Quatre janvier. Siam avait appris le retour des héros de la quête, tant bien que mal. D'abord, on lui avait annoncé la nouvelle sur un ton jovial. Un de ses frères avait déboulé dans le bungalow d'Athéna, l'appelant, et puis le lui avait dit. Zayne, Rain et Aliénor étaient rentrés. Enfin. Siam était à deux doigts du soulagement lorsque son frère avait poursuivit : les trois étaient en mauvais état. Mais le pire ... C'était Rain, évidemment. Siam aurait du l'empêcher d'y aller. Au tout début, elle en voulut énormément à Zayne. Elle s'était dit que dés qu'elle lui tomberait dessus, elle le tuerait. Elle lui avait fait confiance pour protéger Rain, et il avait échoué. Certes, Rain était vivante. Mais proche de la mort, et ça n'avait pas plu du tout, du tout, à Siam. On ne lui avait même pas laissé voir Rain, au début. Elle était en trop mauvais état pour recevoir de la visite, soit disant. Et puis de toutes façons, elle restait inconsciente. Mais Siam avait quand même insisté, et avait obtenu quelques minutes de visite, tout en étant surveillé d'un oeil inquisiteur par l'infirmière de la colonie. La scène lui avait rappelé quelques mois plus tôt, lorsqu'elle avait veillé sur Rain, fraîchement débarquée à la colonie, dans cette même infirmerie. Mais là, c'était pire. Pas vraiment beau à voir. Ensuite, elle était même passée voir Zayne. Mais lui aussi, dormait. Et en plus, il avait une sacré balafre qui lui barrait le visage. Siam s'était donc un peu calmée à son égard. Elle avait bien envie de connaitre tous les détails de cette quête, mais s'était raisonnée à attendre que les trois se rétablissent. Et puis, Zayne avait du faire de son mieux, finalement. On ne ressort jamais indemne d'une quête de toutes façons ... Surtout physiquement.

Bref, Siam avait patienté. Elle s'était occupée, avait pensé à d'autres choses. Le bal ? Très peu pour elle. De toutes façons, personne ne l'avait invité. Même pas Thunder. Cela l'avait blessé, sur le coup, mais plus maintenant. Elle s'en fichait royalement, même. Et voilà qu'enfin, en fin de matinée du quatre janvier, Siam allait trouver Zayne. Elle avait envie de lui parler, maintenant. Envie de savoir. Et puis, il lui manquait un peu. Le fils d'Héphaïstos était un boulet, il lui avait même fait perdre la face devant une ennemie - Simphonie - et fait fouler une cheville (involontairement, hein ?). Mais elle l'aimait bien, au fond. Elle avait été en colère contre lui, mais ce n'était pas la première fois. Elle finissait toujours par lui pardonner, mettant tout cela sur le compte de sa maladresse. Siam était donc passée au bungalow d'Héphaïstos, au cas où. Un garçon qui avait l'air de s'être cramé les sourcils lui avait dit que Zayne se trouvait à la forge. Aucun problème, Siam fila là-bas. Il faisait une chaleur énorme, et elle n'osa pas tellement s'approcher de près, au début. Alors elle appela : « Zayne ?! », assez fort pour qu'on puisse l'entendre dans cette chaudière magique.

[hj : ne me demandez pas pourquoi j'ai choisi ce gif, Zayne était juste trop mignon avec le chien ; ps : je suis nulle pour les titres haha]

