QUE PENSES-TU DES DIEUX ET DE TON PARENT DIVIN ? ah parce qu'en plus il avait pas fumé, le frérot ? Je pensais qu'il m'emmenait juste dans un camp de vacances, moi. Normal, en somme. Mais non. Je suis le fils de Némésis, la déesse de la Vengeance (il paraît, trop bizarre, je m'imaginais plus fils de Zeus ou un truc du genre mais non, je crains jusqu'au bout). Je déteste cette condition de sang-mêlé, elle est trop dangereuse. J'ai pas envie de crever, moi. Je veux juste vivre une vie tranquille. Je n'ai aucun avis sur les dieux. Qu'ils restent dans leur coin, que je reste dans le mien. COMMENT TROUVES-TU LA COLONIE ? je n'aime pas la colonie. Les gens sont trop violents. Les activités aussi. Les cours sont trop durs. Les conditions de vie au bungalow sont terribles. Je déteste la colonie car c'est une prison aux barreaux ouverts : on a le choix de rester ou non mais, d'une certaine manière, ce choix n'existe pas. QUELLE EST TON ATTITUDE FACE AUX MONSTRES ? je cours. Le seul monstre auquel j'ai été confronté, Echidna... eh bien, il m'a fait que du bien. Il a un peu buté mon frère et un de ses meilleurs potes. Et depuis, j'ai une peur phobique de ces cons. Dès que j'en vois un, je tremble de tout mon corps et je m'évanouis occasionellement. La grande classe. Un véritable Hercule, ce Caïn. QUE PENSES-TU DES ÉVÉNEMENTS ACTUELS ? j'viens d'arriver moi, de quoi tu parles ? COMMENT VOIS-TU L'AVENIR ? loin d'ici, sur la péninsule italienne, à se dorer la pilule au soleil... Ouais, un truc posé et peinard où je pourrais finir agréablement mes jours loin de la mythologie, ses dieux et, surtout, ses monstres. LES GOÛTS ET LES COULEURS NE SE DISCUTENT PAS ∆ il aime les fraises, les framboises, les myrtilles, bref, les baies en général, il aime les fruits exotiques, le chocolat, fumer, rigoler entre copains, boire un peu mais pas trop, être avec ses amis mortels, sa vie d'avant, son train de vie d'avant, il aimait les cours avant, il aime écrire, dormir, attendre, lancer des coussins n'importe où, être seul, la simplicité, l'impressionnisme, le cinéma français, la littérature suédoise, la nourriture thaïlandaise, le monde, voyager, la musique (il est pas né à nashville pour rien), son itouch et, enfin, tout ce qui touche à des trucs mortels. ∆ il n'aime pas l'alcool blanc, l'alcool trop fort, les excès, les autres sang-mêlés, devoir se casser la tête, être réveillé en sursaut, les cauchemars, la malhonnêté, la traîtrise, le mensonge, l'hypocrisie, la faiblesse, la sienne généralement, les légumes, la viande rouge, lire, le sport, qu'on l'oblige à se sociabiliser, qu'on le pousse vers les autres, qu'on impose sa présence auprès de lui, les préjugés, qu'on l'empêche de faire ce qu'il veut.

SLOTH « réveille-toi gars. C'est fini. » « hmm ? » Caïn releva un visage endormi vers son meilleur ami, Jace. Il avait dormi durant les deux dernières heures – que Jace avait passé à faire son examen de fin d'année. Caïn n'était pas le genre de garçons à faire des examens les derniers jours de cours. Il était même carrément le genre de garçons qui ne faisaient jamais d'examens. « Ouais... bof. » Jace soupira. Caïn était une véritable loque dès qu'il était question de faire quelque chose. Autant était il lent à se préparer autant était il excité comme une puce par la suite. Le genre de garçon à se lever en grognant pendant trois mille ans avant de se réveiller d'un coup. L'hyperactivité, étrangement, ne semblait pas courir dans ses veines contrairement à son frère qui, lui, était monté sur piles. Toujours à vouloir jouer au baseball ou au football, ce genre de truc que Caïn ne pouvait pas blairer. On aurait presque pu dire que ce manque d'intérêt pour le sport était compensé par son amour des études... mais non. Caïn détestait tout ce qui nécessitait qu'il y mette un peu du soin, physiquement comme cérébralement. En bref, il détestait se bouger le cul et faire tourner