I want to hold your hand

"Je veux que tu respires. Tout va super bien se passer, tu verras."

Elle le voyait bien, qu'elle n'était pas à son aise. Toutes deux assises au bord du lac, les demi-déesses savouraient le beau temps que leur offrait ce beau mois de juillet. Les rayons du soleil caressaient agréablement leurs peaux pâles alors que les remous du lac s'écrasaient doucement sur la rive, clapotis agréable qui rendait au moment une sensation de calme sans pareil. Plus loin, des nayades s'amusaient à couler quelques pensionnaires inconscients qui s'étaient risqués à se baigner par ce beau temps. Symphonie, qui n'était pas en charge de groupe de baigneurs aujourd'hui se désintéressait totalement d'eux. Son intérêt premier, à ce moment-là, était la jeune fille qui se tenait devant elle.

Le matin même, elle s'était levée tôt afin de préparer la séance d'aujourd'hui. Elle s'était procurée briquets et allumettes par une connaissance qui n'était pas insensible à ses yeux de biche et avait choisi précautionneusement l'endroit et l'instant où aurait lieu le rendez-vous qui n'en était pas réellement un puisque la demi-déesse était allée chercher la fille de Demeter à son bungalow. Non qu'elle ait peur qu'elle se défile, elle voulait juste l'accompagner. La rassurer en quelque sorte, ne pas faire de ce moment quelque chose de trop solennel. Comme une de leurs balades habituelles, celle qui pouvait durer des heures tant elle pouvait discuter ou ne rien dire.

"Regarde."

Posant les mains sur les siennes, la blondinette encouragea son amie à obtempérer.
Pourquoi le lac, à une heure si avancée de l'après midi ? Simplement parce qu'il y serait plein de pensionnaires. Il avait semblé à la fille d'Aphrodite que si Danaé voyait du monde autour d'elle, elle n'en serait que plus rassurée. Et pour l'eau, bien sûr, ça semblait logique. La jeune fille sortit de l'une de ses poches la boite d'allumettes qu'elle avait "emprunté" quelques heures plus tôt. Prudente, elle se recula de la brunette et alluma un des petits bouts de bois. Sentant sa tension à venir, elle jeta aussitôt le petit bout embrasé à l'eau pour aussitôt déclarer :

"Tu vois ? Aucun danger."

Symphonie se rapprocha à nouveau et rangea le paquet. Confiante, elle mit ses mains sur celles de Danaé et continua :

"C'est une belle journée aujourd'hui. Il fait beau, il y a du monde. Absolument aucun risque de catastrophe à l'horizon. Absolument aucune raison valable de craindre quelque chose. D'acc' ? Ok. Maintenant je veux que tu fermes tes yeux."

Elles avaient passé le cap de la tolérance alors, dans l'ordre logique des choses venait le cap de l'approchement. Ce serait une leçon plutôt simple en apparence et tellement bénéfique pour elle. Pour les repas où le sacrifice est de mise, elle ne se pétrifiera plus devant le grand feu où bruler les mets. Aucune raison d'avoir peur d'un simple feu de bois ou même de refuser de se réchauffer devant une cheminée. Si elle franchissait le cap, sa phobie serait en grande partie passée. Même si elle savait que ce ne sera pas aussi simple, que l'exercice devra être répété encore et encore, Symphonie ne pouvait s'empêcher de ressentir une bouffée de joie précoce. C'était presque stupide mais très stimulant. Suivre l'évolution de la peur de Danaé était presque une aventure. Elle se réjouissait lors des progrès et l'encourageait lors des crises. Si l'origine de la phobie n'était pas aussi profonde, il serait presque facile de la guérir. Mais il s'agissait d'un traumatisme. Et comme tout traumatisme, il fallait de la patience et beaucoup d'humour.

"Quand tu veux, baby."