Elle avait presque faillit attendre. Elle avait presque commencé à s'impatienter, quand enfin la tête blonde de Zayne apparut à travers la fumée qui s'échappait de l'entrée de la forge. Même plantée ici, à deux mètres, Siam avait chaud. Il s'avança vers elle, sous le regard inquisiteur qu'elle lui lançait. Puis leurs regards se touchèrent un moment, se jaugèrent. Un silence. Puis Zayne : « Hey. La forme ? ». Siam ne put s'empêcher de remarquer qu'il venait de regarder furtivement du côté de sa cheville. Cette même cheville qui, un mois plus tôt à peine, il avait foulé. Enfin, indirectement. Siam s'était foulée la cheville en relevant un défi que le bougre lui avait lancé. Inutile de rappeler qu'elle l'avait en définitive perdue, et que cela l'avait ô combien énervée. Bref. « Oh oui, ça va parfaitement », répondit-elle de manière tout à fait ironique. Elle croisa les bras sur sa poitrine, puis reprit d'un ton un tantinet plus sec qu'elle ne l'aurait voulu : « Je t'avais demandé de la protéger pour moi ». Là, elle parlait de Rain, bien entendu. Leur protégée à eux deux. La petite Rain, qui n'était pas à la colonie depuis très longtemps, à qui ils avaient appris quelques rudiments de combat afin de la préparer au mieux à ce qui l'attendait. Siam avait été folle de rage en apprenant qu'Olliver Mac-Hurley l'envoyait en quête, du moins s'était-elle rassurée de savoir que Zayne l'accompagnait. Mais elle avait été déçu, ô oui extrêmement déçue. Rain était revenue en petits morceaux - métaphoriquement -, aux portes de la mort. « Elle a faillit aller dire coucou à Hadès, Zayne », dit-elle, histoire d'enfoncer un peu plus le clou. Mais cette fois, c'était d'une voix triste. Qu'aurait-elle fait, si Rain avait perdu la vie ? Elle voulait détester Zayne pour ça, l'en tenir pour responsable. Mais elle savait, au fond d'elle, que c'était totalement absurde. Que ce n'était la faute de personne. Que c'était comme ça, une vie de sang-mêlé : dangereux.

Au lieu de s'énerver, Siam décida de rester calme. Dans un élan d'elle-ne-savait-quoi (un truc d'hyperactif, peut-être), elle prit subitement Zayne dans ses bras avant de le relâcher presque immédiatement. « Désolée, je sais bien que ce n'est pas de ta faute. C'est juste que ... vous m'avez fait peur, les gars », s'excusa-t-elle avec une moue désolée. Elle avait eu terriblement peur, oui. Pour avoir fait elle-même une quête, quelques années auparavant - pas tant que ça, hein, mais ça semblait si lointain -, elle savait pertinemment les dangers qu'encouraient les demi-dieux au dehors. Rien de très jouissif. Ce qui l'avait agacé surtout, c'était de ne pas pouvoir savoir comment ils allaient, ce qu'ils faisaient. Elle avait eu l'impression d'être totalement inutile, de tourner en rond comme un lion en cage. Rester en sécurité à la colonie pour y construire une tour en pierre afin de satisfaire l'égo de quelques Dieux des vents, très peu pour elle. Elle avait détesté cet épisode. « Raconte moi ce qu'il s'est passé », finit-elle par demander. C'était carrément un ordre, d'ailleurs. Et si Zayne avait pensé se faire réduire en charpie et passer au mixeur par Siam, il allait bien être surpris.