ses neurones. « Imagine. On va passer l'après-midi au parc, avec les filles et tout... et tu pourras ramener ton frère ? et sa copine ? C'est toujours les meilleurs pour nous trouver des bières pas trop chères. Allez, Caïn. » Celui-ci grogna en se passant une main dans les cheveux, les ébouriffant une énième fois. « Je sais pas si il est dans les environs, le frérot. Tu sais, son école privée, tout ça... » Abel, son frère donc (son père souffrait d'ironie chronique, comment appeler ses enfants Caïn et Abel, sérieusement?), passait toute son année dans une « école privée » qui était en fait.... une colonie pour gosses spéciaux. Le genre de gosses spéciaux qui sont hyperactifs, parlent le grec et sont dyslexiques (Caïn aussi était dyslexique mais ça s'apparentait plus à un trouble léger de l'orthographe et à la lecture, bref). Le petit brun avait souvent espéré être, lui aussi, un fils de dieu ou de déesse. Mais, jusque là, il n'avait eu que son loser de père et son frérot (qui, apparemment, était un enfant de la déesse Athéna, une grosse connerie si vous voulez l'avis de Caïn) et ça lui suffisait amplement. Pas la peine de se traîner un énième boulet. C'est pour ça que, généralement, le petit gosse passait ses après-midis dehors, avec ses copains, des filles, autour d'une bonne bière en descendant paquet de cigarettes sur paquet de cigarettes. Tout dans la vie ennuyait profondément Caïn. Il voulait vivre quelque chose de différent, ne pas rentrer dans les cases. Voilà pourquoi il partait faire la fête jusqu'à pas d'heures, pourquoi il avait déjà collectionné deux jours au poste de police et voilà pourquoi les termes drogues, alcool et trash ne le choquaient pas plus que cela. Vivre à cent à l'heure, c'était bien. Se lever pour aller vivre, en revanche, c'était chiant. « Sérieux ? Pfff. Bon allez, Caïn, dépêche. Les filles vont pas nous attendre trois mille ans. » Par « les filles », comprenez « la copine de Caïn et ses amies. » Il sortait avec elle depuis, allez, mettons trois semaines (un record, si vous voulez l'avis de Jace (Caïn était connu pour collectionner les copines, par pur ennui)) et, franchement, c'était cool. Ils étaient pas spécialement amoureux mais ça roulait entre eux, parfait quoi. Jenna était vraiment une fille bien. Elle lui prenait pas trop la tête. GREED « Allez, Caïn, sois cool. » « j'suis cool, gros, mais non, c'est tout. » Ils étaient tranquillement posés dans le parc, Caïn allongé sur sa veste, arrachant des brins d'herbe alors que Jenna lisait tranquillement un livre, la tête appuyée contre le ventre du jeune homme. Enfin, après dix minutes de débat intellectuel ponctué de ronflements et de grognements, Caïn s'était-il décidé à prendre son sac (vide, comme on aurait pu l'imaginer) et à se traîner telle la loque moyenne jusqu'au parc en face de son lycée. La plupart des élèves de l'institut pour garçon Lincoln High se retrouvaient là, après les cours – et, comme c'était la fin de ces derniers, autant dire que l'ambiance était festive et agréable, bien loin des odieux examens qu'on souhaitait leur faire passer pour la fin d'année. Caïn reposa sa tête sur le sol, regardant les nuages former des objets et des trucs dans le ciel en silence, apportant la cigarette au coin de ses lèvres et inspirant en silence. « Meeec. » « C'est non, Jace, insiste pas. » Caïn n'était pas prêteur, c'était là son moindre défaut. Ce qui était à lui était à lui. Actuellement, son meilleur ami lui demandait juste un peu d'argent pour aller s'acheter de l'essence pour son Zippo, pas grand chose, cinq dollars peut-être, qu'il lui remboursait durant les vacances mais Caïn était catégorique, c'était non. Soupirant, le grand blond prit place à côté de son meilleur ami, assis. « T'es vraiment pas cool. » « Fais pas chier. » Jace soupira en tentant une énième fois d'allumer son briquet mais rien n'y faisait. « Prête moi du feu, au moins. » « Oh, t'as