente retrouvée et commère légèrement révélée. « Tout. »

« Ne t'inquiète pas, tout va excellemment bien. »Les efforts du blondinet pour rassurer Simphonie lui arracha une grimace ; bien sûr que non, ça n'allait pas bien. Il était dans un état impossible, devrait sans doute manger avec une paille et ne pourrait se lever pas avant un bon bout de temps (bonjourjedramatisetout). Ses doutes durent se voir sur son visage car il ajouta, souriant : « Je me porte comme un charme, j'te dis ! ». Son rire la détendit quelque peu. Au moins, il était resté Zayne et ne revenait pas avec en somme une de ces blessures psychologiques bien plus longue à guérir que n'importe quelle blessure physique."Ouais." Sa mère lui avait au moins accordé cela : ç'aurait pu être bien plus grave. « Bon, maintenant, tu me parles de tout ce qui c'est passé durant notre absence. » Le visage du fils D'Héphaïstos changea drastiquement : son sourire se métamorphosa en une mine presque sévère, ses yeux brillaient d'une légère étincelle de curiosité."Waw, tu me demandes quelque chose là, honey." La demi-déesse soupira. Doucement, elle sentait ses épaules se détendre et la pression s'évanouir. Elle aurait dû s'en douter : évidemment qu'il voudrait tout savoir et en tant que première visite, c'est elle qui devrait tout lui raconter. En quelques secondes, elle rassembla les principaux changements de la colonie avant de se lancer. "Alors, quand vous êtes parti, Mac Hurley a décidé que tous les pensionnaires devraient construire la Tour des Vents. Il fallait creuser la terre glacée avec de simples pelles. T'aurais été l'homme de la situation." Elle lui tira la langue et continua. "Puis... il me semble que Siam&Co ont fini par proposer à Oliver de ré-organiser la chose avec des plans, des machines. A la fin, chaque bungalow avait une tâche à accomplir et la Tour fut terminée hier soir." Elle haussa les épaules.
Rien de bien alléchant à se mettre sous la dent : la construction de la Tour, ça faisait trois jours qu'elle était en plein dedans. Les pensionnaires étaient tous aussi fatigués les uns que les autres et personne n'avait eu le temps de faire quelque chose d'idiot ou de drôle, de choquant ou d'inattendue. Quoique... Il y en avait peut-être deux que la chaleur de l'effort avait rapproché. Elle hésita. Quelle relation entretenait-ils avant le départ de Zayne ? Elle avança plus doucement : en tant que fille d'Aphrodite, il était normal qu'elle voit l'amour partout. "Quand aux potins... Il y a une rumeur sur le fait que Lovenbruck (dis tu m'expliques pourquoi je parle tout le temps d'elle quand je suis avec toi ?) et un certain Thunder Hamm soient ensemble. Une jolie petite histoire." Une grimace apparut fugacement sur son visage. C'était trop dans une conversation, trop de Siam, trop de Lovenbruck. De plus, le fait qu'elle se soit trouvé un copain n'arrangeait pas son humeur. "Enfin, bref... t'as envie de parler de la quête ? Sinon, te fatigue pas, puisque tu vas bientôt être assaillie de questions en tout genre de TOUT le monde... Je suis sûre que même Scotland sera contente de te voir sauf. Ce serait plutôt bien que vous arrêtiez les défis stupides pendant un petit moment." La fille d'Aphrodite lança un regard appuyé dans sa direction. Elle connaissait la relation qu'entretenaient les demi-dieux et la demi-déesse et ils ne pouvaient se voir sans se provoquer. C'était comme ça depuis qu'ils étaient gosses et la blondinette se rapelle encore des courses, des matchs, des engueulades. Et comme elle la connaissait, Scotty irait sans doute voir Zayne... enfin, elle l'espérait.