Spoiler:

symphonie&danaé

❝ A friend is someone who understands your past, believes in your future, and accepts you just the way you are.❞

La haine et tout ce qui se rattachait à cette dernière n’avaient pas sa place dans le cœur de la brune. Elle n’avait jamais été une personne remplie de mauvais sentiments et de peurs insensées. Pourtant, il y en avait bien une qui ne la quittait pas et avec laquelle elle vivait depuis près de dix ans. Celle du feu, celle du feu qui avait emporté son père il y a de cela dix ans. Un feu horrible, sans précédent qui avait ravagé tout le centre-ville de Nashville. Tous les habitants de la ville en avaient entendu parler tant il avait fait de victimes et parmi ces dernières, le père de la belle, pompier de son état et surtout, jeune homme fort et vigoureux et atteint du complexe du héros. Il était décédé en sauvant toute une famille et il était devenu un vrai héros et un modèle pour tous ceux de son genre. Un héros, le mot avait une toute autre définition pour elle désormais et pourtant, elle trouvait son père bien plus héroïque qu’elle. Elle avait combattu Echidna pour sauver Caïn mais elle n’était pas une héroïne. Elle était une jeune fille avec une épée et un arc rien de plus qu’une gamine de dix-neuf ans à qui on avait appris à se battre. Elle ne se trouvait pas le courage de son père. Et pour preuve, elle fuyait dès qu’elle apercevait la moindre petite étincelle. Du moins jusqu’à ce qu’elle croise la route de Symphonie qui était l’une des rares personnes à qui elle avait compté l’histoire de son père et qui s’était pris d’affection pour elle et qui avait décidé de l’aider à combattre sa phobie. Mais ce n’était pas une chose aisée à faire, loin de là. La brune haïssait vraiment le feu et plus que tout encore, elle le craignait. Il était la seule chose véritablement capable de l’arrêter quand elle avait quelque chose en tête. Il était l’arme la plus efficace contre cette fille de Déméter. Mais pas en raison de sa mère et de son amour pour la nature, non. Mais pour ce père qu’elle avait perdu trop tôt par sa faute.

Son amie vint la chercher ce matin-là et elle sut qu’une nouvelle séance de travail allait avoir lieu. Elle était extrêmement tendue bien que comme à son habitude, elle arborait un grand sourire chaleureux. Mais à l’intérieur elle n’avait qu’une seule envie : prendre ses jambes à son cou. Mais elle n’avait jamais été une lâche, loin de là. Elle essayait du mieux qu’elle pouvait d’affronter ses problèmes. Mais par moment, comme tout le monde, elle était moins forte, moins solide et donc moins réceptive aux entrainements de la fille d’Aphrodite. Elle y mettait pourtant toute sa bonne volonté. Elle faisait de son mieux pour progresser et pour réussir à surmonter ses craintes. Mais ce n’était pas une bataille aisée, loin de là. Mais elle n’était pas du genre à reculer devant la difficulté. Elle regarda Symphonie allumer l’allumette et tout de suite, son corps se crispa. Cela aurait pu sembler pathétique mais il y a quelques mois à peine de cela, cela aurait suffi à la faire hurler voire partir en courant à l’exact opposé du camp. On pouvait donc considérer la rigidité de son corps et son semblant d’absence de réaction comme un bon signe. Elle eut cependant un soupir soulagé quand l’allumette fut éteinte dans l’eau : elle ne pouvait plus commettre de dégâts désormais. Elle écouta avec la plus grande attention du monde les propos de sa camarade, hochant légèrement la tête pour acquiescer, n’osant pas parler à cause de sa gorge nouée. Cependant, elle finit par pencher la tête sur le côté, sceptique et un peu gênée dans un premier lieu. « Mmmh. Tu penses que c’est une bonne idée je veux dire, on est quand même près des autres, s’il se passe quelque chose je… » Mais elle se tut rapidement n passant une de ses mèches derrière son oreille. Elle prit une grande inspiration, serrant ses mains l’une contre l’autre « D’a… d’accord. » Elle souffla longuement avant de fermer ses yeux, quelque peu anxieuse. Elle savait pertinemment que sa camarade ne lui ferait rien qui ne pourrait porter préjudice à sa vie mais elle avait tout de même peur de la suite des évènements. Elle ne savait pas trop ce qui l’attendait ni comment elle allait bien pouvoir réagir. Et si, elle prenait peur et si elle était prise de panique et qu’elle causait une catastrophe ? Non… Il ne fallait pas qu’elle pense de cette manière. Elle se rassit un peu plus convenablement, en tailleur, ses mains posées finalement sur ses genoux. Elle devait au moins essayer. Elle le devait bien à Symphonie, elle faisait tellement d’efforts pour elle ! Elle ne pouvait pas se défiler maintenant. « Va… Vas-y. » Sa voix avait été hésitante et un peu tremblante mais déterminée. Elle était prête. Tremblante mais prête. Elle se concentrait sur le vent qui faisait voleter ses longs cheveux bruns, sur les rires des autres pensionnaires qu’elle entendait toute autour d’elle, sur les brins d’herbe qui lui caressaient les jambes. Cela l’apaisait toujours d’agir de cette manière. Et cette fois-ci, elle avait véritablement besoin de calme pour passer une nouvelle étape dans sa lutte contre le feu.