cru t'étais à l'open bar ou quoi ? Va mendier ailleurs ! » Comme le disait si bien l'adage : la seule chose que Caïn partage, c'est la bave. Jace, en grognant, se releva. Une énième fois, il se demanda comme il avait pu devenir ami avec ce gars. Il se rappelait parfaitement du jour de leur rencontre, à leur entrée au lycée. Caïn était le genre de garçon qui rasait les murs et, heureusement pour lui, Abel était encore là pour l'aider. C'était même Abel qui l'avait accompagné jusque sa salle de cours et qui lui avait montré la meilleure place pour pouvoir dormir en hiver et profiter du soleil en hiver. Jace aussi avait un grand frère prévenant qui lui avait indiqué cette place – mais Caïn y était déjà assis. Alors il avait pris place à côté. Avait tendu la main en se présentant. L'autre s'en était aussitôt emparé. Avide d'avoir des amis, avide de vivre. Il avait toujours vécu avec son père, Roger, un homme sympathique quoi que très obtus. Non, le terme exact était : carré dans sa tête. Plutôt maniaque en fait. Il était devenu ingénieur en trou noir et, apparemment, avait plutôt du succès auprès de la gent féminine : très jeunes, Abel et Caïn voyaient leur père au bras d'une différente femme chaque mois. Abel détestait cela, cette esprit de frivolité et de légèreté et il se dit une seule chose : je ne serai jamais comme cette homme. Caïn, quant à lui, n'avait pas d'avis spécifique là-dessus et voyant son paternel agir ainsi toute son enfance, il se mit à agir de la même manière. Autant dire que les deux frères étaient plutôt différents. Autant Abel était un modèle de générosité et de gentillesse, autant Caïn pouvait s'avérer sombre et, honnêtement, un beau connard. « Allez... » « ta gueule, Jace, c'est non ! » GLUTTONY « Mon dieu, j'ai trop la dalle. » fit Caïn après une heure de fumette et de lecture silencieuse. Jenna lui jeta un regard interrogatif auquel il répondit par un air alerte, ses yeux détaillant tout autour de lui avec rapidité. Il avait pas vraiment faim, en fait. Mais une soudaine envie d'un bon petit bonbon, là, hmmm, bien sucré et acide en même temps. Et, en plus de cela, il ne se sentait vraiment pas près à aller en acheter (c'était bien trop cher, ces merdes). « Je reviens, ok ? Jace, accompagne moi. » Jenna se releva un peu pour le laisser se mettre debout et il se pencha pour l'embrasser brièvement, elle sourit contre ses lèvres avant de replonger aussi sec dans sa lecture. Jenna était une fille vraiment bien, sympathique et, pour une fois, saine. Elle lisait même un de prévention contre la drogue, pour vous dire ! Il s'appelait Go Ask Alice et, après l'avoir fini, elle s'était faite la promesse de le passer à son copain. Car Jenna-Lynn s'était mise en tête de changer le mythique Caïn Cornwell, d'en faire un gars bien et sain (qu'elle pourrait, accessoirement, présenter à ses parents ce qui serait pas trop mal) (autant dire qu'ils feraient une crise cardiaque si ils savaient qu'elle sortait avec ce garçon) (« de la mauvaise graine, ces Cornwell ! »). Elle le regarda partir, nageant dans sa veste en cuir et terriblement trop maigre dans son pantalon, s'arrêtant de temps en temps pour serrer la main de connaissances ou pour faire la bise à des jeunes femmes. Jace, à côté, semblait complètement différent, étranger au monde de son meilleur ami. Ils avaient grandi différent, l'un dans une famille monoparentale qui se foutait de lui comme de l'an quarante et l'autre dans une famille aimante et qui le couvait presque un peu trop. Mais ils restaient amis, no matter what. Ils sortirent finalement du parc et allèrent directement dans l'épicier dans une rue adjacente. Caïn était la bête noire des supermarchés. Il n'aimait pas dépenser un centime pour autre chose que ses clopes, l'alcool ou ses drogues. Alors autant dire qu'il préfère se servir directement. Généralement, en plus, les épiciers n'aimaient pas appeler la police – même