QUÊTE UNE ▬ la rose des Vents

Au petit matin du 25 décembre, jour de noël, toute la colonie est rassemblée au pavillon-réfectoire. Alors que les flocons sont de plus en plus nombreux à recouvrir l'herbe de la vallée - matérialisation de la colère des quatre Dieux du Vent -, il est temps pour trois sang-mêlés de quitter la colonie pour Chicago, à la recherche de la rose des vents, la dernière sur Terre. « Chers pensionnaires », commença Olliver Mac-Hurley en demandant le silence d'un signe des deux mains. Lorsqu'il parvint enfin à capter l'attention, il poursuivit : « Hum, je disais donc. Chers pensionnaires, vous n'êtes pas sans savoir que notre colonie est la victime de la colère des Dieux du vent. Après saccage de leur lieu de sanctuaire à Athènes, ils exigent réparation auprès de nous. Ainsi, dès aujourd'hui commencera la construction de la nouvelle Tour des Vents, à l'orée de la forêt. Tout le monde est mis à contribution, sauf trois d'entre vous. Ces trois-là ont été choisi pour se rendre à Chicago et nous ramener la rose des vents, qui est primordiale - si ce n'est vitale - pour nous. Il nous la faut, vous comprenez ? (il lance un regard faussement courroucé à l'assemblée) Ainsi, nos trois héros sont : Rain Jeong, non reconnue ; Zayne-Emryc Ainsworth, fils d'Héphaïstos ; et Aliénor Jones, fille d'Héphaïstos. Venez me voir dans mon bureau, vous partez en début d'après-midi ». Olliver salua l'assemblée et partit d'un grand pas vers la Maison Bleue, s'attendant à recevoir rapidement la visite des trois élus.

Lorsque les trois sang-mêlés furent réunit, Olliver était assis derrière son bureau. Il croisa les mains puis annonça sur un ton optimiste : « Bon, eh bien, la colonie compte sur vous ! La rose des vents - la dernière sur Terre ! - est nécessaire pour que la Tour des Vents soit complète. Sans elle, les Dieux des vents ne seront jamais satisfaits, vous comprenez ! Nous vous avons préparé un sac à dos pour chacun : des vêtements de rechange, quelques vivres, un peu d'argent mortel et quelques drachmes d'or - au cas où ! Vous connaissez sans doute la règle, il vous faut aller écouter la prophétie de l'Oracle. Il n'en faut qu'un, ce sera vous, Ainsworth. Honneur aux garçons, pour une fois. Hum, écoutez ... Quoiqu'il vous dise, Zayne, ne prenez pas peur, ok ? A treize heures, un taxi vous attendra tout les trois pour vous amener à l'aéroport. Vous avez des billets d'avion dans votre sac, pour Chicago. Monsieur Ainsworth, vous venez de là-bas il me semble, c'est très bien. Bon, je dois partir mais je suis de tout coeur avec vous ! Bonne chance ». Sur ce, il rangea quelques papiers, remit les sac à dos en toile aux trois sang-mêlés et les fit quitter la pièce avant de partir on-ne-sait-où.

**

Zayne du donc se rendre au Grenier de la Maison Bleue, demeure du célèbre Oracle. Aujourd'hui, ce n'est qu'une vieille momie qui s'effrite ; mais autrefois, c'était une magnifique jeune femme qui délivrait avec sagesse les paroles du Dieu des prophéties. Au début, il ne se passe rien. Puis, l'Oracle s'anime enfin et déclame sa terrible prophétie :

« Arrivé à ta destination, tu rencontreras celui par qui le Déluge est arrivé.
Une fois encore, les forces divines s'abattront sur toi.
Tandis que ton trépas approchera, celle par qui tout naît posera son regard sur toi.
Alors que tu découvriras l'objet de tes désirs, l'enfant reconnu se mourra
Seulement à ce moment ton voyage s'arrêtera. »

**

Vous voilà arrivé à destination, chers sang-mêlés. Votre quête commence maintenant, alors que Chicago s'étend devant vous. Alors, qu'allez-vous faire ?

tour de jeu : L'Oracle - Zayne - Rain - Aliénor

Je ne l’aurais jamais cru. Certains auraient pu dire que c’était un joli cadeau de Noël mais ça faisait longtemps que j’avais cessé de le fêter ; la naissance de Jésus avait, à mes yeux, autant d’importance que la première personne à avoir été précipité dans le Grand Canyon, pour tout vous dire. Surtout en sachant que les dieux existaient et pas juste Dieu – ce qui était peut-être pire parce que, au moins, Dieu il fermait sa gueule. Les dieux nous avaient trouvé encore un petit passe-temps, de quoi nous amuser : quatre dieux des vents en colère. Ouais, voilà ce que l’on nous a annoncé ce matin : il fallait qu’on aide des dieux qui, apparemment, s’amusaient à nous geler les fesses et à nous envoyer crèves et hypothermie. Des trucs sympas quoi, en plus des bronchites et toutes ces maladies impossibles à prononcer. Catégorie choses que je n’avais pas prévu cette année : être dépêché pour aller dans l’Illinois retrouver une rose des vents – allez savoir ce que c’est. Ce cher Mac-Hurley avait aussi parlé de Rain et d’Aliénor ; et si avoir la présence d’une demi-sœur à mes côtés m’enchantait, le fait que Rain soit venue me contrariait un peu. Surtout que bon, la prophétie n’était pas super encourageant niveau survie : les forces divines s'abattront sur toi, tandis que ton trépas approchera, l'enfant reconnu se mourra pour ne citer que cela. Le seul point positif, c’était qu’on était pas totalement perdus : effectivement nous étions à Chicago et j’avais suffisamment dormi dans l’avion pour, désormais, être excité comme une puce. Le problème, quand on est demi-dieux, c’est qu’on est aussi hyperactif et toutes ces conneries. Je crois que les trois premiers coups de vent m’ont un peu calmé. Je me suis gratté la tête avec un air pas forcément finaud. Ici, il neigeait dur et il n’y avait personne dans les rues ; après tout, nous étions le jour même de Noël et les Mortels devaient être occupés à se remplir la panse en ouvrant leurs cadeaux. Ils étaient bien gentils, à la colonie, mais nous on était juste dans une ville bourrée de monstres – je l’avais appris à mes dépens – sans repères ni aucun indice. Avec une gêne palpable, je me suis tourné vers mes deux compagnes de fortune, trouvant tout de même la force de sourire en coin. « On est censés trouver un truc aussi gros qu’une tête d’épingle – avec notre karma – dans une ville énorme et potentiellement dangereuse. Bienvenue à la colonie des sangs-mêlés ! » ai-je dit d’un ton amer en grimaçant légèrement. Car forcément, les Olympiens étaient incapables de nous aider en, je sais pas, faisant un peu de magie et de faire venir jusqu’à eux la Rose des Vents et la restituer sans dommage aux Vents. D’ailleurs, ils auraient pas pu rester chez eux, eux ? C’était extrêmement désagréable, de se les cailler dans sa ville de naissance sans savoir où aller. J’ai toussé en balayant la ville du regard, essayant de trouver un marteau géant au dessus d’un bâtiment, par exemple. Tout ce que je voyais, c’était des flocons bien décidés à me geler les yeux – avec, accessoirement, les autres parties du corps. Quelle journée pourrie. « Dites-moi que vous avez des intuitions, des idées, je sais pas, n’importe quoi. » ai-je geint, totalement mature et tout à fait maître de mes trémolos de voix.

Spoiler:

« On est censés trouver un truc aussi gros qu’une tête d’épingle – avec notre karma – dans une ville énorme et potentiellement dangereuse. Bienvenue à la colonie des sangs-mêlés ! »

'Merci, Zayne. C'est franchement sympa de mettre en évidence ces quelques détails pour le moins terrifiants'. Rain était terrifiée, en effet. Elle l'était depuis que son nom avait été cité par Olliver. Elle avait été quelque peu rassurée en voyant que Zayne allait l'accompagner, mais la présence d'Aliénor l'avait laissée perplexe. Elles n'étaient pas vraiment dans une entente parfaite. Mais l'avantage de cette quête, c'était qu'elle ne risquait pas de bombarder la belle Héphaïstos de millier de questions, comme elle en avait l'habitude: elle avait la gorge trop nouée pour pouvoir prononcer un seul mot.

Et voilà qu'ils étaient parti. Elle n'avait pas eu le courage d'emmener quoi que ce soit d'autre que des vêtements chauds ainsi que quelques vivres, et l'arme légère qu'on lui avait prêté depuis son arrivée. C'était une épée fine et courte, qui permettait une grande agilité des mouvements et une certaine vitesse. Cependant, Rain doutait qu'elle soit vraiment utile face à des monstres qui étaient plus grands que des armoires à glace. Mais elle n'était pas capable de porter une arme plus lourde. Elle avait donc du s'accommoder de cette arme, qui n'était même pas équilibrée à son bras. Mais c'était mieux que rien.

Ils descendirent de l'avion. Rain aurait bien jeté un coup d'œil curieux aux passants, aux flocons qui enneigeaient la ville et rendait les lumières des immeubles fantomatiques. Mais elle avait plus une tête d'enterrement qu'autre chose, et instinctivement, elle se plaça entre ses deux compagnons de quête – un peu plus près de Zayne, laissant une distance raisonnable entre Aliénor et elle.

