Vingt-sept décembre, au soir. Siam n'avait de cesse de penser à ce qu'il s'était passé sur la plage, plus tôt dans la journée. Thunder ... Il obstinait ses pensées. Pourtant, elle faisait tout pour le chasser de son cerveau, malheureusement " grâce " à son don, elle se rappelait de la scène avec exactitude. Elle se rappelait de son regard, avant qu'il ne lui tourne le dos pour partir. Il lui avait alors certifié que tout ce qui s'était passé ne changeait rien, qu'il était toujours son ami. Comment avait-il pu dire ça ? S'il y croyait vraiment, alors c'était un idiot. Cela dit, la jeune femme ne le recroisa pas de la journée, qui fut très occupée. On l'appela à la tour des vents pour lui demander son avis sur deux-trois détails, puis ensuite, elle dut s'occuper d'un nouvel arrivant à la colonie - celui-là arrivait bel et bien au mauvais moment, le pauvre. Le temps du dîner au pavillon-réfectoire était vite arrivé, et alors Siam n'avait même pas eu la force de jeter un coup d'oeil à la table des Dionysos.

Il faisait tellement froid, que tous les pensionnaires préféraient aller se blottir au chaud dans leur bungalow, plutôt que de traîner dehors ou de faire une quelconque veillée festive. Nul n'avait le coeur à la fête, de toutes façons. Cela ne faisait rien, car Siam était de toute manière plus que fatiguée. Elle était également lassée. Voilà pourquoi, à vingt-deux heures à peine, elle roupillait déjà sur sa couchette. Le bungalow d'Athéna était calme : la plupart discutaient sans bruit, les autres lisaient ou travaillaient sur des plans en silence. Bref, personne ne vint déranger le sommeil de Siam. Les conditions étaient propices à un sommeil de plomb, reposant et tranquille. En s'endormant, Siam avait enfin réussit à chasser de son esprit Thunder. Pour penser à Rain, à Zayne, et même à cette Aliénor qu'elle ne connaissait que de vue. C'est ainsi que dans les bras de Morphée, elle rêva pas de Thunder, mais de Rain. Sa protégée, la petite et fragile coréenne.

Siam assistait impuissante, désespérée. Elle voyait clairement Rain, Zayne et Aliénor, en plein combat avec ce qui semblait être la Sphinge, celle qui terrorisait les Thébains il y a longtemps, sous l'ordre d'Héra. Elle posait des énigmes et ceux qui y répondaient mal étaient dévorés. Rain était dans une très mauvaise posture. Siam voulut courir vers elle, l'aider. Mais elle restait désespérément immobile. Il lui était impossible ne serait-ce que de bouger le petit doigt. Elle criait à Zayne de se relever pour aider Rain, mais il ne semblait pas entendre. Pendant ce temps, le monstre faisait la peau à Rain, qui hurlait et hurlait encore. Alors Siam hurla aussi. Et se réveilla en sursaut, en sueur et totalement paniquée. Le silence de la nuit l'accueillit. Elle se redressa brutalement et manqua de perdre l'équilibre et de tomber sous la précipitation. C'est là qu'elle le vit. Il était là, debout devant elle, à moitié caché par la pénombre. Mais elle aurait pu le reconnaître entre mille. « Thunder ? », dit-elle, vraiment surprise et toujours sous le choc de son rêve.

Elle trouva insensée de voir Thunder ici, devant elle, dans le bungalow des Athéna. En pleine nuit, qui plus est. Siam était toujours trop secouée par son cauchemar pour dire un mot. Elle vit qu'elle avait réveillé ses frères et soeurs, et qu'ils la regardaient en coin sans vraiment oser faire quoique ce soit. Elle regarda Thunder : leur avait-il demandé de le laisser s'occuper d'elle ? Elle ne sut qu'en penser. Quelqu'un alluma une lampe de chevet, pour permettre à tout le monde de regagner son lit sans se cogner ou quoi. Puis la lumière s'éteignit. Les Athéna étaient recouchés. « Tout va bien », lui dit Thunder. Elle secoua la tête, haletante. Elle avait la respiration saccadée, comme si elle venait de faire un footing. Et puis, elle était en sueur et avait incroyablement chaud. Elle vit Thunder s'accroupir près d'elle et lui poser la main sur le front, comme pour prendre sa température. Puis, il passa ses bras sous les aisselles de Siam afin de la soulever. Elle se laissa faire, tel une poupée. Elle n'avait pas la force de résister, elle était trop bouleversée. Elle n'avait de cesse de penser à Rain, et à ce qui lui était arrivé. Car évidemment, Siam était persuadée que son rêve était réalité. Les demi-dieux faisaient souvent des rêves, comme ça. Maintenant, elle n'avait plus qu'une envie : aller à Chicago et récupérer Rain pour la sauver.