eux avaient à cacher – donc il s'en sortait plutôt bien. Jace, par un mécanisme dûment rodé, alla demander s'ils avaient du Dairy Milk ou des bonbons Wonka, l'emmenant à l'autre côté du magasin alors que Caïn remplissait son sac de conneries, gâteaux, bonbons, boissons, bref, la totale. Tout se déroulait conformément au plan jusqu'à ce que les flics arrivent. Il voulait juste goûter tranquillement nom de dieu ! Mais il se retrouva tout de même avec le flic le plus bizarre de l'histoire devant lui. Le genre de gars, j'te jure, tu montes pas dans la voiture avec lui. Mais c'était pas non plus comme si il avait trop le choix. Il s'apprêtait à rentrer dans la voiture quand, soudain, la voix résonna : « nooooon, fais pas ça ! » et que le flic (il s'appelait Randy, en plus, c'était sympa comme nom Randy) soit réduit en poussière par son grand frère, qui avait dans une main un petit pistolet et dans l'autre son sac. Et là c'est à partir de ce moment qu'ont commencé les emmerdes. ENVY Caïn, des fois, détestait son frère. Souvent même. La plupart du temps, en fait. Surtout quand il était avec sa copine (heureusement, il n'était pas avec elle aujourd'hui). Caïn n'appréciait pas son frère pour une seule raison : parce qu'il était super. Il avait tout pour lui. En quittant le lycée il y avait de cela un an, il avait bénéficié d'une bourse sportive et était major de sa promo, populaire, apprécié de tous et accepté dans diverses universités aux quatre coins des Etats-Unis. Il avait tout plaqué pour vivre avec ces tarés de sang-mêlés, sans regret aucun. Avec sa copine. Caïn parlait souvent de la copine d'Abel pour une seule raison : il était amoureux d'elle. Plus que tout. En fait, il n'envisageait pas trente secondes sa vie sans elle. Plutôt tragique en sachant qu'elle le considérait comme son petit frère et qu'elle était tout à fait amoureuse de l'aîné. Qui, d'ailleurs, avait connaissance de la situation. En gros, la vie sentimentale de ce pauvre Caïn était un gros bordel. Et voir arriver son idiot de frérot ainsi, l'air ahuri, juste après avoir tué un flic, n'arrangea rien à son humeur. « Abel, mais qu'est-ce que tu fous... » commença-t-il mais, déjà, son aîné le poussait dans la voiture avec brusquerie – son crâne percuta le toit de l'engin et il s'affala comme une merde sur les sièges arrières. Etrange que Randy n'ait pas coéquipier, d'ailleurs. Pas normal, Randy. Caïn s'apprêtait à faire des signes à son frère pour lui dire de le sortir de là mais il était déjà au volant avec, à la place du mort, un mec que le brun n'avait jamais vu de sa vie. « Salut, j'm'appelle Eotion. Je suis... » « Les présentations, plus tard ! » « C'est quoi ce bordeeeeellllll ? » Et le tout, en même temps. Abel démarra la voiture, sirène hurlante, grillant à peu près la moitié du code de la route en faisant demi-tour sur la grande avenue et commença à rouler à fond les ballons jusqu'à ce qu'ils soient sortis de la ville. « t'as raison, il sent vraiment fort. Faut arrêter le shit, mon petit, ça te fait puer. » fit le mec devant. Attendez. Il venait de lui faire un commentaire sur son odeur alors qu'il sentait lui-même le bétail mouillé ? Non mais je rêve ! pensa Caïn. « J't'emmerde, Étron. » répliqua-t-il aussitôt (magnifique trait d'esprit). « C'est Eotion. E-o-tion. » « Mais taisez-vous au nom des Di... » Mais la voiture quitta la route – tout à fait normal vu que Abel ne savait pas conduire. Ils se retrouvèrent sur le bas-côté, cul par dessus tête, d'autres sirènes de policiers hurlant derrière eux. Ils sortirent rapidement, de peur qu'un autre désastre arrive, et regardèrent en silence la voiture de police toute cabossée. « dites moi que je rêve » gémit Caïn. Il ne voulait qu'une vie normale, bon sang ! Eotion lui passa un bras autour du cou en riant, le serrant brièvement contre lui, hilare. « Et nan, mon gars. Bienvenue dans notre monde ! » LUST Eotion et Abel lui