« Dites-moi que vous avez des intuitions, des idées, je sais pas, n’importe quoi. »

Si même Zayne était désemparé, qu'allaient-ils faire ? Elle avait pensé pouvoir s'appuyer sur lui et Aliénor. Ses pouvoirs semblaient bien dérisoires dans une telle ville. Il y avait bien quelques plantes sur les balcons des HLM, et quelques chiens, dans les rues, qui... Attendez. Des chiens ? Oui, c'était ridicule de penser qu'une telle tentative pourrait porter ses fruits, mais c'était la seule chose qu'elle pouvait faire pour l'instant. Elle étendit son pouvoir sur la citée, et rencontra de nombreux esprits amis, et bien vite, un chien presque cadavérique s'avança vers eux, et fit la fête à Rain qui eut un rire joyeux. Et quelques minutes plus tard, elle se releva, un air mi-figue, mi-raisin sur le visage. Elle lança un biscuit au chien, qui s'en alla en claudiquant.

« Il a dit qu'il n'était pas sur de connaître ce que nous cherchions. Mais que nous aurions plus de chance de trouver en tournant par là. »

Elle désigna la rue à leur droite.

Spoiler:

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Arrivée à Chicago. Je ne connaissais pas cette ville, je n'y avais jamais mis les pieds et j'étais totalement nulle en géographie. Je comptais sur Zayne pour nous guider, lui qui avait grandi ici. Mais un regard en sa direction m'indiqua qu'il était aussi perdu que moi. C'était notre première quête, à tous les trois. Personne ne savait comment agir, par quoi commencer. Mais nous avions une mission, il était de notre devoir de réussir. Sinon, les habitants de la Colonie - ma famille - allaient amèrement le regretter. Très bien, Ali, au travail. Zayne se tourna vers nous, son petit sourire habituel collé au visage. « On est censés trouver un truc aussi gros qu'une tête d'épingle - avec notre karma - dans une ville énorme et potentiellement dangereuse. Bienvenue à la colonie des sangs-mêlés ! » Je lui jetais un regard ''ce-genre-de-remarque-est-particulièrement-motivante-merci-pour-ton-aide''. Mais il avait raison. Personnellement, je ne savais pas à quoi ressemblait cette fameuse Rose des Vents. Enfin, si... Je savais ce que c'était mais j'ignorais quelle apparence elle prendrait réellement. Vous savez les trucs légendaires, ça ne ressemble pas forcément à ce que l'on vous a décrit toute votre vie. « Dites-moi que vous avez des intuitions, des idées, je sais pas, n'importe quoi. » Je tournais sur moi-même, scannant chaque détail de la rue dans laquelle nous nous trouvions. Une échappatoire, un indice quelconque, quelque chose qui nous mettrait sur la voie. Bien, réfléchissons.

Je sursautais lorsqu'un chien aboya bruyamment derrière moi. Je me retournais vivement, prête à affronter le danger. Et finalement, je lâchais un soupire exaspéré en voyant Rain rigoler, jouant avec l'animal qui venait quasiment d'arrêter les battements de mon coeur en aboyant comme un taré. Ce n'est pas le moment de s'amuser, gamine. Je reprenais mon observation, laissant la jeune coréenne à ses petits jeux. « Il a dit qu'il n'était pas sûr de connaître ce que nous cherchons. Mais que nous aurions plus de chance de trouver en tournant par là. » Je lui lançais un regard surpris avant de comprendre. Nous étions presque sûrs qu'elle était la fille de Déméter, un de ses pouvoirs consistait notamment à parler aux animaux. Bien, cette gosse serait peut-être utile... Je tournais la tête dans la direction qu'elle indiquait, resserrant mon écharpe autour de mon cou. Saleté de neige. « On peut toujours aller voir, ça nous évitera de rester planter ici, non? Au fait, elle disait quoi la prophétie, Zayne? » Je lançais un regard curieux à mon frère. Avec un peu de chance, les paroles de l'Oracle pourraient nous aider.

Spoiler:

Alors qu'Aliénor venait de demander à Zayne ce que contenait la prophétie de l'Oracle - judicieuse question, au passage -, un flyer emporté par le vent se posa doucement juste aux pieds de la fille d'Héphaïstos. La petite affiche est blanche, ne contient aucune image mais simplement ces quelques mots : « Dimanche 25 décembre 2011, venez assister au show de S-Phinx, la dame aux énigmes. Rendez-vous au bar de Sebèht, à seize heures ». L'arrivée de ce petit papier est peut-être dû au hasard, ou peut-être pas...

J’étais désespéré. Catégorie truc impossible.. avouez que c’est pas mal. J’ignorais qu’on envoyait les héros en mission avec si peu d’informations. Ils étaient pas foutus de nous donner une boussole magique – comme dans pirates des caraïbes, zomg – ou n’importe quoi qui puisse nous guider pépère vers notre but. Un fil d’Ariane, peut-être ? Oh, oui, ça serait vraiment cool avec un fil d’Ariane. Juste besoin de le tirer et se faire diriger jusqu’à Ariane-la-bonasse. C’est un aboiement joyeux, accompagné d’un rire du même acabit, qui m’arracha à mes pensées. Je fus trop lent pour sortir mon épée et c’est très vite que je compris que cela aurait été inutile : effectivement, Rain venait de se faire un nouveau pote. Ce nouveau pote, accrochez-vous à vos baskets, c’était un chien à la mine affamée et cadavérique. Ca me faisait tout bizarre. Rain, je veux dire. Dans ma tête, et pas méchamment en plus, c’était Rain l’indéterminée. Alors qu’elle était fille de Déméter, aucun doute là-dessus. Je me suis gratté la nuque en les regardant, légèrement mal à l’aise, avant de continuer à observer les rues avec le vain espoir qu’un signe se formerait sous nos yeux. « Il a dit qu'il n'était pas sur de connaître ce que nous cherchions. Mais que nous aurions plus de chance de trouver en tournant par là. » fit Rain, me faisant tourner les yeux vers elle. Je regardais le chien qui s’éloignait, clopin-clopant avec un biscuit dans la bouche. Euh, un biscuit ? Rain avait des biscuits ? Mieux ne valait pas y réfléchir – c’était sans aucun doute des biscuits pour chien avec complètement viande.. brrr. J’ai tourné les yeux vers la direction qu’elle indiquait en fronçant les sourcils pour essayer de mieux la distinguer. Et bien, nous avions rien à perdre, j’imagine. Je m’apprêtais déjà à ramasser mon sac, négligemment laissé parterre, et à y aller quand Aliénor prit à son tour la parole : « On peut toujours aller voir, ça nous évitera de rester planter ici, non? Au fait, elle disait quoi la prophétie, Zayne? » Ah oui, pas con. Je leur ai adressé un sourire un peu idiot à toutes les deux avant de fermer les yeux pour essayer de me souvenir de l’Oracle. A dire vrai, je me souvenais très précisément de la fumée verte phosphorescente qui sortait des yeux et tout ça.

« Arrivé à ta destination, tu rencontreras celui par qui le Déluge est arrivé.
Une fois encore, les forces divines s'abattront sur toi.
Tandis que ta mort.. euh, ton trépas j’imagine approchera, celle par qui tout naît posera son regard sur toi.
Alors que tu découvriras l'objet de tes désirs, l'enfant reconnu se mourra
Seulement à ce moment ton voyage se stoppera, euh.. s’arrêtera. » récitais-je d’une voix hésitante.

Je rouvris les yeux pour regarder mes deux compagnes de fortune s’intéresser de plus près à un bout de papier qu’à mes paroles. Pas vexé pour un sous, je me penchais à mon tour vers la chose : noir sur blanc + dyslexie = impossibilité pour moi de lire = j’abandonne et laisse le soin aux filles de s’en occuper. Aussi simplement que ça. « Euh... les filles ? »

Spoiler:

'S'abattront'. 'Trépas'. 'Mourra'. C'était trop de mots négatifs dans si peu de phrases. Mais peu importe, il ne servait à rien de s'apitoyer sur son sort. Olliver n'allait pas venir les récupérer en avion, un sourire aux lèvres, en leur disant 'laissez tomber les gosses, c'est trop compliqué pour vous'. Rain aurait bien aimé, mais ce ne serait pas le cas. Alors autant se battre pour que cette quête se finisse le plus tôt possible. Et puis, il y avait ce bout de papier. Zayne l'avait ramassé avant qu'elle ai pu commencer à lire, avant de se rendre compte qu'il lui était impossible de déchiffrer les lettres. Rain eut un sourire; Non, décidément, la lecture, c'était pas le point fort du jeune homme. Elle lui prit le papier des mains et entreprit de décrypter chaque lettre, chaque mot.

Elle était bien plus à l'aise avec son alphabet natal. Cependant, de longues heures de lectures laborieuses lui avaient permis d'acquérir une certaine agilité, même avec les lettres occidentales, et ce fut donc avec une certaine assurance – bien que ponctuée d'hésitations – qu'elle se mit à lire.

« Dimanche 25 dé... dé... décembre 2011, venez assister au sh...? Show? de S-Phinx, la dame aux énigmes. Rendez-vous au bar de... de... Sebèht, à seize heures. »

Elle eut un rire nerveux. Oui, un rire nerveux. Qui se changea rapidement en une exclamation qui n'avait rien, mais alors absolument rien de naturel.

« Ne me dites pas qu'on va aller rencontrer la Sphinge. THE Sphinge ? Et quelqu'un sait ou se trouve ce bar de... Sebèht ? Hananim !* La sphinge... Pourquoi ne suis-je pas une fille d'Athéna ? Siam saurait parfaitement répondre aux énigmes, je suis sûre. »

Cependant, il n'était pas dans sa nature de se laisser aller au désespoir, et elle empoigna ses deux compagnons par les bras, avec toute l'énergie dont elle était capable. Rain était certaine de trois choses dans cette quête: s'il y avait des monstres, elle était dans le pétrin. S'il y avait besoin de remonter le moral des troupes, il n'y avait pas mieux désignée qu'elle. Et enfin, elle n'avait pas l'intention de laisser ses deux compagnons tout faire. Elle allait essayer de se rendre utile du mieux qu'elle le pouvait.