« Waw, tu me demandes quelque chose là, honey. » Il sourit légèrement en coin. Honey. Rien que ça. Voilà comment on sait qu'on est à la maison. Les gens vous appellent Honey et c'est normal. Ils tentent pas de vous tuer pour la simple raison que vous êtes rentré dans leurs bars. Ils vous font des câlins. Ils vous racontent des ragots. Parfois, ils vous invitent à aller tuer du chien des Enfers. Et d'autre fois, vous faites la vaisselle avec de la lave. Une vie normale, je vous dis. Zayne regardait Symphonie avec un petit sourire tendre, la voyait se détendre légèrement – elle avait dû atrocement s'angoisser pour lui, durant sa courte absence. Parfaitement le genre de jeune femme à dramatiser pour un petit rien. « Alors, quand vous êtes partis, Mac Hurley a décidé que tous les pensionnaires devraient construire la Tour des Vents. Il fallait creuser la terre glacée avec de simples pelles. T'aurais été l'homme de la situation. » Elle lui tira la langue et il se mit à rire légèrement, hochant la tête d'un air vaguement sérieux en faisant jouer ses muscles des bras. « Puis... il me semble que Siam&Co ont fini par proposer à Oliver de ré-organiser la chose avec des plans, des machines. A la fin, chaque bungalow avait une tâche à accomplir et la Tour fut terminée hier soir » Il assimila silencieusement les informations et, après les avoir classées, hocha lentement la tête avec un sourire. « La Tour... c'est le truc qu'on voit, là ? il braqua le pouce par la fenêtre où on pouvait apercevoir, vaguement, la tour des vents. Vous avez construit ça en plusieurs jours ? Sérieusement. ? » Il rigola doucement en secouant la tête négativement – ahlala, c'est plus ce que c'était, les sang-mêlés. Il s'apprêtait à lui avouer qu'il s'en foutait un peu, qu'il voulait tout savoir des potions mais elle lui coupa l'herbe sous les pieds en s'approchant de lui. « Quant aux potins... Il y a une rumeur sur le fait que Lovenbruck (dis tu m'expliques pourquoi je parle tout le temps d'elle quand je suis avec toi ?) et un certain Thunder Hamn soient ensemble. Une jolie petite histoire. » Zayne-Emryc arqua un sourcil vaguement étonné mais pas tout à fait surpris – tout le monde avait déjà vu se profiler cette amourette depuis un bon temps déjà. Toutefois, le fait que cela se soit passé aussi rapidement. « On parle bien de Thunder Hamn le « Dionysos » trop weird et un peu fou ? Et de Siam Lovenbruck genre l'« Athéna » un peu carrée dans le ciboulot ? En deux, trois jours ? J'ai l'impression d'être parti pendant des années ! » Il soupira, plus exaspéré qu'autre chose. C'était toujours quand il partait que les trucs trop cools se passaient. Ses yeux roulèrent dans ses orbites. « Enfin, bref... t'as envie de parler de la quête ? Sinon, te fatigue pas, puisque tu vas bientôt être assaillie de questions en tout genre de TOUT le monde... Je suis sûre que même Scotland sera contente de te voir sauf. Ce serait plutôt bien que vous arrêtiez les défis stupides pendant un petit moment. » Zayne éclata d'un long rire forcé genre « bwawawawawawah » si bien qu'il faillit s'étouffer sur la fin et qu'il en resta pétri de courbatures – mon dieu, cette situation ne pouvait plus durer, que c'était agaçant. « Enorme blague, Sym. Vraiment. » fit-il en levant les yeux au ciel, dressant son pouce dans sa direction. « C'est elle qu'est stupide d'abord. Totalement débile. Elle m'a pas soigné j'espère ? Parce que si c'est elle, je retourne tout de suite à Chicago me faire charcuter ! »

Symhonie suivit du regard le pouce de Zayne et aperçut le grand bâtiment construit en l'honneur des Dieux des Vents. Elle jaugea rapidement le toit où trônait désormais la Rose des Vents, majestueuse, avant de répondre, presque lasse : « Ouais, c'est ça.» «Vous avez construit ça en plusieurs jours ? Sérieusement. ? » Symphonie prit un air faussement vexé, répliquant : « Hé ho, on est pas des rigolos nous. Quand on nous dit "Construisez une tour des vents", on construit une tour des Vents. » Elle se retint de se taper la poitrine en lâchant un "hugh hugh" guerrier". C'est vrai qu'ils s'étaient pas mal débrouillés avec le temps qu'ils avaient eu, dans l'ensemble pour faire quelque chose d'aussi décent. En même temps avec plus d'une centaine de sang-mêlé, minimum vingt cerveaux particulièrement performants (ultra prétentieux et égoïstes mais performants), des machines fabriquées par les meilleurs ouvriers de toutes les Amériques, des messieurs et mesdames muscles (bonjourlesclichés) et des pensionnaires si charismatiques capables de motiver des troupes entières de détenus à aller se pendre, ils ne pouvaient que réussir. Ils formaient une équipe de choc quand même.
Avec eux, la Tour Eiffel aurait été construit en un week end et encore, un cabanon présidentiel aurait été livré en bonus. Le commentaire de Zayne la tira de ses pensées : « On parle bien de Thunder Hamn le « Dionysos » trop weird et un peu fou ? Et de Siam Lovenbruck genre l'« Athéna » un peu carrée dans le ciboulot ? En deux, trois jours ? J'ai l'impression d'être parti pendant des années ! » Symphonie s'esclaffa en acquiesçant. « Eux mêmes. Tu me diras, ils étaient peut-être fait pour être ensemble. Enfin, en tant que fille d'Aphrodite, il est de mon devoir de bénir cette union et de les trouver...mignon.» Elle toussa bruyamment. Plutôt s'éttouffer et mourir que d'approuver le bonheur de cette fille. Vraiment.C'est elle qu'est stupide d'abord. Totalement débile. Elle m'a pas soigné j'espère ? Parce que si c'est elle, je retourne tout de suite à Chicago me faire charcuter ! [/color]» La fille d'Aphrodite dut retenir un autre grand éclat de rire pour foudroyer le blondinet du regard. Enfin, ça ressemblait plus à un mini éclair visuel assez pathétique qui aurait plus fait penser à une grand-mère qui regardait un jeune avec mécontentement. Aucun effet prévu sur le gosse, nous sommes d'accord. Allons bon, ça recommençait, les sarcasmes sur la relation qu'il entretenait avec la rouquine. En tant que Fille de l'Amouur, Sym ne croyait pas un instant que les deux jeunes gens se détestaient cordialement. Mais s'étant pris suffisamment de vents et de commentaires par Scotty à ce sujet, elle préféra lâcher : « Sans vouloir te vexer, je crois que niveau conneries, vous êtes aussi inventif l'un que l'autre.»...Pourquoi est qu'elle avait dit ça ?! Il allait s'énerver. Tous ses points allaient sauter. Il allait saigner. Il allait avoir mal. Il allait lui en vouloir. Alors qu'ils venaient de se réconcilier. Mon Dieu, quelle abrutie. « Enfin... C'est super d'être inventif ! J'veux dire, hum... Non, ce n'est certainement pas elle qui t'as soignée. (Mais ça aurait vraiment été très drôle.) Elle a dû user de ses talents -parce qu'elle est très douée, tu sais- sur Rain ou Aliénor. » Et elle lui offrit son plus beau sourire, celui destiné à calmer les tensions. Calmons nous, calmons nous, ne nous refaisons pas mal, s'il vous plaît.