Il avait l'air de lui en vouloir, de lui reprocher tout ça. Mais Siam avait besoin de trouver un coupable, dans cette affaire. Elle aurait pu se retourner contre les Dieux, car après tout, c'était surtout leur faute à eux. Mais c'était plus fort qu'elle. Elle avait toujours apprécié les Dieux, et il lui semblait si difficile de s'en détourner ... En tout cas, elle refusait de se fâcher avec Zayne pour cette histoire de quête. Elle avait eu si peur, lorsqu'ils étaient partis, sans possibilité de donner des nouvelles ... Ce qu'elle voulait, maintenant, c'était que tout revienne à la normal. Que Rain reprenne du poil de la bête, qu'elle aille mieux. Que Zayne aille mieux. Et que Siam soit enfin rassurée. Ils étaient tous liés, après tout. Rain était la fille de la grande-tante de Siam, Zayne le fils de son oncle. Et chaque pensionnaire pourrait toujours se trouver un lien familial quelconque avec n'importe qui, si on continuait comme ça. Ça paraissait pourtant dérisoire, pour certains. Mais Siam aimait bien y penser, de temps en temps. A part s'imaginer parente avec quelqu'un comme Thunder, ça c'était moins drôle. Bref. Elle voulut en finir avec les mots méchants, les regards plein de reproches. Alors elle enlaça brièvement Zayne, de quoi le déstabiliser. « Désolée, je sais bien que ce n'est pas de ta faute. C'est juste que ... vous m'avez fait peur, les gars », dit-elle pour se faire pardonner de son attitude. « Ouais, moi aussi j'suis désolé. J'aurais vraiment dû mieux veiller sur elle, je suis nul », répondit Zayne, le ton et le regard plus doux qu'auparavant. Siam leva les yeux ciel avant de sourire : « Pas ta faute, point », conclut-elle. Puis elle lui demanda de tout lui raconter, et même si l'exercice n'avait pas l'air de le ravir, il s'y prêta et l'invita à s'asseoir un peu plus loin de la forge, sur un perron. Et il lui raconta tout, avec plus ou moins de détails, plus ou moins d'entrain. Parfois, elle animait la conversation avec des questions, elle cherchait des mots pour l'aider à trouver les siens. Et puis, elle sut tout. Quand il parla de la Sphinge, Siam comprit sans trop de mal qu'il s'était laissé avoir par son apparente beauté et sa voix envoûtante. Et bien sur, la réponse qu'il avait offert à la question posée, l'énigme du Sphinge. Siam aurait trouvé sans problèmes, elle. Mais Zayne aussi, s'il ne s'était pas laissé emmêler les neurones par cette femme-lionne. Elle frissonna presque lorsqu'il lui conta l'épisode du Dieu du vent, de l'espèce de tornade, de la chute, du réveil, etc ... Ils avaient vraiment morflé. « Le gros bordel, quoi ... », résuma parfaitement Zayne. Siam allait sourire, répondre, mais il poursuivit en marmonnant : « J'ai... j'ai vraiment pas assuré, Siam. J'suis désolé. Je suis vraiment un héros en carton ... ». Siam lui lança un regard attendri, mais il ne la vit pas, trop occupé qu'il était à trifouiller un briquet. Evidemment, c'était compréhensible que la quête l'ai chamboulé, rien qu'en voyant son déroulement et surtout, son issue. A sa place, elle se serait très certainement senti à l'identique : aussi inutile qu'une fraise dans le champ d'à côté. Elle tenta d'abord une approche un peu " détente ", en lui lançant : « Là, c'est le moment où je dois te dire que tu te trompes et te prendre dans mes bras ? ». Elle rit, puis se racla la gorge nerveusement. Ok, elle était pas tellement douée pour réconforter les gens. Et pourtant, elle en avait connu, des gens en quête de réconfort. « Bon, sérieux. Zayne, ça existe pas les héros parfaits. On fait tous des erreurs, même les Dieux ils en font, tu vois. Alors nous, pauvres âmes à demi-mortelle ? Encore pire. Et puis, le principal, c'est que vous êtes revenus vivants, et avec la rose des vents en plus. Et puis moi, je pense pas que tu sois un héros en carton », tenta-t-elle.

« Tu sais ce qu'il s'est passé, à la colonie ? On a du se taper des pioches et des pelles parce qu'Olliver voulait qu'on creuse dans la neige pour les fondations de la tour. Et puis, on l'a fait flanché, heureusement. Il allait tous nous crever à la tâche, sinon. Et puis, je crois que tu as beaucoup manqué à Symphonie, aussi. On s'est même pas agressés, depuis que t'es partie, c'est un exploit ça non ? », dit-elle pour égayer la conversation. Maintenant qu'il lui avait raconté ses récentes aventures, elle pouvait bien lui raconter les siennes - si on pouvait parler alors " d'aventures " ...

