QUE PENSES-TU DES DIEUX ET DE TON PARENT DIVIN ? Je trouve ça ridicule toute cette engouement qu'il y a à l'encontre des Dieux. La plupart des jeunes ici semblent si fièrs d'être fils ou filles d'un tel ou d'un tel. Je ne suis pas spécialement fier de cela, pas que j'aurais préféré naitre de quelqu'un d'ordinaire, j'ai conscience des pouvoirs que j'ai. Mais personnellement, je trouve cette rivalité entre les Dieux pathétiques, finalement, ils se disent supérieurs, mais ne sont pas plus matures que nous. COMMENT TROUVES-TU LA COLONIE ? Malgré le fait que je ne sois pas totalement bien intégré au camp, je n'ai rien à lui reprocher. Je préfère être ici et apprendre des choses uniques plutôt que de retourner dans une vie minable. Je n'ai rien à envier à ma vie d'avant. La seule chose que je trouve décevant, c'est que les sorties à l'extérieur du camp sont vraiment limités. La sécurité, encore et toujours. QUELLE EST TON ATTITUDE FACE AUX MONSTRES ? Ce n'est pas que la perspective d'une bataille me fait peur. C'est juste que je ne suis pas vraiment doué dans les combats à l'arme blanche comme on dit. J'ai plus tendance à atteindre mon adversaire psychologiquement. Lui introduire son pire cauchemar en tête, lui donnant l'illusion que cela arrive vraiment, devant ses yeux alors que c'est faux. Cela peut paraitre un peu cruel, mais chacun à ses armes pour faire tomber l'autre. QUE PENSES-TU DES ÉVÉNEMENTS ACTUELS ? Je pense que je ne mesure pas tout à fait l'ampleur des événements qui se déroulent en ce moment. Je n'ai pas connu Harmonie, la directrice qui semble avoir disparu, j'ai juste entendu parler de cette événement lorsque je suis arrivé, mais je ne vois pas comment l'absence d'une femme peut entrainer des choses qui puissent être aussi grave. Dans la bouche de certains, c'est une catastrophe de ne pas voir revenir Harmonie. Mais puisque personne ne daigne me dire les détails -surement parce que je ne les demande pas- je ne peux pas me faire une idée propre quant à ce qu'il se passe. COMMENT VOIS-TU L'AVENIR ? Je n'ai pas vraiment de but précis dans la vie, je ne savais pas ce que j'allais devenir avant d'entrer dans ce camp, alors maintenant, je ne sais encore moins. Quoique, peut-être que je vais rester ici, m'occuper des autres jeunes qui viendront à leur tour parce que les Dieux ne savent pas se contenter de rester chez eux tranquillement sans venir faire la cour à des mortels. Pas que la perspective de devenir professeur ou quelque chose dans le genre m'enchante, mais c'est déjà mieux que rien, je m'accroche à ce que j'ai, et pour l'instant, tout ce que j'ai, c'est ce camp.. LES GOÛTS ET LES COULEURS NE SE DISCUTENT PAS Je suis une personne assez nocturne, surtout quand il y a la pleine lune. La plupart des personnes trouvent cela normal lorsqu'ils savent l'origine de ma mère, déesse de la lune. A chaque pleine lune, je ne dors jamais, je reste à faire le tour du camp, la tête en l'air, parfois j'ai l'impression qu'elle me regarde dans ces moments là. Cela m'apaise et en même temps me ressource. Mon humeur est mon énergie sont constants, comme la lune. Je trouve le silence apaisant, pour certain, ça les rend nerveux, pour moi, je trouve cela réconfortant.