C'est à ce moment là que Symphonie se rendit compte qu'il n'avait pas répondu à sa question. C'était compréhensible après tout, c'était trop frais, trop... sanglant ? Sans doute.

« Eux mêmes. Tu me diras, ils étaient peut-être fait pour être ensemble. Enfin, en tant que fille d'Aphrodite, il est de mon devoir de bénir cette union et de les trouver...mignon. » Zayne lui a souri gentiment en essayant d'imaginer Siam et Thunder. Pas dans le sens Siam-Thunder genre quand elle s'asseyait à côté de lui en parlant dans le vide. Non. Genre Siam-Thunder en train de se tenir la main et de s'embrasser. Flippant, pensa-t-il. Mais attendrissant. Zayne, qui s'était un peu redressé sur son lit en entendant la nouvelle, se laissa à nouveau tomber en arrière – en grognant de douleur lorsque sa nuque endolorie percuta l'oreiller, pourtant confortable et mou. Il tenta vraiment d'imaginer les deux blonds ensemble... impossible, vraiment. Ça concordait pas. Il lui tardait de les voir de ses propres yeux (et là, il se pincerait certainement en se frottant vigoureusement le visage, tellement c'était... improbable quoi !). Il était parti deux jours, trois à tout casser bon sang ! Et en deux-trois jours, on se découvre pas un amour caché depuis... ça lui foutait un de ces mal de tête de penser ça... « eh beh dis donc. Il est loin, le temps où on était encore chez les « Hermès » pas vrai ? » Il tenta de sourire légèrement à la jeune femme mais ne put que grimacer de douleur quand, une nouvelle fois, ses cicatrices se tordirent en même temps que son visage. Finalement, elle fit une remarque à propos de Scotty à laquelle il répondit aussitôt comme un enfant indigné. Oui. La rousse et lui était vraiment de grands enfants. « Sans vouloir te vexer, je crois que niveau conneries, vous êtes aussi inventif l'un que l'autre. » Il lui adressa une bouche ouverte scandalisée en l'entendant. Non ! C'était pas vrai, pas vrai du tout ! (c'était vrai) « Enfin... C'est super d'être inventif ! J'veux dire, hum... Non, ce n'est certainement pas elle qui t'as soignée. ( « y'a intérêt » grogna-t-il) Elle a dû user de ses talents -parce qu'elle est très douée, tu sais- sur Rain ou Aliénor. »[/color] Zayne soupira, poussant un long « pfff » méprisant à l'adresse de Symphonie en détournant le regard, ne semblant plus vouloir parler ou n'importe quoi. Mais, tout d'un coup, un long frisson lui traversa la colonne vertébrale et il se redressa aussitôt sur son lit. Il avait mal et, pourtant, il était déjà assis sur le bord du lit, seulement vêtu d'un boxer, déjà prêt à courir à travers toute la colonie. « Rain et Aliénor ! » cria-t-il à l'adresse de la fille d'Aphrodite en enlevant aussitôt de son avant-bras la perfusion qui y était piquée. Oui, on lui avait foutu une putain de perfusion. En même temps, il ne s'imaginait pas vraiment se nourrir tout seul, avec ses lèvres coupées de cicatrice. Par la même occasion, Zayne arracha d'un coup sec le pansement qui lui recouvrait l'oeil gauche et le jeta à l'autre bout de la pièce avant de faire un pas vers la porte. Ca faisait atrocement mal. Heureusement pour lui et grâce aux enfants d'Apollon, les plaies sur son visage s'étaient refermées (ou, plutôt : avaient arrêté de pisser le sang) mais étaient à vif, vraiment moches, traçant les trois griffes de la sphinge sur son beau visage. Il fit deux autres pas, en ignorant la douleur sourde et en ne pensant qu'à ses deux compagnons d'infortune. Il s'apprêtait à ouvrir la porte quand Symphonie s'interposa entre lui et la sortie. Il fronça les sourcils. « Sym, bouge de là, je dois voir si elles vont bien. »

« eh beh dis donc. Il est loin, le temps où on était encore chez les « Hermès » pas vrai ? » « Tu l'as dit, Charlie. » Il avait raison. Elle avait quoi, dix, onze ans quand elle était arrivée à la colonie ? Quelle époque...calme. Sereine. Les monstres ne dansaient pas la lambada dans la colonie et les sang-mêlés étaient des gosses à peu près normaux dont le seul danger qu'ils encouraient était la séance de combat du mercredi après midi. A cette époque, elle se foutait royalement de tout ce qui touchait aux dieux et à la guerre, à Hadès ou à Zeuz. Elle était chez les « Hermès », elle avait des amis qui ne connaissaient pas encore leur ascendance divine. Sa meilleure copine