Lorsque la fille de Demeter ferma enfin les yeux, le cerveau de Symphonie se remit en marche. Elle laissa un moment à la jeune fille, le temps que ses muscles se détendent, que son visage retrouve un semblant d'air serein ou ce qui s'en approchait le plus. Son visage, doux habituellement semblait étiré par des fils de fer au maximum. Une pointe de remord pinça le coeur de la fille d'Aphrodite à ce moment-là, mais elle se ressaisit. Après tout, c'était pour la bonne cause. Avec de la chance, cet air crispé disparaitrait grâce à ce qu'elle s'apprêtait à faire.

Elles auraient pu rester là éternellement tant l'air était bon, tant l'atmosphère était calme. La situation dans laquelle elles se trouvaient était tellement différente du paysage, des oiseaux qui gazouillaient, de la brise qui faisait voleter leurs cheveux qui lui fallut quelques minutes pour commencer. Elle avait étudié la chose la veille, piquant un livre relatant de ce sujet -elle crut mourir tant sa dyslexie était agaçante- pour s'instruire un maximum. Comme si elle avait pu obtenir des résultats satisfaisants en une nuit ! Elle s'était entraînée au possible mais doutait de ses performances; elle espérait simplement que tout se passerait bien. Ce qui n'était vraiment pas dit. Elle voulait que Danaé écoute mot pour mot ce qu'elle allait dire sans se préoccuper du reste.
D'une voix profonde et lente propre à l'hypnose, la fille d'Aphrodite commença : « Ok... imagine toi au bord d'un lac... Le soleil est radieux et il caresse doucement ta peau, sans la rougir. L'atmosphère est paisible. Tu te sens bien, décontractée. Plus aucune raison de s'inquiéter. Autour de toi, un petit bois humide : il a plus la veille et la mousse dégage encore les effluves de la rosée. Tu n'es pas une demi-déesse en ce lieu : les monstres n'existent pas. Tu ne crains absolument rien. » Elle détachait chaque syllabe avec rythme, le ton bas. Comme une chanson, une berceuse. Le but était que doucement, la fille de Déméter oublie le monde dans lequel elle vivait : non pas ses bienfaits mais ses inconvénients. « L'appel de l'eau est si tentant que tu décides de t'en approcher. Le bassin n'est pas profond, l'eau t'arriverait au niveau du nombril. Tu mouilles tes mains : l'eau est fraîche, agréable. » Elle avait fait exprès de l'amener là, au bord du lac similaire à celui qu'elle décrivait. Pour que le choc soit moindre, pour plus de sûreté lorsqu'elle sortirait de son semi-« sommeil ». Sans faire de bruits aucun, Symphonie sortit le paquet d'allumettes d'ont elle en extirpa une. Elle l'alluma grace à son briquet (bien moins bruyant que de l'allumer en la frottant contre la matière crayeuse du paquet). Là, elle la plaça à environ vingt centimètres de la main de Danaé .
Tout ça, elle l'avait accompli en lui parlant de la même manière que précédemment :« Tu décides de faire un petit plongeon. L'eau est vraiment bonne ; tu vas jusqu'à y faire quelques brassées sous l'eau. Tu es entièrement immergée. » La jeune femme avança l'allumette de quelques centimètres alors que, discrètement, elle sortit un enregistreur vidéo -un caméscope quoi- piqué encore une fois à une de ses soeurs (« C'est quoi ça ?! Donne le moi tout de suite, avant de te le faire confisquer par Mac-Hurley !). Elle le cala afin que Danaé soit en plein dans le cadre et commença à balader l'allumette un peu partout près de son corps. « Si te te sens bien, contente toi de hocher la tête. Sinon tu peux te réveiller : uniquement si quelque chose ne va pas. Mais l'eau est plutôt agréable, non ? et aucune nayade en vue pour t'embêter. » L'allumette avait déjà parcouru en rayon de dix centimètres les bras et les avants-bras de la fille de Deméter. C'était dans la boîte, dans tous les cas, si elle se réveillait maintenant, elle aurait eu 50 % de ce qu'elle avait voulu.