« Zayne, tu dois savoir où c'est toi... non ? Moi je suppose que je peux patrouiller dans les environs. Les animaux errants savent reconnaître les monstres et pourront m'en informer si l'un d'eux approche. Je peux peut-être aussi essayer de... et bien, de trouver ce bar, je suppose, si... on a pas d'autres moyens. Je doute de... pouvoir faire mieux. »

Elle eut une petite mine penaude, qui ne dura qu'une demi seconde, avant qu'un sourire encourageant vienne ourler ses lèvres. En plus, le temps les pressait. Ils avaient en théorie largement le temps d'arriver à ce bar, mais s'il s'avérait qu'il ne connaissait pas la position exacte du bar... le temps pourrait jouer contre eux. Elle sautilla sur place – nom d'un chien, il faisait terriblement froid.

Spoiler:

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« On peut toujours aller voir, ça nous évitera de rester planter ici, non? Au fait, elle disait quoi la prophétie, Zayne? » Il eut un sourire idiot puis ferma les yeux, tentant de retrouver avec exactitude, les paroles de l'Oracle. Jusqu'ici, je n'avais pas pensé à cette prophétie. Si elle était réellement importante, mon frère nous en aurait parlé. De toute évidence, elle l'était mais il n'avait pas jugé nécessaire de nous faire part de la prédiction qui lui avait été confiée. J'hésitais un instant, entre lui taper dessus ou me contenter de lui adresser un regard meurtrier. Finalement, je décidais que la seconde solution était plus raisonnable. Si je venais à lui abîmer son visage d'ange, il allait me faire la tête pendant des mois.
« Arrivé à ta destination, tu rencontreras celui par qui le Déluge est arrivé.
Une fois encore, les forces divines s'abattront sur toi.
Tandis que ta mort.. euh, ton trépas j’imagine approchera, celle par qui tout naît posera son regard sur toi.
Alors que tu découvriras l'objet de tes désirs, l'enfant reconnu se mourra
Seulement à ce moment ton voyage se stoppera, euh.. s’arrêtera. »

Je n'avais jamais été très forte pour les devinettes. J'étais même complétement nulle. Mais il y avait toujours une logique à ce genre de jeu. Logique que je n'avais jamais comprise mais avec un peu de chance, en mêlant nos efforts, nous serions peut-être capables d'arriver à bout de cette énigme. Si je n'aimais pas les Dieux, je m'étais passionnée pour la mythologie grecque, bien avant de savoir que j'étais moi-même la fille d'un de ces dieux que j'avais étudié. Je réfléchis un instant. « Le Déluge... Je sais qu'il existe un mythe sur le Déluge de Deucalion, qui rejoint celui du récit biblique, avec Noé et son arche... celui par qui le Déluge est arrivé... Dieu? Zeus? Zeus me semble plus plausible dans notre cas... » Je lâchais un rire ironique. « Rencontrer Zeus... Quelle bonne blague... celle par qui tout naît... Je ne vois absolument pas de qui ça parle. Vous avez une idée? » Il eut un coup de vent qui firent voler mes longs cheveux blonds devant mon visage, brouillant ma vue pour quelques secondes et me faisant perdre le fil de mes réflexions. J'enlevais mes mèches dorées de devant mes yeux et remarqua un papier blanc sur le sol. Zayne l'attrapa et je m'approchais en même temps que Rain.

Mais c'était écrit en anglais. J'étais totalement incapable de lire de l'anglais malgré tous les efforts que j'avais effectués depuis ces dix dernières années. Selon l'infirmière en chef de la Colonie, ma dyslexie semblait plus avancée que celles des autres Héros. J'étais destinée à ne jamais savoir lire, sauf s'il s'agissait de grec ancien, bien entendu. Zayne nous regarda. « Euh... les filles ? » Je secouais la tête. « Je ne peux pas lire ça... » J'espère soudain, que Rain puisse nous aider. Si je ne l'aimais pas beaucoup, elle ne semblait pas totalement idiote, malgré les apparences. « Dimanche 25 dé... dé... décembre 2011, venez assister au sh...? Show? de S-Phinx, la dame aux énigmes. Rendez-vous au bar de... de... Sebèht, à seize heures. » S-Phinx? Le Sphinx? On est mort... Je lançais un regard inquiet à mes deux compagnons. « Ne me dites pas qu'on va aller rencontrer la Sphinge. THE Sphinge ? Et quelqu'un sait ou se trouve ce bar de... Sebèht ? Hananim !* La sphinge... Pourquoi ne suis-je pas une fille d'Athéna ? Siam saurait parfaitement répondre aux énigmes, je suis sûre. » « De toute évidence, si, nous allons rencontre la Sphinge... J'espère que vous êtes forts au jeu des devinettes parce que moi, je suis totalement nulle pour ça! » Brusquement, elle s'accrocha à nos bras. Je la regardais, surprise qu'elle ose s'approcher ainsi de moi alors qu'elle semblait me craindre. Je regardais ma montre. Il était encore tôt. « Zayne, tu dois savoir où c'est toi... non ? Moi je suppose que je peux patrouiller dans les environs. Les animaux errants savent reconnaître les monstres et pourront m'en informer si l'un d'eux approche. Je peux peut-être aussi essayer de... et bien, de trouver ce bar, je suppose, si... on a pas d'autres moyens. Je doute de... pouvoir faire mieux. » « Non, on devrait rester ensemble. Si quelqu'un... ou quelque chose t'attaque, tu ne sera pas capable de te défendre toute seule, surtout s'ils sont plusieurs. Mais rien ne t'empêche de te renseigner auprès des animaux de la ville. Tant que tu reste avec l'un de nous deux. » Je lui adressais un sourire moqueur. Je la dépassais d'une bonne tête et cela m'amusait beaucoup, surtout après avoir vu ses compétences en matière de combat. ...l'enfant reconnu se mourra... « Zayne... La prophétie, tu crois qu'elle parle vraiment de toi? » J'étais la maman poule de mes frères et sœurs. Ils étaient ma seule famille et je refusais qu'il leur arrive malheur. Si j'avais pu donner mon avis, j'aurais demandé à ce que mon petit frère reste à la Colonie. Mais c'était bien mal connaître Zayne...

Spoiler:

Tandis que les trois pensionnaires s’interrogeaient à propos de la prophétie, un homme à l'allure sombre apparut dans la rue, planté à quelques mètres des demi-dieux. Le ciel s'assombrit dès lors, et des gouttes de pluie tombèrent dans les rues de Chicago, accompagnées d'un vent glacial. Pourtant, dans l'obscurité qui vient de s'abattre sur la ville, une enseigne lumineuse se détache du reste des bâtisses aux allures sombres : Le Sebèht

« Le Déluge... Je sais qu'il existe un mythe sur le Déluge de Deucalion, qui rejoint celui du récit biblique, avec Noé et son arche... celui par qui le Déluge est arrivé... Dieu ? Zeus ? Zeus me semble plus plausible dans notre cas... Rencontrer Zeus... Quelle bonne blague... celle par qui tout naît... Je ne vois absolument pas de qui ça parle. Vous avez une idée? » Je l’ai regardée comme si elle venait d’une autre planète. Je ne savais pas de quoi elle parlait ni d’où elle sortait ces mots ; en tout cas, elle les avait sorti. J’ignorais comme s’écrivait biblique. Deucalion.. putain, mais elle avait que ça à étudier ? J’ai haussé les épaules. Non, je n’avais aucune idée ; mais ça, ce n’était pas nouveau. « Je pense pas que ce soit Zeus. Plutôt genre Eole. Le dieu des Vents. Paraît qu’il est siphonné. Tu sais ce que dit l’adage ? Si son humeur ne te convient pas, attends cinq minutes. » J’ai souri car cet adage – appris en cours de grec ancien-apprentissage des dieux grecs – me faisait toujours rire. « Dimanche 25 dé... dé... décembre 2011, venez assister au sh...? Show? de S-Phinx, la dame aux énigmes. Rendez-vous au bar de... de... Sebèht, à seize heures. » J’ai regardé ma montre. On était presque en avance, dis ! Nous échangeâmes des regards inquiets. Le Sphinx.. nan, ça allait pas le faire. En même temps, nous devions tous connaître la célèbre énigme.. mais quelque chose me disait que ce ne serait pas aussi simple. « Ne me dites pas qu'on va aller rencontrer la Sphinge. THE Sphinge ? Et quelqu'un sait ou se trouve ce bar de... Sebèht ? Hananim ! La sphinge... Pourquoi ne suis-je pas une fille d'Athéna ? Siam saurait parfaitement répondre aux énigmes, je suis sûre. » J’hochais vigoureusement la tête. C’est vrai que bon, entre la non-reconnue « Déméter » et les deux « Héphaïstos » que la conscience commune qualifiaient d’obtus, on n’était pas sorti de l’auberge. « De toute évidence, si, nous allons rencontre la Sphinge... J'espère que vous êtes forts au jeu des devinettes parce que moi, je suis totalement nulle pour ça ! » Je lui ai adressé un regard alarmant genre : « moi aussi ». « Tralala, Rain, emploie pas le mot « énigme » au pluriel. C’est idiot, il y a toujours eu qu’une seule et unique énigme, tu le sais bien. » Mais j’avoue que je n’avais pas l’air très convaincu de mes paroles. Finalement, la petite coréenne nous a empoignés, Aliénor et moi, par le bras. J’ai baissé la tête vers elle, si surpris que c’en était presque un euphémisme de le dire. « Zayne, tu dois savoir où c'est toi... non ? Moi je suppose que je peux patrouiller dans les environs. Les animaux errants savent reconnaître les monstres et pourront m'en informer si l'un d'eux approche. Je peux peut-être aussi essayer de... et bien, de trouver ce bar, je suppose, si... on a pas d'autres moyens. Je doute de... pouvoir faire mieux. » « Non, on devrait rester ensemble. Si quelqu'un... ou quelque chose t'attaque, tu ne sera pas capable de te défendre toute seule, surtout s'ils sont plusieurs. Mais rien ne t'empêche de te renseigner auprès des animaux de la ville. Tant que tu reste avec l'un de nous deux. » J’ai hoché la tête, ignorant le sourire moqueur d’Aliénor. « Je rejoins tout à fait Aliénor, on ne te laisse pas seule. On est une team d’enfer, pas vrai ? – j’ai souri – En revanche, le bar Sebèht.. je ne crois pas que ce soit un bar normal, si tu vois c’que j’veux dire. » J’ai haussé les épaules, encore.