était une fille d'Athéna et ça ne la dérangeait absolument pas. Tout allait pour le mieux dans le meilleur du monde. Enfin, à y réfléchir, il n'y avait que quelques détails de changés : désormais, les héros risquaient de mourir chaque jour à cause de Dieux particulièrement capricieux et Siam était une des personnes qu'elle détestait le plus au monde. Par contre, Zayne & Scotty avaient toujours le même caractère de cochon et, aussi étrange soit-ce, c'était un des éléments qui permettait à l'équilibre de sa vie de ne pas se casser la figure. « y'a intérêt » La jeune femme sourit. Peut être que tout allait s'arranger, finalement. Pourtant, une petite voix mesquine la tira de son petit rêve « Non, j'crois pas non. » C'est ce qu'on appelle une conscience. « Rain et Aliénor ! » Sous les yeux ahuris de la fille d'Aphrodite, Zayne se redressa d'un coup sur son lit, étouffant un cri de douleur. Et tout allait excellemment bien ? Mon oeil. Alors qu'elle pensait que c'était une simple réaction de souffrance, le fils d'Héphaïstos arracha la perfusion plantée dans son bras et le pansement qui lui bandait l'oeil, révélant des cicatrices à vif, d'un rouge sanglant. Trois grandes traces, semblables à des griffures (et s'en étaient sans doute) parcouraient son visage. Mais quel genre de monstre avaient-ils vu pendant leur voyage ? Pas le temps de penser à ça ni à autre chose : Zayne s'était déjà levé pour sortir de sa chambre. Aussi rapide qu'elle le put, Symphonie vint se placer devant la porte, bloquant le passage, bien décidée à servir de barrière contre la détresse de son ami. « Sym, bouge de là, je dois voir si elles vont bien. » Elle ne bougea pas d'un iota. Comme si ça suffirait. D'ailleurs, absolument rien ne suffirait. Levant la tête et plantant ses yeux dans celui du grand blond, Symphonie le prit par les épaules. Oublié l'ambiance décontracté. « Je bougerais pas, même si tu te mets à poil. Zayne, t'es à la colonie. T'es à la maison. Tout va bien, elles ne craignent rien, tu m'entends ? Elles vont bien. Je le sais parce que je le sens. Parce que je suis une fille d'Aphrodite qui a le don d'empathie et donc, si un Apollon était paniqué je le saurais. D'accord ? » Inutilement, Symphonie commença à le pousser vers son lit. Bien sûr, il ne bougea pas d'un centimètre ce qui ne l'empêcha pas de continuer. Donc, elle continua, moins douce, plus ferme. Convaincante. « A quoi tu leur servirais ? Tu es dans le même état qu'elle. Et imagine qu'elles reçoivent des soins importants en ce moment ? Si tu sors de cette chambre, tu les embêteras et tu les empêcheras d'être soignées comme elles doivent l'être. Zayne, s'il te plaît. Tu sais que j'ai raison. »

On ne pouvait pas dire que Zayne réfléchissait vachement, en cet instant précis. En fait, on pouvait carrément dire qu'un courant d'air lui passait dans la tête. C'était certainement une réaction d'enfant hyperactif, un brin capricieux un brin justicier mais voilà : maintenant, Zayne était debout et prêt à en découdre pour voir Rain et Aliénor. Il les avait abandonnées dans un état horrible et il ne risquait pas de fermer l'oeil avant un petit bout de temps. Il s'approchait de la porte mais Symphonie s'était interposée. Elle planta des yeux brûlants, déterminés, dans les siens. Lui fronçait toujours les sourcils, butés, tout autant déterminé à passer. Elle le prit par les épaules et il se raidit un peu, sentant qu'elle allait tenter de le repousser. « Je bougerais pas, même si tu te mets à poil. Zayne, t'es à la colonie. T'es à la maison. Tout va bien, elles ne craignent rien, tu m'entends ? Elles vont bien. Je le sais parce que je le sens. Parce que je suis une fille d'Aphrodite qui a le don d'empathie et donc, si un Apollon était paniqué je le saurais. D'accord ? » fit-elle mais Zayne ne répondait. Ne semblait même pas l'écouter. Il avait détourné ses prunelles de celles, chocolatées, de la jeune femme et regardait la porte comme si elle allait s'ouvrir par la force de la pensée. Elle commença à pousser, comme elle s'y attendait. Et comme on pouvait le deviner, il ne bougea pas d'un poil et resta ainsi. « A quoi tu leur servirais ? Tu es dans le même état qu'elle. Et imagine qu'elles reçoivent des soins importants en ce moment ? Si tu sors de cette chambre, tu les embêteras et tu