Siam semblait être devenue une toute autre personne. Pourtant, elle-même savait que ça ne durerait pas. Elle n'était pas le genre de fille à faire rire la galerie : elle était plutôt de celles qui intimaient l'ordre à tout le monde de garder au maximum son sérieux. Seulement, son but avait été de remonter le moral de Zayne, d'être gentille, agréable, drôle ... Ou pas. Son numéro humoristique avait fait un flop et elle préféra changer de stratégie plutôt que de continuer à se rendre ainsi ridicule. Nul besoin de jouer le jeu du boute-en-train. Elle avait donc décidé de changer de sujet, en racontant brièvement la construction de la Tour des vents, en mettant l'accent sur le fait qu'elle ne s'était pas du tout accrochée avec Symphonie depuis le départ de la quête ... Un véritable exploit, non ? Lui ne répondit pas tout de suite, et elle l'observa un moment triturer son briquet zippo, l'ouvrir, le fermer. L'allumer, l'éteindre. La vue de la petite flamme lui rappelait que Zayne pouvait s'en servir à tout moment, manipuler cette mini-source de chaleur. Un vrai danger. C'aurait pu être flippant, mais elle, était parfaitement sereine. Ce qui allait suivre, pourtant, allait plutôt la bousculer. « Oui, elle m'a raconté ça, oui ... », commença-t-il. Et Siam allait presque être contente, certaine que Zayne serait définitivement sauvé de la dépression post-quête. Mais lorsqu'elle entraperçut un petit sourire malin se dessinait sur son visage, et lorsqu'elle sentit qu'il se rapprochait méthodiquement, allant jusqu'à se mettre jambe contre jambe, là, elle se dit qu'il y avait un problème ... « Elle m'a aussi raconté qu'il s'était – enfin ! passé quelque chose entre Thunder Hamn et toi », finit-il par lâcher, en mimant un air victorieux. Siam en resta d'abord abasourdie, puis fronça les sourcils en maudissant intérieurement Symphonie Baxter. « Raconte moi tout de cette histoire », demanda-il. Silence. Siam n'était vraiment pas le genre à s'étendre sur ce genre de sujet. Son envie de blablater avec Zayne était carrément en train de se retourner contre elle. « Tu ne t'attendais tout de même pas à ce que je n'en sache rien, Siam ! Ne m'oblige pas à passer au bungalow dix pour demander tous les ragots à votre propos, tu sais très bien que j'en serai capable. Je préfère entendre le tout de ta bouche », s'exclama-t-il en levant les yeux au ciel. La seule chose que Siam pensa à ce moment là, c'est qu'elle était certaine qu'en effet, le fils d'Héphaïstos était capable de faire le tour des bungalows pour rassembler les ragots et se faire une propre idée de l'histoire. Siam fronçait encore plus les sourcils lorsqu'elle marmonna, plus pour elle même que pour autre chose : « Je hais les ragots ». C'était pas son genre, ça non plus. Quand des commérages lui arrivaient aux oreilles, elle se contentait d'ignorer, et si elle entendait ce genre de trucs dans la bouche d'un de ses frères ou soeurs, alors elle allait jusqu'à les réprimander de s'abaisser à de telles activités. Bref, pas du tout son truc. Elle commença donc d'un air buté : « Il s'est rien passé ». Puis, en voyant le regard inquisiteur que lui lançait le garçon, elle soupira exagérément puis finit par dire : « On a parlé et voilà. On s'est embrassés et le soir, j'ai fait une sorte de cauchemar, j'ai rêvé que Rain se faisait zigouiller. Et vu qu'il a un don, il est venu pour m'apaiser », résuma-t-elle grosso modo. « Rien de plus », se sentit-elle obligée d'ajouter.