Thunder la porta jusqu'au dehors, et la relâcha juste devant l'entrée de son bungalow. Il la soutenait encore, cependant, comme s'il avait peur qu'elle ne défaille. « Ça va mieux ? », lui demanda-t-il avec douceur. Mais non, ça n'allait pas mieux. Elle était paniquée. Il n'y avait plus de pensées sensées en elle, à cet instant. « Non ! Non ça ne va pas ! J'ai rêvé ... J'ai vu Rain ! La Sphinge était en train de la tuer ! Elle hurlait, elle ... Zayne ! Il ne faisait rien. Et l'autre fille d'Héphaïstos, elle était inerte au sol. Il faut ... Il faut que je les aide », s'exclama-t-elle. Elle secoua quelque peu Thunder, comme pour lui faire prendre conscience de la gravité de la situation. Elle détestait être là, impuissante et épuisée. Pourquoi avait-on décidé d'envoyer Rain dans cette quête ? Et puis d'abord, qui l'avait décidé ? Olliver Mac-Hurley, cet imbécile ? Siam était certaine que c'était sa faute à lui, en tout cas, elle comptait bien tout lui mettre sur le dos. C'était tellement ... débile d'envoyer une toute nouvelle pensionnaire comme Rain en quête. Olliver Mac-Hurley était donc un incapable. A moins ... A moins que ce ne soit la volonté des Dieux eux-même. Peut-être que l'un des Olympiens avait demandé à ce que Rain fasse parti du trio envoyé pour aller chercher la rose des vents à Chicago. Pourquoi ? Lui voulait-on du mal ? Siam s'arracha volontairement à ses pensées pour regarder Thunder - auparavant, elle avait eu un air absent, tandis que les rouages de son cerveau entraient en action. « Je sais que c'est réel ! Ce n'est pas qu'un rêve ! Il faut les aider ! », reprit-elle, toujours choquée par son rêve. Elle n'avait jamais fait ce genre de rêve. Mais elle connaissait des gens qui en avaient fait, et cela ne lui faisait que plus peur. Ce qu'elle ignorait cependant, c'est qu'elle venait de rêver de quelque chose qui s'était passé deux jours plus tôt.

« Calme toi Siam », lui répondit simplement Thunder. Mais elle ne l'entendit pas, ou ne voulut pas l'entendre. Elle était trop préoccupée par son rêve, par ce que son cerveau lui faisait penser. Rain était en danger. Zayne était en danger. Ses amis étaient en danger. Elle savait pourtant, ce qu'ils risquaient en partant. Mais les voir, comme ça ... C'était plus qu'elle ne pouvait en supporter. Elle le secoua tout de même, et il lui attrapa les épaules avec force, peut-être pour la calmer. « Je te crois. Mais tu crois vraiment que Olliver va te laisser partir de la colonie comme ça ? Tu es nécessaire à son bon fonctionnement. Tu as un bungalow sous ta responsabilité. Et les chances que tu les retrouves sont minimes. Chicago, c'est immense ». Siam le regarda sans vraiment le regarder. Bien sur, il lui fournissait d'excellents arguments. Effectivement, Olliver ne laisserait jamais l'un de ses pensionnaires quittaient la colonie en pleine nuit, " simplement " à cause d'un rêve dont on ne pouvait vraiment être sur de la véracité, même si, Siam elle, en était certaine. Et ouis oui, elle était chef de bungalow et elle se devait de montrer l'exemple. Or, s'éclipser de la colonie sans prévenir n'était pas un exemple à donner. Et puis d'accord, Chicago était immense et Siam n'y avait jamais mis les pieds de sa vie. Mais elle avait un bon sens de l'orientation, ce n'était pas rien, si ? Elle ne lui répondit rien, cependant, et se mit à réfléchir. A propos de ce qui avait amené Rain à être choisi pour la quête. Elle n'avait pas vraiment pris le temps d'y réfléchir sérieusement, avant maintenant. Désormais, ça lui semblait très important, voir vital.