les empêcheras d'être soignées comme elles doivent l'être. Zayne, s'il te plaît. Tu sais que j'ai raison. » Il darda sur elle un regard menaçant. Ses poings, serrés le long de son corps, étaient sujet à une telle pression que ses bras tremblaient. « Dans le même état que moi, Sym ? Vraiment ? Rain aurait pu mourir, à l'heure qu'il est. Si j'avais mieux géré, elle serait... » pas dans cet état. Zayne ne finit pas sa phrase, referma la bouche et se mordit l'intérieur de la bouche avec force, jusqu'à la saveur métallique du sang lui arrache un frisson désagréable. « En fait, je ne te laisse même pas le choix. Laisse-moi passer, Sym, et m'oblige pas à forcer le passage. » Il allait se mettre à gueuler d'un instant ou un autre mais, pour l'instant, il s'exprimait d'une voix douce, savamment contrôlée. Mais, dans le simple trémolo à la fin de sa phrase, on sentait la pression, la colère, la peur aussi de découvrir ce qu'il y avait derrière cette porte. La menace qu'il pouvait représenter si elle ne voulait pas le laisser passer. Oui, Zayne était capricieux. Fils unique, adoptif qui plus est, d'un couple riche et heureux. Et dès qu'il voulait quelque chose, il l'avait. Ce tempérament s'était un peu effacé avec le temps, quand il avait découvert des amis, une nouvelle famille. Mais il y avait ces moments où ses terribles penchants, son égoïsme, ses airs capricieux, sa haine implacable vis-à-vis des dieux. Et sa violence. Il fronça un peu plus les sourcils. « Sym... »

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Comment avait-elle fait pour se retrouver dans une situation aussi merdique ? Elle aurait dû sans s'en douter, de toute façon, que Zayne ne serait pas au tip top de sa forme moralement. Qui l'aurait été ? Sauf que, résolue à ne pas flancher quelques secondes plus tôt, les paroles du grand blond la fit frémir : « Dans le même état que moi, Sym ? Vraiment ? Rain aurait pu mourir, à l'heure qu'il est. Si j'avais mieux géré, elle serait... » Les remords du fils d'Héphaïstos la transpercèrent. Jamais elle n'avait vu Zayne dans cet état, jamais elle ne l'aurait désiré, évidemment. Le grand beau Zayne, avec sa tête d'ange et ses répliques viriles, son regard enfantin et ses grands bras protecteur. De loin, personne n'aurait pu le croire aussi sensible. De près, on s'aperçoit que c'est une personne, comme les autres. « En fait, je ne te laisse même pas le choix. Laisse-moi passer, Sym, et m'oblige pas à forcer le passage. » Un ultimatum, deux choix, par conséquent. Elle pouvait bien sûr écouter le fils d'héphaïstos et s'écarter du chemin, comme la majorité l'aurait fait - la majorité des imbéciles, je parle. Si elle le laissait sortir dans son état, il ne ferait pas dix mètres qu'il se ferait intercepter par les Apollons. Et ils seraient bien moins doux qu'elle, c'était une certitude. De plus, il finirait sans doute attaché ou immobilisé jusqu'à ce qu'il aille décemment mieux. C'était d'une inutilité révoltante. Deuxième choix, le plus difficile : elle pouvait le forcer à se coucher.
Pas par la force mais grâce à un de ses dons de fille de la déesse de l'Amour, simplement. En lui demandant gentiment, avec le ton idéal pour ce genre de situation. Mais si elle s'abaissait à lui faire ça, si elle l'obligeait à faire quelque chose, leur réconciliation n'aurait servi à rien et il lui en voudrait pour un sacré bout de temps. Comment lui faire comprendre qu'il serait inutile, là-bas ? Qu'il rentrerait dans cette chambre aussi vite qu'il en serait sorti ? « Sym...» Grinçant des dents, la fille d'Aphrodite releva la tête pour replanter ses yeux dans les siens. Il semblait désormais plus... hum, énervé. Impatient, capricieux et apte à péter un scandale si elle ne le laissait pas passer. Génial, voilà qu'il nous faisait une crise d'enfant gâté maintenant. Et elle n'avait rien contre ça, puisque elle en était une confirmée depuis sa naissance mais ça rendrait la tâche mille fois plus ardu. S'ils se montraient tous les deux aussi têtus l'un que l'autre, la blondinette finirait la tête encastré dans le mur et le blondinet avec une dose de calmant, endormi pour la semaine à venir. De toute façon, qu'elle s'interpose ou qu'elle ne le fasse pas, le résultat serait le même. Mieux fallait garder son rôle d'ami et pas de froussarde.