Siam se laissa surprendre par la réaction hyperactive de Zayne. Elle lui laissa lui secouer les épaules avec vigueur, et elle se sentit comme un arbre à qui on tentait d'arracher deux-trois pommes. « Rien passé ? Rien passé ?! SIAM LOVENBRUCK ON PARLE DE THUNDER FREAKING HAMN ET IL T'A EMBRASSÉE », s'exclama-t-il avec force, tout en continuant à la secouer comme un prunier. Il avait presque hurlé, et cela attira même un autre " Héphaïstos ", qui passa la tête par la porte de la forge, demandant à son frère si tout allait bien. Siam regarda l'autre blond avec un air éperdu, du style " au secours ". Puis Zayne le rassura et le congédia gentiment. « Tu peux pas juste dire voilà, oh ! Il a mis quoi, trois ans pour te parler ? Il n'adresse un mot à personne et il t'embrasse et tu me dis VOILÀ ? », poursuivit-il après le départ de l'autre garçon, sur un ton carrément scandalisé. Siam était presque choquée de sa réaction. En fait, elle ne s'attendait pas à tant d'engouement et tant de ... cris. A ce rythme là, Zayne allait rameuter toute la colonie. Pour autant, le blond n'avait pas tellement tort. Thunder avait mis des années à lui parler, et leur relation avait été totalement compliquée, ambiguë, longue, etc ... que ce soudain coup d'accélérateur pouvait effectivement être très surprenant. Siam elle-même en avait été quelque peu chamboulé, et n'avait presque rien compris à tout ce qui s'était passé. Mais au final, elle était plutôt contente. Alors qu'elle ne répondait rien, perdue dans ses pensées, Zayne lâcha un petit : " trop mignon ", ce qui fit relever la tête à Siam. Elle lui lança un regard genre " te fous pas d'moi ". Puis il se rassit près d'elle, visiblement calmé. La fille d'Athéna espérait qu'il changerait de sujet, mais il poursuivit, souriant : « Je pensais vraiment pas que c'était ton genre, Siam. Embrasser des garçons, briser des cœurs, te laisser tenter par l'amour, faire des blagues vaseuses tout ça tout ça ... Surprenant. Reste comme ça. C'est trognon ». Siam leva les yeux au ciel, détestant cette nouvelle description qu'il lui adressait. Elle ne voulait pas être " trognon ", non merci. Elle allait lui répondre, mais il la prit de court en l'attrapant dans ses bras pour lui coincer la tête et lui ébouriffer les cheveux, comme si elle n'était qu'une gamine de neuf ans. « Arrêêêêêête », couina-t-elle en tentant vainement de se dégager - trop de force, Zayne, à force de taper le fer dans la forge. Non pas qu'elle craignait pour son brushing - elle était même pas coiffée - mais elle détestait ce genre d'effusion. Le fils d'Héphaïstos, lui, semblait tout à fait amusé, et continua sur sa lancée : « Mouahah ma petite Siam avec son Thunder. Siam Hamn. T'as fait exprès pour que ça rime, pas vrai ? ». Il riait presque, tandis que Siam fronçait les sourcils en se débattant, juste assez pour manifester son mécontentement, mais pas assez pour se libérer. Puis il cessa de lui ébourrifer les cheveux - les Dieux soient loués - et lui embrassa le haut du crâne bruyamment avant de la relâcher définitivement. « T'es fou comme garçon », lui dit-elle en se passant la main dans les cheveux - pour remettre un peu le tout en place, quoi. Puis elle sourit, mais Zayne repartait déjà sur des sujets plus sérieux : « Tu sais si Rain va mieux, Siam ? Ils ne m'ont pas laissé la voir et je m'inquiète terriblement. Elle va mieux, hein ? Elle ne peut que aller mieux. Elle a pas l'droit d'aller pire, pas vrai ? J'espère qu'elle va mieux ... ». Siam fit la moue, regarda un pensionnaire passé devant eux puis répondit en soupirant : « Je l'ai vu une fois, parce que j'ai fait du forcing. Mais elle était dans les vappes, pas moyen de lui parler. C'était genre, trois heures après votre retour. Après, je l'ai pas revu. Mais je sais qu'elle va mieux, et elle sortira bientôt, j'en suis sure ». Elle avait envie de rassurer Zayne, mais aussi elle-même. Et puis surtout, elle avait envie de revoir Rain. En pleine forme, sur ses deux pieds. Rain, leur protégée commune, l'innocente Rain qu'on avait envoyé en quête. Autant dire : à l'abattoir. Elle aurait pu en mourir. Pour une rose des vents, pour réparer l'orgueil de quelques Dieux mineurs. Des fois, Siam en voulait aux Dieux. Des fois, seulement. Parce qu'au fond, elle leur était fidèle, sans vraiment savoir pourquoi, d'ailleurs.

« Je l'espère sincèrement, Siam, je l'espère sincèrement ... », répondit Zayne en soupirant. Siam imita son ami, rabattant ses genoux contre elle et posant la tête dessus. Elle regardait au loin, pensive. Ils formaient un beau tableau, dis donc. Un tableau légèrement blasé, en fait. Siam se sentait un peu séchée par tous les évènements récents, par ce trop plein d'émotion - bonnes (thunder) comme négatives (retour de quête, tempête de neige, etc ...). En attendant, le silence s'insinuait entre eux. Un silence serein, en quelque sorte. Les deux sang-mêlés avaient certainement besoin de méditer un peu sur cette quête, et les désastreuses conséquences sur la santé de Rain. Leur seule consolation était qu'elle était vivante, ce qui était somme toute, déjà très bien, avec la vie qu'ils menaient tous. Une vie de demi-dieu, après tout, c'est dangereux. Et la plupart d'entre eux étaient certainement voués à une mort certaine. Seulement, mieux valait ne pas y penser. Sur cette note joyeuse - haha -, Siam vit un sourire malin se dessiner sur les lèvres de Zayne, et elle sentit venir la connerie. « J'espère que ta cheville va mieux... ? Parce que dès que je serai d'attaque, crois-moi, je vais te foutre une de ces misères à tous les entraînements, tu vas chia-ler », dit-il sur un ton fanfaron. Siam esquissa un sourire forcé genre " moque-toi, vas-y " puis elle répondit, sur un ton de sage centenaire : « Ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué », puis elle éclata de rire et reprit : « Et oui, ma cheville va mieux, mais pas grâce à toi, hein ». Elle marqua une pause. « Et c'est moi qui vais te faire pleurer, Zayne ».