Je m’apprêtais à me détacher doucement de Rain et à avancer – on n’allait quand même pas rester plantés là pendant un million d’années, si ? – quand Aliénor et parlé. J’aurais préféré qu’elle s’abstienne. « Zayne... La prophétie, tu crois qu'elle parle vraiment de toi ? » Je lui ai adressé un regard mi-préventif – je ne voulais pas en parler – mi-inquiet – j’avais carrément peur. Surtout que je voyais parfaitement de quel vers elle voulait parler. De ce côté-là, Rain était protégée. Je m’apprêtais à répondre quand une goutte de pluie m’interrompit, jugeant bon de me rebondir sur le nez. J’ai levé le visage vers le ciel en grognant « di immortales… » , le grec ancien se faisant brièvement remplacer par le latin pour exprimer et bien, quoi, mon étonnement ? ma surprise ? ou tout simplement le fait que je détestais la pluie. L’eau et le feu, vous savez… Il commence à faire sombre, le temps se couvre. Et là, je vois les néons. HET THEÈSBE, ce qui ne veut strictement rien dire d’après moi. Je me tourne vers Rain en pointant l’enseigne du doigt. « Y’a marqué Sebèht, là, non ? Et puis, ça a l’air d’un bar. Cool ! » et, sans attendre sa réponse, je m’avance en omettant la silhouette sombre qui semble vouloir nous barrer le chemin. C’est dur, de souffrir de déficit d’attention et d’être tête-en-l’air. C’est même.. mortel. Et puis, une silhouette contre trois ados armés jusqu’aux dents..

Spoiler:

« Je pense pas que ce soit Zeus. Plutôt genre Eole. Le dieu des Vents. Paraît qu’il est siphonné. Tu sais ce que dit l’adage ? Si son humeur ne te convient pas, attends cinq minutes. » Elle eut un demi sourire. Mais pour le reste, tout ce qu'ils pouvaient bien raconter lui échappaient totalement. En Corée, on étudiait pas trop la culture grecque et la mythologie.

Rain lança une moue agressive à Aliénor – le genre de moue qui aurait du lui donner un air méchant mais qui faisait rire la majorité des gens. Elle n'avait jamais eu l'intention de 'patrouiller' physiquement, comme ils l'entendaient. Seulement de patrouiller mentalement, en recueillant les informations que les animaux errants récoltaient de leurs propres sens. Non, Rain pouvait être courageuse mais pas au point de s'en aller seule, dans une ville dont elle ne connaissait rien, au milieu d'une mission, et en totale vulnérabilité. Cependant, elle se tourna vers Aliénor. « Je n'avais pas l'intention de partir. J'aurais eu trop peur de te manquer. » Elle relâcha sa pression enthousiaste sur leurs bras. Fichue fille d'Héphaïstos.

« Zayne... La prophétie, tu crois qu'elle parle vraiment de toi ? » C'est pas drôle. Non, vraiment pas. Elle ne pouvait pas imaginer que Zayne pourrait mourir au cours de cette quête, elle ne le supportait pas. Et bien qu'elle appréciait bien moins Aliénor, il en était de même pour elle. Elle, elle semblait immunisée contre la prophétie. A moins que Déméter ai la bonne idée de la reconnaître en pleine mission, ce qui ne serait pas plus mal. Mais elle n'eut pas le temps de s'abandonner à de plus amples réflexions, car une rafale de vent la fit frissonner violemment, en même temps que des gouttes de pluie venaient mouiller ses longs cheveux. Et puis, par un étrange hasard – même si Rain commençait à croire que les hasards n'en étaient jamais vraiment – une enseigne s'alluma, face à eux. Elle déchiffra les lettres avec rapidité. « Y’a marqué Sebèht, là, non ? Et puis, ça a l’air d’un bar. Cool ! » Elle hocha la tête, mais Zayne ne la vit même pas. Il s'avançait déjà vers le bar, tout à fait insouciant. Mais Rain, elle, a vu l'homme qui est face à eux. Impossible de discerner ses traits dans l'obscurité qui a envahie la rue. Il a une carrure imposante, et immédiatement, elle se méfia de lui. Un humain ne resterait pas ainsi immobile à les observer, à part s'il était un stalker ou un dérangé. Il existe bien des humains qui appartiennent à ces deux catégories mais... non, ça n'était pas ça. Trop simple.

Elle l'aurait bien abordé en lui demandant qui il était et ce qu'il voulait mais elle doutait qu'il soit du genre à répondre simplement. Alors elle se mit à courir pour rattraper Zayne, et stoppa son avancée en bloquant son bras. Sa main se plaça parallèle au béton sous leurs pieds, ressentant un signal faible mais présent; ses sens de fille de Déméter se réveillèrent petit à petit. 'Je crois qu'on a de la visite'. C'est ce qu'elle aurait voulu dire. Mais elle avait la gorge nouée. Elle aurait du sortit son épée, mais elle n'était même pas sure que cet homme ne soit pas un humain, et de toute façon... ça aurait été inutile. « Tu crois qu'il veut une photo ? Parce que je lui trouve un air bien lugubre pour un simple touriste... » Elle se tourna vers Aliénor. Elle ignorait pourquoi, mais elle était secrètement persuadée qu'elle, elle n'hésiterait pas à sortir son épée et à trancher dans le vif.

Spoiler:

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« Le Déluge... Je sais qu'il existe un mythe sur le Déluge de Deucalion, qui rejoint celui du récit biblique, avec Noé et son arche... celui par qui le Déluge est arrivé... Dieu ? Zeus ? Zeus me semble plus plausible dans notre cas... Rencontrer Zeus... Quelle bonne blague... celle par qui tout naît... Je ne vois absolument pas de qui ça parle. Vous avez une idée? » J'interceptais le regard de mon frère. Ben quoi? Ma grand-mère maternelle était particulièrement croyante et je m'étais un peu renseigné sur le sujet, histoire de m'attirer ses faveurs. « Je pense pas que ce soit Zeus. Plutôt genre Eole. Le dieu des Vents. Paraît qu’il est siphonné. Tu sais ce que dit l’adage ? Si son humeur ne te convient pas, attends cinq minutes. » J'éclatais de rire. Mon frère avait toujours le chic pour réussir à provoquer mon hilarité, dans les pires situations. Rain m'adressa une moue agressive. Qu'est-ce qu'elle veut la morveuse? Je lui envoyais un sourire moqueur. « Je n'avais pas l'intention de partir. J'aurais eu trop peur de te manquer. » « C'est plutôt parce que tu aurais eu trop peur de te retrouver seule face à un méchant monstre... » Je ne lui laissais pas le temps de répliquer. Je profitais du fait qu'elle relâchait enfin mon bras, pour m'éloigner de quelques centimètres d'elle et porter mon attention sur mon blondinet préféré (mon frère quoi). « Zayne... La prophétie, tu crois qu'elle parle vraiment de toi ? » Oui, bon, je pouvais également être concernée. Je faisais partie des enfants reconnus. Dans notre trio infernal, Rain était la seule qui ne serait pas réellement en danger. Surtout avec Zayne et moi à ses côtés. Nous n'étions pas invincibles, nous étions loin de savoir nous battre comme la descendance d'Arès ou d'Athéna. Mais nous n'étions pas totalement démunis. Et je savais - malgré moi - que nous serions tous deux capables de défendre la petite coréenne au prix de nos vies. Parce que mon frère l'aimait bien et parce que j'avais toujours tendance à protéger les plus jeunes, les plus faibles. Son regard confirma qu'il pensait la même chose que moi. Et cela ne fit qu'accentuer mes craintes.