« Zayne mais réfléchis un peu, bon sang ! Très bien, admettons que je te laisse sortir. Tu crois que tu vas pouvoir gambader joyeusement de chambre en chambre ? Tu te feras attraper dans les cinq secondes et en plus, tu seras surveillé. » Retirant ses bras des épaules du demi-dieu, elle les ramena contre elle pour les croiser, aussi sérieuse que lui l'était. « Rain et Aliénor n'ont pas besoin de toi tout de suite. Même si tu crèves d'envie de les voir, elles ont surtout besoin d'être prise en charge. Imagine si elle faisait la même chose ? Tu les engueulerais pas ?» Et bla et bla et blablabla. Mes dieux, faites qu'il l'écoute, au moins pour cette fois. Ce n'était pas une cruche finie enfin, elle savait ce qu'elle disait ! « Alors ok, vas y, sors. Et t'es certain d'être ramené dans cette chambre avec une nounou et un calmant.» Malgré ses paroles, la jeune femme ne bougea pas, obstruant toujours le passage vers la sortie. Elle allait sans doute se faire expulser de là où elle était mais elle s'en fichait. Ce qui comptait pour elle, à ce moment-là, c'était que son ami se calme et retrouve la raison. Enfin, dans la mesure du possible.

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Il semblait inflexible, vindicatif, prêt à strictement tout pour passer – y compris envoyer son amie rejoindre les flammes de l'Enfer. Mais Zayne était ainsi. Pas forcément fut-fut, un gros boulet généralement, maladroit et un vrai cas social avec la gent féminine mais une chose était sûre : touchez à ses amis ou, pis, à ses camarades et compagnons d'infortune et vous en pâtirez. Sauf que cette règle voulait aussi dire qu'il aurait été incapable de toucher un cheveu de la tête de Symphonie. Mais bon. On ne pouvait pas dire qu'il avait les idées claires, entre la douleur qui lui tenaillait les muscles, une certaine fierté malsaine d'avoir réussi malgré tout à récupérer la rose des vents et cette inquiétude, terrible, qui lui tordait les boyaux. Sym, toutefois, ne semblait pas disposée à lui céder le passage – il se sentit un peu comme le démon en face de Gandalf, à chuter avec et à ne jamais passer – et releva le menton en plantant son regard dans le sien. Une nouvelle fois, le vert et le chocolat se mélangèrent, leurs deux regards s'affrontant et se fusillant sans merci pour savoir à qui céderait le premier. « Zayne mais réfléchis un peu, bon sang ! Très bien, admettons que je te laisse sortir. Tu crois que tu vas pouvoir gambader joyeusement de chambre en chambre ? Tu te feras attraper dans les cinq secondes et en plus, tu seras surveillé. Rain et Aliénor n'ont pas besoin de toi tout de suite. Même si tu crèves d'envie de les voir, elles ont surtout besoin d'être prise en charge. Imagine si elle faisait la même chose ? Tu les engueulerais pas ? Alors ok, vas y, sors. Et t'es certain d'être ramené dans cette chambre avec une nounou et un calmant. » Il grinça des dents alors que ses poings se fermaient, faisant à nouveau trembler ses bras. Cette fois, ce n'était pas la fureur, pas la colère, pas le sentiment vindicatif qu'il devait aller voir comme Rain et Aliénor allaient. Mais plutôt la brusque prise de conscience qu'elle avait peut-être raison, Sym. Ou non, qu'elle avait carrément raison. Elle savait se montrer persuasive, bien plus que Zayne aurait pu l'imaginer et c'est malgré son esprit qui lui criait de la pousser et d'aller chercher ses camarades qu'il finit par s'asseoir sur le bord de son lit, posant une main sur son front et appuyant en essayant vainement de combattre son mal de tête qui, déjà, se faisait lancinant. [color=#a35e1e]«« T'as raison, Sym. » grommela-t-il entre ses dents, à mi-voix (et il ne le répéterait certainement pas une nouvelle fois, elle pouvait toujours aller se faire mettre par les Bienveillantes). « C'est juste que... Aliénor était franchement amochée et puis Rain... Rain... » Sa voix se brisa, à nouveau, et il soupira lourdement, resté assis sur le lit sans oser regarder la fille d'Aphrodite. Le monstre de caprices devenu gros nounours d'inquiétude. Il refusait toujours de croiser le regard de Symphonie. «« J'suis désolé, Sym, j'suis trop con. » lâcha-t-il ensuite, bougon, ne pouvant retenir un énième soupir. Oui. Terriblement trop con.