avaient tout expliqué. Caïn ne pouvait pas y croire. Il ne pouvait pas être, lui aussi, un enfant d'un dieu grec, c'était impossible. Et pourtant. « Mais je.. j'suis pas un fils d'Athéna moi. » Ils avaient pris place dans un petit restaurant tranquille en bord de route, se nourrissant de délicieux hamburgers agrémentés de café pour Abel, de Coca-Cola pour Caïn et d'une canette vide de Sprite pour Eotion. Un trio plutôt atypique, autant le dire. « T'es pas un fils d'Athéna, p'tit gars. Tu pues trop pour. » Le genre de truc à pas entendre. Caïn fronça les sourcils sans pour autant relever. « J'suis le fils de qui alors ? » « On verra bien. Ce n'est pas à l'ordre du jour. » Caïn jouait avec les frites dans son assiette, le moral dans les chaussettes. Le seul truc cool, dans cette histoire, c'était que Danaé était là où ils allaient. Ils allaient enfin pouvoir se revoir ! Et ça réjouissait énormément Caïn, plus que tout. Abel le voyait bien. Ne disait rien pour briser son petit bonheur. Ils achevèrent leur repas de fortune et prirent la route en discutant des parents divins et de leurs points forts, en essayant de déterminer la mère de Caïn, aussi. Ils vivaient un voyage plutôt sympa, somme toute. Les sirènes, depuis longtemps, avaient fini de résonner et il n'y avait pas un monstre à l'horizon – même Abel semblait se détendre sensiblement à chaque kilomètre avalé. Ils s'arrêtèrent tous les trois net devant certainement la plus belle femme qu'il verrait jamais de leur vie. Sans qu'ils ne le sachent vraiment, ils avaient devant eux une fille du roi de Chypre (le temps où Chypre avait des rois) (et surtout le temps Antique où les dieux maudissaient encore les gens pour déconner) qui, aussitôt, les alluma. Et, au bout de diverses aventures pas forcément glorieuses et pas du tout héroïques, Caïn se retrouva flanqué de son frère et de son pote... dans un sex-shop. Si le brun était hilare, son frère semblait perplexe et le satyre s'approcha très vite des rayonnages pour comprendre l'utilité de tous ces trucs. L'après-midi aurait pu s'achever ainsi, tranquillement, dans les rires et la bonne humeur, si un monstre ne leur avait pas sauté dessus. « Fils d'Athéna ? Fils d'Athéna ? » gueulait l'une d'elles. « Oui, fils d'Athéna ! Fils d'Athéna ! » répondait l'autre. « On a trouvé un fils d'Athéna ! Un fils d'Athéna ! » Et, autant vous dire, c'était un peu compliqué à suivre. Abel se retrouva plaqué au sol par trois femmes aussi belles que venimeuses, aux mœurs plutôt libres vu leur habillement. « Quel est ton nom, fils d'Athéna ? » (derrière, les autres répétaient en cœur « fils d'Athénaaaa ! » comme si c'était quelque chose de surprenant) Caïn et Eotion, quant à eux, étaient immobilisés par des chaînes au fin fond de la pièce. Autant vous dire qu'ils ne pétaient pas travers – ils n'avaient aucune envie d'expérimenter aucun des trucs présents dans la pièce. « tu diras à Aphrodite que c'est elle la pute, hein, tu lui diras ? » Abel ne fit que bredouiller un oui que, déjà, ils se retrouvèrent flanqués dehors, avec de la nourriture, de l'eau et incompréhensifs comme pas deux. « Vous m'expliquez ce qui vient de se passer ? » Ce fut au tour d'Eotion d'être hilare. « Bienvenue dans ton monde, Caïn. Te fais pas de mal, tente pas de comprendre tout ce qui s'y passe, ça vaut mieux. »[/color] Dans quel truc venait-il d’atterrir ? pensa le brun avec horreur. WRATH « Tout est de ta faute ! J'ai jamais voulu ça ! » [/color]« Caïn, calme-toi. Je t'en prie, calme-toi. Ca ne sert à rien de s'énerver... » Abel fit la terrible erreur de poser une main sur le bras de Caïn qui, aussitôt, explosa de rage. Sans qu'il ne le sache, un de ses dons se déclencha – folie destructrice. Malheureusement pour lui, Abel commença à avoir des visions. Des visions terribles. Les trois Furies qui se précipitaient sur lui. Caïn qui lui souriait, conquérant, au bras de Danaé. Son père, mort. Ses