Grandir dans ma famille n'aurait laissé personne intact, personne de mentalement constituer n'aurait survécu, c'est pourquoi je suis sûr aujourd'hui de ne pas être totalement normal. Enfin techniquement parlant j'ai été bien affecté. Mon père cet homme de pouvoir, connu et reconnu dans tout ce qu'il entreprend, il a toujours été mon héros, jusqu'à ce que je sois en âge de comprendre. « Tu sais qu'un jour ou l'autre tu vas mourir tout seul, tu as fais souffrir tellement de gens. » Je regardais mon père du haut de mes dix ans, de la peur et de la honte au fond des yeux. Comment mon univers pouvait il s'écrouler comme ça. « Mieux vaut mourir en héros qu'en traitre. » Je ne reconnaissais pas mon père, cet homme n'était pas l'homme qui m'avait élevé. « Tu n'es pas un héros, tu es un lâche. » C'était la première fois que des mots aussi dures sortaient de ma bouche. « Jaymes Mederick Rhosdale, tu ressemble beaucoup trop à ta mère. » Je faisais face à mon père, malgré le fait qu'il faisait des choses que je ne concevais pas, je savais qu'à moi il ne me ferait jamais de mal, du moins, je le croyais. J'ai grandi dans un univers masculin, aucune femme pour me câliner, m'apprendre la douceur. Personne, juste moi et mon instinct.. « Jaymes, tu vas où comme ça ? » Je me retournais et fis face à mon père et son regard noir, un soupir et un sourire hypocrite plus tard, je me retrouvais enfermé dans ma chambre. Je n'avais pas peur de lui et de personne d'autre d'ailleurs, un peu trop téméraire dans l'âme d'après ma famille. Oui la seule personne de la famille qui avait osé tenir tête à mon père, chose qu'en fait je n'aurais pas dû faire, j'aurais dû être tout le contraire de moi-même. Moins téméraire, moins grande gueule, moins fonceur, moins moi tout simplement...

Il sait que je suis derrière la porte et avance vers elle en seulement quelques pas grâce à la détermination. Je n'arrive plus à réfléchir. Je suis bloqué. Mes sens se perdent et mes jambes ne répondent plus. Je reste immobile attendant un mot, un éclat de voix, un coup. Ses yeux sont noirs de colère et il ouvre la porte d'un geste brusque la laissant se fracasser sur le mur dans un bruit assourdissant qui me fait hurler de peur. Ce regard terrifiant se rapproche tandis que mes cordes vocales se déchirent sous mes cris. Ses yeux arrivent à ma hauteur et je me sens partir en arrière. Il a osé. Il m'a frappé. Je me suis écrasé dans le mur d'en face. Cette chambre est maudite. Je m'écroule au sol en glissant contre ce même mur qui a la marque de mon enfance avec les graduations de ma taille. J'ai mal au cœur, j'ai mal au ventre et j'ai envie de vomir mes tripes. Mon père est en train de me battre sauvagement. Je me courbe et me recroqueville sur moi-même, mais il n'y a rien à faire. Il continue de m'enfoncer ses pieds dans les entrailles. La douleur physique n'est rien comparée à celle qui s'empare de mon cœur. Mon sang afflux dans mes veines à une vitesse folle lorsque je perçois les mots de mon père. Je n'arrive pas à les croire tellement je suis surpris que lui... mon paternel puisse me les cracher à la figure. Je suis une erreur de la nature. Un sale monstre. Je ne comprends pas pourquoi il fait ça, pourquoi il dit ça. Je le dégoûte et je suis un monstre. Mon Dieu, fait en sorte que tout ça s'arrête. Je veux mourir. J'ai mal.. Trop mal..Les larmes sont inutiles et mes cris aussi. Plus je le supplie d'arrêter et plus il me frappe fort. Le voilà qui saisit mon sac et me le jette à la figure m'assommant un peu plus. J'ai mal à la tête et ma lèvre saigne après un de ses coups reçus en plein visage. J'ose relever les yeux et le vois au-dessus de moi, debout me balançant sa force dans les côtes. Je faiblis, mais il continue. J'ai l'impression de voir ma dernière heure arriver tant la douleur me consume. Mes sanglots redoublent et je suis pris de spasme. Mon corps est meurtri, mais pas seulement. Mes mains sont collées à mon torse tremblant. Mes tremblements se font de plus en plus violents, tellement, qu'une personne raisonnable penserait que je suis en train de convulser. Une douleur sourde s'insinue en moi, comme une colère que je sens parcourir mon corps dans les veines. Je le sens dans ma peau, me chatouillant de l'intérieur. Mes yeux se troublent, comme si un voile opaque venait de se poser devant mon visage, je ne vois plus que les pieds de mon père qui m'apparaissent comment flous. Je ne sais pas ce qu'il se passe, j'ai peur, apparemment mon géniteur aussi puisqu'il recule de quelques pas sous une exclamation de surprise et de peur. Mon corps se recroqueville contre lui-même, essayant de contrôler les tremblements qui