Au départ, quand même, c'était bien Zayne qui lui avait appris à se battre dans l'arène. Tandis qu'elle lui avait appris à lire le grec ancien, à connaître les mythes qui formaient leur vie, à eux, pauvres sang-mêlés destinés dés leur naissance à combattre les monstres, servir les Dieux. Un destin que Siam supportait beaucoup mieux que le fils d'Héphaïstos. La blonde connaissait parfaitement les opinions de Zayne à l'encontre des Dieux, et ne pouvait semble-t-il strictement rien y changer. Elle avait essayé, un temps, pourtant. Sans forcer, et sans succès. Et au final, ça ne la dérangeait pas plus que ça, cette divergence d'opinion. Elle appréciait beaucoup Zayne pour ce qu'il était, et c'est tout ce qui comptait. « J'avoue, j'me suis pas tellement entraînée pendant ton absence, à vrai dire on a été assez occupé mais je suis certaine de pouvoir te flanquer la raclée de ta vie ». Siam était également une personne très orgueilleuse. Après s'être fait battre (à la déloyale, ok ?) par Symphonie Baxter, elle ne comptait pas se laisser prendre une dérouillée par Zayne, ça non. Après tout, dans toutes les histoires, l'élève finissait par dépasser le maître, non ? (enfin, Zayne ne la dépasserait jamais en connaissance de mythologie, etc ...).

Spoiler:

La conversation devenait totalement détente, à présent. Comme si le passé récent - la quête, tout ça - n'était plus qu'un lointain souvenir presque oublié. En tout cas, il fallait tourner la page. Et c'était exactement ce que Zayne et Siam étaient en train de faire, en ce moment même. Lorsque Zayne se vanta de sa musculature (plutôt imposante, ok) et qu'il appela Siam à en tâter, tout en lui affectant un surnom tout à fait ... " à la Zayne ", la fille d'Athéna ne put que sourire. Effectivement, si Zayne n'avait pas grand chose dans la caboche - boutaaaade -, personne ne pouvait nier qu'au moins, il était très musclé. Cela se devait évidemment à quelques années d'entrainement dans l'arène, plus tout autant - si ce n'est plus - de temps passé dans la forge à battre le fer, le bronze, ce genre de métaux. Bref, la blonde pouvait à son tour mériter le surnom de " Siamouche ", car à côté des gros bras du fils d'Héphaïstos, il était clair qu'elle ne faisait pas vraiment le poids. Cela ne voulait pas dire, pour autant, que Siam ne possédait pas une once de muscles ; au contraire, elle était plutôt musclée pour une fille, même si évidemment, beaucoup moins que des filles d'Arès, par exemple. Même pas peur, en tout cas, car Siam lui lança, téméraire : « Et c'est moi qui vais te faire pleurer, Zayne ». Personne ne se demandait alors si c'était là une répartie digne d'Athéna. Zayne fit la moue, l'air pas très convaincu et lui répondit, joueur : « Penses-tu, Siam. On verra bien sur le sable de l'arène ! ». Siam balaya la remarque d'un geste dérisoire de la main, toujours souriante - elle avait déjà autant souri ? Elle lui avoua ensuite qu'elle ne s'était pas tellement entraînée durant son absence, mais qu'elle était pourtant certaine de lui flanquer la raclée de sa vie (et ça, c'était digne d'Athéna ?). Seulement, elle fut prise à son propre jeu, puisque Zayne se releva prestement et déballa son épée - évidemment superbe, il avait du la fabriquer lui-même d'ailleurs - et défia avec fougue la fille d'Athéna, qui lui lança un regard interrogateur, même si oui, elle avait parfaitement compris où il voulait en venir. « Et pourquoi pas maintenant, Lovenbruck ? A moins que ton courage ne te fasse défaut quand l'impulsion prend le pas sur la réflexion ? ». Evidemment, ce n'était pas très malin de sa part - mais Zayne, en même temps, n'était pas très futé, n'est-ce-pas ? En tout cas, la blonde se leva lentement et se planta face à son ami, le visage inexpressif. Elle n'avait même pas d'armes sur elle. « File moi une épée, Zayne, et après on avise », répondit-elle avec un détachement feint. Effectivement, il lui serait difficile de rivaliser sans épée, hein ... Elle n'était pas non plus prête à marcher jusqu'à son bungalow pour récupérer son épée à elle, et à revenir jusqu'ici pour se mesurer à Zayne. Du coup, elle attendait qu'il lui fournisse une arme. Elle espérait qu'il la jouerait au moins à la loyale, en lui donnant une arme de qualité, et non le genre d'épées pourries qu'on donne aux nouveaux pour se faire la main.