Spoiler:

symphonie&danaé

❝ A friend is someone who understands your past, believes in your future, and accepts you just the way you are.❞

Approcher Danaé du feu était le plus mauvais plan au monde. Elle se rappelait d’une soirée qu’elle avait passée avec Zayne. Ils étaient tranquillement tous les deux au bord de la mer, tout se passait plus que bien jusqu’à ce que le blond ne se décide à allumer un feu. Elle avait commencé à trembler comme une feuille et elle s’était mise à pleurer en se roulant en boule sur elle-même sur le sol, de quoi traumatiser son ami au plus haut point. Il n’avait jamais vu la brune dans un tel état et il avait dû passer la nuit à essayer de l’apaiser, chose qui n’était pas aisée dans de telles circonstances et chose qui risquait à tout moment de se passer, ici, auprès du lac. Danaé avait confiance en Symphonie, véritablement confiance. Les deux jeunes femmes étaient d’excellentes amies et elles savaient qu’elles pouvaient compter l’une sur l’autre dans les bons comme dans les mauvais moments. Et là, autant dire que les nerfs fragiles de la brunette étaient mis à rude épreuve. Elle tremblait légèrement, c’était presque imperceptible mais on pouvait voir une certaine chair de poule se dessiner sur sa peau en raison de l’appréhension. Il faut dire qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce camarade pouvait bien faire en raison de ses yeux clos. Elle tentait de se concentrer sur ce que Symphonie pouvait bien lui dire et de l’imaginer mais c’était quelque peu compliqué tout de même. Mais l’hypnose commençait à fonctionner et petit à petit, elle se détendit, visualisant réellement ce que la blonde lui proposait comme décor alors qu’elle ne pensait plus – ou presque plus – au feu et aux ravages que ce dernier pouvait entrainer. Elle se voyait bien nager dans l’eau douce du lac, chose qu’elle faisait souvent même si cela n’était pas forcément permis, adorant nager. Elle aimait la nature sous toutes ses formes et l’eau en faisait partie. N’était-elle pas après tout source de vie ? N’était-elle pas celle qui permettait aux plantes, aux animaux et aux hommes d’exister ?