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Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre mais certainement pas à ça. Peut être à se faire projeter contre un mur, se faire assommer ou insulter de tous les noms, un défonçage de porte où elle ferait office de porte mais certainement pas à une rétractation. Lorsque sentit le fils d'héphaïstos se détendre et qu'elle le vit s'asseoir sur son lit, elle lâcha un discret mais ô combien lourd soupir de soulagement. Elle ne se disputerait pas avec le garçon aujourd'hui et il n'agirait pas de façon à le regretter -ou pas d'ailleurs- plus tard. Et ces légères paroles qu'il murmura, elle les bénit. « T'as raison, Sym. » « Je sais.», faillit-elle répondre mais elle s'abstint, sachant le sacrifice que valait ces mots de la part du grand blond. « C'est juste que... Aliénor était franchement amochée et puis Rain... Rain... » « C'est bon Zayne, ça va. Y a pas de soucis. »Sa détermination, sa colère s'étaient envolées pour laisser place à une grande... lassitude. Le sentiment qu'il en avait carrément assez et qu'il voulait juste s'assurer que tout allait bien pour ses amies. La fille d'Aphrodite avait secoué la main, voulant chasser les justifications de Zayne en un sourire. C'était pas comme si elle lui en voulait, loin de là. Elle le comprenait. Même si elle n'avait pas été dans la même situation, elle savait à peu près ce qu'il ressentait. Le sentiment de base, l'inquiétude. Elle s'était rongée les sangs pendant tout le temps que les héros étaient encore à Chicago alors autant dire que la réaction de Zayne paraissait plus qu'évidente.« J'suis désolé, Sym, j'suis trop con. » « , Zayyyne arrête, c'est bon. Tu te fais pas de soucis pour moi, d'accord ? y a aucun problème. » Il manquerait plus que ça, qu'il s'excuse en plus. Comme s'il avait pas assez de soucis comme ça. Elle pouvait bien lui permettre de péter un petit cable dans cette situation. En fait, avec sa gueule d'ange, elle l'aurait sans doute toujours permis. Comme si elle pouvait lui en vouloir, avec ses grands yeux clairs et ses expressions de petit garçon. D'ailleurs en y repensant, les rumeurs qu'ils couraient sur eux deux ne cesseraient de s'accroître lorsque les pensionnaires sauront que la première personne qui a rendu visite à Zayne-Emryc Ainsworth était mademoiselle Baxter ou la fille la plus suspecté d'être sa petite amie. Rumeur totalement infondée qui leur a toujours collé à la peau comme de la glu même si ces derniers temps, elle semblait s'être apaisée. Elle était sûre qu'elle repartirait bon train. Enfin, peu importait. Elle avait toujours été au centre des rumeurs les plus et les moins improbables depuis son adolescence jusqu'à aujourd'hui. Ce ne serait pas aujourd'hui que ça changerait.
La jeune femme vint rejoindre son ami, saisit son menton et releva son visage pour que ses yeux replongent dans les siens. Là, elle lui sourit, se voulant rassurante. « Hey Ainsworth, si j'te dit que tout ira bien, tout ira bien, ok ? Parole ! S'il arrive quelque chose, t'auras le droit de me fouetter jusqu'à ce que morte s'en suive mais puisque ça n'arrivera pas j'aimerais que tu te reposes, que tout ça -elle désigna l'ensemble de son corps- , soit entièrement soigné et que je te vois bientôt en train de te battre contre ces imbéciles d'Arès et leur botter l'cul. »

« Zayyyne arrête, c'est bon. Tu te fais pas de soucis pour moi, d'accord ? y a aucun problème. » Zayne hocha pensivement la tête. Dans son cœur, l'envie de révolte, de violence, l'intense désir de voir Rain et Aliénor pour juger lui-même de son état se calmaient un peu, au fur et à mesure que les secondes s’égrainaient dans ce petit silence un brin gêné pour la partie de Zayne. En cet instant précis, il n'avait qu'une envie : que Symphonie s'en aille afin qu'il puisse sortir voir les demi-déesses coûte que coûte. Il avait tout sauf envie de la blesser dans un caprice et, inconsciemment alors qu'il regardait le parquet de la petite pièce exiguë, il se mordit nerveusement la lèvre comme il en avait la sale habitude. Aussitôt, sa lèvre fendue par la griffe de la sphinge se remit à saigner et, en poussant un grognement d'agacement, il attrapa sur la table de chevet une compresse stérile et l'écrasa sur sa bouche alors que le tissu immaculé se teintait lentement mais sûrement de rouge. Perdu dans ses pensées, il ne vit même pas la fille d'Aphrodite qui s'approchait et qui lui faisait relever le visage vers elle. Ses prunelles ambrées se plantèrent dans les yeux clairs de Zayne qui, avec sa compresse sur les lèvres, ne put répondre à son sourire autrement qu'en fronçant les sourcils à son adresse, apparemment interrogatif vis-à-vis de ce brusque contact. Ce n'était tout de même pas comme si lui et Sym ne se touchaient jamais – d'ailleurs cette ambiguité dans leur relation amicale très tactile mettait les ragots de la colonie à dure épreuve : la moitié des sang-mêlés semblait penser qu'ils sortaient secrètement ensemble – mais il ne put retenir un frisson nerveux. Calme-toi, Zayne. C'est Sym, pas un monstre. « Hey Ainsworth, si j'te dit que tout ira bien, tout ira bien, ok ? Parole ! S'il arrive quelque chose, t'auras le droit de me