« Je sais que c'est réel ! Ce n'est pas qu'un rêve ! Il faut les aider ! », lui dit-elle, un peu plus fort que nécessaire. « Je t'ai dit que je te croyais, Siam. Les aider ? Comment ? Tu veux fouiller tout Chicago ? Je t'en pris, ne soit pas irrationnelle ! Tu ne peux pas t'enfuir comme ça. Il faut leur faire confiance », lui répondit Thunder, accompagnant sa tirade d'un long soupir de lassitude qui blessa Siam. Cependant, elle était contente qu'il la croit, elle pouvait au moins compter sur lui. Mais en même temps, il essayait toujours de la dissuader. Evidemment, tout ça n'était que folie. Mais c'était justement ça : Siam se sentait folle. Elle avait l'impression que là, c'était lui le fils d'Athéna raisonné et elle, la timbrée de Dionysos - sans vouloir vexer Monsieur vigne. " Il faut leur faire confiance ", avait-il dit. Cet argument était peut-être un peu plus fort que les autres, aux yeux de Siam. Parce qu'au final, elle se sentait coupable de ne pas leur faire confiance. Mais comment ?! Il ne s'agissait plus de leur faire confiance ou non, désormais. Elle les avait vu en danger ! Alors, toujours sans rien dire, elle partit d'un pas rapide vers la Maison Bleue, Thunder sur les talons. Elle devait l'agacer, elle en était sure. Mais elle n'y pouvait rien, c'était plus fort qu'elle. Et puis même, elle avait besoin de marcher. Au bout de quelques mètres, Thunder finit par la retenir en lui attrapant les poignets. Siam eut une douloureuse pensée pour le moment sur la plage, où il avait également attrapé ses poignets. Mais là, ce n'était plus avec une force douce. Là, il voulait vraiment la retenir. L'empêcher de faire une bêtise. « Je ne te laisserais pas partir. Reparlons en demain matin. Pour l'instant, tu es épuisée, et trop bouleversée. Tu devrais essayer de dormir », dit-il. D'abord dur, puis plus doux. Elle resta immobile, ne cherchant plus à bouger : ni pour aller vers la Maison Bleue, ni pour retourner à son bungalow. Il faisait nuit autour d'eux, mais la colonie était équipée de quelques lampadaires : juste de quoi éclairer leurs visages. Siam regarda Thunder, tandis qu'il posait sur elle un regard mi-irrité mi-attendri. Il voulut l’entraîner vers les bungalows, mais Siam résista jusqu'à ce que Thunder abandonne.

Un moment, elle écarta la quête de ses amis de ses pensées. Juste pour repenser à la plage, à ce moment étrange et doux qu'ils avaient partagé. Le goût des lèvres de Thunder était resté un moment sur les lèvres de Siam, mais à présent, il était parti. Et la jeune femme avait bien envie d'en retrouver les saveurs, là maintenant. Elle ne se reconnaissait plus vraiment. D'abord hystérique, puis désireuse d'un baiser. Elle avait l'impression qu'il n'y avait plus rien de rationnel et sage chez elle, aujourd'hui. Était-ce bien ou mal ? Elle n'en savait rien. Cela lui faisait tellement bizarre, qu'elle finit par fondre en larmes. Elle tenta de se reprendre aussitôt, essuyant ses yeux avec la manche de sa chemise de nuit. Oui, d'ailleurs, elle se rendait maintenant compte qu'elle était frigorifiée. Dehors habillée d'une simple chemise de nuit, pieds nus, en pleine nuit par un temps pareil. Il y avait toujours un vent glacial, et la neige s'était un peu calmée, même s'il restait quelques flocons par-ci par-là. Elle avait donc froid, et en plus elle était honteuse de pleurer ainsi devant Thunder, comme une enfant qu'elle n'était plus. Elle n'avait jamais été aussi faible depuis ... depuis ... Elle ne se souvenait même plus de la dernière fois où elle avait pleuré. « Excuse moi », dit-elle en ravalant un sanglot. Elle commençait à reprendre ses esprits.

Spoiler:

Elle aurait eu envie de se contrôler. D'être forte, comme elle l'était d'ordinaire. Mais aujourd'hui ... Aujourd'hui, sans vraiment savoir pourquoi, n'était pas comme les autres jours. Il s'était passé trop de choses bouleversantes pour l'équilibre de la demoiselle : le baiser de Thunder et le rêve à propos de Rain, pour commencer. Alors elle ne put réprimer un sanglot presque muet. Peut-être qu'elle était un peu plus comme tout le monde qu'elle ne le souhaitait. Que parfois, elle avait elle aussi besoin de se vider, rien qu'en versant quelques larmes salées. Cela pourrait suffire à la remettre sur pieds. Elle ne voulait même pas regarder Thunder en face, mais elle le sentit approcher d'elle. Il avait retiré sa veste pour la lui passer sur les épaules, et maintenant lui frictionnait les épaules avec toute la tendresse dont il était capable. Puis, il l'attira vers elle pour l'enlacer et lui caresser les cheveux doucement. Siam se laissa faire, reprenant peu à peu ses esprits. « Excuse moi », dit-elle quand même pour sa propre conscience. Elle pouvait réprimer ses sanglots, les faire cesser. Mais elle n'y arrivait pas, avec ses tremblements répétitifs, de plus en plus forts. La veste de Thunder, même s'il la réchauffait un peu, était insuffisante. « Ce n'est rien. On va passer un accord. On rentre à ton bungalow, tu essayes de dormir. Et demain matin, à la première heure, j'irais - nous irons - voir Olliver. De toute manière tu sais parfaitement bien que la nuit et le temps ne permettent pas le moindre départ. », lui dit-elle en se détachant d'elle pour cueillir du bout du doigt l'une de ses perles salées qui s'accrochaient à sa joue. Siam hocha la tête lentement, comme rendu à l'évidence. Elle était juste fatiguée et effrayée par un cauchemar. Qui peut-être, n'était qu'un rêve. Et puis, elle avait envie de leur faire confiance. Et si jamais ils ne revenaient pas vivants ... Alors elle irait les chercher par la peau des fesses aux Enfers pour les tuer une seconde fois. Ils ne pouvaient pas la laisser toute seule, ils étaient de proches amis. Et puis, Siam voyait bien que Thunder avait aussi froid qu'elle. Bientôt, les lumières des lampadaires s'éteindraient et ils seraient plongés dans l'obscurité totale. Ensuite, les " Athéna " se demandaient certainement ce que faisait leur chef et Siam ne voulait pas les inquiéter. Elle ne voulait inquiéter personne, d'ailleurs. Elle savait que Thunder ne dirait rien à personne, sur le " craquage " de Siam. Elle pouvait lui faire confiance.

Voilà pourquoi, lorsqu'il lui demanda de venir, Siam hocha la tête et chercha la main du garçon. Elle était glacée, tout comme celle de Siam, qui tremblait toujours. Si elle ne tombait pas malade dans les prochaines heures qui venaient, alors là, on pourrait la qualifier de warrior. Ils marchèrent main dans la main en silence, jusqu'à arriver à l'entrée du bungalow d'Athéna. Le moment de se dire au revoir. Siam serra fort la main de Thunder avant de la lâcher. Ils étaient face à face, et Siam fixait le garçon avec insistance. Puis, elle jeta un coup d'oeil à l'intérieur de son bungalow. Ses frères et soeurs semblaient s'être rendormis, ou alors, ils faisaient semblant. Dans les deux cas, cela lui convenait. « Tu restes avec moi ? », chuchota Siam en s'adressant à Thunder, bien qu'elle regardait toujours dans son bungalow.

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« Tu restes avec moi ». Siam n'avait aucune envie de se retrouver toute seule dans le noir silencieux de son bungalow, à présent. Elle voulait donc qu'il vienne avec elle, au moins le temps qu'elle s'endorme - si elle réussissait à s'endormir. S'il avait refusé, elle n'aurait pas insisté. Mais il hocha la tête et suivit Siam dans le bungalow endormi. La jeune fille scruta les lits de ses camarades dans la semi-obscurité et trouva qu'ils avaient l'air tous endormis. Elle l'espérait, du moins. Heureusement, Siam n'était pas fille d'Aphrodite - pour ne citer qu'eux. Car sinon, toute la colonie serait déjà au courant que Thunder Hamm était entré dans le bungalow d'Athéna en pleine nuit sous la demande de Siam Lovenbruck, avec l'heure précise du fait s'il vous plait. Les enfants d'Athéna n'étaient pas du genre commères, même si on n'était jamais à l'abri. Le lit de Siam était un peu à l'écart des autres - de pas beaucoup, hein. C'était un " privilège " qu'elle avait obtenu suite à sa nomination au poste de chef de bungalow. Arrivée là, elle se glissa sous les couvertures pour se réchauffer, toujours grelottante. Thunder s'assit au bord du lit, à ses pieds. Puis il se mit à rire nerveusement, et Siam rit aussi. De nervosité aussi. C'était étrange, de le voir là, assis sur son lit, en pleine nuit. Autour d'eux, tout n'était que silence. Siam distinguait à peine le visage de Thunder, alors qu'elle aurait aimé pouvoir le voir comme en plein jour, pour détailler chacun de ses traits. Il se passa un long - très long - moment avant que Thunder ne reprenne la parole, doucement : « Laisse moi deviner, tu ne vas pas dormir de la nuit ? ». Effectivement, Siam ne trouvait pas le sommeil, comme si Morphée l'évitait - ou alors, c'était elle qui fuyait le Dieu des rêves. Ce n'était pas vraiment qu'elle avait peur de se rendormir, même s'il était vrai qu'elle craignait de refaire un nouveau cauchemar à propos de ses amis. Mais elle n'avait pas envie que Thunder parte, alors elle refusait de dormir. Car tant qu'elle aurait les yeux ouverts, il ne partirait pas, elle le savait. Alors, elle secoua négativement la tête en esquissant un sourire contrit, sans savoir si Thunder pouvait la voir. En tout cas, s'il la voyait, alors il avait sous ses yeux une Siam fatiguée, les traits tirés par la fatigue. Mais une Siam résistante.