Soudain, une goutte de pluie glacée tomba dans mon cou, me faisant frissonner. Je lâchais un juron discret. La vache, qu'est-ce que c'est froid! Après la neige, la pluie? Bande d'imbéciles, si vous voulez qu'on la récupère, votre fichue Rose des Vents, vous ne pourriez pas nous filer un coup de main en faisant apparaître le soleil?! Bientôt, une fine pluie me trempa complètement. Je relevais ma capuche fourrée sur ma tête, espérant me protéger un peu du mauvais temps. « C'pas possible ça?! Ils le font exprès ou quoi?! » Trop occupée à ruminer contre les Dieux, je ne remarquais pas l'enseigne lumineuse qui venait de s'allumer, à quelques mètres de nous. Ce fut la voix de Zayne qui me tira de mes sombres pensées. « Y'a marqué Sebèht, là, non ? Et puis, ça a l'air d'un bar. Cool ! » Je me retournais vivement. Mais ce ne fut pas les mots lumineux qui attirèrent mon attention. Ma vision, plus aiguisée que celle d'un humain, capta la silhouette étrange, imposante, presque effrayante, qui se découpait dans la pénombre de la rue. J'eus sûrement les mêmes pensées que Rain. Tandis qu'elle courait vers mon frère, l'empêchant de continuer son chemin, j'enlevais mon collier - qui pouvait se transformer en bouclier, si l'on savait où appuyer - et je sortais mon stylo de ma poche. Stylo qui n'en était pas réellement un. S'il y avait un avantage à être la fille d'Héphaïstos, c'était de savoir créer - instinctivement - des objets incroyables. Ce collier et ce stylo étaient mes premières oeuvres, celles que j'emmenais toujours avec moi. On ne sait jamais... En réalité, je n'étais pas la seule à posséder ce genre d'instrument ''magique''. En raison de notre ascendance, nous étions chargés de nous occuper de l'armurerie de la Colonie. Beaucoup de pensionnaires venaient nous voir pour que nous leur forgions la même arme que leur copain « parce que c'est trop coooool ». Mes deux armes préférées étaient donc particulièrement répandues au Camps. « Tu crois qu'il veut une photo ? Parce que je lui trouve un air bien lugubre pour un simple touriste... » A mon tour, je m'approchais d'eux, me plaçant à côté de Rain. « Ce n'est pas normal... » Mon collier dans une main, mon stylo dans l'autre, j'attendais que l'inconnu réagisse. Mais il ne semblait pas décidé à bouger. « Vous croyez que nous allons devoir nous battre avec lui? Peut-être qu'il s'agit du Sphinx? D'ici, on ne voit pas grand-chose... »

Si l'homme a entendu les paroles des sang-mêlés, il n'en montre rien. Cependant, il s'avance encore, jusqu'à pénétrer dans la lumière. Enfin, les trois jeunes peuvent contempler l'intrus : il semble tailler à même le marbre, et possède une carrure imposante. Lorsqu'il écarte ses lèvres pour esquisser un rictus mauvais, ses dents éclatent de blancheur. « Au contraire de mes frères, je ne compte pas vous rendre la tâche facile, chers rejetons des Dieux », déclare l'inconnu. Sa voix est violente et chaude à la fois, comme un vent d'été. Sur ce, il se volatilise dans un coup de vent chaud. Aussitôt, la pluie devient encore plus forte, le vent encore plus puissant. Si vous voulez échapper à cette nouvelle tempête, il va falloir entrer dans le Sebèht.

« Je n'avais pas l'intention de partir. J'aurais eu trop peur de te manquer. » « C'est plutôt parce que tu aurais eu trop peur de te retrouver seule face à un méchant monstre... » Je levais avec un agacement palpable les yeux au ciel. Bien vite oublié, mon joli adage tout frais. Très vite, rires et sourires avaient été remplacés par une moue et un rictus moqueur. Je ne pouvais qu'observer, moi, planté sur le côté droit de Rain alors que celle-ci semblait prête à tout pour se quereller avec ma sœur. J'avais fort à parier que cela pourrait s'avérer être un handicap par la suite, si les deux jeunes filles n'arrêtaient pas de se disputer pour des futilités. « Zayne... La prophétie, tu crois qu'elle parle vraiment de toi ? » Je ne l'aurais avoué pour rien au monde mais cette phrase m'obsédait. Non, la prophétie m'obsédait. Bien que ce gentil Mac-Hurley m'avait conseillé de ne pas trop y penser, je ne pouvais pas m'en empêcher. L'enfant reconnu se mourra me rappelait sans cesse ma conscience sans pudeur aucun. Je n'avais pas envie de mourir. J'aurais peut-être dû me dire un truc genre : « si je meurs pour les dieux, au moins je serai mort pour la bonne cause ! » ou encore « je serai mort en héros et on parlera de moi dans encore cinq siècles ! » mais, soyons réalistes, notre Quête n'était pas la plus passionnante, ni la plus dangereuse de tout les temps. C'est peut-être pour ça que j'essayais de m'en distraire, me concentrant sur le bar surmonté de son enseigne flashy. Plus vite on en aurait fini, plus vite nous serions de retour à la colonie. Ah oui, et plus vite les vers de la prophétie prendrait sens à nos yeux. J'étais un peu énervé, j'avoue, en m'avançant vers le Sebèht. J'avais encore cette désagréable impression d'être un simple pantin, juste une source d'amusement aux yeux de mon géniteur et de ma famille. Je vous laisse imaginer que je détestais ça. Il jouait avec nos vies à l'aide de quêtes dangereuses, avec nos esprits grâce à des prophéties obsédantes et de nos santés à cause de tous nos petits handicaps, nos défauts mortels. Il s'en foutait de nous. Rien à f... J'ai failli envoyer bouler Rain – car c'était assurément elle – lorsqu'elle m'a empoigné le bras. Je me suis senti fondre comme neige au soleil, tournant un regard perplexe vers Rain qui n'avait d'yeux que pour la silhouette que j'avais omise.

Large, haut, dangereux. Voilà comme je le décrirais, à la réflexion. Imposant. Trop. « Tu crois qu'il veut une photo ? Parce que je lui trouve un air bien lugubre pour un simple touriste... » Je n'ai pas répondu, fronçant les sourcils. Machinalement, je me suis dérobé de l'étreinte de Rain, avec douceur, en posant ma main gauche sur le pommeau de la batte de baseball en alu qui me servait d'arme. Moment où j'adorais la Brume, la batte s'est mise à clignoter jusqu'à redevenir ma bonne vieille épée. Je ne me séparais jamais d'elle. Je la camouflais juste assez de Brume quand je devais me rendre chez les Mortels; sinon, elle était tout le temps à ma ceinture. Sauf à la colonie, les jours où j'étais lassé de tout – naturellement. « Ce n'est pas normal... » Je regardais Aliénor genre « non tu crois ? » « Vous croyez que nous allons devoir nous battre avec lui? Peut-être qu'il s'agit du Sphinx? D'ici, on ne voit pas grand-chose... » Je m'apprêtais à lui rétorquer que le Sphinx était un animal et n'avait forme humaine quand la silhouette s'est approchée. Je me suis senti pâlir, en me rendant pleinement compte de la taille et de l'épaisseur de la Chose. Il a un rictus qui n'annonce rien de bon sur les lèvres, tant et si bien que je suis prêt à dégainer et à le défier. « Au contraire de mes frères, je ne compte pas vous rendre la tâche facile, chers rejetons des Dieux » Sa voix est désagréable, froide et agréable à la fois. Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer. D'un côté, cela ravivait de bons souvenirs comme un été à Malibu avec mes parents mais aussi un, plus désagréable, dans une ambiance humide et trop chaud. Je frissonne, malgré le coup de vent chaud qui m'ébouriffe les cheveux alors qu'il disparaît. Un dieu, sans en douter. Maintenant, à savoir si c'était Zéphyr, Borée, Eole ou Machin (avouez que les dieux du vent ont des noms dont on ne peut se rappeler, quand on est un gamin hyperactif)... Alors que je me commençais à peine à me sentir bien, là, avec ce coup de vent chaud opportun, il se met à pleuvoir des cordes. Le message est clair. Je m'approche de la porte du bar, toujours aussi nerveux, en gardant la main sur le pommeau de l'épée. « Je crois qu'il va nous falloir entrer. Si ça se trouve S-Phinx organiser une soirée questions-réponses ! ou une soirée karaoké ! Avec les meilleurs tubes d'Apollon, pour sûr ! » Ma voix, quoique enthousiasme, ne laisse aucun doute sur mon appréhension. Je parle comme dans une pub, songeais-je en souriant à mes deux compagnons. Je pose la main sur la poignée de la porte, hésite et les interroge du regard. « On y va ou on cherche refuge ailleurs ? »

Une batte de baseball. Rain aurait eu envie de pouffer si elle ne savait pas que cette batte de baseball – qui pouvait déjà représenter en elle même une arme dangereuse entre les mains d'un sang-mêlé – était une épée. A vrai dire, elle n'avait jamais vu Zayne sans cette épée à son côté. Il la trainait toujours avec lui, comme s'il attendait un combat avec impatience. Mais il resta immobile, tandis qu'Aliénor s'approchait d'eux. Elle sentit sa présence, à coté d'elle, et en tournant la tête, elle put discerner dans ses mains deux objets: un collier et un stylo. Une fois de plus, elle en déduit qu'elle tenait dans ses mains deux armes; cependant, elle ne les dégaina pas, à l'inverse de Zayne.

« Vous croyez que nous allons devoir nous battre avec lui? Peut-être qu'il s'agit du Sphinx? D'ici, on ne voit pas grand-chose... »
« Je doute que ce soit le Sphinx. Et j'espère surtout. »

Elle s'était adressé à Aliénor sans aucune rancœur, contrairement à quelques minutes auparavant. A vrai dire, elle avait déjà oublié ses précédentes paroles. Seulement, elle ne pendait pas que le Sphing ait le pouvoir de se matérialiser sous forme humaine. Quoique... il fallait s'attendre à tout. Mais ce n'était pas le Sphinx. Ce dernier devait les attendre comme c'était 'prévu' dans le bar devant eux, car c'était bien un homme qui s'adressa à eux. Il était sans aucun doute loin d'etre humain. Son corps était constitué d'une matière étrange. Peut-etre était-ce du marbre car sa peau avait des reflets irisés malgré la pénombre qui les entourait.