fouetter jusqu'à ce que mort s'en suive mais puisque ça n'arrivera pas j'aimerais que tu te reposes, que tout ça soit entièrement soigné et que je te vois bientôt en train de te battre contre ces imbéciles d'Arès et leur botter l'cul. » Le fils d'Héphaïstos se détendit sensiblement en l'entendant, posant la compresse désormais écarlate sur la table de nuit où elle était à l'origine. Il attira la jeune femme contre lui et, comme il le faisait souvent avec ses amis plus petits que lui – c'est à dire environ 90% de ses relations – il coinça la tête de la sang-mêlée sous son bras et lui ébouriffa les cheveux de sa main libre avant de la libérer pour planter un regard pétillant dans le sien – un amusement infini, oui, des petits bulles de joie y brillaient comme souvent dans les prunelles du blond. En apparence, il semblait avoir retrouvé cette insouciance de jeune, celle qui le caractérisait si bien et qui faisait de lui ce qu'il était. Toutefois, à l'intérieur, Zayne se sentait comme fissuré, comme si la bulle de verre qu'il s'était formé depuis toutes ces années s'était brisée et comme si on venait de lui enfoncer la totalité des fragments dans son petit cœur de gosse. Inutile de préciser que sa haine pour les dieux, perfide et démesurée, ne cessait de grandir en lui. Il était comme un ballon de baudruche. Et les ballons de baudruche finissent par exploser. Fatalement. « Comment tu parles, toi ? J'te laisse deux jours et tu jures comme un charretier, ça n'va pas du tout. » grogna-t-il en la regardant, tout sourire. On devinait une certaine lassitude, une grosse fatigue aussi dans ce sourire et la preuve était là : il se permit de bailler discrètement en dardant sur elle un regard, pourtant, étincelant. Même en l'ayant relâchée, il la tenait toujours proche de lui, lui arrachant une étreinte entre le désespoir et la douleur, tandis que ses pensées s'évadaient à nouveau vers Rain, Rain et ses petits yeux, Rain et sa fragilité... « J'suis content d'être là. A peu près entier. » lui confia-til dans un murmure. Il avait vraiment cru ne jamais revenir, mourir dans la ville dans laquelle, paradoxalement, il était né. Et la colonie prenait enfin le parfum de liberté et de refuge, de maison accueillante.

Même si elle sentait encore la pression et la tension du sang-mêlé, Symphonie ne put que rire lorsque Zayne la casa sous son bras pour lui ébouriffer les cheveux, comme il le faisait fréquemment avec la majorité de ses amis. Elle ne prit pas vraiment ce geste pour un signe de mieux. Il était probable que ce ne soit qu'une façade, qu'il n'attende que le départ de Symphonie pour, à moitié nu, se jeter dans la chambre des filles (cette phrase n'a aucun caractères pervers, on se calme). Mais, elle décida d'ignorer cette hypothèse. Si effectivement, il décidait de d'y aller elle n'y pourrait rien. « Comment tu parles, toi ? J'te laisse deux jours et tu jures comme un charretier, ça n'va pas du tout. » Elle rit encore et passa à son tour sa main dans les cheveux du blondinet, comme elle le faisait à chaque discussion, simple contact visuel. C'est comme si ses doigts avaient ce besoin permanent de se mêler à sa masse capillaire pour lui apporter un simple réconfort. Comme si ce geste signifiait, en quelque sorte, que tout allait bien, que sa vie était tout à fait normale. Que même en période de crise si Zayne et sa tignasse étaient présents alors il n'y avait pas si grande crise que ça. Ca peut paraître complètement ridicule, nous sommes d'accord mais que voulez vous : lorsqu'on est un demi-dieu la plus grande banalité peut s'avérer être une bouée de sauvetage. « J'suis content d'être là. A peu près entier. » Dans ses bras, la jeune femme sourit, hochant la tête. « Je suis contente que tu sois là aussi, tu sais. Me colle plus pareille frayeur Zayne-Emryc Ainsworth. Ou je pense t'attacher à ton lit pour les dix prochaines années. »Elle en était capable. La durée était peut-être légèrement exagérée mais si elle devait l'empêcher de partir en mission une seconde fois, elle le ferait et elle obtiendrait d'ailleurs beaucoup, vraiment beaucoup d'aide vu le fan club féminin du beau blond. Elle se libéra de son étreinte, ne voulant pas le fatiguer plus qu'il ne l'avait déjà été et déposa un baiser sur sa joue. « Je vais te laisser te reposer maintenant, j'crois que tu m'as assez vu pour le moment. » Elle fronça les sourcils lorsqu'elle aperçut sa lèvre en sang et pensa de ce fait à la perfusion arrachée un instant plus tôt. « Et je vais t'envoyer un Apollon pour la perf'. T'en fais pas, je lui dirais que tu t'es réveillé en sursaut et que tu l'as enlevé par réflexe. Que tu vas bien. » Elle lui sourit et se dirigea vers la porte après avoir serré la main de son ami une dernière fois. Avant de passer la porte, elle se retourna pour lui dire, plissant les yeux et agitant un doigt menaçant dans sa direction : « Et pas de bêtises hein ! » Elle sortit enfin, une boule de nerfs au ventre. Tout ce qu'elle espérait ? Qu'il reste allongé sagement dans son lit pour guérir. Qu'il dorme et qu'il guérisse, que ses trois cicatrices ne soient plus qu'un vieux souvenir d'une quête oubliée.

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