Elle frissonna lorsque Thunder se redressa pour venir la rejoindre sous les draps. Un instant, elle cessa de respirer. Il se colla à elle, et Siam ne put s'empêcher de tressaillir. Cependant, elle ne dit rien et finit par retrouver un souffle normal. Mais elle restait chamboulée. Elle sentait le corps de Thunder contre le sien, avec ses mains qui venaient caresser ses cheveux. Il s'était redressé sur un coude et lui murmura à l'oreille : « Endors toi. Si tu fais des cauchemars, je te réveillerais. Et je serais parti avant le jour. Histoire d'éviter les scandales ». Puis il se remit en position couché, dans le dos de Siam. Celle-ci réfléchit un quart de secondes. Non, elle ne voulait pas dormir. Oui, mieux valait qu'il soit parti avant le jour, car normalement, chaque pensionnaire devait dormir dans son bungalow et non dans un autre - c'était carrément interdit. Elle avait envie d'attendre le jour avec lui. Alors, elle se tourna sur elle-même pour faire face à Thunder. Là, ils étaient encore plus proches. Siam pouvait sentir le souffle chaud de Thunder sur ses lèvres, tellement elles étaient proches des siennes. La fille d'Athéna ressentait tellement de choses, à ce moment précis, qu'elle était surement rouge comme un pivoine. Elle avait chaud et froid en même temps, et sentait comme un fourmillement au creux de son estomac. Une sensation agréable, comme si des papillons volaient dans son ventre. Elle n'avait qu'à s'avancer de quelques centimètres pour toucher les lèvres de Thunder, pour en ressentir le goût sur les siennes, à nouveau. Elle resta ainsi sans bouger pendant un instant qui ne dura que quelques secondes, mais la tension électrique qui circulait entre les deux sang-mêlés semblaient suspendre le temps. Puis soudain, elle franchit la limite et l'embrassa. Elle.

Le baiser lui sembla encore plus agréable que le premier. Peut-être parce que cette fois, ils étaient au chaud. Plus tôt, elle n'avait pas réellement sentie tout ce que ça faisait, ses lèvres étant quelque peu engourdies par le froid. Et puis maintenant, il y avait encore plus d'envie. Car désormais, Siam savait ce que ça faisait, d'être embrassée. Elle se raidit presque lorsque Thunder posa sa main sur sa hanche pour l'attirer un peu plus contre lui, mais finit par se laisser faire. Elle était parfaitement bien, ainsi, à l'embrasser avec toute l'énergie qu'il lui restait. Cela restait un baiser doux et fort agréable. Pas violent, pas fougueux. Juste doux. Siam passa sa main sous la nuque de Thunder et lui balada sa main jusqu'à la sienne, de nuque. Ils roulèrent lentement jusqu'à ce que Thunder se retrouve au dessus d'elle, et qu'il rompe le contact de leurs lèvres brûlantes de désir. Siam se permit de respirer un grand coup, encore sonnée par le baiser. Elle regardait Thunder comme elle ne l'avait jamais regardé auparavant : avec une certaine envie et un désir qu'elle tentait de refouler. C'était tellement nouveau, que ça la bouleversait quelque peu. Néanmoins, toutes ces nouvelles sensations étaient plus qu'agréables, elle ne s'en plaignait pas. Ils restèrent un moment silencieux, avant que Thunder ne finisse par dire : « Je te donnerais tous les baisers que tu souhaites. Mais en échange, tu dois essayer de dormir ». Sur ce, il lui embrassa le bout du nez avant de reprendre sa position initiale, couché à côté d'elle. Siam se sentit quelque peu frustrée : elle n'avait aucune envie de dormir, peut-être encore moins maintenant qu'avant le baiser, la proximité. « Je n'ai pas ... », commença la fille d'Athéna, avant d'être interrompue. Thunder avait gardé sa main sur sa hanche, et profitait de ce contact pour lui envoyer des images positives. La vision de Siam était envahie d'images heureuses et pleines de quiétude : des prés fleuris, une mer d'huile sous un soleil chaleureux, et puis .... Et puis elle se voyait elle, dans les bras de Thunder, avec en arrière plan un paysage de sérénité. Il était en train de l'embrasser - un baiser qui lui semblait langoureux mais très doux - et elle, paraissait heureuse. Elle lui rendait même son baiser, avec la même douceur. Il le faisait exprès, évidemment. Il n'y avait aucune contre-volonté dans ses images. Il arrivait exactement à lui montrer ce qu'il voulait qu'elle voit. Siam sourit et secoua la tête, comme pour chasser les images. Elle n'en voulait pas - même si elle était contente que Thunder lui montre ça. Elle voulait du réel, du concret. « Tu voulais que je deviennes plus fort, n'est ce pas ? », lui dit-il au creux de l'oreille, avec malice. Puis, il déposa un baiser sur le lobe d'oreille de Siam, qui se retourna de nouveau vers lui, comme quelques minutes auparavant. Cette fois cependant, elle ne franchit pas la limite et resta juste à quelques centimètres des lèvres de Thunder. « J'ai pas envie de dormir », dit-elle sur ton enfantin. Elle fit la moue, et on aurait alors dit une enfant qui boudait parce qu'elle ne voulait pas se coucher comme ses parents le lui ordonnaient.