amis, lui tournant le dos. Le seul spectateur de ce spectacle fut Eotion qui ne réussit à calmer Caïn qu'en l’assommant. Heureusement pour la santé mentale d'Abel, d'ailleurs. Ils étaient tous les trois dans une clairière d'une forêt située dans l'Etat de New York, incompréhensifs. Caïn était un enfant plutôt colérique, à la limite du bipolaire, pouvant passer d'un pôle à un autre sans transition aucune. Il se réveilla en sursaut quand le satyre commença à le secouer dans tous les sens. « Caïn ! Caïn, réveille-toi, faut qu'on file ! » « Pou-pourquoi ? » mais la question semblait idiote quand on voyait les Trois Chiens des Enfers qui leur faisaient face. Abel était déjà debout, son sac dans le dos, jouant de son couteau, l'envoyant de la main droite à la main gauche, attendant le premier geste des canidés. Le satyre, quant à lui, tenait dans une main une flûte de pan et tendit à Caïn un coutelas en bronze céleste. « Garde ça sur toi. Et puissent les Dieux ne pas te laisser t'en servir. » lui fit-il en lui fourrant l'arme dans la main et en se détournant, faisant à son tour face aux Chiens. « Fuis, Caïn. On te rejoint rapidement, ok ? » lui dit Abel sans le regarder. Caïn, toujours allongé sur le sol, se recula un peu sur l'herbe. « Fuis, je te dis. » Il parlait d'une voix calme, mesurée afin de ne pas alerter les monstres qui se mettaient à grogner. « Maintenant ! » Et le combat de commencer. Caïn sauta sur ses pieds et courut, courut, courut. Il esquivait les arbres, tenait fermement son coutelas dans une main et serrait l'autre poing, la peur lui donnant une agilité et une rapidité surprenantes jusqu'à ce que, enfin, il s'arrête contre un arbre pour vomir, d'épuisement, de l'effort fait et, surtout de dégoût de lui-même. Il aurait dû rester. Les aider. Il se laissa glisser contre le pin en se tenant la tête entre les mains. Autant l'envie de revenir sur ses pas était forte, autant la peur de se faire déchiqueter était encore plus présence. Toutefois, il se décida de prendre son courage à deux mains et de s'y rendre. Il était un fils de dieu, tout de même ! Et son frère se battait, c'était son frère par son père, le genre de truc qu'on raye pas aussi simplement ! Il courut jusqu'à retourner à la clairière... pour y voir Abel, se battant vaillamment contre les deux monstres qui restaient. Eotion gisait à côté, mort. Abel tenta de fuir et fut plaqué au sol par l'un des canidés. Affolé, il chercha une sortie, de l'aide, et ses yeux gris accrochèrent ceux, bleu sombre, de son petit frère. « Aide-moi » forma ses lèvres, implorant. Caïn se détourna et se remit à courir. PRIDE Il se réveilla à l'infirmerie, le corps couvert de plaies, le moral dans les chaussettes et la tête dans la Brume. Sur son côté, il y avait deux pensionnaires. Le premier était un « Apollon » qui lui tenait la main avec une moue soucieuse et, à côté de lui, Danaé Cartwright aka la petite amie d'Abel aka l'amour de la vie de Caïn. En gros, il était mal. Caïn se frotta les yeux de sa main libre, hallucinant. « Caïn ? Caïn ! Tu vas bien ? » et, presque aussitôt : « Où est Abel ? » Mais le brun n'arrivait pas à répondre, totalement dans les vapes. Il regardait autour de lui avec une moue affolé, se demandant sincèrement ce qu'il foutait ici. « Où-où suis-je ? » demanda-t-il difficilement. « Bienvenue à la colonie des sangs-mêlés. Nous allons t'accompagner au bungal... » Mais le guérisseur se tut aussitôt, regardant plutôt les cheveux de Caïn. « Athéna ? » « T'es bête, la balance, c'est Némésis. » « Mais c'est aussi le symbole de la Justice. Or, Athéna... » « Je te dis que c'est Némésis, Jason ! » soupira Danaé avant de prendre l'autre main de Caïn et de plonger son regard marron dans celui, bleu, de son petit frère de cœur. « Bienvenue à la colonie des sang-mêlés, répéta-t-elle gentiment, Caïn Cornwell, fils de Némésis. » Et le brun, comme toute réponse, s'évanouit aussitôt.