Elle hocha lentement la tête alors qu’elle écoutait sa camarade, prête à aller plus loin. Seulement la malchance combinée à la maladresse de Danaé firent que sans le vouloir, elle bougea le bras pour se gratter le bout du nez et qu’elle effleura alors l’allumette de ce dernier, ce qui rompit totalement le charme du moment. Elle ouvrit brusquement les yeux, complétement folle, et son regard alla de Symphonie à l’allumette allumée jusqu’à son propre corps. Sans prévenir, elle se leva et courut comme si elle avait le diable à ses trousses jusqu’au lac et, sans sommation ni prendre le temps de se déshabiller, elle sauta dans ce dernier en un grand plouf qui mouilla bien des gens autour d’elle. Elle resta un long, très long, moment à nager sous l’eau et ce ne fut qu’au bout de ce laps de temps qu’elle sortit de sa cachette, complétement trempée de la tête aux pieds, l’air penaud d’une petite fille qui avait commis une gaffe. Se savant en faute, elle avança la tête baissée en direction de la fille d’Aphrodite, alors qu’elle se rasseyait au côté de cette dernière, n’osant pas vraiment la regarder dans les yeux alors qu’elle attachait ses longs cheveux mouillés. « Désolée… Je ne me suis pas aussi bien contrôlée que ce que j’aurais voulu. » Mais il y avait un progrès tout de même : elle n’avait pas hurlé à la mort, pas plus qu’elle ne s’était recroquevillée sur elle dans une crise effrayante et perturbante. Non, cette fois-ci elle était juste partie en direction de la source d’eau la plus proche. Et puis dans un sens, elle avait fait ce dont la blonde lui parlait sous hypnose : elle s’était baignée dans l’eau fraiche du lac ! « C’était une baignade revigorante. » Elle tenta de détendre l’atmosphère avec un peu d’humour, espérant que son amie n’était pas trop déçue par son comportement. Elle faisait réellement de son mieux mais elle n’était pas encore assez rodée pour appréhender le contact direct avec le feu et l’avoir senti tout contre sa peau l’avait littéralement faite paniquer. Elle caressa un peu gênée l’herbe à côté d’elle alors qu’elle souriait à sa camarade, un peu gauche. Des gens les regardaient maintenant en murmurant, ce qui mettait un peu la brune mal à l’aise. Elle n’avait jamais aimé être le centre de l’attention « Je crois qu’on est devenues le divertissement du jour par ma faute… » Une nouvelle fois, elle essayait d’exposer les choses par l’humour. Elle était ainsi, chaque fois qu’elle devait exposer une chose un peu gênante ou humiliante, elle préférait le prendre par l’humour. Elle n’avait jamais été douée pour des sentiments comme la colère, la haine ou même le sérieux. Elle était une fille légère et enjouée, à l’image de ce que l’on pouvait s’attendre d’une fille de Déméter. Tendant sa main sur le sol, elle se concentra pour faire pousser une magnifique rose d’un rouge profond alors qu’elle la prenait délicatement dans sa main pour la tendre à sa camarade, un sourire en coin. « Pour me faire pardonner d’être une mauvaise élève. Ils me semblent que ce sont vos fleurs à vous, les Aphrodites. » Oui, la rose. La fleur de l’amour pour la fille de l’amour. Danaé appréciait énormément les Aphrodites et leur passion pour l’amour, elle trouvait cela touchant. Et être la fille de celle qui en était l’incarnation même, c’était plutôt classe, il fallait bien le reconnaître.