Elle resta un moment comme ça, avant de poser ses deux mains à plat sur le torse de Thunder - qui était toujours habillé, hein. Elle exerça une légère pression, comme si elle souhaitait le repousser, alors qu'il en était tout autrement. Puis finalement, elle enfouit son visage dans le cou de Thunder, qui était chaud, pour s'y blottir. Elle y resta un moment, avant de redresser un peu la tête, juste assez pour pouvoir murmurer : « Comment ça se fait que tu étais ici, quand je me suis réveillée ? ». Elle s'était posée la question, après coup. Elle en avait été quand même étonné, et se demandait pourquoi lui-même n'était pas resté dans son propre bungalow.

Lorsque Siam posa les mains sur le torse de Thunder, elle fut contente que celui-ci vienne joindre ses mains aux siennes. En fait, elle était simplement contente qu'il soit là, avec elle. Elle n'aurait pas supporté d'être seule, ce soir. Elle chercha un peu plus de réconfort en se blottissant dans le creux de son cou, et il l'y accueillit en frissonnant légèrement. Puis, il se mit à lui caresser les cheveux doucement, comme il l'avait déjà fait dans la journée. Siam aimait bien qu'il fasse ça, elle se sentait comme protégée. A l'abri de tout, même si c'était sans doute faux. Mais la sensation de l'être était agréable, même si peu rationnelle. De toutes façons, il n'y avait rien eu de rationnel dans la journée de Siam. C'était comme si elle n'était plus la même que la veille : elle avait osé demander à Thunder qu'il l'embrasse, et maintenant qu'il reste avec elle. Elle l'avait laissé entrer dans son lit, et en avait même été contente. Mais après tout, ce n'était pas comme si elle ne connaissait Thunder que depuis ce matin. Ils se connaissaient depuis près de neuf ans, maintenant. Autant dire une éternité, dans la vie d'un sang-mêlé. Ils avaient été de proches amis, avant de finir ... De finir là, ce soir, dans le même lit, proches sans être vraiment intimes. Siam ne savait pas ce qu'ils étaient, maintenant, au juste. Un couple ? L'idée lui paraissait étrange, presque abstraite. Après tout, Siam avait mis des années à se forger une réputation d'insaisissable, d'intouchable niveau sentiments. Et voilà que maintenant, elle semblait enfin avoir ouvert les yeux pour se rendre compte que finalement, aimer n'était pas une si mauvaise chose. Mais elle avait peur, aussi. Peur de l'avenir, plus particulièrement. Peur de ce qui pouvait arriver, lorsqu'elle se réveillerait demain matin - si elle arrivait à s'endormir - et que tout cela serait terminé, quand la page de la journée du vingt-sept décembre sera définitivement tournée.