« Au contraire de mes frères, je ne compte pas vous rendre la tâche facile, chers rejetons des Dieux »

Alors, apparemment, les autres Dieux les aidaient. Rain n'avait rien contre les Dieux, mais il ne lui avait pas semblé qu'on leur avait apporté la moindre aide, du moins pour l'instant. Mais après tout, l'espoir faisait vivre et elle ne pouvait qu'espérer. Un vent froid se leva, aussitôt que leur interlocuteur – homme, dieu, créature ? - se fut envolé. Ce souffle lui rappelait étrangement les longues balades avec sa mère dans les parcs de Seoul, quand le vent soufflait dans les branches des arbres et que le bruit des roues de son fauteuil était imperceptible. Elle savait que dans ces moments là, sa mère se sentait libre, libérée de son joug physique. Mais ici, elle n'était pas dans les rues de Seoul. Elle secoua son visage, faisant voler ses cheveux bruns mouillés. Puis, comme pour mieux la sortir de ses pensées, une violente rafale de pluie tomba sur eux, accompagnée d'un vent violent qui fit vaciller la frêle silhouette de Rain.

« Je crois qu'il va nous falloir entrer. Si ça se trouve S-Phinx organiser une soirée questions-réponses ! ou une soirée karaoké ! Avec les meilleurs tubes d'Apollon, pour sûr ! On y va ou on chercher refuge ailleurs ? »
« Rentre ! »

Elle s'engouffra dans le bar, sans plus de considérations, et sans même relever la plaisanterie de Zayne. Bien qu'elle aurait apprécié qu'un karaoké soit leur seul obstacle à gravir dans cette quête. Une fois à l'intérieur, elle tourna sur elle même, pour voir ou ils étaient entrés.

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« Vous croyez que nous allons devoir nous battre avec lui? Peut-être qu'il s'agit du Sphinx? D'ici, on ne voit pas grand-chose... » « Je doute que ce soit le Sphinx. Et j'espère surtout. » Un instant, je détournais mon attention de l'inconnu, plantant un regard inquiet sur l'adolescente. « Ces créatures sont vicieuses... Si ça se trouve, elle peut très bien prendre forme humaine. » Après tout, je n'avais jamais affronté de Sphinx, et cela m'étonnerais beaucoup si cela avait été le cas pour Rain ou Zayne. Soudain, le type s'avança un peu plus. Son imposante carrure me tira un « wow » étonné. Mais plus encore, ce fut l'ombre de son sourire – vorace, dangereux – qui me fit frémir. Bon, il n'était sûrement pas là pour discuter tranquillement avec nous. Je jouais un instant avec mon collier puis, discrètement, je glissais un doigt sur le centre du bijou, activant le dispositif magique. Au même moment, je levais mon stylo devant moi. Mes deux armes apparurent alors. Elles seraient peut-être inutiles mais face à un monstre pareil, cela me rassurait d'être armée, prête à réagir à la moindre menace.« Au contraire de mes frères, je ne compte pas vous rendre la tâche facile, chers rejetons des Dieux. » Hein?! Des frères? Quels frères? Ce type est un Dieu? J'aurais voulu l'interroger, en savoir plus sur ses étranges paroles. Parce qu'après tout, je suis nulle en énigmes et donc, soit on me parle clairement, soit il faut s'attendre à une avalanche de questions. Mais apparemment, notre compagnie n'est pas suffisamment intéressante pour Monseigneur (quoi que... si ça se trouve c'est une femme... 'fin, je dis ça, je dis rien hein...) puisqu'il disparaît dans un courant d'air, sans un même un au revoir. Espèce de malpoli...

La pluie s'intensifie soudainement et de terrible coups de vents me font vaciller. « La vache, ils ne nous aiment vraiment pas. » Ou alors, ils veulent surtout nous faire entrer dans ce fichu bar... Un piège, peut-être? Mouai, autant rester sur ses gardes, donc. « Je crois qu'il va nous falloir entrer. Si ça se trouve S-Phinx organiser une soirée questions-réponses ! ou une soirée karaoké ! Avec les meilleurs tubes d'Apollon, pour sûr ! » « Youpiiii, on va bien rigoler! » Je connais suffisamment bien mon frère pour savoir quand il stresse à mort. Et bien là, c'est le cas. Ses blagues ne sont jamais glorieuses mais dans notre situation, sa tentative d'humour prouve qu'il appréhende la suite des évènements. Et il n'est pas le seul. « On y va ou on chercher refuge ailleurs ? » Pour seule réponse, Rain le pousse à l'intérieur et je me hâte de les y rejoindre.

Spoiler:

Dès que les sang-mêlés passent la porte, celle-ci se referme dans un coup de vent et se verrouille. Ils découvrent alors l'intérieur du Sebèht, qui ressemble vraiment à un plateau de jeu télévisé. Il y a des caméras, des fils électriques qui passent un peu partout et s'entremêlent. Seul le centre du plateau est éclairé de lumières colorées : rouge, bleu, vert, rose. Comme une boule à facette dans les soirées disco. Il y a plusieurs pupitres et un écran géant derrière. Celui-ci est éteint, tout est calme. Puis le Sphinx fait son entrée. Ou plutôt, la Sphinge. Celle-ci a pris forme humaine. C'est une très jolie jeune femme aux cheveux noirs, et à la peau mate comme les égyptiens. Elle sourit de ses dents blanches, digne d'une pub colgate. Elle s'approche du centre du plateau, habillée d'une robe de soirée bleu turquoise. Dans sa main, elle tient des petits cartons blancs. A part elle, il n'y a personne ici. « Les enfants ! Je suis heureuse, vous êtes à l'heure ! J'attendais votre arrivée avec impatience, vous savez », s'exclame-elle, guillerette. Elle leur fait signe d'approcher et se place derrière le premier pupitre : il en reste trois, face à elle. Un pour chaque sang-mêlé. « Par les Dieux, j'espère que vous êtes intelligents ! Ne soyez pas timides, approchez-vous, placez-vous derrière vos pupitres. Vous êtes mes candidats du jour ! Je suis S-Phinx, oh j'espère que ce petit pseudonyme ne vous a pas trompé, à vous ! Et ce bar, il est bien hein ? Je l'ai transformé en plateau télé, j'adooore ! Après qu'Oedipe ai découvert la réponse de mon énigme, j'ai fait une dépression vous savez ? Mais je vais mieux, maintenant ! Je suis prête à poser de nouvelles questions ! Et le nom du bar, sympa hein ? " Sebèht ", vous avez trouvé le truc ou pas ? », demanda-t-elle avec un grand sourire. Cela dit, elle ne leur laissa pas le temps de répondre et poursuivit, du même ton enjoué : « Oh voyons ! Il suffit d'inverser les lettres ! La première en dernier, ainsi de suite ! Vous ne voyez pas ? Si on change l'ordre des lettres, cela donne " Thèbes ", la ville où je sévissais autrefois ... Mais j'étais sous les ordres d'Héra, vous savez ! Elle n'a jamais aimé les héros ... Moi, j'aime les héros, surtout quand je peux les dévorer parce qu'ils ne trouvent pas la réponse à mes questions ».

La Sphinge joua un moment avec les cartons qu'elle tenait dans les mains, en attendant que les héros se placent derrière les pupitres. « Vous connaissez le principe, hein ? Je pose une question : si vous répondez correctement, très bien, je vous laisse partir. Sinon ... Eh bien je vous dévore (elle eut un petit rire nerveux). Très bien, tenez-vous prêts. Voyons, vous n'avez le droit qu'à une seule réponse. »

« Posée, c’est une question.
Parfois à base de poisson.
On l’utilise en dissolution.
Et c’est aussi une punition. »

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'lancer le dé' : 1

« Rentre ! » Chose dite, chose faite ; on se serre tout les trois et on passe le pas de la porte, entrant sur une sorte de plateau réalité. Le Sebèht n’était-il pas sensé être un bar ? Un coup de vent referme la porte derrière nous, dans un bruit sonore qui me fait sursauter. Un bruit de verrou mais il n’y a personne autour de nous qui serait apte à avoir la clef de cet endroit. C’est sûrement pas Aliénor, quoi. Je fronce les sourcils, faisant quelques pas à l’intérieur de la salle. « C’est quoi ce bor… » mais déjà une femme rentre. Une belle femme. Non. Une femme splendide. Si splendide que j’en oublie de dire la fin de la phrase. Je la regarde avec ces petits cartons, et j’ai l’intime conviction de me retrouver dans un studio d’enregistrement, avec les caméras, la présentatrice, les fils et tout le tralala. Pourtant, aucun perchman, aucune régie, aucun caméraman : seule la femme est présente. « Les enfants ! Je suis heureuse, vous êtes à l'heure ! J'attendais votre arrivée avec impatience, vous savez » Et d’elle d’enchaîner phrases et discours, questions et réponses, mythes et tout ces autres trucs. Je ne l’écoute que d’une oreille, trop émerveillé par sa robe turquoise pour me concentrer sur quelque chose d’autre. J’avais l’habitude des pipelettes – j’étais ami avec Rain, et Simphonie, et un tas de « Aphrodite » qui parlaient autant qu’elles me mataient et que je les matais – alors quand elle s’est tut, jouant presque nerveusement avec ses cartons blancs. Je me suis assis sur le pupitre juste en face de la mademoiselle, nez en l’air et bouche entr’ouverte. L’adolescent bourré d’hormones par excellence. «Vous connaissez le principe, hein ? Je pose une question : si vous répondez correctement, très bien, je vous laisse partir. Sinon ... Eh bien je vous dévore. – oh, cool, elle va nous dévorer avec ses jolies lèvres, ses lèvres bien pleines, ses lèvres si belles, si roses, si… – Très bien, tenez-vous prêts. Voyons, vous n'avez le droit qu'à une seule réponse. » Et j’ai attendu, bon public et toujours cet adolescent bourré d’hormones moyen. Je me suis accoudé au pupitre, mon épée négligemment rengainée et qui pendait à ma taille. J’ai posé mon menton dans le creux de ma paume, l’air las – comme à chaque fois que j’avais un pupitre à ma disposition.