Tout se passait exactement comme prévu, pour le plus grand bonheur de Symphonie. Même si elle n'était pas à son aise, Danaé ne bougeait pas et lentement, l'allumette passait sur ses bras, près de son torse, de ses cheveux à une distance raisonnable pour enfin, parvenir jusqu'à son visage. C'était génial et la fille d'Aphrodite se retint de lâcher des petits cris de joie afin de ne pas gâcher le charme. Elle n'eut pas à le faire : sans qu'elle s'y attende, Danaé bougea pour toucher le bout de son nez. Erreur fatale puisqu'elle sentit immédiatement la chaleur, faillit toucher la petite flamme au bout du bâton de bois. En quelques secondes, la brunette avait disparu de son champ de vision pour laisser la blondinette qui se retrouva, presque hébétée seule devant le lac. Un énorme "Plouf" la renseigna sur l'endroit où se trouvait la demi-déesse et immédiatement, elle se leva pour tenter de l'apercevoir. Rapidement, elle repéra ses courbes évoluant dans l'eau, rassurée. Elle allait bien. Elle était sûrement choquée mais elle allait bien. Souriant, amusée par son amie, elle alla se rassoir pour stopper la vidéo et la visionner en son entier, le temps que Danaé reprenne ses esprits et se rafraîchisse les idées -c'était le cas de le dire mouhaha. Tout avait été filmé, preuve de la réussite de la séance. Même la magnifique performance/fuite/course-poursuite avec un agresseur invisible de la demi-déesse était dans la boîte, faisant éclater de rire la fille d'Aphrodite. Hilare, elle vit son amie la rejoindre l'air si désolée que ça ne fit qu'accroître son fou rire. « Désolée… Je ne me suis pas aussi bien contrôlée que ce que j’aurais voulu. » Les paroles de la jeune femme arracha une grimace choquée au chef de bungalow qui ouvrit de grands yeux, semblable à un personnage de cartoon à qui il serait arrivé quelque chose de particulièrement choquant. Elle lâcha, entre deux rires, les larmes aux yeux : « Mais, tu rigoles j'espère ? Danaé c'était super, t'as vachement progressé ! » Une autre crise de rire jusqu'à ce qu'elle se rende compte que son amie pourrait mal le prendre, comme si elle se moquait allégrement d'elle. Ce qui était totalement faux. Elle avala de grandes goulées d'air jusqu'à retrouver un semblant de sérieux et lui assurer : « Sérieusement, je suis super fière de toi. » Elle lui adressa un grand sourire, décidément contente pour les dix prochaines années. « C'était une baignade revigorante. » Symphonie rit une nouvelle fois en hochant la tête, heureuse que Danaé ne lui en veuille pas d'avoir tenté le diable lors de cette séance. Elle aurait très bien pu lui balancer les pires horreurs à la figure et décamper, furieuse d'avoir approché aussi près des flammes et par conséquent, d'avoir parcouru un tel danger. Au lieu de ça, c'était elle qui était désolée parce qu'elle n'avait pas réussi à tenir plus longtemps. Cette fille était vraiment adorable. « Je crois qu'on est devenues le divertissement du jour par ma faute... » Regardant autour d'elle, Symphonie constata en effet que toutes les têtes étaient tournées vers les deux jeunes filles, les dévisageant presque. Chose qui eut le don d'énerver profondément la jeune femme. Quoi, qu'est ce qu'ils avaient ces gueux ? Ils n'avaient jamais vu quelqu'un plonger ou quoi ? Elevant la voix, tout sourire envolé, elle demanda d'un ton loin de celui, mielleux qu'elle empruntait habituellement : « Quoi, vous avez un problème ?! Vous avez que ça à faire, nous regarder ? Non mais sans blague. » Elle ignora les commentaires outragés et se retourna vers Danaé, tout sourire. S'il y avait bien quelque chose qui ne supportait pas, c'était ça. Le regard supérieur des autres. « Nous ? Mais on l'est toujours voyons, en tant que chefs de bungalow les plus sexys du camp. » Suivi d'un mouvement de cheveux et d'un regard ravageur. Refaire sourire la fille de Demeter, c'était le but. Elle, pourtant, semblait être décidée à se faire pardonner ; se concentrant sur le sol, une magnifique rose couleur vermeil vint bientôt fleurir pour que Danaé la prenne et la tende à Symphonie. « Pour me faire pardonner d'être une mauvaise élève. Ils me semblent que ce sont vos fleurs à vous, les Aphrodites. » Les roses. Effectivement, c'était leur fleur à elles, à eux les filles et fils d'Aphrodite. Le symbole qui apparaissait lorsque leur mère daignait reconnaître leur existence. Elle joua avec entre ses doigts un instant, pensive. La fleur de l'amour, de la romance, de la sensualité. Plus éphémère, tu meurs. « T'es trop gentille, chérie. Elle est aussi belle que toi. Mais t'es pas une mauvaise élève et j'en ai la preu-veuh ! »Toute guillerette, elle saisit le caméscope et l'agita sous le nez de la Demeter avant de venir s'asseoir à côté d'elle et de démarrer la vidéo. Se mordant la lèvre, elle observa la réaction de son amie avant de lâcher, lorsqu'elle fut finie un « Pas mal, hein ? » Elle avait carrément géré, oui.

symphonie&danaé

❝ A friend is someone who understands your past, believes in your future, and accepts you just the way you are.❞

Il était vrai que Danaé avait énormément progressé. Elle était allée de l’avant, bien plus que les années précédentes. Ni Abel ni Caïn n’avait la moindre idée de la phobie qui habitait la jeune fille. Elle avait peur du feu comme certains avaient peur de la souffrance ou même de la mort, de manière désastreuse et incontrôlable. Elle en faisait des cauchemars la nuit et elle était pétrifiée dès qu’elle en voyait près d’elle, ce qui n’était pas facile à gérer, notamment en raison de ses amis fumeurs ou tout simplement, enfants d’Héphaïstos. Elle ne pouvait pas rester avec eux aussi souvent qu’elle le désirerait et elle avait beaucoup de mal à justifier le fait qu’elle prenait par moment la poudre d’escampette sans aucune raison. Aujourd’hui, elle savait gérer un peu mieux sa phobie mais elle avait toujours du mal à rester proche de la source de sa terreur, voilà pourquoi elle venait de se tourner en ridicule devant tout le monde. Elle n’était pas dérangée par l’idée d’avoir l’air bête, mais elle ne voulait pas que Symphonie souffre de son côté un brin loufoque et à côté de la plaque. Heureusement pour elle, son amie n’était pas du genre à se soucier des autres et elle ne put que sourire légèrement en voyant cette dernière enguirlander ceux qui les fixaient et en les complimentant, ce qui la fit rougir légèrement. La jeune fille était du genre timide et elle avait du mal à assumer qu’on la complimente. Elle se voyait comme un petit canard au milieu de beaux cygnes. Surtout comparée aux filles d’Aphrodite comme Symphonie. Elle se trouvait laide mais dans un sens, c’était plutôt normal. Elle n’était pas la fille de la déesse de la beauté et de l’amour mais de celle des moissons et de la nature. Elle était une adepte de la faune et de la flore, elle faisait passer ces derniers avant presque tout et elle était heureuse ainsi. Elle sourit tout doucement à la blonde alors qu’elle venait de lui donner une rose, en gage d’amitié et d’excuses. Elle savait à quel point les enfants d’Aphrodite étaient sensibles à cette plante. A cette fleur qui symbolisait leur mère.