« Comment ça se fait que tu étais ici, quand je me suis réveillée ? », lui demanda-t-elle, curieuse. Elle venait d'y penser, tout à coup. Elle ne s'attendait à aucune réponse en particulier, et fut donc surprise de celle que lui offrit Thunder : « Tu... tu hurlais dans ton sommeil. J'ignore comment, mais j'ai su que c'était toi, alors j'ai rappliqué. C'était la première fois que je t'entendais hurler ainsi ». Elle savait qu'il disait la vérité, et cela la toucha d'autant plus. Elle se laissa aller contre lui, lorsqu'il la serra un peu plus, comme s'il avait peur qu'elle s'en aille. Il se passa quelques minutes silencieuses : Siam ne savait que répondre. Au fond d'elle, elle était secouée. Thunder ressemblait à ses princes charmants que l'on voyait dans les films, le genre qui a peur pour la princesse et qui fait tout pour la protéger, la sauver. Restait à voir si Siam était une princesse. La comparaison lui parut si saugrenue, au final, qu'elle la chassa aussitôt de son esprit. Entre-temps, elle sentit que Thunder se détachait légèrement d'elle pour retirer quelque chose de son cou. Son collier, que Siam avait toujours vu sur lui. Il ne l'avait jamais quitté, lui semblait-il. Mais elle ignorait ce qu'il représentait, et préféra ne pas poser de questions à ce sujet. Peut-être que ça gâcherait le moment présent, et elle n'en avait aucune envie. Il déposa le collier sur la table de chevet de Siam et revint se coucher sur le dos. Siam vint aussitôt poser sa tête au niveau de son épaule. « Pendant quelques instants, j'ai eu peur que... je ne sais pas bien de quoi j'ai eu peur, mais j'étais terrifié », reprit Thunder, avant de laisser échapper un petit rire nerveux que seul Siam put entendre. Mieux valait jouer la discrétion pour ne pas réveiller tout le bungalow. Siam se redressa légèrement et s'appuya sur un coude, pour faire face à Thunder. Elle l'observa un moment, gêné et touché. Qu'il pense à elle, qu'il s'inquiète pour elle, jusqu'à venir ici pour elle. Toujours pour elle. « Je suis désolée si je t'ai fait peur, c'est que ... le rêve avait l'air si réel. Je tiens à mes amis », dit-elle pensivement, tout en caressant doucement le visage de Thunder, traçant un trait imaginaire du bout des doigts de part et d'autre de sa tête : sur le nez, les lèvres, le front, les yeux, les joues, le menton. Elle aurait voulu lui dire à quel point elle tenait à lui, finalement. Mais cela lui semblait trop prématuré, car elle-même venait à peine d'en prendre conscience. Elle aurait certainement besoin de temps, pour assimiler tout ça. Néanmoins, ce soir, elle avait besoin de sa présence. Elle avait besoin de ne penser qu'à lui, et à rien d'autre. Alors, une nouvelle fois, elle se pencha vers Thunder pour l'embrasser, avec un peu plus d'entrain que d'habitude. Elle avait envie de ne penser qu'à ses lèvres chaudes, qu'au contact de leur peau. Rien d'autre. Pas maintenant, pas déjà.

Elle se laissa caresser la joue, avec un sourire triste. Non pas qu'elle était triste de se trouver au côté de Thunder - bien au contraire -, mais plutôt parce qu'elle pensait toujours à ses amis, à son cauchemar qui lui était apparu si réel. Finalement, pour oublier le reste, Siam se pencha une nouvelle fois vers le visage de Thunder, afin de lui voler un nouveau baiser. Elle l'embrassa encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne se détache en poussant un soupir à demi étouffé, qui arracha un haussement de sourcil à Siam. « Tu n'es vraiment pas sympa avec moi, tu sais ? », lui dit-il. Siam s'appuya sur son coude pour se redresser et faire face à Thunder, et l'interroger du regard. Elle n'avait rien fait, si ? Sa réaction sembla l'amuser, car il prit l'air embêté et dit : « Je te rappelle que l'on est dans un lit, au beau milieu de la nuit, que j'ai dix huit ans... et toi tu fais tout pour me rendre la vie dure ». Siam ouvrit la bouche comme pour parler, puis la referma aussitôt. Elle avait l'air médusé, peut-être même un peu frustrée. Bien sur, elle était loin d'être idiote et comprenait parfaitement le sous-entendu de Thunder. Elle, n'avait jamais pensé à eux de cette façon. Thunder plaisantait surement, et prenait un malin plaisir à la taquiner. Pour seule réaction, Siam s'éloigna quelque peu de lui, pour la forme. Elle croisa même les bras sur sa poitrine et fixa un moment le plafond, l'obscurité. Même si elle savait - au moins pensait - qu'il rigolait, elle ne négligeait pas le fait qu'il y ait un fond de vérité là-dedans. Comme une remarque - pas un reproche, quand même ? - dissimulé derrière une petite boutade. Il est vrai que Siam n'était pas du genre tactile, d'ordinaire. Alors que là, elle ne cessait de caresser Thunder, de se blottir contre lui, de vouloir l'embrasser. Pourquoi ? Elle-même ne le savait pas, mais maintenant, cela lui trottait dans la tête et lui donnait presque le tournis. Pourquoi, pourquoi ? Pourquoi faisait-elle ça, alors qu'à peine un jour plus tôt encore, elle ne s'en pensait pas capable ? Tout était arrivé si vite. Quand bien même, Siam ne voulait pas précipiter les choses, s'offrir à Thunder dés maintenant. Elle n'était même pas sure de vouloir faire ça, un jour. Mais lui ... Est-ce qu'il y pensait ? Comme il le disait, il était un garçon. Malgré tout l'amour et le respect qu'il pouvait lui porter, il restait toujours une petite part de lui qui la désirait ... autrement, disons.