« Posée, c’est une question.
Parfois à base de poisson.
On l’utilise en dissolution.
Et c’est aussi une punition. »

« C’est une heure de détention. Ca rime avec le reste, en plus ! » répondis-je aussitôt, dans un élan d’inspiration doublé d’une idiotie certaine. Je vous jure que, sur le coup, cela m’a semblé vraiment, mais alors vraiment intelligent. Sur le moment. Puis, j’ai capté le regard de Rain genre « zayne-je-te-jure-que-je-vais-te-tuer » et avant d’avoir pu regarder Aliénor, guettant sa réaction, j’ai regardé la Sphinge avec mon sourire colgate. « Mais c’tait le tour de chauffe, hein ? Je suis persuadé que c’était le tour de chauffe. » et j’ai papillonné les yeux, avec un air intensément séducteur et intensément stressé.

Rain se pressa dans le bar à la suite de Zayne, et se stoppa aussitôt, quelque peu éblouie par les lumières tout autour d'eux. Et il y avait cette femme, en face d'eux. La sphinge, surement. Elle était vraiment très belle, songea-t-elle un instant, avant de se ressaisir en voyant justement Zayne, qui bavait presque sur le parquet. Elle lui donna une tape discrète dans le dos, afin qu'il se se reprenne, et en vitesse. Même si c'était la sphinge en face d'eux, ça ne se faisait pas. Et ils n'étaient pas ici pour se rincer l'œil, aux dernières nouvelles.

La sphinge se présenta. Un discours, un speech, peu importait. Elle obéit mécaniquement aux ordres de la femme et se plaça derrière un pupitre, quelque peu angoissée. A côté d'elle, Zayne bavait toujours, le coude négligemment posé sur son propre pupitre. Elle rêvait, ou il était en train de faire les yeux doux à la fille qui était en train de leur exposer avec tranquillité leur possible mort prochaine ? Ce garçon était une calamité, vraiment. Cependant, elle fut bien vite faire abstraction pour se concentrer sur l'énigme que la sphinge énonçait.

Aussitôt, son cerveau se mit à réfléchir plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Punition, poisson, question, dissolution ? Les mots se succédaient plus vite que nécessaire dans sa tête et elle perdit bientôt le fil... jusqu'à ce que la réponse lui apparaisse clairement. Ce n'était qu'un mot ridicule. Un tout petit mot ridicule, mais qui fonctionnait pour chacune des définitions. Elle s'apprêtait à lancer sa trouvaille lorsque...

« C’est une heure de détention. Ça rime avec le reste, en plus ! »

D'abord, elle eut un regard totalement abasourdie. C'était tout simplement incroyable: il venait de lâcher l'absurdité du siècle. Puis elle a tourné son regard le plus meurtrier vers Zayne. Ça semblait impossible, Rain qui haïssait Zayne; mais en ce moment, personne n'aurait pu en douter. Dans ses yeux se reflétaient des souffrances atroces qu'elle rêvait de lui faire subir. C'était plus fort qu'elle. Elle articula un mot en silence: babo. Ça n'avait plus rien d'attendri. Mais alors, vraiment pas.

« Mais c’tait le tour de chauffe, hein ? Je suis persuadé que c’était le tour de chauffe. »
« C'était colle. J'y crois pas. C'était colle, et lui il trouve le moyen de... ash. Génial.»

Sa voix n'avait pas été plus haute qu'un murmure, et pour se retenir de se jeter sur lui, elle se tourna ver Aliénor. Dernier recours pour ne pas tuer Zayne avant qu'il ne se fasse dévorer par l'égyptienne. Elle était sure que dans l'état dans lequel il était, il se serait laissé manger sans bouger le petit doigts.

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La porte claqua brusquement, m'arrachant un sursaut de surprise. Je jette un coup d'œil par dessus mon épaule mais il n'y a personne. Les histoires de fantômes, c'est pas franchement mon truc. En fait, je n'y avais jamais réellement crû. Mais là, l'obscurité qui se pressait derrière nous était étrangement inquiétante et il était facile de s'imaginer qu'un monstre quelconque ou un esprit maléfique s'y cachait, à l'affut. Attendant le moment parfait pour nous tuer ~~ou pire, nous faire renvoyer~~ *sbaff * « C’est quoi ce bor… » Ce fût notamment le fait que mon frère ne termina pas sa phrase qui attira mon attention.

J'avoue que je m'attendais à tout, sauf à ça. Un plateau de télé? Bizarrement, cela m'inquiétait plus qu'autre chose. Si les créatures mythologiques commençaient à utiliser les nouvelles technologies, on étaient mal barrés. Parce que les armes font parti des nouvelles technologies. De très grosses et de très très dangereuses armes. Combattre une bombe atomique avec une petite épée, c'est franchement la loose... Face à cet excès de lumières, je battis des paupières, aveuglée. Je retrouvais rapidement la vue et découvrit une somptueuse créature, le genre de femme qui – même si vous êtes 100% hétérosexuelle, vous fait tout de suite passée de l'autre côté de la barrière. Subitement, vous vous mettez à préférer les femmes alors que vous avez toujours aimé les hommes. Le genre de femme à la beauté mortelle. Vous savez qu'elle est dangereuse mais vous ne pouvez pas vous empêcher de l'admirer, de l'approcher. J'aurais pu moi-même succomber à ses charmes. Sa bouche pulpeuse, sa crinière couleur de nuit, sa peau dorée... Mais, heureusement pour moi, un sentiment de feu s'empara de mon corps, m'embrumant le cerveau. Pas l'attirance. La jalousie. Je ne voyais pas en elle, une possible conquête mais bien une véritable rivale. « Les enfants ! Je suis heureuse, vous êtes à l'heure ! J'attendais votre arrivée avec impatience, vous savez » Enfants? ENFANTS ?! Ces mots, bien que prononcés joyeusement, attisèrent l'animosité que je ressentais envers le monstre qui se cachait derrière l'apparence d'un être humain. Je n'hésiterais pas à enlever la vie à un Homme. Et donc, je n'hésiterais sûrement pas à enlever celle d'une créature de son genre.

Elle nous fit signe de nous mettre derrière des... pupitres? Sérieusement?! Je restais à ma place, refusant de bouger. Mais Zayne et Rain s'avançaient déjà jusqu'à leurs places respectives. Je poussais un discret grognement de mécontentement et fini par rejoindre mon pupitre. Je jetais un coup d'œil à mes coéquipiers et eut l'envie soudaine de balancer quelques chose de dur et de lourd sur mon frère qui bavait de la splendide jeune femme. Et le pire, c'est qu'il ne s'en cachait absolument pas! « Par les Dieux, j'espère que vous êtes intelligents ! Ne soyez pas timides, approchez-vous, placez-vous derrière vos pupitres. Vous êtes mes candidats du jour ! Je suis S-Phinx, oh j'espère que ce petit pseudonyme ne vous a pas trompé, à vous ! Et ce bar, il est bien hein ? Je l'ai transformé en plateau télé, j'adooore ! Après qu'Oedipe ai découvert la réponse de mon énigme, j'ai fait une dépression vous savez ? Mais je vais mieux, maintenant ! Je suis prête à poser de nouvelles questions ! Et le nom du bar, sympa hein ? " Sebèht ", vous avez trouvé le truc ou pas ?» Je la laissais blablater tandis que je scannais la salle, à la recherche d'issus éventuelles. Si les choses venaient à mal tourner, autant savoir par quels moyens nous pourrons nous échapper. « Oh voyons ! Il suffit d'inverser les lettres ! La première en dernier, ainsi de suite ! Vous ne voyez pas ? Si on change l'ordre des lettres, cela donne " Thèbes ", la ville où je sévissais autrefois ... Mais j'étais sous les ordres d'Héra, vous savez ! Elle n'a jamais aimé les héros ... Moi, j'aime les héros, surtout quand je peux les dévorer parce qu'ils ne trouvent pas la réponse à mes questions » Mon regard, comme attiré par un aimant, se fixa sur elle. Dévorer? Pour de vrai? Ou c'est juste pour nous effrayer un peu plus? Parce que c'est vachement efficace comme technique!

Elle joua avec ses cartons et nous regarda avec intensité. « Vous connaissez le principe, hein ? Je pose une question : si vous répondez correctement, très bien, je vous laisse partir. Sinon ... Eh bien je vous dévore » Okay, donc, ce n'était pas une blague. On va vraiment mourir si on ne réussit pas à trouver la bonne réponse. Et merde. « Très bien, tenez-vous prêts. Voyons, vous n'avez le droit qu'à une seule réponse. » J'écoutais l'énigme avec concentration. Mais aucune réponse correcte ne me vint à l'esprit. Je regardais Rain avec angoisse, priant silencieusement pour qu'elle nous sauve. Son visage s'éclaira soudain. Yeeeees, bien joué gamine! « C’est une heure de détention. Ça rime avec le reste, en plus ! » Je regardais vivement mon frère, ébahie. Mais vu l'expression de la petite coréenne, il venait de sortir une ânerie incroyable. « Mais c’tait le tour de chauffe, hein ? Je suis persuadé que c’était le tour de chauffe. » « C'était colle. J'y crois pas. C'était colle, et lui il trouve le moyen de... ash. Génial.» « P*tain Zayne, je te jure que si on sort vivants de cette connerie, je te tue de mes mains... » Je resserrais ma prise sur mon arme, me tenant prête à lever mon bouclier en cas d'attaque et attendis la réaction de la Sphinge.