parcourent mon corps frêle et bleui. Par réflexe, je place ma main devant mes yeux, clignant plusieurs fois pour essayer d'avoir une vue convenable. Ma peau déjà très pâle, devint aussi blanche que la neige, qu'un mort, que la lune. Pendant un instant, je crus mourir, je pensais que c'était mon sang qui avait cessé de circuler, que j'étais en train de mourir par terre, dans ma chambre, devant mon père qui recula encore. Cette fois-ci, un véritable cri sortit de sa gorge, que se passait-il pour qu'il prenne peur et qu'il parte en courant comme cela ? Soudainement, une fois qu'il était parti, mes tremblements cessèrent d'un coup, mais je pouvais désormais sentir mon corps meurtri et abimé. Le plus étrange n'était pas la sensation d'une côte cassée ou bien d'un estomac qui me faisait souffrir. Non, le plus étonnant, c'est que je sentais quelque chose parcourir mon corps, comme une plume qui me caressait doucement, de ma jambe jusqu'à ma joue. Instinctivement, je portais ma main à ma joue, mais je ne sentais rien à part ma peau lisse et duveteuse. Je restais quelques instants sur le sol, essayant de savoir d'où venait cette sensation étrange. Avec un effort surhumain, je me redresse légèrement, m'asseyant sur la moquette. Puis je me figeai sur place, pas qu'il y ait pour moi la possibilité de bouger dans mon état, mais le reflet que me renvoyait le grand miroir de ma chambre était terrifiant. Ce n'était pas moi cette chose que je croyais voir, un instant, j'avais l'impression de me retrouver dans un cauchemar éveillé.. L'aspect général de mon visage était le même, la même forme, la même chevelure. Seulement.. j'étais totalement différent, mon visage, mes mains, toute ma peau était devenue d'une pâleur irréelle, d'un blanc presque parfait, une toile vierge qui était justement griffonnée. Ma peau arborait des arabesques noires le long de ma joue, elles ondulaient, jouaient avec ma peau, la décorant avec une certaine taquinerie que je ne saurais décrire. Ma peau était défigurée devant mes yeux.. Mes yeux qui n'étaient pas en reste d'ailleurs, eux aussi avaient changés. Déjà sombres à leur habitude, ils étaient devenus complètement noirs, d'un noir profond, qui fait peur aux enfants. Qui me faisait peur. On ne distinguait même plus l'iris de la pupille, c'était troublant. J'étais devenu une chose montreuse, une chose que j'espère, partira vite..

Lentement, j'ouvre les yeux, immédiatement agressé par la lumière aveuglante des néons de l'hôpital. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était, je ne savais même pas pourquoi j'étais là. On m'avait appelé en urgence pour m'annoncer que mon père était malade et qu'il allait mourir dans les jours qui venaient. Cela faisait des années que je ne l'avais pas vu, depuis mes seize ans exactement, j'ai réussi à me faire émanciper. J'ai réfléchi quelques temps avant de venir dans cet hôpital.. Après tout, mon père, le pire père du monde à mes yeux. Beaucoup de personnes me dirais qu'il ne mérite pas que je vienne à son chevet. Je suis venu certe, mais il n'a pas mon affection comme les autres malades. Il n'aura pas mes larmes ni mon chagrin, juste ma rancœur silencieuse. Il avait le teint pâle, des cernes à faire peur, la respiration haletante, qui aurait pu croire que l'homme qui avait hanté mes cauchemars pouvait être aussi vulnérable en cet instant ? Il me regarda, la mine grave, espérant surement un sourire de ma part, chose qu'il n'aurait pas, jamais.. « Jaymes, approche.. » Jaymes, cela faisait maintenant trois ans que plus personne ne m'appelle comme cela. Avec un léger rictus déplaisant, j'approche mon siège de son lit, le regardant en attendant qu'il me dise quelque chose. Effectivement, il m'a tout dit, toute l'histoire sur ma mère, qui n'était pas une mortelle, mais une déesse, au début, je croyais qu'il délirait à cause des médicaments. Puis tout c'est mit en place dans ma tête, mes transes, toutes les difficultés que j'avais eu pendant mon adolescence. Tout était à cause de cela, le fait que mon père ne me voulait pas, le « monstre » que j'avais entendu toute mon enfance prenait enfin du sens dans mon esprit. Mais ce n'était pas moi le monstre, c'était lui. Il me raconta l'histoire du camp, que je devais y aller, tous ceux qui étaient « comme moi » étaient là-bas. Il me dit comment y aller, il me donna la lettre que ma mère avait laissée en me déposant à mon père après ma naissance. Je restais sans voix, laissant mon père faire son monologue, on dirait qu'il l'avait répété toute sa vie. Toute sa vie il avait pourri la mienne alors qu'il avait dans la poche quelque chose qui pourrait la changer complètement. Le crétin.