« Pas très fut-fut de ta part de te trimballer sans épée, ma vieille. Surtout par les temps qui courent », lui répondit-il en soupirant, roulant des yeux, visiblement agacé. « Il est vrai que ça ne m'a pas traversé l'esprit, que j'aurais besoin de mon épée, pour faire un aller-retour entre mon bungalow et ta forge, monsieur le futé », dit-elle avec sarcasmes. Et puis, si elle avait pris son épée, elle aurait surement tenté de le tailler en pièces dés son arrivée, au lieu de jouer la diplomatie et la réconciliation - sans qu'il n'y ai eu vraiment d'embrouilles, oui. Et puis, elle s'était aussi imaginée que Zayne aurait pris un peu de maturité ET de sagesse, et qu'il arrêterait avec ses défis stupides. Mais visiblement, le fils d'Héphaïstos manquait toujours cruellement des deux. Siam lui jeta un sourire éloquent lorsqu'il courut vers la forge, certainement en quête d'une épée pour son amie. Il mit un certain temps, avant de revenir et de lui lancer dans les mains une épée, certainement fraîchement forgée. Siam la réceptionna sans effort et la soupesa, la testa. Oui, ça irait. « Satisfaite ? Tu vas trouver un autre prétexte ou on est bon ? », dit-il, moqueur. Siam ne releva pas, et c'était mieux ainsi. Elle n'avait pas envie de se laisser énerver par Zayne, elle pourrait y perdre ses moyens (autrement dit, sa meilleure chance de battre Zayne à plate couture). Puis il dégaina une nouvelle fois son épée, tout sourire, imbécile heureux qu'il était - boutade. Siam leva quand à elle son épée, prête à parer lorsque Zayne s'élancerait - car elle comptait le faire venir vers elle. Au lieu de cela, il rabaissa son épée légèrement avant de dire, toujours joueur et faussement soucieux : « Quoique... non, abandonne l'idée, les défis ne semblent pas te réussir, ces derniers temps ». Siam lui lança un sourire exagéré, tandis que l'Héphaïstos lorgnait sa cheville, celle-là même qui s'était brisée des semaines plus tôt, lorsque Siam était tombée du mur d'escalade à cause de Symphonie Baxter, et cela à la suite d'un stupide défi lancé par Ainsworth. Crétin, pensa-t-elle en continuant néanmoins de lui sourire. Il avait évidemment envie de la taquiner, de toucher son orgueil afin de l'effaroucher et de la rendre moins apte à se battre correctement. « Tu sais, Zayne, au lieu de blablater pour rien, tu ferais mieux de t'approcher et venir tâter mon épée toute fraiche », répliqua-t-elle avec un sourire faussement aimable, et l'air d'une maman donnant conseil à son petit. Et pourtant, sans attendre, ce fut finalement elle qui vint à sa rencontre, et frapper de plein fouet l'épée de Zayne, avec sa propre lame. Il put parer aisément, mais le but était de finir les parlottes et d'entamer le combat. Siam préférait couper court aux âneries de Zayne pour tenter de le battre et de le faire retourner pleurer dans les jupes de sa maman. Façon de parler. Les deux sang-mêlés se jaugèrent un moment, frappant ci et là, lançant une estocade tantôt à droite, à gauche, en haut ou en bas, qui toujours été paré par l'autre. Le bruit du choc des deux épées avait attiré quelques autres pensionnaires de la colonie, sans que cela ne dérange ni la concentration de Zayne, ni celle de Siam. Ils se battaient toujours, sans que ni l'un ni l'autre ne prennent le dessus. Pour le moment, tout cela restait gentillet, et ils semblaient plutôt s'amuser comme deux gamins avec des épées en bois plutôt que de vraiment combattre. Ainsi, Siam tenta soudainement un coup un peu plus audacieux, au niveau des jambes de son cher adversaire ...

Citation :

1 : Siam réussit son coup et Zayne trébuche
2 : Siam rate son coup et Zayne prend le dessus
et merde, j'ai jamais de chance avec ce foutu Oracle