La Sphinge attendait, avec un sourire faussement bienveillant, que les sang-mêlés lui proposent une réponse. Elle n'eut d'ailleurs pas à attendre longtemps, car presque aussitôt le garçon du trio répondit : « C’est une heure de détention. Ça rime avec le reste, en plus ! ». Ah les sang-mêlés, si impulsifs ... La Sphinge n'écouta même pas le reste de ce que les demi-dieux racontaient. Son sourire se fit plus grand, plus vorace aussi. Peu à peu, son corps de femme se changeait. Son buste resta le même, mais le bas de son corps devint celui d'une lionne au pelage dorée. Elle était redevenue la Sphinge, celle qui sévissait à Thèbes et tuait tout ceux qui ne pouvaient répondre à ses énigmes. « Mauvaise réponse ! », feula-t-elle avec un rire démoniaque, avant de se jeter sur les pensionnaires. Le monstre renversa les pupitres, sans cesser de rire. « Venez-là mes mignons, c'était le deal : vous répondez mal, je vous mange ! », ricana-t-elle. Elle attaqua en premier la plus petite des trois - à savoir Rain. La Sphinge voulait commencer par celle qui paraissait la plus faible et la plus petite, histoire de se mettre en appétit. Comme une entrée. Elle décida ensuite qu'elle mangerait la dernière fille, pour finir par le garçon. A cette pensée, elle sourit. Dommage, il était si mignon ...

La Sphinge se jeta donc sur Rain, les crocs sortis, ses pattes de lionnes puissantes en avant. Elle dépassait les pensionnaires d'un bon mètre, désormais.

Spoiler:

« C'était colle. J'y crois pas. C'était colle, et lui il trouve le moyen de... ash. Génial.» « P*tain Zayne, je te jure que si on sort vivants de cette connerie, je te tue de mes mains... » « Oh, c’est boon, c’t’ait l’tour de chauffe. » ai-je dit, plus pour me rassurer moi-même qu’autre chose. Alors que j’avais levé un regard excédé vers Aliénor, j’ai finis par darder mes prunelles vert de gris sur la Sphinge.. qui avait perdu un peu beaucoup de son charme, alors que la partie inférieure de son corps se transformait en félin doré. « Mauvaise réponse ! » Ah bon, c’était pas le tour de chauffe, ok, merci de me prévenir. Je me suis demandé si une mâchoire comme la sienne – d’apparence humaine – pouvait nous bouffer tout cru. Puis je l’ai entendu rire – sardonique, démoniaque, tout à fait psychopathe – et j’ai décidé que prudence était mère de sûreté, me levant de la chaise en face de mon pupitre et posant une main – pour un peu plus tremblante – sur la poigne de mon épée. Je ne savais pas vraiment quelle stratégie adopter ; car bon, si la partie inférieure de son corps était celui d’un prédateur, elle avait bel et bien le corps d’une femme – en haut hein – et d’une jolie femme en plus. Oh, son rire psychopathe, je lui pardonnais à moitié en cet instant. Elle fit un bond qui l’approcha un peu plus de nous. Moi, j’hésitais toujours ; un œil sur Rain et Aliénor, un œil sur la Sphinge. Serait-ce nécessaire d’attaquer ? Elle renversa les pupitres – heureusement, on avait eu le bon sens de se lever – et j’esquivais le mien qui était prêt à me faucher les jambes. « Venez-là mes mignons, c'était le deal : vous répondez mal, je vous mange ! » J’allais lui proposer une approche diplomatique lorsqu’elle a fondu sur Rain. Personne ne touche à Rain. Personne ne touche à Rain, jamais devant moi. J’ai même pas réfléchi deux secondes – un peu comme la plupart du temps – et j’ai foncé sur la créature en criant un truc genre « Hey l’fossile ! » Une grosse erreur ? Rien à faire. Personne ne touche à Rain – j’en ferai bien une maxime tiens. Avec tout l’espoir du monde, j’ai abattu ma lame de bronze céleste, fièrement dégainée, sur l’endroit où la Sphinge se trouvait, une seconde plus tôt. Là, il restait plus qu’un pupitre coupé en deux. Il était vrai que la rapidité et moi, on était pas super potes – mais, au moins, avais-je eu le mérite de la faire se décrocher de Rain. Je n’ai pas accordé un regard à celle-ci, préférant regarder notre ennemi. « Personne bouffe personne. Ne pouvons-nous pas trouver un terrain d’entente ? » Clair que j’avais pas l’air très commercial, avec mon épée diablement serré entre mes mains et mes sourcils froncés de colère et de concentration. Au moindre mouvement de la Sphinge, me jurais-je, j’allais la transformer en chiche-kebab et la revendre sur la cinquième avenue de Chicago.

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Alors que le monstre comptait dévorer en quelques secondes la première victime - à savoir la petite Rain -, elle fut détournée de son chemin pour éviter un coup d'épée de la part du garçon. Cela ne fit qu'enrager la Sphinge, qui roula des yeux et se prépara à un nouvel assaut. Evidemment, les trois formaient une équipe et allaient se protéger mutuellement. Pendant la Grèce Antique, la Sphinge avait plutôt eu affaire à des égoïstes qui préféraient sauver leur peau que celle des autres. « Personne bouffe personne. Ne pouvons-nous pas trouver un terrain d’entente ? », s'exclama le garçon, épée à la main. La Sphinge se figea un moment et posa son regard inquisiteur sur lui. Elle pencha légèrement la tête sur le côté et fit mine de réfléchir. « Un terrain d'entente, mmh ? Non ... Non je ne crois pas que ce soit possible ! », répondit la Sphinge en reprenant son sourire dévastateur - dans les deux sens du terme. Maintenant, elle avait plutôt envie de commencer par le garçon. Puis elle regarda Rain, et la dernière du trio : Aliénor. Tout cela ne prit qu'un quart de seconde, puis elle repartir à l'assaut. Comme le garçon était prêt de la coréenne, la Sphinge pensait faire d'une pierre deux coups. Elle donna un coup de patte au niveau du ventre de la jeune fille, et utilisa l'autre pour balafrer le visage du garçon. Là, c'était beaucoup mieux. « C'était le deal, vous dis-je ! Nul ne peut m'échapper », ricana le monstre. Personne en effet n'avait jamais échappé à la Sphinge, qui était en quelque sorte devenue complètement folle après l'incident d'Oedipe.

Spoiler:

« P*tain Zayne, je te jure que si on sort vivants de cette connerie, je te tue de mes mains... »
« Oh, c’est boon, c’t’ait l’tour de chauffe. »
« Je rectifie. Si on sort vivants de cette connerie, Aliénor et moi on te tue de nos mains. »
« Mauvaise réponse ! » « Sans blague ? » songea Rain. La sphinge fut secouée d'un rire diabolique digne des meilleurs films d'horreur, qui tira un frisson de frayeur à la jeune fille. « Venez-là mes mignons, c'était le deal : vous répondez mal, je vous mange ! »

Et là... ce fut comme le vide. Rain vit la sphinge se jeter sur elle, presque au ralenti. Elle aurait eu largement le temps d'esquiver la créature – ses jambes semblaient trembler d'excitation – mais elle étai littéralement pétrifiée par la vision de ces énormes pattes pleines de griffes qui étaient dirigées directement sur elle. Elle avait servir d'apéricube; et elle eut pour seule pensée que c'était vraiment nul, comme mort.

La voix de Zayne la tira de sa torpeur, et la vision de la Sphinge qui changeait de cible lui tira un imperceptible soupir de soulagement. Il avait sorti son épée, et celle ci était devenu comme un prolongement de son bras. La Sphinge était deux fois plus grande qu'eux, mais finalement, elle n'était pas si inquiète. C'était fou comme l'adrénaline pouvait faire des miracles.

« Personne bouffe personne. Ne pouvons-nous pas trouver un terrain d’entente ? » La sphinge fit mine de réfléchir.
« Un terrain d'entente, mmh ? Non ... Non je ne crois pas que ce soit possible ! »

Et là, elle bondit sur Zayne et elle, griffant le visage du jeune homme, et donnant un puissant coup de patte dans son ventre. Sous le choc, tout l'air présent dans ses poumons fut expulsé, et elle tomba contre le mur derrière elle – sa colonne vertébrale trembla sous l'impact qui produisit un bruit mat. Mais Rain ne pensait pas à elle. Elle pensait à Zayne, qui était aux prises avec ce monstre. Un bruit assourdissant – plus assourdissant encore que le bruit de son petit corps contre le pan de mur, plus assourdissant encore que le rire diabolique de la Sphinge – retentit dans le studio, comme si le sol s'était fissuré. Mais c'était bien ça: le sol s'était ouvert en deux sur une énorme racine, d'un mètre de circonférence. Le végétal empoigna la sphinge et la balança à l'autre bout de la pièce, comme un fétu de paille. Elle se releva en titubant quelque peu, et se précipita vers ses deux compagnons, sans faire attention aux deux entailles qui lacéraient son ventre, et dont le sang se répandait sur ses habits comme une tache d'encre sur du papier buvard. Elle contemplait les griffures sur le visage de Zayne, et elle avait envie de pleurer. C'était tellement injuste ! Mais ici, elle n'avait pas le droit d'être faible. Elle tourna son regard le plus déterminé vers Aliénor – juste histoire de lui prouver qu'elle n'était pas totalement une mauviette, puis tourna un regard soucieux vers Zayne – ou plutôt un regard hystérique.

« Zayne... ça va ? »

D'un mouvement de la main, Rain ramena la liane vers elle, se tenant prête. C'était étrange, de voir que tout ce qui se déroulait autour d'elle était comme au ralenti. Elle était excitée plus qu'effrayée.

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