Lorsque Thunder vint effleurer d'une caresse le visage de Siam, celle-ci tressaillit légèrement, et détourna la tête une seconde. Il vint tout de même l'embrasser, assez brièvement. Mais Siam pinça les lèvres et ne lui rendit pas le baiser. Elle était perturbée, maintenant. Elle se rendait compte à quel point la situation présente était étrange. Peut-être même que ses frères et soeurs, en voyant qu'elle laissait Thunder entrer - car Siam était certaine que les Athéna ne dormaient pas vraiment, au début -, avait certainement trouvé cela déplacé. Limite obscène. Non, quand même pas ? Ils ne faisaient rien de mal. Elle avait juste eu besoin d'une présence rassurante auprès d'elle. Elle trouva alors que les siens étaient indulgents, et se demanda si c'était parce qu'elle était leur chef de bungalow. « D'après toi, si je t'envoie des images positives durant ton sommeil, est-ce qu'il y a des chances pour que ces images gardent éloignés tes cauchemars ? », reprit Thunder, très sérieusement. Siam haussa les épaules, tourna le dos à Thunder et marmonna un truc qui ressemblait à « C'est bon, j'arrête ». Puis elle se fit silencieuse, malgré qu'elle ne reste les yeux grands ouverts, vifs et alertes malgré une légère fatigue.

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« C'est bon j'arrête », avait-elle dit. Et là voilà en mode renfrognée, comme une gamine à qui on a confisqué un jouet. Encore une réaction bizarre pour l'intelligente Siam, elle qui était plutôt mature d'habitude. Mais ce jour-là, du matin au soir, elle n'avait pas été vraiment elle-même. Comme si quelqu'un d'autre avait pris la place dans le corps de Siam. Elle n'avait pas les mêmes pensées, pas les mêmes réactions. Peut-être était-ce dû au baiser avec Thunder, qui lui avait ouvert les yeux sur quelque chose de nouveau, de grand. Quelque chose qui la dépassait tellement, qu'elle avait besoin de se poser pour y réfléchir, pour assimiler tout ce qu'il était passé. Car tout s'était passé si vite : ce matin, un baiser ; ce soir, dans le même lit.

Siam fixait un point invisible, dans l'obscurité. Elle commençait à avoir les paupières lourdes, et le sommeil allait finir pas la vaincre. Thunder lui attrapa doucement l'épaule pour que Siam se remette sur le dos, et celle-ci fit mine de résister un quart de seconde, avant de capituler. Elle se laissa donc faire, pendant qu'il lui souriait et qu'il se reposait à côté d'elle, la tête contre son épaule à elle, ses bras l'entourant. Il soupira, certainement content, et dit : « Comme tu voudras ». Il ferma les yeux, et Siam sourit. Il régna alors un climat d'immense quiétude. Siam ferma les yeux aussi et se laissa aller à la somnolence, serrée contre Thunder. Elle était parfaitement bien, et sentait que dans ses bras, rien ne pouvait lui arriver. Elle était en sécurité, et certaine qu'elle ne ferait plus de mauvais rêve, du moins tant qu'il serait à ses côtés. Elle eut une pensée furtive pour le lendemain, qui approchait à grand pas. Oui, que se passerait-il, demain ? Puis ses pensées vagabondèrent à plein d'autres choses, diverses et variées. Elle aurait pu s'endormir, si Thunder n'avait pas rompu le silence de nouveau : « Je viens de me rendre compte que je ne t'ai jamais remercié », lui murmura-t-il au creux de l'oreille. Siam haussa un sourcil, malgré qu'elle sache parfaitement de quoi il parlait. « Merci », dit-il. Siam ne pensait pas qu'il avait besoin de dire merci, après tout. Certes, elle avait voulu l'aider, mais au final, il lui avait fait passé de bons moments, gravés dans sa mémoire. Même si au début, il ne lui répondait jamais, elle aimait lui parler. De tout, surtout de rien. Elle lui avait demandé parfois de lui répondre, parfois même elle s'était quelque peu énervée. Et elle avait été très contente lorsqu'il avait fini par reparler. Siam ne répondit rien. Il n'y avait pas besoin de dire quoique ce soit, de toutes façons. Après tout, leur relation avait commencé dans le silence, il n'avait pas vraiment de mots pour se faire passer des messages. Alors, la jeune fille se contenta de se serrer un peu plus contre Thunder, et de lui déposer un baiser sur la joue. Puis Siam bougea un peu, comme pour trouver sa place, et finit par fermer les yeux définitivement. Demain, lorsqu'elle se réveillerait, elle serait de nouveau toute seule dans son lit.

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