Elle hésita avant de se rapprocher de l’autre cheffe de camp pour voir la vidéo dont cette dernière parlait. Elle n’avait pas eu conscience qu’elle était filmée tout le long de l’exercice et elle craignait un peu ce qu’elle allait voir. Elle pâlit d’ailleurs en voyant l’allumette que la blonde avait rapprochée de son corps, avant de rougir de sa réaction pour le moins exagérée. Elle avait eu l’air d’une folle à courir comme ça avant de se jeter dans l’eau du lac. « Au moins, je ne me suis pas évanouie… » Oui, c’était déjà ça et ce n’était pas si mal. Elle soupira en passant une main dans sa longue chevelure brune. Elle se releva un instant et s’étira, alors qu’elle était perdue dans ses pensées. Depuis quelques temps, la vie à la colonie était devenue bien plus dangereuse qu’auparavant et elle craignait pour la vie de ses proches. Symphonie faisait partie de ces derniers et elle se décida à s’ouvrir un peu à cette dernière, histoire de partager ses craintes avec elle. « Dis… Tu penses quoi des derniers évènements… ? J’ai un mauvais pressentiment… Tu crois que des monstres…. » Elle se tut quelques secondes, semblant hésiter, puis elle finit par reprendre la parole. « … pourraient arriver jusqu’ici ? » Danaé n’avait jamais été lâche et tous ses amis le savaient bien. Il n’y avait donc aucun risque pour que Symphonie prenne ces questions pour de la couardise. Mais Danaé, par nature, était une véritable mère poule et elle avait peur pour ses proches. Elle avait peur notamment pour ceux qui ne savaient pas se battre, comme les enfants ou même encore, comme Caïn. Que se passerait-il s’ils se retrouvaient confrontés à une armée de monstres ? Cela tournerait au véritable massacre. Elle se rassit, les jambes en tailleur, la mine pensive. Elle savait que quelque chose de grave se préparait, elle en avait le pressentiment. Elle se demanda d’ailleurs s’il ne serait pas intelligent de la part des chefs de bungalows de se retrouver pour en discuter tranquillement tous ensemble. L’heure n’était plus aux querelles inutiles entre différents clans mais bien à une union. Si un ennemi commun se montrait, il faudrait qu’ils fassent preuve d’une certaine force mais surtout, d’une unité, pour pouvoir le combattre. La paix, l’union, tant de valeurs importants pour la brune qui depuis des années, n’avait cessé d’essayer de les insuffler à ses camarades, en vain. Elle espérait juste que cette fois-ci, avec les évènements sombres à venir et les sang-mêlés déjà tombés au combat, les autres enfants de dieux se rangeraient à son avis et cesseraient de se faire la guerre.

Spoiler:

Symphonie était décidément satisfaite, la journée n'aurait pas pu mieux se dérouler. Il n'y avait plus qu'à espérer que la prochaine séance se déroule dans d'aussi bonnes conditions et par conséquent que Danaé progresse comme elle l'avait fait aujourd'hui. « Au moins, je ne me suis pas évanouie... » Secouant doucement la tête devant l'humilité de la demi-déesse, Symphonie lui répondit, confiante : « Je suis sûre que ça ne serait pas arrivé. » Et si ça avait été le cas, la blondinette aurait certainement sauté sur son amie pour la porter à l'infirmerie, dégommant les imbéciles lents comme des larves sur son passage. Elle aurait hurlé que la chef des « Aphrodite » exigeait des « Apollon » pour la chef des « Demeter » et que s'ils ne se dépêchaient pas, elle ferait en sorte que chacun de leurs enfants seraient maudis en amour sur dix générations. Mais ça n'était pas arrivéalors inutile de s'énerver tout de suite. En fait, elle se sentirait tellement mal, rongée par la culpabilité sur le moment qu'elle se vengerait sur n'importe qui qui lui aurait été inutile sur le moment présent. Et déjà qu'elle est teigneuse en temps normale, mademoiselle enfant - gâtée par excellence pouvait se transformer en véritable tigresse pour protéger ses petits. Comment ça elle avait le même âge qu'elle et il était même probable qu'elle soit plus jeune encore ? Tss, c'était une image voyons, une image. De toute façon, ce n'était pas arrivé parce qu'elle avait su gérer et dire qu'elle était fière d'elle-même aurait été vraiment un doux euphémisme. Elle se sentait même puissante... Ouais OK, c'était légèrement exagéré mais on ne la refera pas, hein. La mine soudainement craintive de la fille de Demeter tira la dissipée fille d'Aphrodite de ses pensées qui, retrouvant un semblant de sérieux, écouta :
« Dis… Tu penses quoi des derniers évènements… ? J’ai un mauvais pressentiment… Tu crois que des monstres…. » Elle se tut quelques secondes, semblant hésiter, puis elle finit par reprendre la parole. « … pourraient arriver jusqu’ici ? » Symphonie avait toujours eu plus ou moins peur des monstres. C'est donc sans surprise qu'un frisson parcourut sa colonne vertébrale pour disparaître aussitôt, laissant sur son visage une expression grave. Elle connaissait Danaé pour son côté maternelle et elle savait qu'évidemment, avec les nouveaux évènements, elle ne tarderait pas à se ronger les sangs. Symphonie n'était pas la meilleure pour la rassurer. En tant que fille d'Aphrodite, elle n'était pas un génie en ce qui concernait le combat à l'épée ou encore le tir à l'arc et elle savait que dans un combat, ce qui pourrait la sauver étaient uniquement ses pouvoirs et l'aide d'une certaine coréenne. Seule, elle était absolument aussi vulnérable qu'un poussin nouveau-né. Elle pourrait peut-être essayer de piquer ici où là mais se ferait rétamer inéluctablement, pour finir en omelette ou pire encore. Il était donc inutile qu'elle commence à débattre sur le fait que chaque demi-dieu de la colonie était capable de battre un de ses monstres parce que c'était faux. Quant à sa question initiale, elle ne n'hésiterait pas une seconde : c'était oui. « Et bien... » Passant pensivement sa langue sur sa lèvre supérieure, la blonde continua : « Oui, je le pense. Je trouve ça même étonnant de ne pas en avoir vu plus tôt. Danaé je dis pas ça pour t'inquiéter, tu sais. Mais je pense que nous aurons beaucoup de chance si on se fait pas attaquer dans les jours à venir. » Soupirant, Symphonie se laissa aller à s'allonger sur l'herbe, à côté des jambes de son amie. Croisant ses mains derrière sa nuque, elle laissa ses yeux parcourir le ciel, ses nuages et contourna l'astre lumineux, l'aveuglant. « L'ancien temps me manque, tu sais.
Quand Harmonie s'occupait de nous et que les Dieux donnait l'impression de s'intéresser à leurs rejetons. » Elle ignora totalement le nuage qui vint obscurcir le ciel et cacher le soleil pour continuer : « Quand j'étais gamine, j'idolâtrais ma mère, littéralement. Tu te rends compte ? J'étais l'une des gosses de la femme la plus belle du monde, de celle qui représentait l'amour, tout le bordel. » Elle secoua la tête, ironique. « J'me dis qu'en fait... ça compte pas tout ça. Que si j'avais pas été une demi-déesse, ma vie aurait sans doute été plus simple. Je serais une adolescente comme les autres, qui irait faire les boutiques, qui sortirait en boite, tu vois le topo ? Sans avoir sans cesse peur de se faire transpercer le ventre par une furie... On aura jamais de compassion pour tous nos efforts si ce n'est de rester envie. »

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